Let me dance for you

4 décembre 2009 à 23:37

Ce soir, c’est mon coup de cœur du moment que je vais vous présenter. C’est d’ailleurs un film qui m’a l’air bien parti pour égaler le record de The Fall… songez donc : je l’ai découvert il y a un peu plus de quinze jours, et déjà regardé intégralement 3 fois, plus revu certains passages que je me suis découpés, plus les chansons que j’écoute en boucle. Parvenir à faire tout ça malgré mes horaires ces derniers temps, c’est un indicateur assez clair du coup de foudre qui s’est produit !

C’est quoi le nom du film ? A Chorus Line
C’est plutôt quel genre ? Musical
Qui on connaît là-dedans ? A part Michael Douglas (que, jusqu’à mes 15 ans, j’ai identifié uniquement à son rôle dans Les Rues de San Francisco, avant de découvrir qu’il était vaguement connu…), pas grand’monde. Les danseurs ne se font pas souvent un nom à la télé, en plus. Mais la petite Michelle Johnston… je suis sûre de l’avoir déjà vue quelque part.
Ça date de quand ? 1985 (et ça se voit)
En résumé, de quoi ça parle ? D’une audition pour une comédie musicale.

    

En moins résumé, de quoi ça parle ?
A Chorus Line retrace les quelques heures que dure une audition un peu particulière, dont le producteur, Zach, attend énormément. Bien qu’il ne s’agisse que de recruter des chœurs, il tient à savoir qui les candidats sont réellement, quitte à se montrer très indiscret.
Et ça finit comment ? Sur scène… Comme toute comédie musicale devrait finir, je vous ai dit !

Pourquoi c’est bien ? Entre 2000 et 2002, après avoir fait l’acquisition de la VHS de Cats pour moi toute seule, et tombant une nouvelle fois sous son charme, je me suis ruée sur les comédies musicales. Au format video, comme avec Jesus Christ Superstar, ou, le plus souvent, au format audio. En deux ans, et en plus de mes habitudes téléphagiques, j’ai acheté une bonne quinzaine de CD, sur une comédie musicale ou plusieurs, pillé la FNUC et Gibert, sondé les fonds des bacs des solderies de CD. A Chorus Line, je l’ai découvert à ce moment-là, et j’ai écouté le CD au moins, je ne sais pas, des centaines de fois, disons. J’essayais de m’imaginer son histoire, ça ne semblait pas très clair parce que chaque personnage parlait de lui, et que tous ces morceaux ne se recollaient pas tout-à-fait dans ma tête. Et puis un jour, il y a un peu moins d’un mois, j’ai réalisé qu’il y avait un film, et que je ne l’avais jamais vu, et que par le pouvoir de la cagoule suprême, ça pouvait changer. Et les chansons que j’ai aimées toutes ces années (One, I can do that…), je les ai finalement découvertes en images, après tout ce temps. Double exaltation ! D’ailleurs je n’avais jamais fait attention, mais en fait, c’est le CD du film que j’avais. Alors finalement, on était un peu entre nous pendant le visionnage de ce film ! Mais il n’y a pas que la nostalgie qui a fait bondir mon cœur. Ce que j’ignorais sur A Chorus Line, et que j’allais découvrir avec près d’une décennie de retard sur ma fringale musicale, c’est que le film propose bien plus qu’un simple défilé de danseurs qui parlent d’eux. Avec les dialogues et le jeu des acteurs, les silences aussi, on s’aperçoit que l’histoire a une dimension plus profonde. A Chorus Line dépeint des personnages animés par une passion sans limite pour la danse. Si peu de limites qu’on va explorer tout ce que ça a pu leur coûte de tenter d’en vivre, et comment ils y sont venus. C’est quasiment une thérapie de groupe qui se déroule sous nos yeux ! Et en musique !
Pourquoi c’est pas bien ? Mêmes causes, mêmes conséquences : je connaissais effectivement la BO par coeur. Quand on retrouve les chansons qu’on aime (et même celles qu’on aime moins), c’est bien. Quand on peut chanter à l’unisson, c’est mieux. Mais plusieurs numéros (irai-je jusqu’à dire que comme par hasard, ce sont mes préférés ?) sont entrecoupés par les dialogues. Ce qui, certes, participe à l’histoire, mais casse quand même un peu l’ambiance. Surtout que ces dialogues, souvent, sont en rapport avec l’intrigue la moins intéressante de toute : l’histoire de Zach et Cassie. C’est peut-être un détail pour vous, mais sur 2h de film, pour moi ça veut dire beaucoup.

