asv ne suffit pas

20 février 2006 à 22:06

Difficile exercice que chercher à se définir. D’autant plus étrange que j’ai une plutôt bonne idée de qui je suis, mais que je ne parviens pas à l’exprimer par les critères habituels.

Je ne me considère pas comme une femme. J’ai bien remarqué que j’en étais une (à la longue, certains détails ne trompent pas) et notez bien que je ne me prends pas pour un homme pour autant. Simplement dans la majeure partie du temps, j’ai l’impression d’être plutôt assexuée. Je n’estime pas avoir à ressembler aux portraits classiques de ce qu’est une nana de 23 ans (je note d’ailleurs que j’utilise de plus en plus souvent des termes assez péjoratifs lorsque je parle des filles : les nanas, les gonzesses, etc…). Certes, on a toutes notre façon d’être des gonzesses, et je sais bien qu’on n’est pas toutes obligées de se prendre de passion pour les chiffons ou de passer des heures à se faire les ongles. Il n’empêche que chez moi ça tient limite de l’aversion. La plupart du temps, je suis plus à l’aise pour déconner avec les mecs (les filles me lassent avec une rapidité foudroyantes), même si dans le fond, je n’ai guère plus en commun avec eux (bien que m’intéressant un peu à tout, j’ai une fascination très limitée pour les bagnoles, les ordinateurs, et même les filles peu vêtues. Comment ça je schématise ? Non, grâce au ciel, ils n’ont pas que ça à dire, mais leurs centres d’intéret ne sont tout de même pas vraiment les miens). Je crois que ça tient plus à la liberté de ton et d’humour, tandis qu’avec les filles, j’ai toujours l’impression qu’il faut bien se tenir, ne pas faire des blagues graveleuses ni oser certaines choses. Et puis j’ai souvent le sentiment qe les conversations ne volent jamais bien haut : c’est tellement plus facile d’avoir un débat d’idées avec un mec qu’une nana ! Certes, il y en a des tas avec qui on peut faire tout cela, mais à dose homéopathique. J’admets qu’il existe aussi des mecs avec qui il faut faire attention, mais c’est plus rare et ils admettent plus facilement les faux pas. D’ailleurs en général, les gens qui me tournent autour sur le net sont des mecs -sur un plan purement amical j’entends. Ca doit donc ne pas être unilattéral. D’un autre côté, il m’arrive aussi de me sentir féminine : mais c’est plus par périodes, quand soudain je me prends à me limer les ongles devant la télé (non sans me moquer de moi intérieurement) ou lorsque je suis surprise en flangrant-délit de babillage avec un ami au téléphone, à qui je me mets à parler des fringues de telle ou telle artiste dans une video… Cependant ça ne va guère plus loin que me balader en tenue sexy chez moi ou avoir une petite pensée pour la mèche de cheveux qui est actuellement en train de me chatouiller la nuque. Je ne vois pas comment on peut dire « je m’appelle lady, j’ai 24 ans et je suis une fille ». Non, je ne suis pas ça.

Je ne me considère pas comme une hétéro. Pourtant ya pas photo : j’aime les hommes. Je ne suis sortie qu’avec des hommes. Je ne m’imagine pas avec autre chose qu’un homme (lorsque je m’imagine… et c’est chose rare). Certes je peux avoir les yeux qui remontent le long des jambes d’une jolie fille dans le métro. Faut dire ce qui est : une fille ça peut être joli à l’oeil. En y repensant récemment je me suis souvenue que c’est quelque chose que je me suis toujours dit, au moins depuis la primaire : une fille, c’est quand même drôlement joli. Mais c’est pour le plaisir de l’oeil. En approcher une finirait vite par me donner de l’urticaire, surtout si elle se met à parler (voir paragraphe précédent). Pourtant lorsque je pense à ma sexualité, je ne crois pas que j’aie envie de me définir comme hétéro. Eh, ne dit-on pas qu’il ne faut critiquer que ce qu’on connait ? Et puis blague à part, je me sens diminuée de penser que je suis hétéro. Je ne vois pas comment on peut dire « je m’appelle lady, j’ai 24 ans et je suis hétéro ». Non, je ne suis pas ça.

