And that rhymes with « P » and that stands for « piemaker »

3 décembre 2009 à 23:54

Ce soir, au lieu de vous parler d’une comédie musicale que je connais depuis plusieurs années je vais vous en présenter une que j’ai découvertes il y a quelques jours à peine. Oh j’en avais souvent entendu parler mais il y a tant de comédies musicales… et je n’avais jamais vraiment percuté que celle-ci avait eu une adaptation filmée récente. Jusqu’à ce que…

C’est quoi le nom du film ? The Music Man
C’est plutôt quel genre ? Musical vieillot
Qui on connaît là-dedans ? J’ai vu Matthew Broderick au générique, ça ne m’a pas fait frémir. J’ai aussi vu Victor Garber (ALIAS) et Molly Shannon (Kath & Kim), et même si c’étaient des habitués de la télé, ça ne m’a pas émue. Et puis… j’ai vu Kristin Chenoweth (Pushing Daisies, pour ceux qui l’ignorent encore). On se demande bien ce qui m’a décidée.
Ça date de quand ? 2003, ce qui ne nous rajeunit pas même s’il y a un progrès par rapport à hier
En résumé, de quoi ça parle ? D’un escroc qui se rend à River City afin d’y jouer une fois de plus sa petite arnaque.

En moins résumé, de quoi ça parle ?
River City, dans l’Iowa, est une petite bourgade charmante où il est rare que des voyageurs descendent du train. Aussi Harold Hill attire-t-il l’attention en venant s’installer. Il se présente comme un professeur de musique, venu former un orchestre (ce qui tombe bien puisque le 4 juillet approche), mis en réalité, après avoir vendu instruments et uniformes, il s’enfuit avec l’argent de ses victimes. Il va cette fois trouver sur son chemin la libraire de River City, également prof de piano à ses heures, qui n’est pas dupe.
Et ça finit comment ? En fanfare.

Pourquoi c’est bien ? N’ayant pas vu la première adaptation ciné de la comédie musicale, je prends cette version de The Music Man en novice, et je dois admettre y avoir retrouvé l’ambiance de films comme Mary Poppins. Non seulement à cause des numéros musicaux et des robes, mais aussi pour l’abord finalement assez naïf et enfantin, quoique parfaitement charmant pour les adultes, que propose cet univers coloré et plein de musique. Si un certain nombre de chansons ne sont pas nécessairement mémorables, il en reste deux ou trois dans le lot qui valent largement le détour. En particulier, le début du film est très accrocheur !
Pourquoi c’est pas bien ? Eh bien, comme je l’ai dit, beaucoup de chansons sont assez moyennes. Du point de vue du divertissement, la question ne se pose pas, mais du point de vue musique, ça reste assez banal. Le solo de Kristin Chenoweth sur « Goodnight, my Someone » est assez évocateur de ce genre de défauts : on ne peut rien reprocher techniquement, mais à mon sens, une comédie musicale doit laisser des chansons dans la tête pour les 10 jours qui suivent (c’est un minimum). Or là, j’ai fini le film, et tout ce qui me restait, c’était le souvenir du timbre de Kristin, mais certainement pas l’air de sa chanson. C’est le cas de beaucoup et c’est très dommage.

