New ordinary family

23 août 2010 à 22:26

Grâce à AmyKar, j’ai pu voir le pilote ce matin (quand tu te lèves en avance de 45mn sur ton programme parce que tu sais que ton cagoulage sera prêt, tu sais que tu es téléphage). J’avoue que j’ai du mal à comprendre les retours négatifs que je lis çà et là ; pour le moment essentiellement sur Twitter, puisque je fais toujours ma tournée des reviews après avoir écrit la mienne.

Je ne dis pas que c’est mon coup de cœur du moment (à plus forte raison avec le troisième épisode d’Atami no Sousakan sur le feu), mais ya franchement pas de quoi rougir de honte pour ABC.
Comprenez par là que la série a toutes les chances d’être annulée rapidement, si la jurisprudence  ABC est toujours en vigueur. Et elle l’est.

Il y a quelque chose de remarquable dans cette série familialo-fantastique (dont je reconnais que le mélange n’est pas courant, et donc pas nécessairement facile d’accès), c’est dans le portrait qu’elle dresse d’une famille… moderne. A sa façon. Et cela passe essentiellement par la situation de départ.

Vic Mackey Jim Powell y apparait comme un homme un peu faible, délaissé par sa famille, courant désespérément après leur attention et leur affection. Au risque de les mettre dans une situation dangereuse en fin de compte… Et pour moi qui regarde en ce moment Mad Men, je dois dire que ça m’a frappée : a-t-on déjà vu un homme dans ce rôle-là ?

En général, Madame travaille autant ou moins que Monsieur (rappelons que les Desperate Housewives sont majoritairement des femmes aux foyers, enfin c’était le cas la dernière fois que j’ai regardé ; ça veut plus forcément dire grand’chose deux ou trois ans après, cela dit). Mais même dans une série où la femme a une vie professionnelle digne de ce nom, c’est quand même elle qui a le coeur qui saigne quand toute la petite famille n’a pas son quota de « quality time ». C’est la maman qui se rappelle que les enfants vont grandir, qui est la plus vexée quand elle se fait envoyer paître par les ados, etc… La seule fois où les papas sont effectivement attentifs à ce genre de choses, c’est quand ils sont pères célibataires.

Ici, pas du tout. La chose au cœur tendre qui veut préserver l’harmonie de sa famille, c’est l’homme. L’épouse n’en fout pas, mais ça ne la préoccupe pas, elle n’en a pas fait son soucis principal. Le renversement est parfait, en cela qu’il ne s’accompagne pas d’une caricature pour autant.

Car aujourd’hui, les hommes ont autant le droit que les femmes de courir après l’affection de leurs proches, de supplier pour un peu d’attention et de chercher désespérément à exister. Et No Ordinary Family réussit systématiquement tous ces passages où les enfants ont le réflexe de parler au père et sont gênés devant la mère, où le père maîtrise mieux la vie de la maison, etc… Il n’est pas perdu dans un rôle dont il se sent étranger : il est parfaitement à sa place au contraire, au point que ce soit la mère qui se sente hors du coup. L’effet de miroir est impeccable.
Il montre combien notre société a évolué, et au lieu de chercher à renverser les rôles artificiellement, la série fait un excellent boulot dans son renouvellement des rôles habituellement imposés aux personnages.

Alors, après, sur le point de vue du fantastique, je vous l’accorde, il y a à redire. Déjà, les effets spéciaux peuvent aussi avoir meilleure gueule,
c’est pour le moment un peu inégal. Je m’en fous, je ne regarde jamais
une série pour ses effets spéciaux. Si le reste fonctionne, je peux
faire l’impasse dessus. Ensuite parce que quand Pixar a sorti Les Indestructibles, on a quand même approché pas mal de thématiques qu’on voit ici se profiler (identité de justicier secret, gestion de la vie professionnelle et personnelle, problèmes adolescents…). Et puis enfin, parce que franchement, on voit mal ce que les superhéros vont faire d’autre que d’affronter d’autres superhéros, et ça c’est franchement lassant. Pas forcément ultra-fréquent à la télévision, mais suffisamment dans les comics et les nombreux films qui en sont tirés pour qu’on ait du mal à voir l’intérêt.

