Dumela !

12 avril 2009 à 8:44

J’ai longtemps renâclé avant de m’y mettre. Vous commencez à me connaître : il y a certaines choses qui me stoppent tout net sitôt qu’il s’agit de découvrir certaines séries, prouvant que même ma passion pour les pilotes a ses limites. Le logo BBC, notamment, est un exemple du genre d’indices qui laissent penser que c’est mal barré. Le pilote d’1h45 n’était pas non plus pour me rassurer. Et puis, je dois l’avouer, si j’ai une bonne oreille pour les accents américains, les autres anglophones me font souvent un peu peur… et la perspective que la série dont je vais vous parler se déroule en Afrique n’était donc pas pour me rassurer.
Mais après avoir tourné autour du pot une saine période de temps, j’ai pourtant fini par me lancer dans le pilote de The No. 1 Ladies’ Detective Agency, et un peu comme Charlie avec ses drôles de dames, je ne le regrette vraiment pas.

Comme ce n’est pas la série la plus connue au monde, on va faire un peu les présentations avant de se lancer dans ce qui sera le 4e post La preuve par trois de cette semaine, à croire que c’est Noël et non Pâques, mais bon, je suis d’humeur partageuse, il vous faut faire avec ; et puis vous le savez bien, ce n’est pas le genre de choses sur lesquelles je compte mes efforts.
The No. 1 Ladies’ Detective Agency est donc, je l’apprends quasiment en même temps que vous d’ailleurs, une série mettant en scène Precious Ramotswe, une femme au caractère bien trempé qui a décidé d’ouvrir la première agence de détective privé tenue par une femme au Botswana. La série est inspirée d’une série de livres, à ce jour au nombre de 10, nous dit Wikipedia, et est co-produite par la BBC et HBO, rappelant l’initiative autour de House of Saddam. Les présentations étant faites, lançons-nous dans ce qui pourrait bien être ma découverte la plus rafraîchissante et la plus charmante cette semaine !


Je ne vais pas vous mentir : la dernière fois que j’ai vu une série qui
se déroulait en Afrique, ce devait être dans je-ne-sais-quelle émission
parlant des fictions locales, et je n’étais pas emballée par
l’impression d’amateurisme qui en ressortait, tant au niveau de la
réalisation que du jeu des acteurs. Mais la différence, c’est que The No. 1 Ladies’ Detective Agency est une série produite par des occidentaux (comme je viens de le dire juste au-dessus, essayez de suivre un peu, quand même), donc je n’ai pas eu à affronter cet inconvénient, qui avait été, je dois le dire, un autre frein à ma découverte de la série. Réalisation impeccable, parfois même au-delà du splendide, interprétation sans la moindre faille, bons dialogues… il ne se passe pas un instant sans qu’on réagisse devant ce qui se passe : rire, larmes, tout y passe. Oui, c’est tourné au Botswana, et oui ça pourrait en refroidir quelques uns, mais franchement, là il n’y a pas un seul motif à se plaindre. C’est pas que je sois totalement et définitivement fermée à la fiction d’autres pays que les Etats-Unis (bien que je n’aie jamais dissimulé ma préférence pour les séries de ce pays), mes posts antérieurs, notamment dans la catégorie Dorama Chick, sont là pour le prouver, mais il faut l’avouer, parfois, le choc est rude. Là, l’immersion se fait en douceur. Peut-être qu’elle ouvrira la porte à d’autres fictions du continent africain pour moi, je ne sais pas, peut-être pas, aussi, il ne faut pas croire que j’ai changé d’avis du tout au tout sur les autres exemples de fictions se déroulant en Afrique, mais c’est définitivement une excellente surprise pour moi que de voir à quel point la série est réussie sur ces aspects-là.
Peut-être que des puristes de la fiction africaine (et s’il en traine dans les parages, qu’ils s’expriment et qu’ils m’éduquent, d’ailleurs, en me proposant de bonnes références et/ou de bonnes adresses !) trouveront que justement,  The No. 1 Ladies’ Detective Agency n’a d’africain que son lieu de tournage, et que la série est calibrée pour plaire à des téléspectateurs occidentaux sans trop les pousser dans leurs retranchements ; peut-être même, mais là on aborde finalement un aspect qui s’éloigne de la fiction elle-même, aura-t-on l’impression de voir se brosser le portrait d’une Afrique idéalisée (mais pas parfaite, car les thèmes effleurés sont loin d’être tous innocents), mais personnellement je me suis sentie dépaysée sans être déboussolée, et ça me semble un compromis plutôt raisonnable, si on y pense.


