Dying to live, dying to love

3 mars 2007 à 4:14

Il y a quelques trésors dans toute telephage-o-thèque, qu’on chérit plus que tout, même si le temps passe. Et qu’inlassablement on regarde, et regarde, et regarde encore, sans jamais se lasser, parce que notre coeur se serre toujours de la même façon en le voyant. Il y a simplement des séries qu’on ne peut pas oublier.

Corky est de celles-là. J’ai aimé cette série au premier jour, et encore, ce premier jour (qui était un premier soir, un dimanche, je m’en souviens), l’épisode n’était pas extraordinaire. Et du jour où j’ai découvert pourquoi cette série était épatante, alors je lui ai toujours été fidèle. Et les séries passent, les modes aussi, et je découvre avec plaisirs de nouveaux titres, mais Corky reste, à jamais, dans mon Top5.

L’une de mes VHS les plus précieuses, c’est celle qui contient les trois derniers épisodes de la série. Bonjour déprime ? Oui et non ! Bon, d’acord, l’un des épisodes nous raconte la descente aux Enfers de Jessie, mourant dans son lit d’hôpital, le suivant nous retrace les dernières semaines de Jessie et Becca ensemble, et enfin dans le dernier, on apprend la mort de Jessie (ça va, ne dites pas que je vous ai spoilés, ça fait jamais que 14 ans maintenant que ç’a été diffusé !). Remarquez que je résume très largement, là…
Et pourtant, ce qui marque, au-delà de la souffrance de nos deux personnages préférés, et la terreur inspirée par le réalisme de la maladie de Jessie (petit rappel pour les ignares, Jessie a le SIDA), c’est l’amour.

L’amour dans son état le plus pur. Juste l’amour. L’amour de deux êtres, et notamment de Becca, capables d’endurer le pire l’un pour l’autre, de subir les pires tourments juste pour faciliter la vie de l’autre. L’amour aussi, d’un père, de deux mères, d’un frère et d’une soeur, qui ont chacun leurs histoires, et chacun leurs problèmes (et comme le dit Becca, ça les rend parfois un peu indifférents à ceux des autres), mais qui, en fil rouge, ont toujours cette flamme dans le coeur.

Et, plus que leur famille, plus que leur époux, plus que leur travail, qu’est-ce qu’ils aiment, tout ces gens-là ? Ils aiment la vie, puissamment, et de manières différentes, mais ils aiment tous la vie. Et pour trois épisodes où la mort rôde comme un coyote affamé, ce sont trois épisodes qui parlent drôlement bien de la vie.

Ah, j’ai, depuis, réussi à enregistrer quelques bons épisodes de cette série, mais meilleurs que le final ? Ca, jamais.

Comment peut-on surpasser la grâce et la beauté de Becca qui, toute en abnégation, et bien que ça lui pèse, est prête à tout pour Jessie ? Comment peut-on surpasser ces dialogues pourtant si simples, qui dans tout leur naturel, parviennent à faire passer humour noir, espoir, amour, découragement, tristesse, peur…?

Corky est née bien avant ces séries qui regorgeaient d’effets de manche, ces séries qu’on a vu fleurir dans les années 2000, avec des dialogues taillés au cordeau, des répliques étudiées au mot près, des plans toujours très propres et élaborés, avec des éclairages complexes, des décors extraordinaire, des mouvements de camera imaginatifs ou originaux… Oui, la réalisation date, mais elle peut se passer de ces démonstrations de force ! Car la série a une force incroyable, ses personnages sont touchants et réalistes, ils baignent dans le naturel, ils ne s’encombrent pas d’une beauté superficielle due à douze filtres de couleurs, à des écrans splittés ou encore à un montage incisif. Parce que dans la vie, personne n’est là pour mettre une lumière parfaite dans les moments qui comptent. Personne ne vous donne le mot parfait pour transmettre votre émotion. Et Corky est justement la série qui parvient à retranscrire tout cela. Il y a des flottements, il y a des plans maladroits, il y a des éclairages un peu bizarres, et des scènes qui parfois semblent sorties de nulle part (Jessie sous la douche ?!) mais au final, tout est parfait, il ne faudrait rien changer, car l’émotion est là, intacte, presque réelle.

Les années passent et, je le dis sans honte, je pleure toujours comme la première fois devant le final de Corky. Pour moi, ça, c’est culte. Le temps ne peut pas enlever l’énergie vitale qui se ressent à chaque instant de ces épisodes, le temps ne peut pas atténuer la grâce de cet enchaînement si parfait et si commun d’évènements de la vie de la famille Thatcher, le temps ne peut pas lutter contre la somme d’émotions qui frappent votre cœur comme des vagues sur les rochers à ce moment, ce moment précis.

Je réalise, pour la centième fois que je regarde ces trois épisodes auxquels je tiens tant, un peu comme à chaque fois que je les regarde, à quel point cette série, avec quelques autres, a signifié tant dans la façon dont je me suis construite, en tant que téléphage, mais surtout en tant que femme. Car elle est de ces séries qui vous laissent une empreinte indélébile sur l’âme. Certains de mes idéaux viennent de là. Certaines de mes valeurs viennent de là. Certaines de mes erreurs viennent de là. Certains de mes regrets viennent de là. J’ai grandi en gardant à l’esprit, parfois consciemment, parfois moins, ces trois épisodes qui, quel qu’ait été ma vie chaque fois que je les ai vus, ont eu de l’impact sur moi. Trois épisodes que j’ai regardés souvent au long des années, souvent avec un regard différent, mais qui ont contribué à ce que je devienne moi. Il n’y a pas beaucoup de séries dont on peut dire ça. A quelques jours d’un premier anniversaire qui me blesse comme jamais encore,
suivre les dernières années de la vie de Jessie est d’un réconfort
inouï. Il n’y a pas beaucoup de séries qui s’engouffrent dans notre coeur à ce point qu’on ne puisse que s’ouvrir personnellement en les évoquant.

Parfois, on a besoin de se réconcilier avec la mort, avec la vie, avec la famille, avec l’amour, avec plein de choses. On devrait tous avoir le final de Corky sous la main pour ça.

J’ajoute que celui qui parviendra à me procurer le générique en bonne qualité sera mon héros.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Scarlett dit :

    Au risque de m’attirer tes foudres, je ne suis pas une grande fan de Corky. Pour moi la série est trop remplie de bons sentiments et de morale. C’est tellement évident que c’est comme si on avait sous titré tout au long des épisodes « ça c’est bien » « ça ce n’est pas bien ».

    Ca me fait un peu (beaucoup) penser au scénario moralisateur et bien pensant de « 7 à la maison ».

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