Dites 33

25 décembre 2009 à 12:00

Joyeux Noël à tous ! Est-ce que vous avez été sages cette année ? Non ? Alors voici votre récompense ! Le retour de la rubrique La preuve par trois, qui s’était un peu fait oublier ces derniers temps.
Ce que je vous propose aujourd’hui, ce n’est rien de moins que le pilote de le succès télévisuel de cet automne !

Je vois à votre air circonspect que vous émettez quelques doutes : « je vois pas ce que ça a d’extraordinaire, tout le monde l’a vu », voire, pour les plus cyniques, « ah bon il y a eu un succès télévisuel cet automne ? ». Évidemment il y a une mention en petits caractères : je vais vous offrir le pilote du succès télévisuel de cet automne… au Japon. Et lui, je suis sûre que vous ne l’avez pas encore vu.
Votre cadeau de Noël, cette année, c’est donc le pilote de JIN, série à la fois médicale, historique et fantastique (si-si) qui a déchiré les audiences jusqu’à son final la semaine dernière, et qui raconte l’histoire d’un neurochirurgien qui se retrouve envoyé près de deux siècles en arrière.


Les 20 premières minutes du pilote sont consacrées à raconter « la vie d’avant » de Jin Minakata, un chirurgien qui a priori, est très estimé par ses patients, mais qui a perdu toute confiance en lui après avoir pratiqué, sur sa jeune fiancée, une opération  qui l’a laissée dans un état légumineux. Ce ne sont pas forcément les minutes les plus passionnantes du pilote, mais elles sont plus que nécessaires pour comprendre à la fois le background de Jin, et les problématiques que la série va aborder avec l’angle médical de ses intrigues. Son mérite est aussi et surtout de ne pas tout de suite passer au cœur de l’histoire, c’est-à-dire le retour dans le passé, afin de lui éviter d’avoir l’air d’un gadget. Le temps passé sur les histoires de Jin dans le présent est vital, c’est le moins qu’on puisse dire, car il donne les fondements de la mythologie de la série. Car à l’inverse d’un grand nombre de séries japonaises (et je suis la première à le reconnaître), JIN construit son récit, son univers, ses questionnements. Comment Jin se retrouve dans le passé ? On ne sait pas, mais en tous cas ce n’est ni un hasard ni un prétexte, c’est une problématique à part entière et ce premier épisode en pose les bases avec application.


Seconde étape du pilote, l’arrivée de Jin dans cet univers du passé. Je tire au passage mon chapeau à toutes les petites interrogations de Jin sur l’endroit où il a atterri, il met en effet beaucoup de temps à réaliser ce qui lui arrive et c’est une preuve du sérieux des auteurs de la série, conscients de l’improbabilité de leur pitch, qui donnent l’occasion à leur personnage principal à la fois d’être pris dans le tourbillon des évènements, et de garder à l’esprit les interrogations qui semblent naturelles en pareilles circonstances. Mais surtout, cette seconde partie du pilote développe l’aspect médical de la série. Avec comme principale préoccupation de montrer dans quelles conditions la médecine se pratiquait à l’époque, et comment Jin, bien que plus que qualifié pour accomplir des miracles dans ce contexte, a bien du mal à pratiquer. Le problème est double : d’une part sur un plan pratique, évidemment, et surtout pour faire admettre aux « locaux » que ce qu’il fait, c’est de la médecine. La stupeur et l’incompréhension dominent chez ses interlocuteurs, et là encore, c’est extraordinairement bien montré. Le personnage de Saki Tachibana se détache bien vite par sa curiosité très positive : elle fait preuve d’un esprit très ouvert, et cherche non seulement à comprendre mais aussi à apprendre. Elle semble discerner assez vite que ce que pratique Jin, bien qu’au-delà de sa compréhension, est important. Loin de dépeindre les gens de l’époque comme des ignorants, JIN prouve donc qu’il s’agit bien de montrer que les connaissances ne sont pas aussi avancées, mais que plusieurs ne vont demander qu’à apprendre (un trait dont on devine, à la fin du pilote, qu’il ne sera pas exclusif à Saki, mais que les connaissances médicales de Jin vont être un véritable enjeu intellectuel pour toute une communauté de personnages).