Ah, les joies du cinéma ! On a échappé au pire, ç’aurait pu être Sarah Jessica Parker à la place de Kristin Chenoweth dans le rôle principal. Je ne pense pas avoir déjà entendu SJP chanter mais je suis quand même certaine qu’on aurait perdu au change.
La réplique qui tue : Dialogue entre un vieil ami qui tient aujourd’hui un hôtel à River City et Harold : « So, what’s the new picture ? [Harold esquisse les gestes d’un chef d’orchestre] …Oh you’re not back in the band business ? I heard you was in steam automobiles !
– I was.
– What happened ?
– Somebody actually invented one. »
Bah ouais c’est couillon, c’est sûr.
La scène qui tue : J’ai aussi regardé The Music Man pour ce passage (j’aime bien Kristin, mais elle ne fait pas tout non plus). En l’occurrence, si vous me connaissez un peu, vous devinerez pourquoi. Aussi n’est-il pas très étonnant que j’ai littéralement exulté devant ce morceau de bravoure de Matthew Broderick (il a pris des cours de plongée en apnée pour préparer ce rôle, je suis sûre). « Trouble » est un titre entrainant, basé plus sur le rythme que sur la musique (en cela, le morceau répond à la perfection à la scène de début, dans le train… celle-là aussi il faudrait vous la mettre mais enfin, la règle, c’est une scène qui tue, pas une hécatombe), amusant, et qui a le mérite de montrer Harold sous son vrai jour, homme à la fois affable et escroc doué, qui pour lancer son commerce, n’hésite pas à faire passer une pauvre table de billard comme l’incarnation de la déchéance prochaine des jeunes de River City. Accessoirement, j’ai envie de dire que ce stratagème est aujourd’hui plutôt utilisé en politique…


Une note ?
Amusant, rythmé, coloré, rempli de visages connus… The Music Man remplit son office mais n’a pas les caractéristiques requises pour devenir un chef d’œuvre dont on parlera dans une décennie ou deux.
Bilan : Le problème de The Music Man, c’est que finalement c’est une comédie très américano-centrée (le 4 Juillet, le côté conquête de l’Ouest…) et que ni son histoire, ni ses chansons, n’ont vraiment eu la possibilité de se faire connaître chez nous hors des cercles d’initiés. Bien que connaissant « Trouble » depuis quelques années, ainsi que « Pick-a-little, talk-a-little » (qui entre parenthèses donne l’impression de déguster des macarons, tant c’est frais et coloré), je me suis trouvée assez désorientée dans cette comédie musicale dont je ne savais rien. Vous allez me dire : bah oui, faut bien commencer à découvrir les choses à un moment. Et je vous l’accorde. Sauf que comme je l’ai dit, c’est vraiment très américain.
Ce qui est un avantage comme un inconvénient pour The Music Man, c’est son côté tous publics. En ce qui me concerne, ça n’a pas été un soucis. En ce moment je suis fatiguée, j’ai découvert ce film un soir où je n’avais fait que 12h de boulot dans ma journée, c’était parfait. C’était amusant, j’ai battu des mains pendant 2h12 (eh oui, 2h12 les enfants, rien que ça), et ensuite je me suis endormie en souriant un peu, c’était déjà pas mal, je n’en demandais guère plus. Mais a contrario des quelques comédies musicales dont j’ai déjà pu vous parler depuis que cette semaine thématique a commencé, The Music Man n’apporte pas grand’chose qui aille au-delà du simple plaisir immédiat. Plaisir de voir Kristin Chenoweth s’ébattre musicalement dans un rôle qui semble être fait pour elle, certes, plaisir de découvrir en Matthew Broderick un petit gars plutôt sympa, aussi, plaisir de regarder un film plein de chansons et de malice… oui mais après ? Après rien. On n’a pas de sujet de réflexion ni d’émerveillement, comme peuvent l’être respectivement West Side Story ou Cats. L’émotion est elle aussi assez basique, l’arnaque, l’histoire d’amuuuur, les intrigues en ville… on ne se sent pas tellement sollicité, en fait.
Je pense que si The Music Man a une telle réputation de classique de la comédie musicale, ce n’est pas pour ses qualités intrinsèques mais probablement aussi en grande partie parce que les chansons se sont incrustées dans la culture américaine, et qu’elle utilise des éléments typiquement américains. Les étrangers n’ont à mon avis qu’assez peu de chances d’y trouver là une révélation. En même temps, c’est aussi à ça que servent les comédies musicales, et j’insiste, je n’ai pas perdu mon temps. Simplement, la hiérarchie s’impose d’elle-même.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

5 commentaires

  1. Sowey dit :

    « très américano-centrée (le 14 Juillet […]) »

    Car, comme chacun sait, la fête nationale américaine, c’est Bastille Day.

