Un post d’anthologie

19 décembre 2008 à 23:28

Je suis une téléphage désormais marquée au fer blanc. A l’instar de la télévision américaine, je vais mettre quelques saisons à m’en remettre… Oui, je parle encore de l’annulation de Pushing Daisies. Depuis que la nouvelle est tombée, je dois avouer que je n’ai plus envie de m’attacher à des personnages. D’ordinaire j’aime bien, c’est même le sel de la téléphagie, mais là, j’ai trop peur de me prendre d’affection pour une série, et d’être ensuite déçue ensuite. Ou pire, interrompue.

Du coup j’ai comme une grosse envie d’anthologie, en ce moment. C’est encore le meilleur moyen de ne pas se lier outre mesure, et puis c’est toujours tellement chouette de voir défiler tout un tas de guests plus ou moins connus, d’épisode en épisode…
Eh oui mais, problème : dans l’immense majorité des cas, les séries d’anthologie, c’est soit du fantastique, soit de l’horreur, voire même les deux, or je ne suis que modérément friande des dits genres.

Je trouve ça très intrigant, pas vous ? Comment se fait-il que ces genres soient plus propices à s’affranchir des codes plus feuilletonnants de la série télé, on va dire, « traditionnelle », et pas d’autres ?
Est-on obligés de s’impliquer sur le long terme avec des personnages pour que les autres genres télévisuels fonctionnent ?

J’ai donc commencé quelques recherches pour vérifier si j’avais la berlue. Eh non, c’est pourtant vrai : des séries d’anthologie policières ont existé (Police Story, notamment, qui a donné naissance à Police Woman qu’on a déjà évoquée, mais ça remonte aux années 70), d’espionnage même (mais la bien nommée Espionage date cette fois des années 60) et même une série d’inspiration chrétienne (This is the Life… entre les années 50 et 80, bon, on progresse au niveau chronologique, quand même, mais c’est pas la panacée).
Mais j’ai beau regarder, les (rares) anthologies récentes que je vois appartiennent toutes aux genres les moins réalistes. Je ne peux m’empêcher d’être surprise.

D’autant qu’on a vu fleurir de nombreuses séries, avec la fameuse vague des experts en tous genres, qui ne nécessitaient justement pas d’être feuilletonnantes, et s’en gardaient bien souvent au maximum, comme les franchises des Experts ou des Law & Order qui en disent en général le moins possible sur leurs personnages (de sorte qu’on trouve encore des fils ou des demi-frères cachés, ou bien encore des traumatismes d’enfance bien des saisons plus tard, ça fait un peu effet de manche, mais bizarrement ça ne choque personne dans ce contexte). En quoi une série comme Les Experts a-t-elle besoin de ne pas être une anthologie ? Quand on voit qu’ils sont capables de décliner un même modèle de cast à volonté pour deux spin-off (c’est bien ça, on en est toujours à deux, rassurez-moi ? ils n’ont pas encore lancé Les Experts Bratislava ?), on se dit que rien n’est impossible et que l’anthologie n’est finalement pas si loin.
Et pourtant non.
Une série policière d’anthologie, ça ne marcherait pas ? Mais je me demande bien pourquoi…

Actuellement, de par mes goûts personnels mais aussi à cause du syndrome de l’annulation douloureuse, dont je parlais plus haut, j’aimerais bien dénicher une série d’anthologie de type dramatique, et me l’envoyer paisiblement en attendant que cicatrisent mes blessures téléphagiques. Mais, rien à faire, c’est simplement introuvable !
Alors je comprends bien que, d’une certaine façon, le drame surgit de l’attachement personnel, de ce lien assez inexplicable qu’on tisse avec certains personnages, mais d’un autre côté, maintenant que je regarde des films, je peux dire qu’on n’a pas besoin de suivre un personnage sur le long terme pour l’investir émotionnellement, j’ai vérifié, promis, juré !

Ou alors je prends le problème dans le mauvais sens.
Peut-être que ma définition de la série d’anthologie est en fait trop limitée. Pour moi, une série d’anthologie, c’est Au-delà du réel. Avec, à chaque épisode, un cast différent et une histoire sans lien aucun avec la précédente. Et, bon, puisque ce semble être un passage obligé, un narrateur.
Mais en réalité, je pourrais très bien décider de considérer Les Routes du Paradis comme une anthologie ! Qu’en dites-vous ? Semaine après semaine, un type se déplace à travers l’Amérique pour constater l’histoire (sentimentale, familiale, personnelle…) d’une nouvelle poignée de personnages ; finalement, c’est une anthologie, non ? Ou bien c’est le caractère interventionniste de Johnattan qui le disqualifie ?
C’est vrai que si on va par là, ensuite, on n’a pas fini. A ce tarif-là, dés qu’un formula show s’arrange pour en dire le moins possible sur ses rares personnages réguliers, on peut le qualifier d’anthologie, et cette dénomination devient alors un joyeux bordel, qui ne ressemble plus à rien et donc, qu’il ne nous sert plus à rien d’employer.

