I fall into pieces

17 janvier 2007 à 21:12

Ce n’est pas que j’aime avoir un train de retard, c’est que ces derniers temps, j’ai du mal à suivre, on peut pas être au four et au moulin. Alors me voilà, avec quelques mois de retard, en train de m’essayer au pilote de Dexter, dont j’ai entendu dire plutôt du bien ces derniers temps. A raison. Enfin un personnage froid qui n’est pas vide (in your face, Dirt) !!! Depuis combien de temps n’avais-je pas vu ce type de héros à ce point distant et tourmenté ? Sans doute depuis Profit (ça demande réflexion en tous cas).

La particularité de Dexter, c’est d’être capable à la fois de nous montrer un être profondément ambigu et malsain, et en même temps de tirer du bon de tout ce qui sort de lui. Dr Jekyl ou Mr Hyde, même combat : les deux servent une certaine forme de justice. A mes yeux c’est cependant à la fois un élément brillant de la série (éviter de tomber dans une vision manichéenne des comportements humains) et dommageable, en fait, car c’est un peu trop facile que d’avoir ici un personnage dont les parts d’ombre servent finalement toujours à faire le bien (mais bon, il y a peut-être des limites à ce que le public peut tolérer de la part du personnage central d’une série que par définition, il va suivre pendant plusieurs semaines).

Mais qu’importe, car le pilote de Dexter est tout de même un chef d’oeuvre de discours doubles et malsains, et d’exploration de tout ce que l’être humain a de plus malade au sens psychiatrique du terme. Ce qui importe n’est pas tant comment Dexter est devenu ce qu’il est (à l’âge adulte, il ne semble pas tellement se poser la question dans cet épisode d’ouverture, qui ne nous laisse pas croire que c’est une quête fondamentale pour le personnage), mais comment il vit avec ce qu’il a de plus ignoble en lui, et tente d’en tirer le meilleur, oscillant toujours entre ses pulsions réelles et son attitude sociale. Dans cette sorte de double identité à la Bruce Wayne, Dexter a une parfaite lucidité sur cette valse hésitation qui, ne nous y trompons pas, repose sur le fait qu’il tente de se conformer à des normes sociales dont il sait pertinemment qu’elles ne lui conviennent pas, et dont il se joue. A cet égard, les scènes issues de l’enfance et l’adolescence (qui nous permettent d’apprécier le très bon James Remar… ce type se bonnifie avec l’âge !) sont des clés capitales, même si légèrement redondantes, sur la dualité que Dexter se prépare pour l’avenir.

Voilà une série qui est dérangeante à souhait, et qui l’assume ! Dexter développe tous les indices classiques permettant de reconnaître un psychopathe : les premières manifestations dans l’enfance, une intelligence aigue, une admiration sans borne pour les intelligences qui lui sont supérieures, un certain mépris pour ce que la Police compte d’éléments les plus méprisablement moyens, et une envie folle de jouer en permanence avec le feu, de se glisser à la barbe de tous ces uniformes pour leur donner des leçons sur son art sans jamais se faire prendre. Ouais, moi aussi j’regardais Profiler.

L’épisode voudrait nous faire croire qu’un arc s’ouvre devant nous, avec le jeu pervers qui s’initie entre Dexter, et l’auteur des découpages en série. A votre place, je ne m’y fierais pas. A la mienne en tous cas, j’émets de sérieuses réserves. Car ce que ce pilote amorce, et c’est ça qui est bon, c’est plutôt une étape du développement du déséquilibre de Dexter : son modus operandi est en train de changer. Désormais, il va jouer avec sa future proie au lieu de simplement la piéger et l’exécuter, et sans aucun doute flirter plus encore avec le bord du précipice. C’est en tout cas cela qui me semble être la promesse captivante de ce series premiere, et c’est cette perspective qui me fait toute acquise à la cause Dexter.

Depuis la disparition d’Oz et le lustre progressif de NY Unité Spéciale, c’est le show qui manquait à mon menu.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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