Lettre à Papa et Maman T

7 octobre 2004 à 1:06

Depuis l’appel de ma mère, j’ai un peu de mal à distinguer ce qu’il serait bon de faire ou non. J’ai ressenti le puissant besoin de me replonger dans des écrits passés afin de savoir ce que j’en pense lorsque je ne suis pas troublée. Voilà celui que j’ai trouvé. Il est adressé aux parents de Lord T (dont j’ai parlé précédemment), et je vous le livre sans trop de coupes (le document original faisait tout de même 8 pages Word…)

Je ne sais pas trop comment commencer cette lettre. Je me suis sentie si furieuse l’autre jour, et puis j’ai réfléchi et j’ai décidé de canaliser ma rage dans un courrier qui vous expliquerait…

Je conçois, mais alors complètement, qu’on ne puisse pas comprendre ce que je ressens, puisqu’il est très difficile, sans l’avoir vécu, de comprendre ce par quoi je suis passée. Ce que je conçois en revanche avec beaucoup de difficultés, c’est qu’on n’essaye pas de l’imaginer…

Pendant plusieurs mois, j’ai essayé de vous mettre à l’abri de toutes ces choses. Je crois que chaque fois que j’entrais chez vous ou que je me trouvais en votre présence, j’avais une telle impression que vous nagiez dans le bonheur, que je ne voyais pas comment aborder le sujet de mes problèmes, des choses qui me font tant souffrir et depuis si longtemps. Je ne me voyais ni expliquer toutes ces choses, ni tenter de vous les infliger. Parce que non seulement à l’oral les mots me semblent difficiles à produire devant vous, mais en plus je ne m’en sentais pas le droit.

Pendant tout ce temps, vous m’avez invitée à m’ouvrir à vous, mais je n’y arrivais pas. La seule idée de faire confiance à des parents me semblait insurmontable. C’était comme d’affronter la mort. Parce que pendant des années, mes parents, je les redoutais plus que la mort elle-même, ils en étaient plus porteurs que toutes les situations désespérées où il m’a semblé m’enfoncer par ailleurs. Les parents sont dans mon esprit capables de trop de pouvoir. J’ai pourtant essayé. A mon rythme ; selon Lord T c’était insignifiant, pour moi les efforts étaient monstrueux. J’étais trop impressionnée par la sérénité et l’insouciance qui émanaient de vous tous.

Là d’où je viens, à table, on parle de problèmes d’argent, de problèmes de travail, de problèmes d’études, de problèmes avec d’autres personnes parfois, on s’engueule, on s’épie, on se fait la tête, on guette les réactions des autres, leurs faiblesses, leurs silences, on se surveille même soi-même pour ne pas mettre le feu aux poudres… Jamais, jamais de la vie, on n’imaginerait parler de choses positives, de culture, de hobbies, de choses normales, en somme. C’est forcément difficile, quand on sait que nous ne nous intéressons à rien qui intéresse les autres, mais ça devient un vrai challenge quand ce que nous apprécions est jugé comme néfaste et forcément inintéressant. Si l’un de nous développe un intérêt pour une chose, quelle qu’elle soit, elle sera dénigrée. Nous évitons donc toujours les sujets dits culturels. Nous n’échangeons rien, à part des reproches. Nous vivons dans la méfiance constante des mouvements des autres, et des nôtres propres. Nous dépassons le stade du self-control et atteignons quasiment la paranoïa collective. Si l’un de nous soupire un peu fort, les autres le prennent immédiatement comme un signe de mécontentement, de colère, et la guerre est déclarée. En somme, nous ne connaissons pas votre Paix, votre calme, votre insouciance.

Ce seul exemple suffit à décrire l’atmosphère oppressante de la maison. Rien à voir avec la vôtre. Je ne me voyais pas essayer de vous expliquer tout cela ! Comment exprimer, précisément, la peur qui plane à chaque repas, chaque minute passée en famille, et le soucis constant d’avoir l’air parfaitement heureux de ne pas être heureux ? Comment expliquer notre réflexe d’afficher un masque de tranquillité quand on est terrifié par la moindre interaction avec les autres ? Et de contrôler chacun de ses gestes, jusqu’au plus bénin (comme de poser un verre, de croiser les bras, ou encore de regarder par la fenêtre songeusement) ? Ça ne s’explique que très difficilement.

Il faudrait pour mieux décrire tout cela remonter aux sources, au début de ce genre de situations de crise, et montrer le lent cheminement de la frustration à la folie pure et simple. Mais je ne le peux pas, parce que je n’ai pas fait attention depuis le début, parce que je n’ai pas tout compris tout de suite, parce que tout simplement je ne connaissais rien d’autre. Non pas que je pensais que ça se passait de la même façon ailleurs, moins que ça encore : il n’y avait pas le choix. Tout juste s’il y avait un ailleurs.