Cependant, quelque chose me plaît dans la façon dont ces pouvoirs sont abordés. C’est dans leur façon de compléter un complexe, et pas juste en étant particulièrement pratique. Le père, impuissant, devient puissant, par exemple, et la façon dont c’est montré indique bien ce que ça représente pour le personnage. J’aime énormément la façon dont les parents découvrent et testent leurs pouvoirs ; ceux des enfants ont été passés un peu rapidement, mais qui sait, ce n’est qu’un preair, et surtout s’il est diffusé avec la bénédiction d’ABC, il peut encore y avoir des améliorations.

Non, No Ordinary Family n’est pas une série parfaite. Mais, mon Dieu ! Elle est loin d’être nulle, et aborde pour le moment la thématique de la famille sous un angle intéressant, qui remplit ses promesses. Si elle ne s’intéressait qu’à cet angle, ça m’intéresserait totalement, en fait. Le reste est annexe, probablement inévitable pour une série de network, mais ça lui donne sa propre identité et un potentiel indéniable. La marge d’amélioration existe, mais on ne part pas non plus d’une nullité abyssale. Moyenne haute en ce qui me concerne.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

15 commentaires

  1. Cole dit :

    Comme je te le disais sur Twitter, je ne suis pas vraiment d’accord avec ta vision de la famille sur ce pilote. Je pense qu’on a, bien au contraire, une vision bien moins féministe (même si c’est pas exactement ce terme que tu utilises) que la série ne veut bien nous le faire croire.

    Benz est donc une vraie working girl qui réussie. En apparence, du moins. Car en réalité, elle n’arrive pas à gerer sa famille et son travail. Et tiens donc quel est son pouvoir ? Pouvoir aller trés vite. Dans quel but est son pouvoir ? Pouvoir s’occuper de sa famille et de son travail.

    On a donc bien là la sempiternelle vision de la famille. Elle n’a aucunement changé. Benz va être capable de faire son boulot mais également de faire la cuisine, les devoirs aux gosses et le repassage.

    Le pitch même de la série est clair: les pouvoirs sont alloués aux personnages en fonction de leurs défauts respectifs. Celui de Benz est bien celui d’être absente. Voilà le résultat d’une femme qui bosse: elle n’a plus le temps de faire la popotte cette conne !

    Alors je n’irais pas jusqu’à dire que le message de la série est cela, je pense que c’est finalement trés inconscient de la part des scénaristes. Simplement, je ne suis pas du tout d’accord avec cette notion de modernité. Benz reconnait d’ailleurs tous ses tords en fin d’épisode.

    Il est trés difficile de trouver une série « moderne » en terme des rapports hommes / femmes car la société n’a pas une vision moderne. Tu cites Desperate Housewives comme exemple de la série anti-moderne et tu as en effet totalement raison. C’est d’ailleurs la bête noire des féministes.

    Tu vas peut etre sauter au plafond mais je citerais, alors des aspects de la série feraient contre exemples, mais Old Christine. Dans le sens où le rôle du personnage qui fait ce qu’il veut, qui dit ce qu’il pense, qui mène sa vie comme il l’entend sans se soucier d’un tel ou d’un tel, qui accumule les erreurs mais s’en fout car il est « cool » est habituellement reservé aux hommes justement. Ici, c’est une fausse bonne idée.

    Désolé pour ce long message, ce sont des cours sur les « gender issues » qui ressortent lol.

  2. ladyteruki dit :

    J’adore les longs messages, donc pas de soucis, bien au contraire ! Surtout quand ils sont de cette qualité.