Ah, les joies du cinéma de Broadway ! C’est quoi le comble du comble pour un danseur ? Passer une audition pour jouer dans A Chorus Line.
La réplique qui tue : Des répliques qui tuent, il y a en a quelques unes. Elles prennent par surprise d’ailleurs, parce qu’on ne s’attend pas forcément à une telle sincérité. Mais celle qui m’a touchée en plein coeur, c’est celle que Bebe sort à un moment, vers la fin. Bebe est une petite chose toute discrète, timide, mal assurée… mais quand elle danse, on sent qu’elle est elle-même. Le reste du temps, il est palpable qu’il y a quelque chose de cassé en elle ; plus tard, elle révèle donc : « A few months ago, the night before I was gonna audition for another show, I had a… kind of breakdown. I started crying and I couldn’t stop for about two weeks.
I just now got out of the hospital, and my doctor said it was too soon to try again. But I did. And now, even if I lose… I win ».
La scène qui tue : Comprenez mon désarroi quand je réalisé qu’il ne faudra retenir qu’une scène sur tout le film. C’est comme demander à une mère de choisir lequel de ses enfants sauver ! Non je n’exagère pas, ou si peu. Bref, j’ai opté pour la solution de facilité, si on peut dire : j’ai exclu les numéros musicaux de ma liste. Voilà, comme ça c’est fait. Et du coup, c’est naturellement que s’est imposé l’extrait suivant. Et comme je suis vraiment motivée pour vous faire découvrir A Chorus Line, et que j’ai pas été foutue de vous trouver le film en VF, vous savez ce que j’ai fait ? J’ai sous-titré. Eh oui. J’avais pas fait ça depuis Soldier’s Girl, quand même… Dans l’extrait ci-dessous, le plus gros de l’écrémage a été fait en danse, et l’audition porte maintenant sur une petite proportion de candidats. Mis en ligne (d’où le titre), ils sont sommés de se présenter chacun à leur tour. Dans tout ça, Cassie, une danseuse plus âgée que la moyenne, et dont on comprend qu’elle a eu une histoire avec Zach il y a quelques temps, essaye de passer l’audition… La séquence a le mérite de très bien poser les enjeux du film, de présenter les personnages (bien qu’un peu scolairement mais vu que c’est le principe de 80% du film de les présenter, si vous en voulez plus il faudra vous diriger vers l’intégralité du film), de montrer aussi l’ambiance. Comme le film avait un encodage loin d’être parfait, posant des soucis lors du réencodage avec sous-titres, ce sont des softsubs. Il suffit de les enregistrer dans le même dossier et d’ouvrir un lecteur gérant les sous-titres, comme VLC ou mplayer entre autres, pour qu’ils apparaissent.



Une note ?