Depuis l’enfance, je partageais mes journées entre l’école et la maison. Je n’allais jamais aux fêtes, je n’en avais pas le droit. Si j’avais des amies (ça n’est pas arrivé avant la fin de l’école primaire, nous déménagions trop souvent), mes parents ne voulaient pas en entendre parler, ça ne les intéressait pas. Si j’en parlais tout de même, ils se mettaient en colère, ou les dénigraient. Sur toute ma scolarité, jamais une seule n’a trouvé grâce à leurs yeux. Il n’était bien sûr par question d’inviter qui que ce soit. Cela a vite fait le vide autour de moi. J’étais donc toujours seule en cours, ou à la maison. Pas de sortie, pas même éducative avec la famille. Pas le droit de lire, sous prétexte que cela abîme les yeux, et qu’il y avait toujours du ménage à faire, ce qui est forcément plus important. Il n’y a pas eu, ou très peu, d’ailleurs ; et ce pendant une bonne quinzaine d’années. Ça n’avait pas lieu d’être : le plus important c’était l’école, et juste derrière, la famille. Jamais l’individu, encore moins ce qui aurait pu l’enrichir. Tout ce que j’ai appris, c’était au travers des livres chapardés dans la bibliothèque de ma mère (autant dire que ce n’étaient pas des lectures pour une enfant, exceptés les rares livres de sa propre enfance…) ou à la télévision, que je regardais en cachette. Toute ma culture vient de là, j’ai du développer seule ma curiosité intellectuelle, et avant même cela, apprendre à imaginer qu’il y avait un dehors, ce qui semblait inconcevable avec la vie que je menais.

En parallèle de tout cela, mon père, qui vivait de lourdes frustrations (je ne l’ai compris que plus tard), notamment de par son métier, mais aussi à cause de sa difficulté à gérer les relations avec d’autres personnes, vivait dans un état de fatigue avancé voire critique. J’avais 7 ans quand nous avons déménagé de notre appartement pour une maison, mais il y avait beaucoup de travaux à y faire, et là encore c’était une source de soucis supplémentaire pour lui. En plus des dettes accumulées pour réaliser leur envie d’avoir un foyer idéal, il fallait compter sur la frustration venant de l’âge de la maison, des travaux que mon père a réalisé quasiment en totalité lui-même lors de son temps libre, du manque de commodités (il nous a fallu environ 6 mois avant d’avoir une salle de bains…), du fait que ma sœur était encore bébé, des horaires de travail alambiquées dues à son travail dans la Police, des changements de postes réguliers (environ tous les 3 ou 4 ans) parce qu’il n’arrivait jamais à s’entendre avec ses collègues… C’était trop pour les nerfs de mon père, pour qui jusque là les choses n’avaient jamais été si compliquées. Mon père est né à la campagne, dans une famille de 4 enfants au sein de laquelle on ne faisait que travailler pour vivre, et cela semblait suffire à tout. Il n’avait jamais eu besoin d’avoir des responsabilités, et je crois qu’il n’a jamais rien fait pour une autre raison que parce qu’il le fallait, parce que c’était dans l’ordre des choses. Faire des choix et devoir en assumer de lourdes conséquences n’entrait pas dans le cadre de sa vie avant d’être marié et de nous avoir.

Autour de la période du déménagement, peut-être un peu avant, peut-être un peu après, les relations avec lui ont commencé à être vraiment difficiles. Dans mon souvenir j’ai 7 ou 8 ans quand les choses se compliquent, mais là encore, je ne pense que je n’ai commencé à m’apercevoir des choses que lorsqu’elles ont été vraiment évidentes. Sans doute que les choses ont empiré doucement, et j’avoue que je n’avais pas les yeux braqués sur mon père et ses problèmes.

C’est le genre de reproches que j’ai commencé à entendre : qu’il avait la vie dure (à cause de moi principalement, puisqu’il avait acheté cette maison pour moi, se démenait pour mon gîte et mon couvert, etc.…) et que je ne le voyais pas. Selon lui, je faisais tout pour ne pas m’en apercevoir et même lui rendre la vie plus difficile. Quand je rentrais de l’école, j’accentuais sa fatigue avec mes babillages, apparemment exprès ; si j’avais de mauvaises notes (pour lui, en dessous de 15 c’est la débâcle, et bien des fois il a hésité à m’envoyer en pension, mais ça l’aurait obligé à se serrer encore plus la ceinture ce qui était, il faut le dire, impossible) il entrait dans une colère noire, disant qu’il se saignait aux quatre veines pour rien ; il passait des heures à me forcer à lui réciter mes leçons pendant qu’il travaillait dans la maison, et je le suivais avec mes cahiers dans la pièce de la maison qu’il rénovait. Je me rappelle avoir scandé, à moitié en larmes, à moitié en transe, pendant tout un dimanche après-midi, des tables de multiplication, au son du marteau, hurlant pour couvrir le bruit des outils et de mon père qui, perché sur son escabeau, dans l’escalier qu’il retapait, râlait que j’étais une incapable et que lui se tuait à la tâche pour une gourde (c’étaient ses termes). Imaginez le tableau. Pas évident que ce soit la table de 8 qui m’ait le plus marqué ce jour-là.

