Nous n’avons pas les mêmes valeurs

10 juillet 2009 à 21:03

En excavant certaines de mes vieilles VHS pour en extraire les génériques que vous avez vus ces derniers jours (et encore, il m’en reste d’autre à vous proposer !), j’ai repensé aux séries que je regardais, il y a des années. Et à voir vos commentaires, je réalise qu’il n’est pas forcément évident que nous les ayons en commun. J’étais pourtant partie du principe que, du moins pour une majorité, elles avaient été vues par la plupart des téléphages français.

Pourquoi « français » ? Parce que, ce que Jesse, La Famille Green et Brooklyn South, entre autres, ont en commun, c’est d’avoir été diffusées sur des chaînes hertziennes et à des heures d’écoute très fréquentables (a contrario par exemple de Millennium, mettons). Comparativement, les réactions sur The War Next Door, Leaving L.A. ou Rude Awakening me semblent plus cohérente : tout le monde n’a pas eu accès à Jimmy ou Série Club.

C’est vrai qu’il y a 10 ans, nous n’étions pas tous téléphages. Que la priorité n’était pas nécessairement d’écumer les programmes télé. Et comme personnellement, je vivais ma consommation télé sous embargo, je peux aussi comprendre que vouloir ne soit pas toujours pouvoir.
Mais ça m’interpelle quand même un peu. Attendre la TNT pour découvrir Jesse, alors qu’une chaîne hertzienne publique diffusait la série dans le même type de tranche horaire que Friends… ce n’est pas un reproche, hein, mais c’est quand même un peu bizarre pour moi.

A peu près à la même époque, il y avait Ally McBeal, Charmed, Buffy, et ceux-là, tout le monde les avus, étrangement. Mes souvenirs de cette époque ne sont pas flous au point d’avoir oublié combien la presse spécialisée ET généraliste nous bourrait le mou avec une poignée de quelques séries, devenues, un peu artificiellement, complètement incontourables. Pour avoir reçu le prix de « la squatteuse du rayon magazine » en 2000, 2001 et 2003 (je me suis laissée surprendre en 2002), je ne me rappelle que trop bien les 712 millions de couvertures avec Sarah Michelle Gellar, dans toutes les tenues et les positions imaginables (plus quelques autres). Je comprends bien qu’avec un tel matraquage médiatique, même le dernier des clampins au fin fond du Gers regardait la série.
Mais si je conçois qu’on cède parfois à la pression médiatique et qu’on regarde une série précisément parce qu’on sent que si on ne le fait, on se mettra à vivre hors du monde, j’avoue avoir du mal avec l’idée que des séries moins médiatisées, mais pourtant très accessibles, soient quasiment méconnues, même pour ceux qui disent aimer les séries. D’autant qu’à l’époque, « la chaîne des séries » avait justement su galvaniser les foules à propos de ce format.

Aujourd’hui, j’ai tendance à mieux comprendre les écarts de références qui existent dans la communauté téléphagique, cela dit.
Avec l’omniprésence d’internet dans nos modes de consommation, nous pouvons choisir nos « classiques » beaucoup plus librement que lorsque nous étions dépendants uniquement de la télévision. Plus rien ne vous empêche de regarder l’intégrale de Three’s company (et je ne vous encouragerai jamais assez à y jeter au moins un œil), et de considérer que cette série est une référence pour vous. Avec internet, les profils téléphagiques peuvent se diversifier et, pour ce que j’en vois, c’est progressivement le cas en effet. Si des LOST, des Desperate Housewives et autres House tiennent encore le haut des pavés médiatiques, nous nous autorisons de plus en plus à leur échapper, et ainsi nous construisons notre culture téléphagique personnelle, la nôtre, et rien que la nôtre. Le réseau des connexions entre téléphages devient plus complexe, et c’est tant mieux. On va trouver de moins en moins de téléphages qui auront vu exactement les mêmes séries.
De par le cagoulage (gloire, gloire !) et le streaming (honte, honte !), nous pouvons décider de regarder des séries qui autrement nous seraient inaccessibles, et ainsi nous cultiver à la carte. C’est juste magique, je ne le dirai jamais assez.

Mais j’avoue que pour moi, il reste très mystérieux que nous ayons attendu la prolifération d’internet pour nous construire nos propres références téléphagiques, et étendre notre culture à des titres moins médiatisés.
Heureusement qu’internet est là pour éduquer le téléphage.

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3 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Pour Jesse, je ne sais pas si je suis visé ou pas, mais j’avais déjà vu la série à l’époque de France 2 quand même… Et j’étais très content de la revoir sur la TNT (au début, ça servait aussi à ça). D’ailleurs, de cette époque (à peu près je pense), je retiens aussi les après-midis sitcom avec Les Dessous de Veronica que j’aimerai bien revoir (je sais qu’à l’époque j’aimais assez, je ne sais pas si ce serait encore le cas).

    Mais en fait, là encore, je pense que tout dépend de quel téléspectateur lambda on était avait d’être téléphage (voire sériephage). Personnellement, y’a plein de séries que j’ai loupé à l’époque, parce que je regardais plus les dessins animés (Club Do’ et compagnie) que véritablement les séries (un virus qui est venu plus tard). J’ai aussi loupé plein de séries du midi (sur M6 notamment) parce que je n’étais pas devant la télé à cette heure-ci (ah la cantine, que de souvenirs ! ). Et c’est un peu mon père qui a fait une certaine éducation téléphagique au début (bah oui, en fait, c’est lui qui m’a fait regarder Columbo, Arabesque, Un Tandem de Choc, Alerte à Malibu -eh oui !!-… Au moins au début, et même s’il ne me forçait à rien. C’était ce qu’il y avait sur la télé, je regardais ou non…).

