Famille nombreuse, famille heureuse ?

7 octobre 2008 à 18:45

Deux semaines. Deux saisons.
Et toujours pas de générique en vue.

Cette histoire de Brothers and Sisters commence vraiment à sentir mauvais. Maintenant que je suis revenue au rythme hebdomadaire qui est le lot commun de chacun, et que je dois attendre pour ma dose de Walker (pas Johnnie Walker, hein), il va bien falloir se rendre à l’évidence : j’ai besoin de toute urgence de reporter mon appétit sur une autre série. On verra bien sur qui ça tombe.

Petit bilan de cette seconde saison : l’un de vous m’avait mise en garde un peu plus tôt sur une éventuelle déception. C’est largement moins grave que je ne m’y attendais. D’une façon générale, de toutes façons, les secondes saisons sont toujours plus compliquées à aimer. Mais en tous cas le résultat reste très bon.
Mon reproche principal (outre le nombre d’épisodes mais on sait tous que 2007-2008 a été une saison troublée) s’adressera à la structure des différents arcs. Là où la première saison semblait développer très vite ses histoires, parfois même de façon un peu précipitée au risque de frôler la surenchère par moments, la saison deux s’autorise à faire avancer la plupart de ses axes de façon très irrégulière. Ainsi, des histoires qui couvaient depuis le tout début de la saison voire la fin de la précédente (comme l’homosexualité de l’oncle Saul) mettent un temps fou à atteindre leur but pourtant évident. Sur l’air de « un pas en avant, deux épisodes sans en parler ». C’est assez frustrant car leur développement est pourtant assez évident (ô surprise, Saul finit par faire son coming out, c’était bien la peine de nous faire mariner comme ça). Mais le nombre d’axes différents a été plutôt mal géré cette fois-ci, et on retrouve ce phénomène pour plusieurs personnages, comme par exemple le couple Tommy/Julia, le divorce de Sarah, voire même les tribulations de Kitty et Robert, ce qui relève du comble. C’est le problème, j’imagine, quand un ensemble show s’ajoute des personnages (ce qui dans le contexte d’une famille, semble inexorable, encore faut-il savoir y faire face). C’est donc plutôt un problème de rythme qu’autre chose.

Pour le reste, stritement rien à redire, les Walkers sont égaux à eux-mêmes, tout en coucheries, en mensonges qu’on ne se cache jamais bien longtemps, et surtout, en dîners et en téléconférences. Comme toujours on se marre, on pleure, et la plupart du temps les deux en même temps, chaque personnage parvenant à être touchant (à l’exception peut-être de Tommy dont on ne comprend pas bien comment il peut coucher avec Lena alors qu’il a affronté il y a moins d’un an les trahisons posthumes de son père, et il n’a d’ailleurs pas fini de déguster).

Ce qui est formidable dans cette série, outre ce que j’ai déjà expliqué et qui m’est personnel, quelque part (à savoir la joie de voir une famille évoluer dans le cours du temps), c’est que même dans les retournements de situation les plus soapesques que la série s’autorise, cette dernière s’attache à toujours conserver un lien avec les épisodes passés. Ainsi, Brothers and Sisters s’autoréférence en permanence, de manière souvent très allusive ; les personnages ont une histoire ensemble, et ils ont, c’est encore plus important, une mémoire. Quand on voit qu’une photo qui a servi d’accessoire à la découverte de l’existence de Rebecca, loooooin là-bas en saison 1, permet de faire rebondir le final de la saison 2, on ne peut qu’être bluffé par la façon dont tout reste cohérent avec ce qui s’est déjà produit.
Les personnages restent toujours typiquement eux-mêmes, y compris lorsque leur vie avance ou change, à l’image de Kevin qui, tout en restant obstinément fidèle à son caractère psychorigide, prend sur lui pour progresser dans la vie, d’où cet adorable final avec Scotty.

On pourra, si on est de mauvaise foi ou tout simplement hermétique au concept, trouver des défauts à Brothers and Sisters, mais indubitablement, l’incohérence n’en fera pas partie.

L’autre grand avantage de la série, c’est de proposer, en définitive, des portraits d’américains très différents, aussi bien par leur âge que par leur mode de vie, leurs valeurs ou leurs convictions politiques, avec toute la variété possible dans le contexte de la série (on a même, via Scotty, Holly et Lena, un point de vue moins socialement avantagé que du côté des Walkers ; le cas Scotty donnant lieu à une courte mais cinglante fustigation du système américain d’assurance médicale), et permet à chacun de s’exprimer librement, de Kitty la très conservatrice (chaque épisode un peu plus) à Nora la grand’mère plus décontractée, et même si politiquement, on s’alpague moins qu’en première saison sur l’abstrait, les discussions sur les implications concrètes des points de vue des uns et des autres persistent et sont un véritable bonheur. Ni vraiment républicaine, ni vraiment démocrate, mais toujours puissamment engagée, Brothers and Sisters accomplit le tour de force de s’adresser à tout le monde, et ce faisant, de mélanger les regards, permettant plus de compréhension que jamais.
Parce que c’est ça, une famille : en dépit des irrémédiables différences, apprendre à composer avec le caractère de chacun pour progresser, ensemble et chacun de son côté.

Vous l’aurez compris, je me lance donc dans la troisième saison avec un plaisir intact… un seul regret, fini les épisodes par bouquet de trois en rentrant du boulot.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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