Ô Temps, accélère ton vol !

14 décembre 2008 à 18:58

Je ne sais plus trop ce que je cherchais, mais j’ai glissé un oeil dans mon historique, cet après-midi.
Et là, Google m’a tout dit. Google m’a dit tout ce que je cherchais dans la vie.

Je n’avais pas pris conscience de tous les changements que je projetais ces derniers temps. Je me suis peut-être un peu convaincue que j’étais contente de ce que j’avais, même si je n’y croyais qu’à moitié. Depuis septembre, je n’ai de cesse de répéter à qui veut bien l’entendre que pour le moment, je profite. Je profite, mais en même temps, j’attends qu’on me change de poste et que je parte loin de cette collègue poison, donc en fait je ne profite pas tant que ça. Je suis dans une nouvelle période transitoire, dans une nouvelle salle d’attente. Elle est simplement plus agréable que la précédente parce que j’ai un travail, des revenus et plus de loisirs. Mais en réalité, Google me l’a bien dit : je cherche encore plein de choses dans la vie. J’en veux plus.
La vérité c’est que j’attends d’avoir eu ma titularisation (tout le monde me dit que ce n’est qu’une formalité mais j’ai si peur qu’en réalité je ne l’obtienne pas, surtout avec l’ambiance au bureau pour le moment) pour passer à la vitesse supérieure.
Et Google m’a bien dit où je voulais en venir. Google voit bien « logements interministériels« , puis « adopter un chat« . Et dans mon historique on peut d’ailleurs voir aussi les heures passées sur les sites IKEA ou Alinéa
Mon ordinateur entier, en fait, crie ce que je ne veux pas m’avouer : partir, m’installer, enfin, chez moi, ailleurs. Les plans, les budgets, les fictions, même ; des dossiers entiers de mon PC disent combien je trépigne.

Tout dans mon attitude, si je prête un peu attention, dit en fait ma frustration.

J’ai étudié pendant plusieurs heures ma liste de Noël. Rien à faire, je ne demande que des choses qui ne me satisferont pas complètement. Je passe faire des achats sans arrêt, mais la frustration est trop grande parce que je n’achète pas ce que je voudrais vraiment. Je voudrais en fait m’acheter des meubles, du linge de maison, de la vaisselle, toutes ces choses qui n’ont pas de sens aujourd’hui parce que je déménage, normalement, si Dieu le veut, dans plusieurs mois. Alors j’achète ces livres, ces DVD, je meuble en fait le temps, j’attends. La titularisation est loin et je ne suis pas encore, pas vraiment, en sécurité. D’une certaine façon, et tout paradoxal que ce puisse être, dépenser mes sous dans une FNUC est le plus raisonnable que j’aie trouvé.

Je passe un temps fou sur Paris. J’ai toujours une bonne excuse pour humer l’air pollué des bords de Seine. Il y a toujours un bâtiment à regarder avec nostalgie. Je retiens mes larmes et je me dis que je suis idiote d’être émue. Je me surprends à me dire que je vais descendre à cet arrêt pour rentrer. Mais ce n’est plus chez moi. Je dois prendre le RER jusque tout là-bas. J’ai même failli demander une carte 1 zone, à la SNCF, il y a quinze jours. Juste par réflexe. Un réflexe vieux de 5 ans. Un réflexe dont je ne m’explique pas pourquoi il revient maintenant. Parfois je me promène et je me dis que si je remontais cette rue, juste celle-là, je serais à la maison, mais ce n’est plus ma maison, ou pas encore. Je m’absorbe dans la contemplation des plans du métro sans faire exprès, et je me dis que ce serait bien dans cet arrondissement, ou celui-là… en fait tous me plaisent, j’ai juste envie d’en être à ce stade. A ce stade où je peux rester après le resto, aller me faire un ciné, et rentrer chez moi sans craindre d’avoir loupé le dernier train. A ce stade où je ne suis plus en exil.

Le soir, je vais me coucher sur ce petit lit une place que je ne supporte plus. Les lattes ont lâché il y a bien longtemps. Je hais que le matelas soit posé à même le sol, mais je me refuse à tout investissement en ce sens. Bientôt, je vais déménager, et j’achèterai un lit plus grand, de toutes façons. Encore quelques mois. Je n’en suis plus à ça près, n’est-ce pas ? Quelques mois encore. Pas plus. A l’automne je prends mes clics et mes clacs. Je me barre. Peut-être même que je brûlerai le matelas.

Je ne supporte plus l’appartement de toutes façons, je le méprise. Je n’ai plus envie d’en prendre soin. Je me gronde pour ça, mais je n’arrive pas à m’en vouloir. Quand je casse quelque chose, je hausse les épaules : d’façons, je me tire. Oh ouais, je me tire bientôt. Plus que quelques mois.

Je ne devrais pas dépenser mon argent. En janvier, j’arrête les dépenses, je me le suis promis. Mais j’ai aussi besoin de me dire que je vis déjà un peu, quand même. Que je profite. Mais en janvier j’arrête, j’économise. Sauf que ce sera alors une nouvelle forme de salle d’attente et cette seule pensée m’exaspère. Je n’en peux plus. Je veux mon chez moi. Je veux me barrer d’ici. Je veux ne plus être réveillée par les trains en pleine nuit, je veux ne plus avoir à prendre ces mêmes trains pour aller travailler à plusieurs dizaines de kilomètres d’ici, je veux me casser, je ne supporte plus d’être si loin de chez moi.

Mais même l’aide de Google ne m’est en fait pas d’un grand secours. Il y a des annonces à lire, mais si je les imprime, à quoi bon ? Il y a tellement de temps, encore, avant de monter d’un barreau sur l’échelle de la satisfaction. Toutes ces annonces n’auront plus de sens à l’automne prochain de toutes façons. Rien ne peut tuer cette frustration.
Il y a tellement de démarches à faire, mais aucune que je ne puisse entamer maintenant.

Tout ce que je veux, c’est encore avancer.

Non, je ne suis pas heureuse. Réussir le concours, ça n’a pas suffit. Je veux plus. Et une fois encore, ce qui manque, c’est que le temps ne s’accélère pas.

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2 commentaires

  1. freescully dit :

    Je me souviens de ce sentiment quand j’habitais chez mes parents (ce qui rajoute encore une dimension supplémentaire dans l’envie pressante de se tirer au plus vite de cette banlieue…), mais j’ai parfois l’impression que la vie n’est qu’une suite d’insatisfactions, et au final, c’est peut-être ce qui nous fait avancer…

  2. ladyteruki dit :

    Ouais, je sens arriver gros comme une maison qu’une fois dans mes pénates, dans un appartement à Paris avec mes chats et mes meubles, je serai probablement encore insatisfaite et j’en voudrai plus, et comme tu dis c’est aussi le sel de la vie, mais je pense qu’il y a une différence entre l’ambition d’améliorer sa vie, qui dure toujours et heureusement, et l’envie d’enfin sortir d’une période de marasme et ressentir cette impression si attendue d’avoir la tête hors de l’eau.

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