    Pffiu. Je n’avais pas vu les choses comme ça. De ce point de vue, effectivement, les séries « modernes » et/ou « féministes » sont ultra-rares. Ca fait un peu peur parce qu’on peut toujours retourner le truc et trouver que ce n’est pas assez progressiste, ou équitable, ou paritaire, ou je ne sais quoi.

    Cela dit, je ne suis pas non plus d’accord avec ton exemple de Old Christine, pas dans ce contexte précis. Alors ok, je n’ai vu que le pilote, mais ça ne change pas grand’chose parce que d’ailleurs, ta description le confirme : un personnage répondant à l’idéal féministe ne devrait pas forcément être un personnage célibataire/divorcé, bref, indépendant. On peut très bien traiter du féminisme dans le cadre d’une famille, je dirais même que c’est hautement recommandé parce que c’est là que le sujet est, finalement, le plus important : le partage des tâches, le rôle tenu par chacun auprès des enfants, etc… L’exemple que tu donnes est quelque part trop simple : c’est facile de s’en foutre des rôles préétablis par la société et de brouiller les frontières quand on est seule.

    Ça me semble être un extrême du féminisme que de prendre ce personnage en exemple. Et c’est pour ça que dans le contexte de la famille, je trouvais quand même que l’inversion des rôles dans No Ordinary Family était prometteuse.

    Mais tu as entièrement raison dans le fait que les pouvoirs vont en faire « rétablir » le rôle que chacun des époux « aurait dû » avoir dans la famille, et en cela, j’avoue que ça m’attriste. C’est à croire qu’il n’y a pas de solution pour faire avancer un peu le problème dans les séries.

  3. Nephthys dit :

    Je n’ai pas regardé mais j’ai vu tout le tintouin sur twitter… Je ne sais pas si je testerai je suis trop à la ramasse ces derniers temps mais si j’ai l’occas je jetterai un oeil au pilot !

  4. Eclair dit :

    S’il y a bien un truc qui m’horripile, c’est de lire que de toutes façons aucune série ne peut correspondre à l’idéal intégriste féministe (oui je fais une distinction), et donc par conséquent, qu’elles sont pleines de défauts.

    Mais bon sang, je vais ouvrir des portes ouvertes. La société n’est pas parfaite, chaque famille trouve sa propre balance selon les qualités et les occupations respectives de chaque membre. Dans certaines familles, la mère assume un rôle à la maison, dans d’autres on se répartit les tâches, dans d’autres encore c’est le père. Et on me dit même que dans plein d’autres ce sont des familles monoparentales, tiens !

    Oui, une famille où la mère travaille de trop ça peut causer un déséquilibre dans la famille. Et oui, une famille où le père travaille de trop ça peut aussi causer un déséquilibre.

    Il n’y a pas de famille parfaite, et encore moins de modèle parfait, juste des difficultés quotidiennes à surmonter ENSEMBLE, tout en permettant à chaque membre de s’épanouir au mieux. Franchement, pour le bien de la famille, on se contrefout de savoir si c’est la mère ou le père qui s’occupe des devoirs le jeudi et l’autre le vendredi.

    Si l’enjeu est la répartition des tâches, alors regardez le pilote encore une fois sans idéologie.

    Il faudrait aussi arrêter d’ostraciser les tâches familiales. Rien n’est subalterne, que ce soit le père ou la mère.
    Rien, mais alors rien ne dit dans le pilote que la mère est – je cite Cole – « Conne » parce qu’elle fait ou non la popote. Ça c’est de l’interprétation purement idéologique.
    On pourrait pas laisser les gens vivre hors de modèles idéologiques, pour une fois ?

    Non parce que j’avoue avoir ma claque de lire des études féministes dès qu’on parle de série. Ce qui m’importe c’est comment on résout les problèmes avec nos qualités respectives d’homme ou de femme, et certainement pas la place supposée de chacun.

    Sinon, pour en revenir au pilote, j’ai pas aimé. Je vais en reparler, mais grosso modo, son problème est qu’elle est trop prévisible. C’est du vu et du revu. Et ça confirme mes craintes : les effets spéciaux masquent un désert de personnalité. Et j’aurai bien voulu voir davantage Autumn Reeser.