Les évènements de ce genre étaient de plus en plus fréquents, ou en tous cas de plus en plus évidents pour moi. Les choses ont atteint leur paroxysme quand mon père a entrepris de passer sa colère définitivement sur moi, au lieu de prendre sur lui. C’est-à-dire que la moindre bourde (et à 8 ans environ, on les accumule déjà facilement, alors selon les critères de mon père…) devenait une formidable excuse pour m’incendier pendant tout le repas. Comme cela suffisait de moins en moins, j’ai commencé à me faire engueuler en sortant de table, puis en allant me coucher. En quelques mois, à peu près, l’habitude était prise : j’en avais pour 2 heures chaque soir. Le calvaire commençait pendant le repas, et ne finissait pas avant qu’il ait vidé sa colère, en général dans les 2 heures qui suivaient. A table, je n’avais rien le droit de répliquer à ce qu’il me disait, et dans les premiers temps je n’y pensais même pas. Tout cela était ma faute, à n’en pas douter.

D’abord, comment en aurait-il été autrement ? Vous avez moins d’une dizaine d’années, et votre père (pas n’importe qui, mais votre père, et à vrai dire une des rares personnes que vous côtoyez dans la vie courante) vous assène des reproches du type : « Tout ça, c’est ta faute / tu es méchante / tu fais rien pour aider / tu nous gâches la vie / je me tue à la tâche pour toi / tu n’essayes même pas de comprendre tout ce qu’on fait pour toi / tu ne le mérites pas ». Et il ne fait aucun doute que c’est la plus stricte vérité, et comment oser le contredire ? Le simple fait de penser le contraire de tout cela n’est qu’une preuve flagrante de mauvaise volonté, et prouve la véracité de chaque mot. Je ne me figurais pas être autre chose que le Mal incarné, puisque j’osais causer du souci à mes parents, alors qu’ils auraient du être ma priorité. Pendant les heures de disputes que je subissais, je pleurais, mais uniquement parce que c’était désagréable, pas du tout parce que je trouvais ça injustifié.

J’ai donc passé des soirées entières, allongée dans mon lit, à écouter mon père me traiter de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables, avec le plafonnier de la pièce dans son dos, aveuglée et en larmes. Et je trouvais ça normal ; pire encore : je ne pensais même pas à la chose : c’était comme ça. Je ne voyais même pas l’utilité de revenir dessus. Pourquoi aurais-je remis en question la normalité de la réaction de mon père ? Pourquoi ses reproches, ses colères, n’auraient-elles pas été justifiées ? D’abord, avait-il besoin d’une quelconque justification ? Il avait raison puisqu’il était mon père, cet homme qui se sacrifiait à longueur de journée pour une ingrate. Il y avait de l’admiration pour lui ! Il avait le courage de me supporter, malgré tous mes travers, malgré le mal que je lui faisais.

En bref la situation a commencé à se dégrader de plus en plus. Rien n’arrêtait la progression des évènements. Et c’est environ à ce stade qu’en général, on s’interroge sur le rôle de ma mère…

Ma mère n’a pas connu son propre père, il vivait sa vie en-dehors du foyer avant que ma mère n’ait un an, elle ne l’a vue que trois fois dans sa vie. Pour elle, le père est tout-puissant. Un homme qui a la capacité de détruire une famille aussi vite qu’il l’a bâtie ne peut connaître de limite. Elle s’en est toujours remise à mon père pour les décisions de la famille ; elle collecte les renseignements utiles à la prise de décision mais jamais n’interfère. Son avis à elle ne compte pas et ne comptera jamais. Elle se sent à l’abri, de cette façon ; puisqu’elle ne peut pas déplaire à cet homme, il ne lui viendra pas l’idée de partir. Il restera auprès d’elle, quoi qu’il arrive, même si cela veut dire qu’elle mènera une vie étriquée, et même si pour avoir le moindre loisir elle est obligée de lui mentir et de faire certaines choses dans son dos (aller déjeuner avec des collègues, passer une heure ou deux chez sa mère qui habite à 500m, nous emmener faire les magasins quand nous sommes entrées dans l’adolescence, etc.). C’est un sacrifice nécessaire au vu du confort de la situation : elle n’a pas à se retrouver seule comme ça a pu être le cas pour sa propre mère. Rien ne lui fait plus peur que de déplaire, en particulier à mon père.