    Little Lady, Ya Got Trouble !

    Malgré ses qualités, le Music Man cuvée 2003 ne tient malheureusement pas la comparaison avec la version originale, sortie quarante ans plus tôt.

    D’ailleurs, sans le revival de 1999-2000 à Broadway, cette nouvelle version n’aurait probablement jamais été mise en chantier; peut-être aurait-il fallu faire l’impasse, ou retravailler un peu plus l’ensemble, tellement cette version est bancale.

    Grandes valeurs de production, chorégraphie impeccable, mais un jeu toujours en deça, surtout quand on a goûté à l’original.

    C’est presque choquant de se rendre compte du déséquilibre Chenoweth/Broderick; si Kristin est parfaitement à l’aise, Broderick est à côté de la plaque sur tous les plans, autant en terme de chant, de danse, que de jeu.
    Surprenant, car le sieur Matthew est pourtant au point dans d’autres productions (autant filmiques qu’à Broadway, cf le revival de 2001 des « Producers », ainsi que son adaptation ciné de 2005).

  2. ladyteruki dit :

    Désolée pour la coquille, je corrige.

    C’est marrant, Broderick m’a semblé très à l’aise et très à sa place dans ce film (c’est tout le contraire de l’effet Gere dans Chicago ont je parlais il y a quelques jours). C’est sûr que vocalement ils ne jouent pas dans la même catégorie, mais à part ça…

    Donc tu me recommandes l’original ? ‘Vais voir ce que je peux faire.

  3. Sowey dit :

    Vocalement, Broderick vaut beaucoup mieux. Ne serait-ce que sur les Producers, ou le revival de « How to Succeed in Business w/o Really Trying » (pour lequel je ne connais que le score, pas vu ni la pièce, ni un enregistrement vidéo de la nouvelle version). En temps normal j’aurais probablement été moins sévère, mais le combo Chenoweth/nouvelle version pas satisfaisante (à mes yeux) n’est pas à son avantage.

    Le fond du problème, c’est que le remake souffre de la comparaison avec son aîné, et que même s’il n’est pas si mauvais que ça, Broderick n’est pas au niveau de Preston, de même que le Music Man ’03 est relativement inférieur au Music Man ’62.

    Le pari de la « nouvelle version » est toujours une aventure risquée, et en ce qui me concerne, les attentes ne sont pas du tout comblées.

    Gere, de son côté, même s’il est musicien à la base, et qu’il a débuté par du théatre et du musical, n’a quasiment plus fait de performances vocales depuis presque 30 ans, et ça se ressent lourdement.

    Au passage, et puisqu’il était mention de cette bonne vieille Mary, les guest musicaux de Conan du 30 novembre n’étaient autre que la troupe de Mary Poppins version 2005. Laura Michelle Harris (la mendiante de Sweeney Todd, pour ne rien spoiler) est de retour, et Borle (Legally Blonde) a visiblement pris le relais de Gavin Lee. La bande sonore jouée dans l’extrait (playback pour le coup, étant donné la technicité du numéro) n’a quant à elle pas changé, c’est toujours la même depuis les débuts au West End.

  4. Nakayomi dit :

    Un petit intermède, puisqu’on parle de Kristin Chenoweth, pour dire que, sans vouloir à tout prix remuer le couteau dans la plaie, voilà une série où j’aurai bien vu un épisode musical à l’occasion : Pushing Daisies. Les petits numéros présents mettaient en confiance en tout cas…

  5. ladyteruki dit :

    @Sowey : cher ami, que ne commentiez-vous pas plus tôt en ces lieux ! C’est un plaisir de se faire éduquer de la sorte. Encore !

    @Naka : Réflexion que je me suis déjà faite en effet. D’autant que la BO de la série est un délice, il n’en fallait pas beaucoup plus.

    Mais pour me consoler, je me dis que déjà, laisser un vrai générique à la postérité, ç’aurait été pas mal, alors n’allons pas regretter un épisode musical dont on ne pourra jamais que rêver.

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