  5. ladyteruki dit :

    T’es dur ; « j’avoue avoir ma claque de lire des études féministes dès qu’on parle de série », c’est pas non plus systématiquement le cas (et tu me lis depuis suffisamment souvent pour le constater d’ailleurs). De la même façon que la représentation des « minorités visibles », des homosexuels, etc… n’a pas toujours raison d’être étudiée, mais parfois semble être un thème sous-jacent ou explicite d’une fiction, il me semblait ici que l’inversion du principe était intéressante, même touchante. J’ai sincèrement trouvé que le personnage du père avait quelque chose de différent et d’original grâce à ça. Bon, après, Cole a mis à mal toutes mes jolies certitudes sur la question, mais à la base c’est un des éléments qui m’ont plu dans ce pilote, cette façon de renverser les rôles.

    Bien-sûr qu’on devrait pouvoir vivre en-dehors de certains modèles juste pour le plaisir de faire ce qu’on veut. Le féminisme, c’est justement prôner qu’une femme peut faire ce qu’elle veut, et ce même si elle veut s’enfermer dans la cuisine. Mais c’est aussi intéressant de questionner les valeurs véhiculées par les séries, et je trouvais que No Ordinary Family relevait de l’exception, voire du changement. C’était un angle intéressant. Ça ne le rend pas systématique, et encore moins fondamental.

  6. ladyteruki dit :

    PS : « aucune série ne peut correspondre à l’idéal intégriste féministe (oui je fais une distinction), et donc par conséquent, qu’elles sont pleines de défauts », c’est un épouvantable raccourci. Même après l’avis relatif de Cole, je trouve toujours les personnages des parents touchants, et ça ne change rien au fait que la série m’a plutôt plu. Je n’ai rien lu dans l’avis de Cole ni dans le mien qui laisse à penser que l’idéal intégriste féministe, comme tu l’appelles, et l’échelle de mesure qui définit une bonne série.

  7. Eclair dit :

    Pardonne moi, j’ai réagi un peu impulsivement, je l’avoue.
    Mon message à vrai dire était davantage destiné à ce que je lis ailleurs qu’ici. Effectivement je te connais suffisamment pour savoir que tu ne fais pas une analyse sociologique systématique (et c’est d’ailleurs une des tes grandes qualités).
    Et tu as tout à fait raison de le noter, la série s’appelle « No Ordinary Family » et montre un homme aux fourneaux. Je voulais juste dépasser ce cadre là, parce que je sens qu’on a pas fini d’en parler sur la blogosphère. Quand j’ai lu les propos de Cole, ça m’a un peu fait bondir à vrai dire, parce que j’ai fait le lien avec d’autres propos, plus forts encore, tenus sur Perdusa.

    Non, vraiment, accepte toutes mes excuses si je t’ai offensé de façon maladroite. Ça ne t’était pas du tout destiné.

    Maintenant sur le fond, je sais pas si c’est le lieu d’en parler. Mais si le féminisme que tu défends c’est laisser à la femme occuper la place qu’elle veut (et qu’elle peut), je suis le premier à partager cette cause. Si c’est dénigrer les femmes au foyer parce qu’elles font des tâches ingrates (ce sont des propos qui reviennent régulièrement), faut pas compter sur moi. D’ailleurs, on ne s’enferme pas dans une cuisine. C’est un espace de partage, de convivialité, de discussion, d’éducation, qui vaut bien les réunions situées dans un cadre professionnel. Il serait temps qu’on le reconnaisse, et qu’on arrête de stigmatiser ceux qui font ces choix. (C’est ça que j’appelle – entre autres – l’intégrisme féministe).

  8. ladyteruki dit :

    Bah oui, mais Perdusa, aussi… tu cherches les ennuis !