Partant de là, facile d’imaginer son genre de réaction. Elle reste dans mon esprit plus une épouse qu’une mère, la femme auprès de laquelle j’ai toujours eu le réflexe de me réfugier, mais qui me trahissait toujours au bénéfice de mon père. Un jour que j’avais eu le malheur de répliquer à ce dernier, une petite phrase dans le style de « Arrête de crier, essayes de parler normalement » (simplement parce que j’ai toujours eu des problèmes d’audition, ce n’est pas facile quand les gens crient, ils ont tendance à ne pas articuler et placer toute leur énergie dans la puissance de leur voix ; tout ça pour dire : je ne pensais franchement pas lui parler mal, je voulais juste comprendre), j’ai vu une lueur de rage dans les yeux de mon père, et j’y ai lu le danger. Mon réflexe a été de me précipiter à l’étage et de me cacher derrière ma mère. Celle-ci s’est écartée de devant moi, m’a prise par les épaules, m’a poussée vers mon père qui arrivait comme une furie et qu’on pouvait entendre hurler de colère dans l’escalier, et m’a dit : « Assume la conséquence de tes paroles ». Pourtant j’ai mis beaucoup de temps à cesser de me fier à elle. J’ai passé le plus clair de mon enfance et de mon adolescence à penser qu’elle était « de mon côté », que je pouvais me confier sans crainte. Et à chaque scène de mon père, je réalisais au travers de ses mots qu’elle lui disait toujours tout, et qu’il l’utilisait ensuite pour me faire de la peine et m’atteindre. Elle me dira une fois : « Stéphanie ne me parle pas à moi, toi tu es assez bête pour continuer. »

Pendant des années, le quotidien ressemblait à ce que je vous ai expliqué plus haut. Avec des mots toujours très blessants, et parfois des scènes d’une intense fureur pendant laquelle mon père perdait tout contrôle de lui-même (pas étonnant quand on sait à quel point il était obligé de se contenir dans le cadre de sa vie professionnelle, entouré de gens qui ne l’appréciaient pas et faisant un travail qu’il détestait). Il lui arrivait fréquemment de me dépeindre mon avenir ; j’allais devenir caissière dans un supermarché, si j’avais de la chance, et me faire engrosser par le premier venu. Je mènerais toujours une vie minable. C’étaient là ses mots, et j’ai commencé à les entendre vers 8 ou peut-être 10 ans.

Parfois cela dépassait le simple stade des insultes ou des horreurs verbales. Mon père en venait à lever la main sur moi, surtout si je le regardais de travers, si je pleurais trop longtemps pendant ses colères, si je le relançais dans sa fureur en disant quelque chose qu’il n’appréciait pas, ou même si je débarrassais la table différemment de ce qu’il aurait fait (en commençant par les couverts au lieu des verres, par exemple…). Je vivais dans l’absurde obsession de mesurer mon moindre geste, la portée du moindre mot. Même par temps d’accalmie, je devais peser chacun de mes sourires pour n’avoir pas l‘air de moquer de lui, de le chercher. Il est arrivé une fois, alors que nous fêtions le 1er de l’an avec ma Grand’Mère maternelle, que je fasse deux plaisanteries sur l’alcool, la veille et le jour de l’an, et mon père a fait tourner cela au drame, a claqué la porte, hurlé devant tout le monde, a décrété que pour lui il n’y avait pas de fête, et s’est isolé à 5 mètres de nous, devant la TV. Pourtant, nous sommes de souche bourguignonne, alors le vin, c’est dans notre culture, mais tout d’un coup c’était tabou, alors que ce n’était qu’une plaisanterie parmi tant d’autres, que je n’étais pas la seule d’ordinaire à en rire, et qu’à 11 ou 12 ans, je ne pensais pas à mal. Et d’ailleurs je les avais faites sans même y penser, je m’amusais et j’ai fait une plaisanterie quand elle se présentait. Mais il était persuadé que je l’avais pris pour cible et que j’avais cherché à l’humilier devant sa belle-mère… Il était imprévisible mais nous avions des codes implicites qui nous permettaient de limiter la casse et de prévenir la plupart des crises de colère.

Ses colères verbales étaient impressionnantes, mais les fois où elles sont allées plus loin, on frisait la démence dans la maison. Ma mère le regardait faire sans rien dire, avec l’expression la plus neutre possible sur son visage, et ma sœur a commencé par pleurer en voyant ce genre de choses (ce qui ne faisait qu’accentuer mes torts, puisque ma sœur avait la bonté de pleurer pour moi, alors que je faisais du mal à la famille), puis avec le temps, elle a pris le parti de faire comme si de rien n’était et de se noyer dans son assiette ou une occupation quelconque. Et moi je me voyais comme de l’extérieur, incapable de réagir, me laissant manipuler. Je méritais tout cela, de toutes façons. Les premières réactions de panique, lors des 2 ou 3 premières fois, avaient vite cédé la place à l’acceptation la plus totale. Mon seul geste significatif pour me protéger était d’avoir changé de place à table : au lieu d’être assise à côté de lui, j’étais assise en diagonale par rapport à lui, donc plus loin. Qu’il m’attrape par les cheveux pour cogner le coin de la table, m’écrase le visage contre un mur, ou me soulève de terre pour que je sois au niveau de son nez quand il m’insultait, je ne réagissais pas. S’il me giflait je n’éloignais pas ma tête ; il me serrait le bras de toutes ses forces et je ne cherchais pas à le retirer. S’il montait dans l’escalier, en furie, même en hurlant qu’il allait « avoir ma peau », je restais sur ma chaise ou mon lit à l’attendre, le regardais franchir la porte et me tomber dessus. Il m’envoyait des objets au visage et je ne parais même pas.

