Pour l’amour du chiffre

5 janvier 2010 à 21:14

Aujourd’hui, j’ai fait une news audiences sur SeriesLive. VDM.

Que ne ferais-je pas pour parler de séries japonaises au grand public, quand même ?
Je voue en effet une haine féroce aux compte-rendus d’audiences. Pour vous donner une idée, sur une échelle de 1 à 10 (1 étant ce qui m’indiffère, 9 étant le streaming et 10 étant les vampires), les audiences se placent à 7, voire 8 les mauvais jours.

Bon, il faut dire, aussi, que j’ai toujours eu un contentieux avec les chiffres (chose que mes professeurs de maths successifs confirmeront, pour ceux qui ne se sont pas pendus évidemment), et forcément ça n’aide pas. Mais au-delà de ce petit problème, j’ai l’impression permanente que les chiffres, et à plus forte raison les chiffres d’audiences, sont vides de sens. Ce n’est même pas comme un sondage, auquel il est de notoriété publique qu’on peut faire dire ce qu’on veut, non, le chiffre est simplement muet. Et les audiences, c’est typiquement l’information qui permet de parler d’une série sans en dire quoi que ce soit. Ce qui explique, j’imagine, que de nombreux sites s’en fassent l’écho…
Vraiment, j’ai eu des scrupules à écrire cette news, et je pense que mon peu de foi en mon thème se ressent à sa lecture.

Qu’il soit clair que ça n’a rien à voir avec le fait que ça porte sur Ryoumaden. De toutes façons, je n’ai pas encore vu le pilote en question !
Et d’ailleurs c’est un ressenti que j’ai aussi bien en matière d’audiences américaines (que je ne consulte jamais) que japonaises. Mais voilà, j’ai la responsabilité de la partie Asie de SeriesLive, et il s’avère que je prends ma mission à cœur, comme chaque fois que l’enjeu est de faire découvrir des séries à des gens qui ne les connaissent pas. Cela dit il est vrai qu’en soi, les audiences nippones sont encore plus dénuées d’enjeu que leur pendant occidental, puisque l’annulation d’une série avant sa conclusion est ultra-rare (et encore, cette phrase est plus une précaution qu’autre chose, je n’ai même pas connaissance que ça se soit produit). La meilleure preuve, c’est que même une série avec 2 ou 3% de parts de marché peut aller jusqu’à son terme. Le marché nippon a du bon, pas vrai ? Il faut dire qu’en s’engageant rarement au-delà de la douzaine d’épisodes, et dans un système qui n’a pas banalisé le renouvellement, ça permet de limiter facilement la casse.
D’ailleurs, si consulter les audiences d’une série permet juste d’ouvrir les paris sur son avenir, ça me semble être une sacrée perte de temps. Et pis c’est un peu glauque quand même.

Et puis franchement, qu’un épisode ait été suivi par 5, ou 10, ou 20, ou 30 millions de spectateurs, ça fait quelle différence ? Je veux dire, pour vous : ça change quoi pour le téléphage que vous êtes ? Ça ne dit rien de la qualité de l’épisode. Si les audiences sont mauvaises, vous allez arrêter de regarder une série que jusque là vous suiviez ? Non, sans rire ?

Trop de facteurs entrent en ligne de compte pour tirer des conclusions à partir des audiences, de toutes façons. Il y a la configuration de la grille de la chaîne (horaire, lead-in…), les grilles de la concurrence, les éventuels guests de l’épisode, la promotion faite autour de la série, les aléas de l’actualité… Et même avec toutes ces données en main, même en connaissant les tenants et les aboutissants de toutes les composantes du succès ou de l’échec d’un épisode, qu’a-t-on appris ?

L’audience est typiquement l’information sur une série qui s’adresse à ce qu’il y a de moins téléphage en nous. La téléphagie, c’est en premier lieu l’amour du contenu. L’industrie de la télé, toute complexe et passionnante qu’elle soit à comprendre et décrypter, n’appartient pas à la même dynamique. S’intéresser à l’industrie audiovisuelle n’est d’ailleurs pas du tout répréhensible ni contradictoire, mais enfin, c’est foncièrement différent de l’amour de la fiction. C’est un peu comme se passionner pour l’industrie du textile juste parce que la personne que vous aimez porte des vêtements…!

Concrètement, les news audiences, ça a l’air d’avoir du sens pour pas mal de monde, mais je n’arrive pas à en trouver.
En revanche, ça ne m’empêche pas d’utiliser la curiosité (incompréhensible) des autres aux fins de mes opérations de contagion. Et j’ai bien l’intention de m’accrocher à cet objectif, du moins, jusqu’à ce qu’on m’explique, fondamentalement, l’intérêt d’un résultat d’audiences aux yeux d’un public de téléphages.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    Bah les audiences, je les consulte souvent (depuis quelques temps seulement en fait) pour connaître l’état de santé d’une série. Savoir s’il faut frémir ou pas, si on aura la conclusion ou pas… Et là, je ne trouve pas ça si vide de sens. Ok, ce n’est pas une science exacte (Dollhouse renouvelée à la très grande surprise générale), mais bon… Disons que c’est un indicateur pour savoir si on pourra suivre ou non encore longtemps la série qu’on aime (enfin, au moins si elle sera encore produite aux USA si on s’intéresse aux chiffres de là-bas). Après, les analyses (que ce soit celle des chiffres ou des grilles), perso… Pas mon truc plus que ça non plus.

    Si on regarde les chiffres français (bah oui, ça arrive aussi), ça permet de savoir aussi si la série tombera aux oubliettes ou non… C’est pas totalement dénué d’intérêt non plus.

    Pour le coup, c’est vrai que les chiffres japonais… Mis à part si on veut mesurer une certaine forme de « succès », j’vois rien d’autre (et perso, c’est pas parce qu’une série aura fait 10 millions ou 1 million qu’elle va plus ou moins m’intéresser, comme le prouve mes choix calamiteux en sorties d’usines d’ailleurs ! )

    Donc je suis ça de loin perso… De beaucoup plus loin que certains autres en tout cas.

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