Sunshine on a cloudy day

27 février 2010 à 19:54

J’ai regardé ce film il y a environ une quinzaine de jours (au fait, vous pouvez continuer à suivre mon éducation cinématographique dans la rubrique Secret Diary of a Cinephile), et il n’a pas été nécessairement le plus marquant ce mois-ci, mais enfin, il est plein de charme et je me suis dit que j’allais le mentionner, même si ce devait être avec presque 20 ans de retard.
Comme on dit, vaut mieux tard que jamais, après tout.

C’est quoi le nom du film ? My Girl
C’est plutôt quel genre ? Chronique estivale
Qui on connaît là-dedans ?
Plein d’acteurs habitués au cinéma : Dan Aykroyd, Jamie Lee Curtis, Macaulay Culkin… et dans son premier rôle, Anna Chlumsky, ça ne vous dit rien mais c’est le plus important.
Ça date de quand ? 1991
En résumé, de quoi ça parle ? De l’été d’une petite fille de 11 ans.


En moins résumé, de quoi ça parle ?
A 11 ans, Vada est une gamine éveillée, voire un peu plus dégourdie que la moyenne. Mais c’est aussi une petite un peu troublée, et on le serait à moins ! Son papa est entrepreneur des pompes funèbres, et, surtout, elle n’a jamais connu sa maman, décédée peu après l’accouchement. Mais Vada, en dépit de ses accès hypocondriaques et de son hyperactivité, n’est pas du genre à se laisser abattre. Elle s’apprête à passer cet été de 1972 avec son meilleur ami, Thomas J., mais la vie ne se passe pas toujours comme prévu.
Et ça finit comment ? Je peux pas vous dire, je pleurais trop pour voir l’écran.

Pourquoi c’est bien ? Comme tout ceux qui ont vu ce film, je pense, j’ai été impressionnée par la performance de la petite Anna Chlumsky. Il faut dire que le personnage est aux petits oignons, mais l’un ne pourraient rien sans l’autre. Chaque fois qu’on a l’impression que son jeu est bon, Anna fait une élégante démonstration de souplesse et émeut. Chaque fois que le personnage donne l’impression d’être facile à cerner, Vada fait une ravissante pirouette et surprend. A ce stade, ciseler à ce point l’écriture comme l’interprétation, c’est du travail d’orfèvrerie.
Pourquoi c’est pas bien ? Le personnage de Shelly, la maquilleuse embauchée par le père de Vada, donnait toutes les apparences d’un salvateur élément perturbateur dans la vie de Vada. Et finalement, non. La relation avec Vada s’étiole et devient finalement fade, au point que sur la fin, sans vouloir vous spoiler, il est étrange d’assister à un rapprochement entre ces deux-là. Je ne blâme pas vraiment la progression de la relation, en fait, mais ce qui m’ennuie c’est qu’elle se déroule en quelques mois, puisque le film se déroule en un été (et même probablement un peu moins que ça). C’est un peu rapide.

Ah, les joies du cinéma ! Anna Chlumsky pourra se vanter d’être la première personne à avoir embrassé Macaulay Culkin. Bon, la deuxième, si on compte Michael Jackson.
La réplique qui tue : Alors qu’elle assiste, impuissante, à un rapprochement entre son père et Shelly, Vada a la réplique suivante, qui, comme ça, a l’air hors contexte, mais en fait pas trop : « I used to like to play with my Ken and Barbie dolls. Ken was my
favorite. Then one Christmas I got them a camper and all they wanted to
do was hang out in it by themselves. So I wasn’t too upset when they
took that wrong turn and went over the cliff. » Rappelons au passage que Shelly vit dans un camping car… mais ce n’est probablement qu’un hasard.
La scène qui tue :
Bon, je vous préviens, il va y avoir un petit spoiler dans cet extrait, mais rien de bien méchant parce que c’est un spoiler qu’on aura tous vu arriver. Mais si vraiment vous êtes à cheval sur les spoilers, vous savez qu’il vaut mieux regarder le film directement que regarder ce court extrait. Je ne l’ai pas choisi juste pour vous pourrir la surprise, mais bel et bien parce que c’est un moment à la fois drôle et tendre, mais qu’on prend bien la mesure du personnage de Vada, intelligente et mûre pour son âge, mais finalement quand même une enfant. Elle est mignonne…