Ah, faites-moi penser à faire une demi-cagoule ! A Chorus Line, à mes yeux en tous cas, le mériterait.
Bilan : A Chorus Line, ce n’est pas Chicago. Pas de mise en scène recherchée, pour commencer. On y trouve au contraire une unité de lieu et de temps qui rappelle énormément les impératifs d’une comédie musicale. Mais à travers ce huis clos chanté et dansé, le film va aussi bien plus loin que beaucoup d’autres dans l’exploration de ses personnages. Les histoires sont autant de petites touches qui décrivent la réalité de la vie à Broadway, pour des personnes qui ne sont pas, et ne seront jamais, des stars dans leur milieu. Des anonymes parmi d’autres qui lèvent le voile sur les espoirs et les déceptions d’une vie dédiée à leur passion, et qui est vouée, comme le rappellent Cassie et Sheila, à ne pas durer bien longtemps. Toutes ces histoires personnelles enrichissent le spectateur, parce qu’on va bien au-delà du simple « Let me dance for you » pour aller vers une vraie mise à nu, honnête, douloureuse, précise. Quand Sheila laisse tomber ses défenses de femme mature, quand Bebe évoque un épisode dépressif, quand Diana aborde ses doutes sur son don, quand Greg raconte la découverte de son homosexualité… ce qui se dessine va au-delà, bien au-delà, du divertissement. Qui peut dire qu’il ne s’est pas retrouvé dans un de ces personnages ? Nul n’est besoin de danser pour cela. Sans aller jusqu’à devenir le supporter de l’un ou de l’autre, il faut bien admettre qu’un lien se tisse, et d’ailleurs, entre les personnages aussi le lien est fort, alors qu’ils sont mis en compétition pour ces rôles, en se dévoilant ils s’attachent les uns aux autres. Il y a sur la fin une impression de cohésion qui fait vraiment mal… parce qu’il n’y a que 4 et 4 rôles. En quelques heures, quelque chose naît entre eux, et quelque chose naît en face de l’écran. A Chorus Line est une aventure humaine mise en musique, où chacun rit, s’émeut, se rappelle, réagit aux histoires des autres, parce qu’ils ont cette passion en commun.
L’audition est un prétexte à explorer la psyché de ceux qui font Broadway. Les questions de Zach pourraient être celles d’un psy, froid et placide, en retrait, en observateur. Il les oblige à faire bien plus que se vendre : s’exposer.  C’est ce qui rend A Chorus Line si vivant !
J’ai lu pas mal de choses, notamment que le film n’avait pas du tout fait l’unanimité, parce qu’il était en-deçà de l’original. Comme il me tarde de voir la comédie musicale sur les planches, dans ce cas ! J’ai aussi lu qu’un projet de remake était plus ou moins en cours, et si cela doit aboutir, il est possible d’aller encore plus loin (notamment d’atténuer l’histoire entre Zach et Cassie), et de rendre le résultat plus ambivalent encore, passant des exploits de Mike dans « I can do that » à une expérience confinée et nerveuse, comme celle de Paul. Si ce film voit le jour, ce sera une vraie curiosité de voir comment on peut aborder cette expérience de nos jours.
Et puis évidemment, et même surtout, A Chorus Line est dotée de numéros musicaux épatants (même si musicalement un peu datés, mais je suis née dans les années 80, alors ça ne me choque pas, ces arrangements), et le casting est absolument impeccable. J’ai une vraie admiration pour ces danseurs. La performance physique est énorme, elle participe même au témoignage en fait, parce qu’on se dit que ce qui a l’air si facile et aérien et souple… a demandé des milliers d’heures de travail pendant des années, en amont. Cela suppose des souffrances qui sont elles aussi très présentes, même si elles n’apparaissent pas dans le scénario, et elles sont aussi prégnantes que la timidité de Kristine ou la carapace de Sheila.
Vous êtes encore là ? Quoi, vous en voulez plus ? Je trouve que c’est clair pourtant : regardez A Chorus Line !!!

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

3 commentaires

  1. ladyteruki dit :

    Showgirls ! C’est dans Showgirls que j’ai vu Michelle Johnston ! Elle est la chorégraphe du Stardust ! Je savais bien que je l’avais déjà vue quelque part…

  2. Mila dit :

    « C’est peut-être un détail pour vous, mais sur 2h de film, pour moi ça veut dire beaucoup. » Haha, j’ai souri sur cette ligne-là… et plus loin, j’ai eu la larme à l’oeil en lisant ta description de Bebe et sa réplique. Peut-être parce que c’est pile le bon moment aussi. Hier soir, après mon meltdown (qui vient après des mois de meltdowns) je me suis dit que même si j’étais angoissée d’être là où je suis, au moins j’y étais, et donc même si je ne faisais pas les choses parfaitement, au moins je les faisais (je pense souvent à Monica qui fait des claquettes n’importe comment, et quand on lui fait remarquer, répond « Yeah, but at least I’m doing it »… ). La citation de Bebe me parle, et je suis sûre que le personnage me parlera aussi.

    Je vais me souvenir du titre de ce film (parce que je l’ai noté)(#mémoirepourrie), merci 🙂

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