La vie de notre belle famille d’abord

2 décembre 2008 à 17:33

Régulièrement, la télévision nous envoie un message très clair : la famille, c’est bien. La famille c’est important. C’est bon pour ce que vous avez.
La famille, c’est même le plus important.
Oui, aujourd’hui, on va parler de valeurs familiales. Mais si ! Vous savez bien : les valeurs familiales ! Ce truc dont on vous parle chaque fois qu’on veut que vous appliquiez ces valeurs à autre chose que votre famille ! Les politiciens veulent que vous les pratiquiez vis-à-vis de l’Etat, les chefs d’entreprises veulent que vous les consacriez à votre travail… et la télé ?

Dans une immense majorité des cas, à la télévision, la famille, c’est sacré. Et c’est le centre d’un grand nombre d’attentions scénaristiques, selon le schéma suivant : la famille, c’est important, donc on en parle, donc c’est important.

Une proporition démesurée de séries s’y intéressent à un tel point, que ce seul postulat leur sert de pitch. Une famille. Point. Voilà, on avisera à partir de là.
Et je ne parle pas simplement des séries gentillettes type 7 à la Maison, non, c’est également vrai de tout un tas de sitcoms variant (à peine) autour de la thématique familiale : la famille avec trois enfants, la famille avec seulement deux enfants, la famille étrangement nombreuse, la famille avec plein d’adolescents, la famille où le père est en première ligne, la famille où c’est la mère, la famille recomposée, la famille avec un parent célibataire, la famille propre sur elle, la famille soi-disant atypique… Je continue ?
Bon, franchement, si avec ça vous n’avez pas fait de la famille votre priorité numéro 1, c’est que vous le faites exprès. On vous dit que c’est important, quoi, merde, à la fin !

Dans une immense majorité des cas, la famille, nous, on la regarde bien volontiers à la télévision. Et vous savez pourquoi ? Parce que c’est important, la famille. Vous, vous en avez une. Vous, là, aussi. Moi, pareil. Chacune est évidemment différente, chacun a une expérience de la leur différente des autres, mais on en a tous. C’est biologiquement obligé ! Et justement, la famille, c’est bien l’un des rares thèmes qui touchent nécessairement chaque spectateur de façon personnelle.
Si votre famille est heureuse, si elle est malheureuse, si elle est éclatée ou même inconnue, de toutes façons, vous en avez une. Vous imaginez ça ? A la télé, il y a forcément une famille comme la vôtre. Super, non ?

Et puis, il y a des familles pas comme la vôtre, aussi. Et c’est peut-être le plus important. Lequel d’entre nous n’a jamais regardé une série montrant une famille différente à un tel point, qu’elle nous fasse un peu rêver ? La famille idéale sans problème ici, la famille complètement barrée là… selon votre propre schéma, vous fantasmerez un peu sur cette famille si différente et, là aussi, il y en a forcément une pour vous. Ah, si ma famille avait autant d’humour que les Conner de Roseanne ! Ah, si ma famille était aussi joviale que les Brady du Brady Bunch ! Ah, si ma famille était aussi volcanique que les Walker de Brothers & Sisters ! Je continue ?
La télévision joue alors autant avec l’identification que l’imagination, et là encore, c’est une des rares thématiques qui le lui permette.

Il n’y a rien qui vous choque ? A force de boucher de la famille à toutes les sauces : la sauce entreprise familiale des Fisher de Six Feet Under, la sauce famille idyllique des Ingalls de La petite maison dans la prairie, la sauce famille déglinguée des Bundy de Mariés, Deux Enfants… Je continue ? Eh bien, à force, on commence vraiment à penser que la famille, c’est tellement important… qu’il vous en faut une.
Et là, au risque de passer pour une féministe enragée, je m’insurge : on n’est pas obligé de vouloir une famille.

Pourtant, toutes ces affaires de famille, où mènent-elles ? A agrandir la famille, à fonder une famille, à se créer une famille.
Les exemples se comptent à la pelle : le personnage le plus indépendant de Sex & the City, Miranda, est la première à fonder une famille. La plus volage d’Ally McBeal, Elaine, se découvre un désir d’enfant dans un épisode de Noël. Et quand les Desperate Housewives vieillissent, que font-elles ? Des bébés ! Même Gabrielle ! Je continue ?!
SEGA peut se rhabiller : la famille, c’est plus fort que toi ! Ne luttez pas, vous finirez par en avoir une, un jour, bien à vous, avec plein de petits bébés !

C’est là que je dis stop ! La famille, ce n’est pas le Saint Graal, enfin !!!
Mais si on en croit la télévision, la famille, ce n’est pas juste important. C’est obligé.

Comble de l’ironie, pour que j’en fonde une, il me faudrait éteindre la télé et sortir de chez moi.

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3 commentaires

  1. Jérôme dit :

    On va avoir du mal à me traiter de « féministe » ¨(^_^), mais je refuse catégoriquement de fonder quoi que soit !

    La famille, c’est comme l’amour ou l’amitié : c’est génial à la TV ou au cinéma, mais dans la vie, ça n’est que problèmes et trahisons…

    Et SEX & THE CITY est ridicule en cela : vive le MLF, mais l’héroïne soi-disant libre ne fait que courir après le grand amour de midinette, genre on revendique, mais trop fort et pas trop longtemps !

    Le pire, c’est que même les bonnes séries tombent dans ce travers (DEXTER qui ne cherche qu’à faire comme tout le monde, allant jusqu’à demander en mariage l’ancienne Darla parce qu’il l’a mise enceinte, ou HOUSE qui souffre d’avoir perdu sa femme et qui joue au jeu du chat et de la souris avec Cuddy) !

    A l’heure où l’on assassine la sémantique en déclarant « positive » la discrimination, il serait bon de laisser les allergiques au mariage et aux gremlins en paix, non ?

    Surtout quand les donneurs de leçon sont eux-mêmes plus des géniteurs que des parents…

    J’EXECRE LE POLITIQUEMENT CORRECT !!!!!!!!

  2. ladyteruki dit :

    Jérôme, je t’épouserais bien… mais du coup, bah non.

  3. Nakayomi dit :

    L’autre aspect de la famille dans les séries, c’est qu’ils sont souvent sources de boulets quand ils ne sont pas au coeur de l’intrigue…

    Ah combien de frères/soeurs alcooliques ? De pères/mères atteints d’Alzheimer qu’on aimait pas et dont il faut s’occuper ? De frères/soeurs qu’il faut s’amuser à sauver de la mort avec son super pouvoir qui devrait être autrement plus utile ?

    Oui, bon, ok, c’est pas dans le ton du post, mais fallait que ce soit souligné… Et ça, quelque part, ça vous dissuade quand même de la créer, la famille…

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