Jouant de plus en plus sur le contraste historique, JIN s’aventure, dans la troisième partie de son pilote, dans l’exploration véritable de ses thèmes, lançant au passage des intrigues futures. Notre chirurgien tente en effet de comprendre comment il peut revenir à son époque, mais il réalise aussi que la moindre de ses actions peut avoir des conséquences d’autant plus lourdes. Interagir avec des personnages historiques, notamment, ne peut pas être innocent… Des milliers de choses semblent se mettre en place : comment la communauté médicale (ou s’estimant telle) va réagir suite à l’arrivée de Jin, comment ce dernier va essayer de comprendre ce qui lui arrive, notamment en s’apercevant qu’autour de lui, plusieurs des visages connus du futurs sont présents sous d’autres identités… le pilote a, à ce stade, rempli toute sa fonction et plus encore. Prouvant que JIN va être bien plus qu’une série médicale, mais aussi une série dramatique, une série historique, et une série fantastique où, contrairement à très souvent, les éléments fantastiques vont être de véritables interrogations, et pas juste un accessoire pour explorer des situations incongrues.

Malgré ses maladresses de mise en scène (car elles existent, ne nous trompons pas), JIN promet avec ce pilote de remplir toutes les conditions pour être une fiction très complète, et complexe. Si je ne m’explique toujours pas le succès de séries comme Buzzer Beat, je comprends en revanche, totalement, que le public japonais se soit enthousiasmé pour JIN. La série parvient, sans jamais copier les séries occidentales (et malgré toute la sympathie que j’ai pour ces séries, des BOSS et des MR. BRAIN ne peuvent pas en dire autant), à se construire une mythologie solide, à placer les ingrédients nécessaires à la construction de thèmes denses, et variés, et à poser des personnages loin d’être caricaturaux. A cet égard, je dois dire que Takao Osawa, que je n’avais encore jamais vu à l’œuvre dans un rôle important, est excellent dans son interprétation, et dépasse (et de loin) les attentes que semblent formuler le script à son égard.
Alors, si vous ne devez avoir vu qu’un seul pilote nippon cette saison, j’ai envie de dire que ce devrait absolument être celui de JIN. Et comme en plus, il est malpoli de refuser un cadeau…

Gloire aux posts qu’on peut programmer à l’avance !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

4 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Naka kara anata he merii kurisumasu !

    Et grande question… Sous-titres en français ? anglais ? Pas du tout ?
    (Quoique l’argument fantastique… Point sûr d’être celui que je voudrais ! lol)

  2. Livia dit :

    Je n’ai pas encore regardé un seul pilote diffusé cette année au Japon… Ce post comprend donc une invitation tentante !

    J’avoue être très intriguée par le mélange des genres apparemment proposées. Peut-être le genre de drama au concept original qui me permettra de renouer un peu avec les séries japonaises.

    Merci pour cette découverte ! Je vais me pencher sur le sujet. ^^

    @ Nakayomi : Apparemment (après une brève recherche), sous-titres anglais disponibles (en .srt) au moins pour les premiers épisodes.

  3. ladyteruki dit :

    J’étais très agréablement surprise par le mélange des genres, qui aurait pu donner un résultat très bordélique. C’est rare de trouver autant d’éléments et de les voir si bien intégrés les uns aux autres.

    La version proposée ici comporte des hardsubs anglais (deux teams francophones ont annoncé travailler conjointement sur la VOSTF, mais à l’heure actuelle je ne l’ai pas trouvée ; j’espérais vous faciliter la découverte mais ce ne sera pas pour cette fois). Je me suis permis moi-même de fusionner au fichier les softsubs en srt que tu cites, Livia (et ils existent pour tous les épisodes maintenant, la série s’étant finie il y a quelques jours et les sous-titreurs ayant été très réactifs).

  4. Eclair dit :

    Jin, c’est bon, buvez-en !

    Chouette article ! Je viens justement de terminer la série et d’en parler sur mon blog. Personnellement ce qui m’a le plus intéressé c’est l’aspect médical et les interrogations de Jin.

    La fin ne plaira pas à ceux qui aiment le traitement fantastique de la série, espérons une deuxième saison…

    M’enfin je plussoie : c’est LA série à ne pas manquer.

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