Sauf un soir. J’avais 16 ans depuis peu. Ce soir-là, je ne me souviens pas plus que pour les autres de quoi la rage est partie, mais on était en plein dedans. Il hurlait, m’insultait, récapitulait tous mes torts connus (une chose qu’il pratiquait presque toujours pour aller bien jusqu’au bout de sa colère). Aucune réaction spéciale, ni de lui, ni de moi, ni de mes voisines de table. Rien d’inhabituel, mais tout d’un coup, il a commencé à me lancer des objets à la figure. Le contenu de son verre, d’abord, mais ça c’était un classique. Puis une bouteille d’eau en plastique. Puis une assiette et son contenu. Et là j’avais réellement peur, je ne savais pas jusqu’où il pourrait aller. Quand il a voulu attraper le dessous de plat (un carreau de carrelage d’environ 1cm d’épaisseur avec un cadre de bois, pesant autour de 3 à 4 kg), là ma mère a réagi, pour la toute première fois, et la dernière d’ailleurs aussi. Elle lui a hurlé de s’arrêter, qu’il allait finir par casser quelque chose. Et là, je ne sais pas pourquoi puisque les choses tendaient à s’améliorer à première vue, j’ai réalisé qu’il y avait un problème.

Le lendemain j’ai raconté la scène à quelques une des mes amies, elles étaient horrifiées. Elles n’avaient jamais compris, quand je disais que j’avais des scènes avec mon père, que cela dépassait les récriminations classiques pour mon âge : elles haussaient les épaules en disant que tout le monde s’engueulait avec les parents. Et elles me confortaient dans l’idée que j’allais vraiment chercher midi à quatorze heures, mes premières questions étaient tuées dans l’oeuf…Mais cette fois c’était différent, elles étaient complètement alarmées, parce que pour la première fois j’avais pensé à expliquer en détail les évènements. Et à ce moment, à ce moment seulement, j’ai pris conscience qu’il y avait un réel problème, et que, peut-être, il ne venait pas de moi. Peut-être seulement, mais c’était déjà quelque chose.

Mon principal but a dés lors été de m’en sortir. Donc de partir, au plus vite. Au départ je pensais prendre mon temps, finir mes études à leurs frais, et profiter de leurs finances le plus longtemps possible pour m’assurer une situation. Les faits étant ce qu’ils étaient, ça n’était pas possible ; la situation à la maison, depuis que j’avais commencé à en prendre conscience (et donc à y réagir) devenait invivable. Je me suis vite rendue à l’évidence que, maintenant que je ne pensais plus que j’étais coupable mais plutôt quelque chose qui s’approcherait de la victime, j’allais répondre de plus en plus à ses attaques, et donc stimuler sa fureur. C’était en effet le cas, et après quelques fois où il a été surpris de mon comportement (répondre, crier aussi fort que lui voire plus fort), il a vite repris ses marques, et on est passé dans une phase de surenchère constante de violence verbale et même physique pour lui, il estimait devoir me « mater ». Voyant tout cela, je n’arrivais pas à trouver raisonnable de rester longtemps. J’ai commencé à négocier la possibilité de faire mes études loin de la maison, ça n’a pas été accepté, mais à la place, ils ont acheté un petit appartement sur Paris, dans lequel ils m’ont envoyé sitôt les épreuves du bac passées. Je suppose à propos de ce coûteux investissement que mon père avait vaguement conscience que si nous ne prenions pas de la distance, les choses pourraient mal tourner ; personnellement je m’imaginais sans peine mourir d’un jour à l’autre, c’était une donnée depuis longtemps : il avait le pouvoir de me tuer. Pendant la recherche et les négociations, ils m’ont dit que je devais travailler dés que je le pourrais pendant les vacances (en l’occurrence, trois jours après la fin des épreuves), et qu’ils ne s’occuperaient plus de moi comme avant.