    Nan mais si une série crée un débat de fond, I’m all for it, donc pas de soucis. Mon expression « s’enfermer dans la cuisine » était volontairement outrancière, pour montrer qu’une femme peut choisir quelque chose qui semble réducteur. En gros, la servilité, si elle est choisie, devrait entrer dans le cadre du féminisme, pour caricaturer. Mais le problème est justement de savoir quand elle est choisie et quand elle est simplement l’aboutissement d’une certaine formation de pensée. Entre faire un choix et faire ce qui semble logique mais sans que ce soit sous la contrainte autre que sociologique, il y a un monde. Prendre conscience des limites qu’on s’impose sans le vouloir est le plus gros défi du féminisme.

  9. Eclair dit :

    Personnellement je n’aime pas le terme servilité. Je comprends ce que tu veux dire, mais pour moi que l’on soit homme ou femme ou foyer ça ne veut pas dire qu’on est corvéable et inférieur. C’est là une conception de la famille qui date de quelques décennies. Je pense sincèrement qu’une partie du problème vient du fait du manque de valorisation et de reconnaissance des tâches. C’est à la famille de prendre conscience de leur importance. C’est à la société de ne pas dénigrer ce rôle (qu’il soit rempli par un homme ou par une femme, encore une fois j’insiste parce que j’ai déjà vu des reportages un rien acide sur ces « metrosexuels qui restent à la maison ».). Je suis dans une conception d’interdépendance, d’équilibre (voire d’harmonie pour les couples les plus chanceux). Chacun est au service de l’autre, qu’il travaille à l’extérieur ou à l’intérieur.
    J’insiste donc, c’est à la famille de s’adapter aux contraintes de la vie, c’est donc son adaptabilité qui lui permet de résister le plus longtemps possible, en faisant fi de considérations idéologiques. De nos jours, rien n’est figé. Avec la précarisation du travail, le chômage, le mi-temps, les grossesses, homme et femme sont tenus de changer de rôle parfois plusieurs fois de suite.

    Tout dépend donc des capacités de chacun, et de son épanouissement personnel, en tenant compte des contraintes de la vie.

    La question est : est-ce vraiment une limite que l’on s’impose quand on reste au foyer ? Là aussi c’est une considération idéologique. Je ne nie pas la situation dramatique vécue par des millions de femmes de par le monde bien au contraire. Mais notre société a largement évolué, et je pense vraiment qu’on peut s’épanouir dans une maison qui reste ouverte sur l’extérieur, contrairement aux années 50. A force de dénigrer les taches ménagères,certes fatigantes et répétitives, on oublie parfois de rappeler le bonheur de partager des moments complices avec ses enfants, la joie de leur apprendre la cuisine ou de leur transmettre des valeurs. Alors je retourne la question : est ce que lorsqu’on bosse jusque tard le soir on prend conscience des limites que l’on s’impose ?

    J’ai 15 à 16 années d’études supérieures ou de formation derrière moi. Maintenant que ma santé n’est plus bonne et que je ne trouve pas de boulot, j’ai pas envie de passer à côté de la famille que j’aimerai construire. Si je pouvais, j’hésiterai pas une seconde : je resterai homme au foyer, malgré mes études. Parce que mes priorités ont changé.

    Désolé pour ce pavé. En espérant que tu comprennes mon point de vue

  10. ladyteruki dit :

    lady aime les pavés. lady aimerait bien s’habituer à ne lire que des pavés dans tous ses commentaires. *soupir rêveur*