Je ne me considère pas comme une française. A l’heure où pour la plupart des gens c’est encore plus important de se définir par ses origines, ça ne l’a jamais été pour moi. Combien de fois, entre le collège et la fin de mes études, n’ai-je pas entendu tout un tas de mes camarades s’enorgueillir d’être d’origine Y ou Z ? Pourtant j’ai un pédigrée intéressant, entre mes origines italiennes, allemandes, polonaises et françaises. Pourtant ça ne me touche pas. Je n’ai pas plus que ça envie d’en apprendre plus sur le pays où est né mon grand père ; ou plutôt, je n’ai pas envie d’en apprendre sur l’Italie plus que sur un autre pays, mais j’ai envie d’en apprendre sur toutes les cultures que je connais mal ou pas du tou. A la rigueur je pourrais me considérer comme européenne mais ce n’est même pas le problème. Je ne ressens pas ce besoin identitaire. Me proclamer de tel pays, telle « fédédation » ou continent, ça n’a simplement aucun sens. Combien de fois est-ce arrivé que sur le net on me demande mes origines ? Je ne vois pas du tout ce que ça vient faire avec moi. De par mon site, souvent, on me demande si je suis asiatique, simplement parce que je m’intéresse à une partie de la culture nippone. Il m’est aussi arrivé qu’on me demande lorsque je parlais anglais, si j’avais de la famille ou des origines américaines (ou australiennes aussi, une fois) : je ne vois simplement pas l’intérêt que représente une question pareille. C’est aussi incongru que de me demander de but en blanc quand était la dernière fois que j’ai mangé de la salade niçoise. La seule question implique qu’on soit le fruit d’une culture qui se limite au lieu de naissance d’un parent plus ou moins éloigné : je ne considère pas que ma culture, ma personnalité, ou quoi que ce soit, ait un rapport avec le fait qu’une partie de ma famille vienne de l’Est. Si, ok, je fête la St Nicolas (en dilettante en plus), mais ça s’arrête là. C’est plus une tradition ancrée dans l’histoire de ma famille que dans une quelconque perpétuation de nos origines. Mon père aussi la fête plus ou moins (en tous cas il mange le pain d’épices de bon appétit) et lui, il est français et italien. Je crois bien que nos origines n’ont jamais fait l’objet d’une fierté ou d’une honte à part du reste. Ca fait juste partie des bagages, mais pas de quelque chose qui fasse que nous ayions à nous sentir différents. Et moi qui ai au moins 4 nationalités différentes à mon actif, de quoi devrais-je tirer le plus de fierté ? Devrais-je discriminer l’une ou l’autre de mes origines ? Et pour quels motifs : historique, linguistique, gastronomique ? Tout cela manque vraiment de sens pour moi. Surtout dans un monde où on va vers un mélange (enfin, une partie de moi l’espère) des gènes et des origines. Souvent on ne peut pas faire la différence de visu ; ya bien des gens qui pensent que je suis espagnole ou portugaise alors que, ça, non, je crois pas avoir. Mais bon je peux me tromper (qui sait ? en remontant ?). Est-ce que ça veut vraiment dire quelque chose à l’heure de la modialisation, des échanges intercontinentaux et tout le bazar ? Je ne vois pas comment on peut dire « je m’appelle lady, j’ai 24 ans et je suis française/allemande/polonaise/italienne » (rayez la mention inutile). Non, je ne suis pas ça.

Je ne me considère pas comme une protestante. Je suis baptisée : la belle affaire. C’est pas comme si je l’avais choisi. Et par la suite je n’ai eu aucune éducation religieuse : voilà qui explique sans doute que je ne me ressente pas particulièrement comme le mouton d’un berger en particulier. Pourtant avec la même éducation, ma soeur, elle, croit en Dieu (se considère-t-elle comme protestante ou juste catholique ? Bonne question. Ca se trouve elle se considère juste comme croyante et point final). Ce non-sentiment d’appartenance et/ou de Foi n’a peut-être pas grand rapport avec la façon dont on nous a éduquées, dans le fond. A une époque ça m’a préoccupée, bien-sûr (voir une des premières notes de ce blog) mais aujourd’hui, lorsque je tente de dire qui je suis, en aucune façon la religion dont je suis baptisée n’entre en ligne de compte. C’est toujours quelque chose d’épineux à expliquer lorsqu’on a devant soi des gens qui ressentent le besoin d’exprimer voire revendiquer leur religion. Du temps de mon BTS, j’étais toujours dans cette position un peu étrange d’avoir le sentiment de moins valoir parce que je n’étais pas croyante. L’une de mes camarades de classe cherchait à me convertir, me parlait de religion à n’en plus finir et tentait désespérément de me faire venir dans son Eglise. Je ne comprends pas qu’on se caractérise par cet aspect-là des choses et que ce soit si central. Je conçois en revanche complètement qu’on croie en quelque chose ou quelqu’Un, mais sincèrement, je ne vois pas comment on peut dire « je m’appelle lady, j’ai 24 ans et je suis protestante ». Non, je ne suis pas ça.