C’était rien de le dire, parce qu’à peine mon sac posé dans l’appart, nous sommes passé par une longue période (environ 3 ans) d’indifférence mêlée de ressentiment. Pour eux, je ne faisais plus partie de la famille, mais je devais continuer à ménager les apparences, leur rendre visite tous les week end, les aider au ménage, etc.… Faire comme si rien ne s’était passé, même si dorénavant ils me traitaient comme une étrangère. Dans les deux semaines qui ont suivi, ma chambre chez eux est devenue un débarras, ensuite annexé par ma sœur qui me dira vite : « De toutes façons tu n’es plus de la famille, tu ne vis plus ici ». Je suis sommée de les appeler 3 ou 4 fois par semaine et leur faire un rapport circonstancié de mes activités, et si jamais j’ai passé un bon moment, déjeuné au restaurant universitaire avec une amie, passé une soirée avec Lord T ou n’importe qui d’autre, ils me font comprendre que j’abuse de leur patience, sachant que je loge gratuitement et que si j’avais le sens des réalités (mais ils ont pitié de moi) je devrais payer un loyer ; donc j’avais pour interdiction de me relâcher et j’étais enjointe à fournir un maximum d’efforts (comme si ce n’était pas déjà le cas !). D’ailleurs quand je suis chez eux le week end, je fais leur ménage…

Tant d’hostilité que je ne comprends pas, mêlée à d’autres éléments (je ne réussis pas mon année de fac d’Anglais aussi brillamment que je l’espérais, et abandonne avant d’être confrontée à un échec que je sens imminent mais qui en réalité ne l’était pas, je romps avec Lord T, puis subis une lourde peine de cœur qui me plonge dans la solitude…) me mènent petit à petit vers la dépression. J’ai arrêté les cours avant même d’être certaine d’avoir raté certaines UV, je m’isole, ne sors que pour aller chez mes parents le week end, alterne les périodes où je ne me nourris pas et celles où je dévore, prends 10kg en 6 mois, dépense des fortunes en babioles et choses inutiles ainsi qu’en cadeaux pour des amis sans qu’il n’y ait rien à célébrer, passe mes journées à pleurer dans mon lit… Bref c’est la débâcle.

Rien de brillant, l’éloignement de mes parents n’est pas la réussite totale à laquelle je m’attendais. Et pour cause : je ne connais rien d’autre ! Ne plus dépendre de leurs mesquineries jette un vrai trouble. Je suis perdue sans leurs critiques incessantes, je réalise que je m’étais construite dans l’adversité et qu’aujourd’hui je vis dans l’indifférence la plus totale. Je me déteste à leur place, je perds tous mes repères et réalise leur fantasme de ratage complet en ruinant mes efforts avant de les commencer vraiment. Mes parents me manquent, même si je ressens clairement le besoin de m’en détacher. Je ne suis simplement pas prête.

Quand quelques mois plus tard je finis par dire à mes parents par quelle genre de phase je passe, et à quel point j’ai été proche de l’autodestruction, la seule chose que mon père trouve à répliquer c’est : « Je le savais, demande à ta mère je lui ai dit, j’étais sûr que tu vivais ça ». La discussion n’a pas été plus loin. Quelques jours plus tard ils m’ordonnent de trouver quelque chose à faire l’année suivante, de préférence un travail parce qu’ils ne doutent pas un seul instant que je vais arrêter mes études. Je me débrouille donc comme je peux pour étudier en alternance et concilier les deux. Il n’est pas question que je n’aie pas de diplôme. Ils sont certains que je vais échouer ; pour rien au monde ils ne m’encouragent (de ce côté-là rien de très nouveau), ils m’empêchent parfois de travailler le week end quand je suis obligée de leur rendre visite. Je commence donc à faire des heures la nuit à l’école, au travail ou chez mes camarades de classe, et ne dormir que 4 heures par jour. Je connais en plus des mois difficiles avec mon premier employeur, qui me hurle dessus et me traite d’incapable, m’exploite de temps à autres, l’air de rien, et ne veut rien m’apprendre. Pour mon père, c’est l’évidence même : non seulement je ne suis pas faite pour les études, mais en plus je le mérite. Je tombe encore plus en dépression, pleure au travail et refuse de m’alimenter, tombe malade toutes les semaines. Les choses s’arrangent un peu quand mon école me prend en pitié et trouve un nouvel employeur…

La suite, vous la connaissez, je décroche finalement mon diplôme et pars rejoindre Lord T à Nantes… Mes parents ont toujours jugé que Lord T n’était qu’un gosse de riche pourri gâté, comme on dit chez eux, s’il est avec moi c’est par pitié, pas par Amour puisque je ne mérite rien qui y ressemble. Ils n’ont de ma vie qu’une idée très négative, et amener Lord T de temps à autres pour un déjeuner n’aide en rien parce qu’ils ne cherchent pas vraiment à parler avec lui, à apprendre à le connaître. Pour eux, mon désir de partir n’est qu’une futilité d’adolescente retardée, une rébellion tardive contre mes parents, et qu’avec un peu de jugeote je rentre vite fait, je m’excuse platement et je suis leurs consignes mot pour mot. Ce serait sans doute vrai avec n’importe quels autres parents. Avec eux, je souffre à l’idée de leur parler ; chaque semaine, je dois leur téléphoner, je n’ai rien à leur dire, et eux que des reproches à formuler. Dans le cas présent ils sont incapables d’imaginer que j’essaye de faire des choix de vie. Et ce, même si je reconnais qu’ils ne sont pas toujours judicieux, mais en même temps comment saurais-je que je suis dans l’erreur si je ne faisais pas ce genre de choix dangereux ? Je suis bien obligée de me tromper parfois, je préfèrerais éviter mais je dois comprendre que je ne pourrai pas toujours.