    Même par rapport à certains horaires fréquentables finalement, tout dépend de quand on rentrait des cours (je me souviens que c’était bien souvent pas avant 18h/18h30 -ah la garderie !! ou les permanences plus tard-). Bon et puis c’est vrai que je ne scrutais pas le programme pour voir les séries diffusées et je regardais encore moins ce qui se faisait à l’époque. Pourquoi regarder telle ou telle série finalement ? Je ne sais plus trop. Je me souviens juste qu’à l’époque de Charmed, c’était parce que les mags télés (et seulement eux, vu que je ne m’intéressais pas aux séries) en avant parlé comme d’un nouveau Ma Sorcière Bien-Aimée… Et comme ça, c’était mon éducation, finalement… Je regardais. Mais c’était, je n’ai jamais regardé la soirée entière de la Trilogie avant un long moment, jusqu’à, pour je ne sais quelle raison, je reste et j’enchaîne avec Le Caméléon et Buffy… Et finalement le point de départ d’une sériephilie vorace, destinée à combler certaines grosses lacunes (parce que par rapport à certains, il est tard que c’est une sériephilie tardive). Par exemple, si Urgences s’était arrêtée à sa saison 6 ou quelque chose du genre, je n’aurais peut-être jamais vu un épisode (parce que là, j’ai débarqué au moment des rediffusions avant les inédits de la saison … C’est dire si mon cas peut parfois être grave selon les situations.

    Mais le tout est une question de circonstances et de la manière dont on regardait les séries à la maison… Même si certaines séries semblent incontournables (ah les McGyver, Supercopter, Tonnerre Mécanique et autres, ça j’ai vu… Plus de souvenir pour la plupart, mais vus !)

  2. David dit :

    Brooklyn South je l’avais regardé sur M6, excellente série avec le frère Deluise et le futur docteur Troy.

    Mais c’est vrai que moins c’est médiatique, moins c’est vu, et plus on vous prend pour un extraterrestre.

    Seulement , la mode veut que tout le monde soit accro aux séries pour qu’il y ai une conversation devant la machine à café !

    Les « vrais » sériphiles-téléphages n’ont pas plus besoin d’avoir vu toutes les séries pour qu’on les prennent pour des gens sérieux à tout prix.

    J’en ai loupé pas mal et je ne me porte pas plus mal.

    Je me souviens resté debout jusqu’à 2h du matin pour voir mon épisode de MilleniuM alors que tout le monde était déja couché !

    Il y a ce petit coté agaçant où les mag télés et séries proposent toujours les mêmes séries pour en faire du pain béni…Buffy n’est pas mauvaise, mais j’avoue avoir regardé la série par mon propre avis et non parce qu’elle était affiché trois mille fois en couverture des mags pendant un an (d’ailleurs à la diffusion de la saison 1 et 2, il n’y avait pas autant de pub autour de la série).

    Après comme dit, chacun regarde ce qu’il veut et ne doit être forcé par personne à voir une oeuvre qu’il n’a pas envie de voir…c’est aussi ça la démocratie !

  3. Maxwell dit :

    * « Rude Awakening », « Zoe, Duncan… » et Leaving L.A., j’en ai vu quelques épisodes, voire un peu plus pour « Leaving L.A » mais je n’en garde pas un souvenir marquant.

    * « Brooklyn South », c’est une série que j’aimais bien et que je regardais régulièrement. Je ne m’en rappelais même plus, j’ai reconnu certains acteurs que je ne pensais pas avoir vu avant leurs récentes séries (Adam rodriguez, Dylan Walsh)

    * « Total Security », celle là aussi je la regardais très souvent.

    Les autres séries, je ne les connaissais pas du tout.

    Pour moi, Internet a totalement changé ma façon de percevoir les séries. Il est plus facile de se les approprier au propre comme au figuré . La série a une vie pendant sa diffusion mais aussi en dehors, du fait de toutes les news (sans parler des flux RSS) que nous recevons sur les prochains épisodes ou la saison suivante, les acteurs, les scénaristes, etc… Elle en devient presque plus réelle.

    Il m’arrive aussi régulièrement de regarder des séries tout en sachant que je n’accrocherai pas mais parce que la perception d’un blogueur/se m’aura tant interpellé que je voudrais appréhender un peu plus cette perception et dans ce cas, je m’enquille au moins une saison complète.

    Il y a aussi le fait que lorsqu’on regarde une série qui est considérée comme une réelle « bouse » par son entourage, partager son enthousiasme avec d’autres « bouse »-addict, ça fait vraiment énormément de bien. Cela crée quand même une émulation qui sans ça, aurait peut être laissé la place à de l’oubli ou du désintéressement, parce qu’il y a aussi des séries qui se partagent.

    Et puis pouvoir « cagouler » plusieurs saisons d’une série et les ingurgiter en quelques semaines en oubliant parfois sa faim, soif et surtout tout le reste, cela crée forcément un lien très fort avec cette série, un peu plus fort, je pense, que lorsqu’on doit en attendre un épisode chaque semaine. Cela reste pour moi une ivresse indescriptible.

    A force, aussi, de voir autant de séries, le regard s’affine (ou le postérieur se tasse ?), je reconnais plus nettement une série de qualité (ou qui pourrait le devenir) et je peux donc lui accorder l’attention qu’elle mérite au lieu de la décréter « bouse » un peu trop rapidement.

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