L’ignorance est un bienfait

15 octobre 2008 à 15:24

Comme vous le savez probablement si vous avez prêté attention à mes élucubrations estivales, j’attendais avec impatience la reprise de Samantha Who? en cette rentrée. C’est la seule série humoristique, cette saison, que je regarde en pensant qu’elle est vraiment drôle (pour vous donner un exemple du contraire, The Big Bang Theory, c’est juste pour tuer le temps, par contre).
J’avais été peinée d’apprendre les déboires médicaux de l’exubérante Christina Applegate, mais j’étais résolue à ne pas me laisser déprimer par de telles nouvelles, même si les termes de « rémission totale », pour un cancer, semblent un peu précipités à aussi court terme. M’enfin bon, je vais pas me laisser déprimer, j’ai dit !

Mais voilà, force est de constater que, d’une part, cette reprise de saison n’était pas aussi fofolle qu’attendu (pour vous la faire courte et sans spoiler : Samantha s’aperçoit d’un talent qu’elle avait dans sa vie d’avant, elle aimerait le reconquérir, mais n’y arrive pas… bref un schéma très classique pour la série ; on est pourtant en droit d’attendre un season premiere qui tue, et surtout qu’en 2e saison, les choses bougent un peu), et surtout, j’ai passé la majeure partie de l’épisode à me sentir mal à l’aise. Bêtement, sans doute. Mais mal à l’aise quand même.
Pourquoi ? Hé bien parce que dans l’une des premières scènes, Samantha tombe le haut… et je dois bien avouer que j’ai trouvé ça un peu inapproprié.

Je n’ai rien contre un beau lâcher de seins dans une série, notez bien. Je suis hétéro mais pas je sais reconnaître ce qui est beau. Quand ça sert l’histoire ou un bon gag, je ne vois pas le mal non plus. Quand l’actrice est jolie, bon, pourquoi se priver d’une partie de l’audience masculine, aussi. Mais ça devient inconfortable quand il a été fait une certaine publicité autour desdits seins quelques semaines plus tôt, à peine. C’est de mauvais goût, quelque part ; d’aussi mauvais goût que si Fran Drescher jouait une scène de viol à des fins pseudo-comiques, mettons. Ca met vraiment mal à l’aise celui qui regarde ledit spectacle en sachant qu’il devrait en rire, alors qu’il ne parvient pas à trouver ça drôle.

Je peux imaginer que ce soit la façon pour Christina Applegate de dire « regardez, je vais bien, n’y revenons plus ! ».
Je peux imaginer que ce soit aussi sa façon de se dire « je vais bien ! ».
Je peux imaginer plein d’explications plus ou moins rationnelles. Mais ça reste un peu… étrange. Le fait de lire certaines choses, que ce soit aussi bien sur des acteurs que sur des séries elles-mêmes, change la vision que nous en avons, et il n’est pas toujours bienvenu d’en jouer.

Le vrai problème, c’est qu’en fait, le parcours d’un téléphage est souvent le suivant :
– au début, il voit des séries à la télé (c’est sympa, mais sans plus)
– un jour, il les regarde car l’une d’entre elles a accroché son attention (on connaitra plus tard cette série sous la dénomination de « série préférée »/ »référence »/ »série culte », souvent uniquement pour des motifs sentimentaux)
– il commence à chercher à en voir plus à propos de cette série (les épisodes en entier, puis un maximum d’épisodes, puis tous les épisodes…) et éventuellement à propos de quelques autres par effet de contagion/d’appétit
– il essaye d’en savoir plus sur le contenu, et lit des articles (il entre donc dans l’enfer de la presse spécialisée et sa distribution parfois aléatoire), des livres (novellisation ou analyses), sites internet, peut-être fanfictions
– il essaye d’en savoir encore plus, mais cette fois sur le contenant : production, acteurs, chaîne, moyens techniques (pour vous donner un exemple, 3/4 des fans de science-fiction installent un logiciel de 3D pro ou semi-pro pendant cette phase)
Vrai ou pas vrai ? Nous passons progressivement d’un stade de découverte à un stade de surinformation. Osera-t-on me dire qu’on regarde la série de la même façon à chaque phase ? Plus je fréquente internet, et notamment les sites d’information téléphagique, plus je me dis que la dernière étape n’est guère plus enviable que la première, comme un passage du trop froid au trop chaud. Ca doit être pour ça que j’évite de plus en plus les sites informatifs pour me concentrer sur l’aspect subjectif des choses, d’ailleurs… En vérité, s’il est dans la nature du téléphage d’en vouloir toujours plus, un jour, après avoir fait un bout de chemin, nombreuses sont les tentations de s’éloigner de ce qui le passionne au début, à savoir le contenu des séries, au profit de sujets plus périphériques… y compris les divers potins sur les uns et les autres, sur leur vie familiale, amoureuse, médicale ou autre. Avons-nous besoin de le savoir ? Pas vraiment ! Mais plus le temps passe plus nous y prêtons oreille tout de même, ne serait-ce que parce que nous fréquentons des canaux d’information qui couvrent ces sujets, au prétexte qu’ils ont un rapport avec les séries, et qu’il est difficile de ne pas voir ces news au milieu des autres.

Soudain, je ne sais plus si j’ai envie de savoir quoi que ce soit. J’ai l’impression que d’avoir lu des news sur les problèmes de santé de Christina Applegate me retire une part de mon plaisir à la voir évoluer à l’écran. Cela lui enlève une partie de sa liberté. Soudain je ne vois plus Samantha Newly, mais justement Christina Applegate. Et c’est pas juste de me faire ça.
Je me sens lésée d’être informée.

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2 commentaires

  1. freescully dit :

    Ah, l’éternel problème de la frontière entre réalité et fiction… Surtout quand elles se rejoignent ! Cette scène de Samantha Who (n’en dis pas plus je n’ai pas encore vu le season premiere!!!), est-il possible qu’elle soit un hasard du calendrier ? On est en droit de penser que peut-être qu’elle a été tournée avant les problèmes de santé de Christina Applegate (j’ai un problème de calendrier, là). Mais si ce n’est pas le cas alors oui, c’est une sorte d’intrusion de la réalité dans la fiction, comme une « private joke » pour les télespectateurs qui ont suivi l’histoire et c’est donc plus Christina que Samantha qu’on voit dans cette scène. Je suppose qu’on peut dire qu’il s’agit d’un héritage de la télé-réalité, de voir débarquer la réalité dans le script écrit de la fiction…

  2. Nakayomi dit :

    Faut voir dans quel contexte se situe cette scène aussi… De quelle manière ils en jouent et tout… Là, comme ça, ça me paraît difficile de me prononcer…

    Après, c’est vrai que la vie privée des acteurs… Non, ça va, je ne suis pas trop atteint au visionnage d’une série… Je n’ai pas le souvenir que ça m’ait gâché quelque chose (même quand il s’est agit d’Isaiah Whashington dans Bionic Woman, c’est dire…).

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