Et si je les laissais faire de moi ce qu’ils veulent, je serais chez eux, à briquer les escaliers comme il y a 10 ans, à endurer les humeurs changeantes de mon père, à me rendre folle de douleur à l’idée que ma famille me méprise… Je serais forcée de passer outre mes souhaits, mes désirs, mes rêves, simplement parce que je leur serais redevable du toit sous lequel je vis. C’est une concession que j’ai faite trop longtemps. J’en paye encore le prix aujourd’hui, je souffre toujours (et je ne pense pas que cela cesse jamais) de ne pas avoir des parents aimants, mais des ennemis près de moi, prêts à me dire les pires horreurs et m’en rendre systématiquement responsable. Je ne veux plus mener cette vie-là.

Voilà pourquoi, même dans la pire panade, je ne retournerai pas auprès d’eux, encore moins dans la situation de faiblesse de quémander de l’aide. Parce que cela signifie pour moi encore plus de souffrance. Que me détacher complètement d’eux m’a demandé un grand travail sur moi-même, pendant des années, seule et avec de l’aide. Cela m’a pris des années avant d’admettre que je n’avais plus rien à attendre d‘eux, qu’ils me feraient toujours du mal, exprès ou pas. En repartant de chez nous à Pâques, mes parents ont juste trouvé à se dire : « Elle devrait revenir à la maison » « C’est mieux comme ça, c’est une incapable, au moins on ne l’aura pas sur les bras jusqu’à 36 ans… ». Je ne suis pas sûre que ce soient les pensées qu’ont des parents dignes de ce nom quant à leur enfant. Je me fais peut-être une image naïve des parents, je ne sais pas, mais pour moi ce n’est pas normal. Et à vrai dire, inacceptable. Je ne peux pas, en étant en période de faiblesse et de désespoir, les laisser me traiter de la sorte. J’ai au moins gagné cela au cours des dernières années : un peu d’estime pour moi-même et un profond besoin de respect et de dignité.

Je ne suis pas sûre, au juste, de pourquoi je vous explique tout ça. Il y a sans doute 2 ou 3 pages que cela a cessé de vous intéresser. J’en ai ressenti le besoin en parlant avec Lord T, en rentrant de ce week end où j’ai été tellement furieuse contre vous. Nous parlions de votre accord avec ma mère de lui dire si quoi que ce soit d’important se produisait, et je l’ai ressenti comme une réelle trahison alors que vous m’aviez amenée à m’ouvrir à vous et vous faire confiance. Quand Lord T a dit « Mais on n’arrive même pas à imaginer que ce soit vrai, moi je le sais parce que je l’ai vu mais j’ai mis du temps », j’ai été frappée : je passe pour une mythomane. Dans mon esprit, ne pas me croire était impossible. Alors, je crois que d’essayer de tout vous raconter, avec même les détails qui ne plaisent à personne quand ils sont évoqués, ça me tranquillisait. Je m’imagine que vous comprendrez mieux. Je n’en suis pas sûre, je ne suis même pas certaine que ça ait une quelconque utilité.

Je crois que dans un coin de ma tête, je pense que dans quelques temps, quand les orages seront passés, que j’aurai une situation et Lord T son diplôme, nous essayerons de voir si nous pouvons nous remettre ensemble. D’ailleurs c’est un peu comme ça que nous pensons la séparation actuellement. Nous voulons prendre du temps pour régler les points sur lesquels nous sommes encore fragiles. C’était une sale année pour moi, j’imagine à peine pour Lord T qui n’a jamais eu tant de choses à affronter, tandis que j’ai plus ou moins l’habitude d’avoir des problèmes (même si là c’était un record, d’une certaine façon !). Je ne pense pas que je pourrais aimer qui que ce soit aussi fort que je n’aime Lord T, avec qui je veux vraiment faire ma vie. Ça me paraît ridicule parfois de penser de la sorte, mais pourtant c’est bien ce que je veux. Seulement, et Lord T a tout à fait raison là-dessus, ce n‘est absolument pas le moment. Nous ne sommes pas prêts, avec les épreuves actuelles, à envisager l’avenir posément. C’est dur à avaler mais d’accord, on va se séparer temporairement, stabiliser nos situations respectives et en reparler d’ici 2 ans. Alors dans cette perspective, je n’imagine pas rester en colère contre vous tout ce temps, en plus d’être particulièrement négatif et stérile, ça n’aidera personne en quoi que ce soit.