Les choses ne semblent pas commencer sous les meilleurs auspices pour Precious, qui commence par perdre son père à l’issue d’une longue maladie. Elle hérite cependant de son bétail, qu’elle revend afin de lancer sa propre affaire et s’acheter une jolie maison : nouveau départ ! Precious Ramotswe nous apprend en effet très rapidement qu’elle a eu une vie avant celle-ci, et une autre encore avant elle : après avoir passé une enfance idyllique avec son père (l’introduction du pilote est à ce titre d’un charme fou, et d’une passion particulièrement communicative), elle s’est ensuite mariée. Mais le mariage ne lui a pas apporté le bonheur escompté : battue par son mari, elle a perdu l’enfant qu’elle portait, et elle a fini par se séparer de cet époux brutal. Ces éléments, délicatement déposés à nos pieds dés le début de l’épisode, pourraient sembler très dramatiques voir décourageants (ou au contraire extrêmement encourageants pour quelqu’un comme moi, qui suis friande de ce genre de parcours). Mais c’est là aussi, dés le départ, que The No. 1 Ladies’ Detective Agency met les choses au point : il n’y aura pas d’apitoiement, pas de violons superflus, pas de tragédie larmoyante. Precious est au contraire un personnage positif. Avec ses (brefs) instants de peine, mais surtout un caractère définitivement optimiste. Ainsi, le personnage n’est pas lisse, mais il n’est pas non plus caricatural ; il y a des plaies, des bleus et des bosses, mais ce n’est pas, en fait, un axe qu’emprunte beaucoup ce pilote. J’ai repensé à Charlie Crews de Life en voyant Mma Ramotswe, mais la différence, c’est que Crews n’a pas tourné la page sur ce qui l’a blessé. Precious est quant à elle entièrement tournée vers l’avenir, et surtout, vers les autres. C’est un peu naïf, mais sa principale motivation pour être détective, c’est tout simplement parce qu’elle aime son pays et qu’elle veut l’améliorer. Dans cette démarche, je reconnais la « naïveté » qu’on peut trouver parfois dans les séries nippones, qui peuvent sembler un peu irréalistes à nous, occidentaux blasés, mais qui parvient à nous toucher tout de même si on fait l’effort de laisser dans l’entrée notre costume gris d’Européen désabusé. Precious est en fait d’un tempérament précieux, tout simplement ! Ça fait du bien, ce genre de choses…


Le charme de The No. 1 Ladies’ Detective Agency, c’est aussi tout le petit monde qui gravite autour de Precious. Le moindre second rôle ou personnage de passage est parfaitement à sa place ! La rencontre avec la future secrétaire de Precious, Grace Makutsi, est par exemple étourdissante d’humour (ainsi que chacune de ses scènes ensuite, le tandem fonctionnant à merveille). Il faut dire que Grace s’est vraisemblablement assise sur quelque chose d’oblong à un moment de sa vie, qui l’empêche d’être un personnage aussi expansif que sa patronne Precious Ramotswe… Mais il n’y a pas qu’elle : entre le love interest de Mma Ramotswe, ses différents clients (et ils seront étonnamment nombreux au cours de ce pilote… quand on pense qu’il a fallu environ le même temps à Olivia Durham pour ne « résoudre » qu’une seule affaire dans le pilote de Fringe, voilà qui donne encore plus mauvaise réputation aux blondes maigrichonnes), le voisinage, et tous les autres protagonistes, c’est vivant, pétillant, touchant… en somme chaque, scène est comme un fourmillement de détails qui ne peuvent qu’attirer la sympathie. Sans compter qu’en plus d’un excellent casting, The No. 1 Ladies’ Detective Agency, c’est de la couleur en veux-tu en voilà, des décors à tomber par terre, et des dialogues toujours de bon goût, sans perdre de leur pertinence.

Bah voilà, j’ai encore bavardé pendant des plombes !
Mais il faut dire que je suis si contente d’avoir franchi le pas, de ne pas m’être laissée déconcentrée par mes a priori plus longtemps (je n’avais déjà que trop trainé), et d’avoir fait cette découverte, que j’avais envie de vous offrir une cagoule en bonne et due forme. Je m’aperçois évidemment que, comme toujours, les rédacteurs de Critictoo ont parlé de ce pilote bien avant moi (fidèles à leur réputation), donc n’hésitez pas à aller leur rendre une petite visite, mais sachez que leur bilan est également positif, ce qui devrait, espérons-le, être un petit peu incitatif pour ceux d’entre vous qui, comme moi jusqu’à aujourd’hui, renâclaient à tenter le coup.

Je ne suis par contre pas très satisfaite de mes captures, pour une fois. J’ai pas réussi à vous apporter le rendu coloré et en même temps sobre de la série, esthétiquement. D’ordinaire je fais vraiment attention (je sais pas si ça se voit de votre côté de l’écran, mais j’essaye que les captures soient à la fois révélatrices de ce que j’ai à dire, et harmonieuses les unes entre les autres), mais là j’ai vraiment pas réussi. Je voudrais faire bien plus que vous offrir ces trois captures en fait, encore plus qu’à l’ordinaire quand je vous dis que j’ai dû sacrifier des passages au nom de la règle de 3 propre à cette rubrique, là vraiment, ça me coûte parce que ça ne rend pas aussi bien que ça devrait. Ouaip, va falloir que vous regardiez vous-mêmes pour vous faire une idée, je ne vois que ça comme solution…

Et quant à moi, mais je pense que vous l’aurez deviné, je vais maintenant me pencher sur la suite… comme Precious dans le générique de fin !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (mais si j’ai pu le faire, vous le pourrez aussi) : la fiche The No. 1 Ladies’ Detective Agency de SeriesLive.