Bon, alors j’en reviens à ma problématique de l’investissement émotionnel : pourquoi aurions-nous besoin d’être en présence de personnages réguliers pour recevoir la somme d’émotions qu’on ressent dans une série dramatique, d’ordinaire ? Pourquoi ne serait-ce pas faisable ?

Là encore, je prends peut-être encore une fois le problème dans le mauvais sens. Peut-être que nous n’avons pas besoin d’être familiers des personnages pour ressentir l’impact d’une histoire dramatique, mais que celle-ci nous donne envie d’accompagner ces mêmes personnages vers leur avenir. Peut-être qu’en fait, nous regardons des séries dramatiques non pas pour voir un évènement se produire dans la vie des personnages, mais bien pour regarder comment ils vont le surmonter, s’en remettre, et avancer.
D’ailleurs c’est exactement de cela dont ABC m’a privée : d’un avenir avec les personnages de Pushing Daisies.

L’anthologie ne fonctionne-t-elle que parce que chaque épisode apporte une conclusion fermée à chaque intrigue ? Je ne parviens cependant pas à en être certaine. J’ai souvenir de certains épisodes dont au contraire, la conclusion était ouverte, et c’est justement ce qui était laissé à mon imagination qui me laissait suffoquer de peur, devant le générique de fin d’un Au-delà du réel, le samedi soir sur M6…

En fait, je pense que pour être vraiment convaincue qu’une série d’anthologie de type dramatique ne fonctionne pas, il faudrait que je puisse juger sur pièce, et vérifier qu’effectivement, c’est inefficace. D’ailleurs, peut-être que tout simplement, le vrai problème, c’est que je parte du principe que, parce que ça n’existe pas dans les grilles des saisons récentes, ce n’est pas faisable. Peut-être tout bêtement que personne ne s’est suffisamment penché sur le sujet, en fait. Peut-être que toutes les têtes pensants du paysage audio-visuel américain croient que justement, ça ne marcherait pas.
Vous suivriez une série d’anthologie de type dramatique, vous ?

par

, , , , , , ,

Pin It

3 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Drama… Hum… Mauvaise pioche me concernant… Je ne suis pas friand outre mesure des dramas. J’en regarde, j’en aime, je suis même fan de certains (sûrement), mais c’est pas mon genre de prédilection (les fans de Gilmore Girls, d’Everwood et compagnie sont désespérés que je n’y accroche pas). Donc bon, là, déjà, je vois comme un problème de régler…

    Est-ce que 45 minutes sont suffisantes pour s’attacher à des personnages, avoir une dose d’émotion, une histoire riche ? Il faudrait peut-être des épisodes d’une heure et demi (oui, c’est un sacrilège, j’en ai bien conscience), parce que sinon, j’ai effectivement l’impression que c’est difficile. Je pense que ça donnerait un peu la même sensation que certaines OAV dans le monde de l’animation où on ressentirait pas mal un vide, un manque (bon, et même Saint Seiya n’arrivait pas à forcément faire quelque chose de correct en 50 minutes, mais la faute aux batailles expédiées ! ).

    Et qu’est-ce qu’on pourrait bien nous raconter ? Autant, je vois assez ce qu’on peut faire avec de l’horreur et compagnie, autant dans du drama… Oh, y’a sûrement moyen, mais j’suis pas convaincu… (D’ailleurs, suis-je convaincu par l’anthologie tout court ? Faudrait que je m’y essaie, parce qu’en fait… Si, j’ai bien dû regarder Au-delà du Réel, mais j’en ai aucun souvenir -c’était ma période X-Files et j’essayais ce truc qui devait y ressembler plus ou moins-).

  2. Jérôme dit :

    CODE QUANTUM, LA QUATRIEME DIMENSION, ALFRED HITCHCOCK PRESENTE ou THRILLER sont elles aussi de belles anthologies, non ?

  3. ladyteruki dit :

    Le même problème se pose avec Code Quantum qu’avec Les Routes du Paradis : il y a intervention et non narration. Sans compter que le fait que Sam Beckett ne sache pas comment rentrer chez lui, qu’il rencontre son ex-femme, etc… est complètement feuilletonnant.

    Je n’ai par contre jamais vu Thriller, mais en préparant ce post j’ai remarqué qu’il y avait encore des histoires d’horreur, on en revient donc probablement à mon soucis initial.

    Par contre je viens de me rappeler que j’avais acheté la VHS pour GUN, je vais donc m’y remettre. Et pis je promets pas qu’en faisant mes recherches, je n’ai pas trouvé une ou deux pistes, en plus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.