Ambitious!

27 octobre 2009 à 15:56

« Moi, je ne suis pas comme toi tu comprends, j’ai de l’ambition ».
C’est en entendant cette phrase deux fois, quasiment mot pour mot, la semaine dernière, de la bouche de deux personnes différentes et qui ne se connaissent pas, que j’ai appris que je n’avais pas d’ambition. Ah, bon. C’est nouveau. J’avais pas eu le mémo. Toujours la dernière au courant.

L’ambition… je n’ai pas l’impression d’en être dénuée. Évidemment, largement moins qu’à une époque, quand je voulais partir aux Etats-Unis et devenir super riche et fonder une gigantesque Cop’s Corp. C’était il ya 10 ans, il y a deux trois trucs que j’ai appris depuis sur le rapport que l’ambition entretient avec la réalité, et celui qu’entretient l’ambition avec la vanité.
Le chômage est passé par là, et il en a maté des plus durs que moi.

C’est vrai, je ne suis qu’assistante. Je me rappelle combien ma grand’mère avait été vexée quand, pendant que je préparais mon BTS, j’avais dit : « je ne veux pas être qu’une simple secrétaire ». Elle qui avait été secrétaire toute sa vie. Pendant 42 ans. Terrible. Pourtant je n’ai rien contre le métier d’assistante, ce n’est pas un métier méprisable. Simplement je ne l’ai jamais choisi. Ca n’a jamais été ma vocation. Je ne l’aime même pas vraiment. Mais j’ai un métier, et il s’avère que j’y suis bonne. Je me dis parfois qu’il n’y a pas trop de mal, c’est facile comme métier. J’ai toujours au fond de moi la croyance que j’aurais pu faire mieux. La vie ne m’a pas demandé mon avis. C’était ça ou rien. Pour être sincère, je crois aussi que j’aurais pu faire pire, et que je ne vais pas passer mon temps à me plaindre d’avoir un BAC+2 même si j’aurais voulu et certainement pu faire plus, ni d’avoir un métier peu valorisant, ni de gagner moins de 2000€ par mois etc…

Alors comme ça, je n’ai pas d’ambition.
La mienne n’est peut-être pas dévorante, c’est vrai. Et surtout, la mienne ne se chiffre pas, c’est peut-être ça la différence. Je n’ambitionne pas de devenir très riche. Je crois que mon ambition se résume plus à une ambition de style de vie. Je ne veux pas gagner des mille et des cent, même si être pauvre me terrifie je ne suis jamais dans la démarche de gagner plus. Il faut dire que j’estime que pour quelqu’un en début de carrière, je gagne bien ma vie à l’heure actuelle, à vrai dire je gagne aujourd’hui plus que mes parents quand j’étais au collège (puisque c’est la première et dernière fois où j’ai appris leur salaire), donc plus que mes parents il y a 10/12 ans. C’est énorme, surtout par les temps qui courent. J’ai de la chance. Et je suis contente de me dire que je mérite le moindre centime de ce salaire, aussi. Ça me satisfait beaucoup. C’est même une énorme part de ma rétribution que de me dire que je mérite cet argent. Je ne suis pas de ces gens qui font de la figuration au boulot, qui choisissent la politique du moindre effort, qui ne font que le strict minimum, et qui s’en vont à 17h00 pile.

Je pourrais me dire que ce serait bien de gagner plus, évidemment, et pour tout dire, quand mon patron Blue a fait en sorte que ma prime soit augmentée, j’étais bien contente et j’ai vite fait tout dépensé, parce que c’était de l’argent qu’il m’avait fait gagner parce que je le méritais bien ; il avait bien dit que ma prime était plus grosse que celle des autres secrétaires parce que ce n’était que justice, surtout qu’elles sont plus avancées en carrière et gagnent donc plus que moi sur la grille. Et ça m’a fait plaisir évidemment, mais je ne réfléchis pas en argent. C’est sans doute là que je manque d’ambition, à la rigueur.