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7 commentaires

  1. freescully dit :

    Bon après un post pareil je n’ai plus d’excuses, moi aussi ayant renoncé à voir ce pilote pour les mêmes raisons que toi…

  2. Scarlatiine dit :

    Ooooh, j’adore les livres de Alexander McCall Smith, et je ne savais même pas qu’une série existait ! Je vais réparer de suite mon erreur ^^

  3. ladyteruki dit :

    Ah ! Bah je suis contente alors ! N’hésitez pas à revenir pour donner votre avis (ou poster un lien vers votre blog), surtout toi Scarlatiine qui auras un point de vue différent puisque tu connais les livres. (j’avoue que je vais attendre d’avoir vu toute la saison avant de promettre quoi que ce soit, mais après je vais ptet passer aux bouquins aussi, du coup)

  4. LL dit :

    Ben voilà, t’as tout dit finalement^^

    Ça dépayse tellement que c’est est super frais et agréable ! Exporter un concept qui fonctionne partout (les enquêtes policières) en le saupoudrant d’un genre qui fonctionne partout (comédie) dans un pays et une ambiance que, perso, je connais très mal, forcément ça ne pouvait que charmer. La beauté de l’Afrique, la chaleur des personnages (‘fin pas tous) et le côté très pimpant de Precious m’ont carrément séduite.

    J’avais peur qu’ils ne mettent l’accent que là-dessus et bâclent un peu les intrigues mais malgré leurs nombres, elles sont toutes traitées avec sérieux. Enfin sauf peut-être l’adultère mais la dernière image de l’épisode est tellement drôle !

    Et que dire de la musique qui est à la fois très présente et se fond dans le décors en renforçant l’impression d’exotisme *o* Si Precious a toute mon approbation par son caractère et ce qu’elle a vécu (toujours de bonne humeur, jamais abattue alors que les images d’elle qui perd son bébé sont affreuses), Grace m’a beaucoup fait rire (l’image d’elle tapant les rapports avec les deux machines), je trouve le garagiste touchant et le gay très drôle (bien qu’il ne sorte pas tellement des clichés du genre pour le moment).

    La grande force de l’épisode, c’est aussi qu’il mêle rire et drame vu les sujets traités : violence sur les femmes, trafic d’enfants pour leurs organes ou os, Sida… C’est pas des sujets très folichon et prêtant à rire et pourtant, ils arrivent à insuffler une légèreté (notamment grâce à Precious et son optimisme) très agréable.

    Les dernières scènes nous plongent un peu dans la culture du Botswana (encore qu’ils pourraient m’arnaquer, j’y connais rien !) mais le pilot m’a définitivement fait voyager ! Encore merci pour la découverte !

    PS : La VO doit pas être mal quand même mais comme ça faisait longtemps que je m’étais pas fait un RDV série/TV/thé, je crois que je vais rester sur ce format^^

    PPS : Il est GE-NIAL le générique mais là, j’suis influencée par Kirikou ma seule référence franco-africaine –‘

  5. ladyteruki dit :

    Sur la question de la langue, j’avoue que je regrette que la VF sonne « fausse ». Par exemple je n’ai pas eu l’impression de problème dans l’adaptation, mais les accents m’ont paru forcés et surtout, la voix de Precious perd en musicalité et en subtilité dans la VF (la scène où elle démasque Lucky par exemple). Grace avait aussi l’air plus agressive en Français, on sentait moins son côté un peu coincé. L’ensemble donnait l’impression d’une sorte de « naïveté forcée », comme si on avait voulu accentuer le côté innocent des dialogues (comme quand Precious rencontre Happy Bapetsi).

    Après ça restait quand même un très bon moment, pas de gros travestissement et des doubleurs quand même relativement bons, et j’ai retrouvé toute l’émotion de scènes comme l’enterrement.

    Par contre le Setswana (je me fais la réflexion à chaque fois) est vraiment une jolie langue ; ça doit être super de regarder la série doublée intégralement dans cette langue, si jamais ça a été fait.

  6. LL dit :

    Ah je me demandais si ils l’avaient produite en anglais ou si ils avaient pris une langue du Botswana !

    Pour l’accent j’avais aussi l’impression que c’était forcé (les pauses hachées entre autre) sous prétexte que c’est un accent qu’on trouve en France. Mon frère a même dit direct « Aaaah ils jouent mal » avant que je ne lui fasse remarquer qu’il se basait sur la mauvaise langue…

    Elle fait pas coincée avec sa voix Grace mais rigide, du coup, ça trahit peut-être un peu le personnage …

  7. ladyteruki dit :

    Bah comme souvent, ça enlève de la subtilité et de la nuance. Pour moi qui n’avais plus regardé de série de VF depuis un bail, ça m’a frappée, quand même, cette envie de rendre les choses plus évidentes. On dirait qu’il ne vient à l’idée de personne que normalement, les dialogues se suffisent à eux-mêmes et qu’il n’y a pas besoin d’en rajouter pour que le spectateur comprenne.

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