Une note ?
Ou comment avoir l’illusion de retrouver une part d’innocence pendant une heure et demie… pour la perdre aussitôt, un peu.
Bilan : Je me souviens quand My Girl est sorti ; j’avais une dizaine d’années moi aussi. Je voulais voir ce film, mais ça ne s’est jamais fait. Alors je l’ai oublié… mais pas complètement. En le voyant aujourd’hui, à 28 ans, j’ai toutefois pu réaliser une chose : j’ai eu de la chance de grandir dans les années 90. Des films comme celui-là, il en sortait beaucoup plus à l’époque, j’ai l’impression. Des films adaptés à quasiment tous les publics. Tout le monde pouvait regarder des films comme My Girl et en retirer quelque chose de précieux. Aujourd’hui, les films ne me semblent plus être capables de ça. Il y en a évidemment des bons, et même quelques très bons, et j’en ai abordé quelques uns dans la catégorie Comme au cinéma. Ne croyez pas que je crache dans la soupe. Mais ils n’ont pas cette sorte de sincérité et d’innocence dans la réalisation, l’interprétation ET l’écriture. Les films d’aujourd’hui semblent pleins d’effets de style, le scénario cherche à impressionner, ou bien c’est la photographie, et parfois ça réussit et ça n’est pas une mauvaise chose, mais au final, des films comme My Girl ont réussi ce que je n’ai pas l’impression d’avoir vu récemment : maintenir une qualité constante, mais discrète. S’effacer pour laisser la place à l’histoire et aux personnages. Être humble, mais sans forcément faire les choses à moitié.
My Girl parle de sujets graves et principalement de la mort, mais ne construit pas son intrigue de façon à nous démontrer quelque chose. Il n’y a pas vraiment de leçon à retenir, on ne cherche pas à éduquer le spectateur, il ne s’agit pas non plus de nous surprendre par un retournement de situation sensationnel. Rien dans les manches. My Girl, c’est juste quelques semaines dans la vie d’une petite fille qui va grandir sous nos yeux, et c’est tout, on vous laisse seul avec ces quelques émotions, et vous allez vite vous apercevoir que ça suffit, plus serait trop. L’émotion ainsi suscitée est pure. Dans les années 90, on savait encore s’en contenter. Le plus proche auquel je puisse penser aujourd’hui de cet état d’esprit serait, éventuellement, Juno (il est vrai que je manque d’éléments de comparaison cinématographique et je ne m’en suis jamais cachée, aussi n’hésitez pas à m’éduquer en commentaires). Mais Juno est épouvantablement superficiel dans sa réalisation, par rapport (et je n’aborde même pas le fait que son succès soit légèrement surfait).
Le seul effort consenti pour ajouter un petit effet à cette chronique, c’est le fait que ce film se déroule en 1972, ce qui ajoute à l’image d’Epinal. A mon sens, ce n’était pas forcément inutile, mais bon, c’est assez inoffensif.
My Girl est un film tendre, touchant, profondément humain. Il parait qu’il est connu pour s’adresser plus particulièrement aux enfants, mais sincèrement, en tant qu’adulte, je l’ai trouvé tout aussi touchant. Parce qu’universel dans les émotions auxquelles il en appelle ; Anna Chlumsky porte le film avec une force et une fragilité impressionnantes. Ces derniers temps, j’ai regardé pas mal de films, mais ça, je crois que c’est un vestige d’une époque aujourd’hui disparue.
Quand on faisait des films pour communiquer avec le spectateur, et pas aux fins de lui en donner pour son argent.
My Girl est un double voyage dans le temps.

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