C’est pour toi

25 février 2008 à 17:47

Monsieur Patron, je vous l’ai peut-être déjà dit, envoie systématiquement tous ses mails à ses deux assistantes. D’une part parce qu’il n’a pas le temps de définir les tâches entre nous deux (on est sensées être suffisamment grandes, donc autonomes, pour gérer ce genre de contigences), et d’autre part parce qu’il y a une réelle volonté de nous tenir toutes les deux au courant de ce qui se fait (la meilleure preuve étant que lorsqu’il sait qui est en charge d’un dossier… oui, c’est-à-dire moi… il envoie quand même des copies à DOM THOM, pour info).

Aujourd’hui il s’est enfermé dans son bureau pour finir de rédiger une note ardue sur laquelle il tente de plancher depuis plusieurs jours. J’ai ordre (puisque je suis celle qui répond au téléphone, de guerre lasse j’ai arrêté de demander à DOM THOM « je décroche ou tu décroches ? », parce qu’au final c’est moi de toutes façons ; normal, celle qui est dans le bureau gagne le droit de répondre) de ne lui passer aucun appel, quel que soit l’interlocuteur. Et si c’est un interlocuteur d’importance, faut vraiment que ce soit urgent !

Pendant ce temps on a un dossier à boucler pour demain dans la matinée, très important, sur un sujet tellement brûlant que j’ai des cloques rien que d’imprimer les documents. Le genre de dossiers pour lesquels mon obligation de réserve prend réellement tout son sens. Bref, ZE DOSSIER. En huit exemplaires sinon c’est pas drôle. Donc Monsieur Patron, au fur et à mesure qu’il rédige sa note, tombe sur des documents à ajouter au brasier, et nous les envoie.

Note : je suis déjà en train de faire de la frappe pour lui (il a envie de voir si ça va plus vite si je lui fais la frappe ou s’il tape directement)

Note : je suis au téléphone d’une main, sur l’emploi du temps de Monsieur Patron de l’autre

Un mail arrive. DOM THOM interrompt ses activités (elle en avait marre de gambader et se bourrer de café, donc maintenant elle réserve ses congés bonifiés de cet été et essaye de régler ses papiers persos… d’ailleurs, verbatim de vendredi dernier pendant un moment calme pour elle, mouvementé pour moi « j’aurais dû emmener des papiers persos à faire », eh bien, elle l’a fait pour de vrai) clique sur le mail, voit que ce sont des impressions à faire, et me dit « ah, c’est pour toi ». Et reprend le fil de ses non-pensées.

C’est pas le dossier qui est brûlant en cet instant. C’est mon regard. J’t’en ferais du torchis, moi, de cette bonne femme…

EDIT : 17h45 pile, elle range ses papiers persos et maugrée « bon, je rentre ». Il lui a fallu dix secondes montre en main pour s’enfuir en soupirant. Elle m’écoeure.

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