Le cinéma, ce Piemaker

24 novembre 2008 à 18:34

Depuis l’annulation de Pushing Daisies, on voit un peu partout fleurir… non pas des marguerites, mais des espoirs. Espoir d’un comic mettant fin à la série (c’est mieux que rien mais personnellement je sais que ce changement de média me bloquera), mais aussi espoir d’un film final.
Aujourd’hui, on annonce que c’est au tour de The Riches de se conclure par un film.
Mentionnons tant qu’on y est la sortie prochaine du film de Dead Like Me, les projets sur Arrested Development (je l’avais déjà oubliée cette série-là pourtant) et Veronica Mars (il parait), les rumeurs sur LOST (mais qu’on les achève !), ainsi que les sursauts du macchabée Stargate qui se rêve en… Star Trek, dont tout justement la sortie d’un nouveau film approche (et qui à première vue ressemble à beaucoup de choses, sauf à un film de Star Trek ; voir les posts sur le sujet pour voir que je n’en pense pas forcément que c’est une mauvaise chose, d’ailleurs).

Dites-moi, qu’est-ce qu’ils ont, tous, là, avec leurs films ?

Vous connaissez ma réticence envers ce format long, dont justement je parlais il y a peu. L’inconvénient principal, c’est à mes yeux la problématique du cumul de la longueur et de la brièveté : il faut rester deux heures sur son fauteuil, mais l’histoire doit tenir en seulement deux heures. Du coup, ça change tout. Peut-être même plus encore que pour une version en comic, finalement. Parce qu’alors toute la structure est à inventer ! Et puis évidemment, il faut prendre en compte tout un tas de choses : être cohérent pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’univers de la série et qui vont quand même venir (les chieurs), donner le quota attendu de retournements de situation, d’action, de frissons, etc… Car disons-le, la plupart des films issus d’une série sont conçus comme des blockbusters, et non comme des films originaux et plus personnels (je vais pas parler de film d’auteur, non plus, mais on se comprend). Bref, le film, rien à voir. Du coup, c’est la porte ouverte à toutes les déceptions, et elles ne sont pas rares pour le téléphage, avouons-le, surtout que le poids de l’attente joue souvent son rôle.

Evidemment, je ressens une certaine jouissance à me dire que le cinéma semble héberger maintenant les restes de la télévision, récupérant les miettes de la gloire passée de séries qui ont quand même eu un succès suffisant pour justifier l’investissement financier dans un ultime film, donc jouissant d’une certaine aura, mais qui restent un rebut de l’industrie télévisuelle. C’est en moi la téléphage engagée qui se dit ça…
Mais une autre voix dit aussi (c’est en moi la téléphage schizophrène qui se dit ça) : pourquoi justement le cinéma donne-t-il leur chance à des projets qui sont souvent frappé du sceau de l’échec ? Car c’est quand même souvent ça, l’histoire derrière le film faisant suite à une série. On fait un film parce qu’on s’est fait court-circuiter, et qu’on n’a pas eu le temps de raconter tout ce qu’on avait à dire ; s’il venait à se faire, le film de Pushing Daisies serait probablement de cet ordre, par exemple. Et donc finalement, le cinéma semble être en berne côté créativité, en récupérant ce que la télévision a jeté pour diverses raisons (la télé est un enfant capricieux qui jette facilement ses jouets à la première humeur), mais par contre, côté liberté, finalement le cinéma aurait encore pas mal de choses à offrir, peut-être plus qu’à la télévision.

Je vous avoue que je me demande quand même comment on peut lancer le financement d’un tel projet. Je sais pas, imaginez : vous êtes Joss Whedon, vous n’avez plus aucune série à l’antenne, et vous cherchez à financer le film d’un projet (avec effets spéciaux en plus !) qui n’a même pas duré une saison ? Car Firefly est l’exemple même des séries pour lesquelles on se demande comment le miracle du cinéma a pu se produire (même s’il a effectivement pris son temps).
J’essaye de me figurer Bryan Fuller (enfin, après Dead Like Me, il doit être rôdé, le pauvre… à quand un film Wonderfalls pour boucler la boucle ?) en train de présenter son projet devant une tablée de producteurs impossibles à dérider : « Bon alors c’est une série bien onéreuse, pas très rentable, qui a été annulée après deux saisons toutes deux très courtes, audiences catastrophiques, acteurs impossibles à remplacer, et euh… voilà, c’est tout. Vous me faites un chèque ? Parce que sinon je prends aussi les cartes de crédit, les bons au porteur, et les rouleaux de pièces de 10 cents, hein ». Hmmmouais.

On a souvent envie de parler des autres genres de films basés sur les séries : ah la gloire de Sex & the City, ah la renaissance du cultissime (sic) X-Files, ah la belle longévité des Simpsons… C’est facile pour ceux-là. Je ne me fais même pas de soucis pour eux ! L’opération est vouée à la rentabilité (et ça entraine d’autres types d’inconvénients de type fan-milking).

Mais pour tous ces projets de la dernière chance, tous ces revivals touchés du doigt du Piemaker (First touch, movie. Second touch, dead. Again. Forever.), j’ai quand même un pincement au cœur. On sent bien que c’est pour finir ce qui a été commencé, contenter les derniers fans enragés (ce sont les pires), mais au final, ça pose des questions, quand même.
Et au final, j’avoue que j’ai rarement l’envie d’aller les voir, ces films.

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1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    Pour Stargate, ce sont des Dvdfilm (ouais, appelons ça comme ça), donc à mon avis le budget n’est déjà pas le même que pour un Firefly (d’ailleurs, Dead Like Me, c’est aussi un Dvdfilm… Et je crois que Bryan Fuller n’y est pour rien vu qu’il a quitté la série durant la première saison)… Et je pense que c’est sûrement ce qui correspondrait le mieux à Pushing Daisies… Ca doit bien être un peu moins risqué quand même.

    Sinon, pour le moment, c’est vrai que je n’ai pas été forcément plus convaincu que ça par les films tirés de séries (sans parler des adaptations, bien évidemment)… Je suis quand même content d’aller les voir (Les X-Files ne m’ont pas trop déplus mais on a vu bien mieux à l’intérieur de la série)… Disons que quand c’est pour tenter d’offrir une fin, l’effort ne peut être que loué (mais si ça se fait vite, c’est quand même mieux…)

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