C’est pourtant pas si difficile de dire qui je suis. Je suis quelqu’un de rêveur, d’abîmé, d’imaginatif, d’insomniaque et de drôle (à mes heures). Je me mets facilement en colère mais ne l’exprime plus trop ; je parle facilement de n’importe quel sujet avec les gens qui me mettent à l’aise (de plein de sujets, sauf de moi… je deviens dure). Je peux me mettre de bonne humeur sur commande et déconner avec ma « communauté » même quand je ne vais pas bien. J’aime la musique et la littérature japonaises contemporaines, les séries télé américaines, je commence à découvrir quelques dorama, j’apprécie un film Bollywoodien (et espère en découvrir d’autres aussi bien), j’adore les comédies musicales d’Andrew Lloyd Webber et je suis une fan des cuisines japonaise et suédoise. J’aime écrire, lire, dessiner, apprendre des tas de trucs plus ou moins utiles, trainer sur internet, ressentir des foules de choses devant un écran, et en décrire au moins autant. J’aime certaines personnes, j’en déteste d’autres, et il y en a une quantité qui me sont totalement indifférentes. Je me préoccupe de certaines causes (même si j’avoue ne pas vraiment y faire grand’chose), je m’intéresse à une foule de sujets de société, je raffole des débats à la télé (pas trop les débats politiques mais beaucoup ceux sur la société en général, ses divers aspects, ses évolutions pendant les 50 dernières années), je regarde certains magazines de la 5 et Questions au Gouvernement. J’aime bien les catalogues de meubles et de décoration, je feuillette même les brochures des magasins de bricolage que je reçois, j’adore me promener entre les rayons de Bricorama et rêver au carrelage de ma salle de bains même si je sais que je n’en changerai pas. Je câline mes chatons, j’aime mon ours en peluche anonyme même si maintenant il est sur une étagère hors de portée des félins sus-cités, je lis parfois des bouquins prise de tête sur la politique ou le monde médiatique, je raffole des nouvelles de Banana Yoshimoto que je relis avec toujours le même plaisir. Je rêve d’un bon poulet au citron, d’un tiramisu, de sushi et de fromage fondu (pas nécessairement pendant le même repas). J’ai envie de me faire un petit verre de whisky fraise et me mettre devant un bon film (peut-être revoir La couleur pourpre que j’ai découvert cette nuit ?).

Je suis tout cela, et plus encore. Je sais qui je suis. Je n’arrive juste pas à le décrire. Et surtout pas en quelques mots.

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1 commentaire

  1. Cédric dit :

    Décidément je ne cesse d’en découvrir sur toi sans même que je te pose une quelconque question. Les réponses viennent d’elles-même alors que je continue de remonter la rivière, le flot des mots de ton blog.

    Je me demandais vu la photo de ton profil, premièrement si c’était une vraie photo de toi, deuxièmement quelles étaient tes origines. Eh bien, voilà un post qui répond à mes questions. J’en conclus en effet que ça n’est pas toi sur la photo et que tu n’as aucune origine asiatique. (en ce qui me concerne, c’est vraiment moi sur la photo de mon profil) J’ai aussi des origines italiennes, mon père est italien (bien qu’il ait vécu toute sa vie en France puis en Belgique) et ma mère est flamande. Moi j’ai la double nationalité belge et italienne. Mais je me reconnais très bien dans ce que tu exprimais dans ce billet de 2006 : je ne me sens d’aucune nationalité, je ne m’identifie pas du tout à une nationalité. Je suis juste un être humain posé sur Terre.

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