Et puis il en a fallu quand même un peu, de l’ambition, quelque part, pour être à 27 ans la plus jeune secrétaire du cabinet ministériel où je travaille. Je ne suis même pas encore titulaire et j’ai déjà fait pas mal de chemin pour travailler aujourd’hui à Matignon. Je n’ai pas œuvré pour avancer, je n’ai pas cherché à faire de la lèche à la bonne personne, je n’ai même pas vraiment réfléchi quand on m’a proposé de suivre ce cabinet-là. Mais travailler dur et me démener pour être la meilleure possible dans mon job, quelque part, c’est la marque de mon ambition. Une ambition d’être la meilleure dans ce que je fais, pour qu’à terme on me donne l’opportunité de faire autre chose. Pour quelqu’un qui était au chômage il y a deux ans, c’est quand même la marque d’une certaine envie de s’élever, je pense.

Et puis, moins avouable, peut-être que mon ambition, elle n’est pas seulement professionnelle. L’ambition, c’est aussi quand je me démène pour un site, ou pour un autre, ou pour un blog. C’est écrire plusieurs dizaines de fiches, articles et/ou posts par semaine. Je ne veux pas exactement en faire mon métier, je veux juste avoir ma place dans des projets, les miens ou ceux des autres, et y faire ce dont j’ai envie, me lancer dans quelque chose qui me plaise et qu’on m’ouvre la porte sans difficulté. A terme, mon ambition, c’est peut-être là qu’elle se trouve.

Alors, c’est vrai, j’ai peut-être l’air de me contenter de ce que j’ai. Il y a des choses qu’on apprend de gré ou de force, j’ai envie de dire. Mais je suis vexée qu’on pense que je n’ai pas d’ambition, parce que rien ne me semble plus éloigné de la réalité.

Mais peut-être aussi que mon ambition n’est pas de brûler les étapes. Peut-être que je n’ambitionne pas d’être « arrivée » avant 30 ans. Peut-être que je ne rêve pas d’avoir un appartement hors de prix. Peut-être que mon ambition, c’est juste de devenir moi-même et d’être à l’aise, à l’aise financièrement, professionnellement et intellectuellement.

Est-ce que ça fait de moi une petite chose rampante qui se satisfait de la médiocrité ? Peut-être après tout. Ou peut-être que nous n’avons pas la même échelle de valeur pour juger d’une réussite. La mienne, chère L, ne se mesure pas au porte-feuille de mon copain, pour commencer, et la mienne ne se fait pas en essayant des combines, des arnaques, des raccourcis douteux (et d’après ce que j’observe, des raccourcis foireux). Et peut-être aussi que certaines personnes n’ont pas encore très bien intégré certains principes de réalité, aussi. Je n’aime pas trop ce que sous-entend ce « je ne suis pas comme toi tu comprends, j’ai de l’ambition », mais je suis certaine de ne pas l’apprécier du tout, même quand il est suivi d’un gentil « mais le prends pas mal, hein ». J’attends de voir, franchement, où mène l’ambition que je n’ai pas.

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2 commentaires

  1. akito dit :

    …C’est bien d’être ambitieux, non ?

    Secrétaire et assistante, c’est déjà pas la même chose non ?

    Si avoir de l’ambition consiste à tout faire pour gravir les échelons, même s’il faut pour ça négliger son boulot simplement parce qu’on ne veut pas faire ça toute sa vie ou parce qu’on pense valoir mieux que ça, c’est bien triste et d’ailleurs, pas sûr que ça marche.
    En plus on ne peut pas dire que tu végètes depuis des lustres à ne rien faire…

  2. ladyteruki dit :

    Moi j’utilise le même terme pour les deux. Je pense que le métier a évolué et que les secrétaires qui ne font que de la frappe et du café, ça n’existe plus. J’utilise les deux termes indifféremment, du coup.

    J’avoue que je ne sais pas quoi répondre à la seconde partie de ton commentaire. Il semblerait en tous cas que les autres aient une piètre image de ma vie professionnelle. Venant d’un BAC+5 et d’un futur journaliste, c’est peut-être pas très étonnant qu’ils me regardent de haut, d’ailleurs.

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