Cette lettre, c’est parce que depuis des mois vous me poussez à m’ouvrir à vous, et que par écrit, c’est encore ce que j’ai trouvé de plus facile, même si je reconnais que sur Word ça paraît impersonnel (mais je sais que ça aurait été plein de ratures, de larmes, complètement froissé… enfin bref, pas digne d’être envoyé).

Je me suis sentie bousculée pour entrer dans votre monde et vous faire partager le mien, j’espérais pouvoir y aller à mon rythme, je ne savais pas que le temps m’était compté. J’aurais essayé de trouver la force de tout raconter plus tôt, je crois, si j’avais su que je n’avais pas la possibilité d’y aller à mon allure. Je pensais sincèrement avoir toute la vie pour vous apprendre quel genre de personne j’étais, quel genre de famille j’avais, quel genre de vie j’ai menée avant ma rencontre avec Lord T et après. Je me voyais très mal vous raconter toutes ces choses au premier abord. Et pas beaucoup plus au second ni aux suivants…

D’abord parce que cela reste quelque chose de très vivace et intime pour moi, étant donné que je ressens toujours une sorte de culpabilité… Et puis, je déteste l’idée de faire pitié, ce n’est pas ce que je voudrais inspirer aux gens que je croise dans ma vie ! En plus j’ai l’impression, chaque fois que je le raconte et le partage, que c’est tellement horrible que ça appartient à la vie d’une autre, et m’en détacher me fait peur, je crains d’oublier la souffrance de mes 20 premières années (en gros) et de répéter certains schémas si j’oublie la gravité des choses ; mais bien sûr ce n’est pas la vie que je veux, donc je veux garder la douleur la plus intacte possible, la garder vivante et en tirer mes leçons chaque jour.

Et enfin, parce qu’évidemment, j’avais envie que vous me considériez bien, pas comme une fille tirée du caniveau et une source d’ennuis, ce dont j’ai finalement eu l’air, quelle ironie… Je voulais que vous m’aimiez, tout simplement, et un peu naïvement je pensais qu’on peut aimer une personne pour ce qu’elle est au moment où on la voit, plutôt que pour ce qu’elle a pu faire ou être auparavant. C’était un peu stupide de ma part, mais je voulais ne pas être mes problèmes, et encore moins être mon passé. Je pensais que d’être juste gentille, polie, et de montrer à quel point je peux aimer Lord T, ça aurait pu suffire. Je l’espérais parce que rien de ce que je pouvais vous dire sur moi n’aurait joué en ma faveur, et dans mon optique, les choses auraient dû durer avec Lord T ; je n’aurais pas voulu que mes « beaux-parents » aient une image si négative de moi. Et à vrai dire, que quiconque ait une image négative de moi est une idée qui me traumatise. J’ai besoin de penser que je ne suis pas une mauvaise personne, et que les gens qui me connaissent le pensent aussi.

Je vous ai mis quelque chose comme 85% de la lettre. A sa lecture, ce qui m’a frappée, c’est à quel point j’étais, il y a quelques mois, fermée à l’idée d’avoir un jour, à nouveau, des parents, et donc à reprendre contact avec ceux qui sont, soi-disant, les miens. Il semblerait que le coup de fil d’aujourd’hui ai jeté le flou sur ce point.

Ma soeur, grand bien lui fasse, m’a appelée dans la soirée, étonnée que je veuille reprendre contact, et que je l’aie promis à ma mère. C’est du moins ce qu’elle a appris en même temps que mon père. Comme il n’en est rien, je comprends que là-bas, peu de choses ont changé.

Maintenant, c’est une question de priorités. Et d’orgueil sans doute aussi. Ma famille m’a toujours fait comprendre (ou dit frontalement, telle ma grand’mère maternelle) que l’orgueil, on en avait toujours trop, que c’est une chose qui n’aide pas. Pourtant j’ai du me forcer toutes ces années pour trouver en moi un tantinet d’orgueil, me permettant, pour le moins dans certains domaines, d’avoir quelque chose qui ressemble à de la dignité et une certaine confiance dans mes qualités. Piétiner tout cela au nom du désir d’avoir un toit au-dessus de ma tête me semble un immense pas en arrière. Qui plus est, ce serait effectivement revenir en perdante et perdre définitivement toute crédibilité dans ma famille.

Quelle horreur, je m’aperçois combien mes calculs ressemblent à ceux de personnages de séries politiques (là tout de suite je pense à A la Maison Blanche et Babylon 5). Voilà à quoi ressemblait ma vie et un seul coup de fil me fait replonger dans ces tractations.

Si seulement j’arrivais à mettre cela de côté et si je réussissais à résoudre les choses par moi-même, sans une quelconque aide… Ca serait idéal, mais apparemment utopique…

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