    Je crois que notre conversation peut se résumer à « je suis d’accord mais ». Parce qu’en gros, on est d’accord, mais on chipote sur des détails. Par exemple tu dis « Je ne nie pas la situation dramatique vécue par des millions de femmes de par le monde bien au contraire. Mais notre société a largement évolué » et là je dis : euh, pas besoin d’aller si loin. Tu prends ton propre exemple, je vais donc prendre le mien : j’ai grandi dans une famille athée, française depuis deux générations et d’origine européenne frontalière avant ça, chez des parents fonctionnaires… donc intégrés dans la société s’il en est. Pourtant, je me rappelle, je devais avoir 15 ou 16 ans, un jour de vacances pendant lequel mon père, voyant la vaisselle du déjeuner dans l’évier 30mn après que nous ayons fini de manger, remonter ses manches en râlant : « je comprends pas qu’il y ait trois femmes dans cette maison et que ce soit à moi de faire la vaisselle ». C’est la première fois que je me suis dit que peut-être, juste peut-être, mon père était un gros macho. Ça n’est pas humoristique, ça n’était pas du second degré, c’était sincère (et c’était en pétard). Qui sait ce que je ferais de ma vie aujourd’hui si je n’avais pas réalisé que j’avais été éduquée par un macho qui considère que l’homme s’abaisse à faire la vaisselle alors que les femmes sont là pour ça ? Qui sait si moi aussi je ne serais pas une femme au foyer simplement parce qu’on m’a éduquée comme ça ? Il n’y a pas qu’ailleurs qu’on élève les filles pour être des femmes au foyer, et un regard attentif ne serait-ce qu’aux catalogues de jouets à Noël te donnera une bonne idée de ce qu’on attend de ces demoiselles. Il faut un temps fou, une grande énergie, et la capacité de prendre un recul immense, pour s’affranchir de ce genre de choses, je le sais parce que j’ai passé les 10 dernières années à faire ce travail sur moi pour réussir à faire la différence entre ce qui semblait évident (se marier, faire des enfants…) et ce que je voulais (certainement pas d’enfant !). Et pour l’assumer ? Je dirais que c’est le job des 10 prochaines. Ma petite soeur, qui n’a jamais fait ce travail sur elle, ne s’est même jamais posé la question de savoir ce qu’elle ferait de sa vie, il lui semble normal de se mettre en couple, se marier, tenir la maison et ramasser les chaussettes de son mec en râlant, comme ma mère avant elle.

    C’est vrai que ma vision de la vie de femme/homme au foyer est un peu excessive, non pas parce que je m’exprime en tant que femme féministe, mais parce que je m’exprime en tant que femme qui déteste tout ce qui touche de près ou de loin aux arts ménagers (à l’exception de la cuisine, certes, mais pas avec passion non plus), et que, homme ou femme, mon conseil serait plutôt de mettre à profit ce temps-là pour autre chose. Fuyez ! Fuyez les corvées !!!

    En-dehors de ça, chacun et chacun fait ce qu’il veut en effet… pourvu d’être certain que c’est ce qu’il veut et non ce qu’il est conditionné à vouloir. Et là je pense par contre qu’il y a une grosse différence entre les hommes et les femmes, parce qu’une femme doit en permanence jongler avec la vision de la société (se demander pourquoi la femme est censée « jongler » entre sa vie perso et pro, alors que personne ne pose la question aux hommes qui le font finalement aussi, se demander d’où vient cette obsession des publications féminines pour le couple, quand a priori l’homme aussi fait partie du couple, etc…), tandis que les hommes lui sont moins enchaînés, au moins de ce point de vue. Il faut voir le regard des gens quand je dis que je ne veux pas d’enfant : j’y lis l’horreur, l’incompréhension, la désapprobation, la pitié, la condescendance ; jamais que j’ai le choix. Le corps médical ne me le laisse d’ailleurs pas vraiment, et considère que je vais forcément finir par changer d’avis, mais c’est un autre sujet (évoqué sur mon blog perso, si tu te sens d’aller trainer là-bas).

    Bref, faire un choix c’est bien… quand tu le peux. Mais même sous nos latitudes, ce n’est pas gagné.

    D’ailleurs, tu parles d’être l’homme au foyer dans ton couple, c’est bien, mais parlons de la différence de salaires entre les hommes et les femmes, et gageons qu’il est plus difficile pour une famille de vivre uniquement sur le salaire de madame que de monsieur, à boulot équivalent.

    En conclusion, le choix, c’est bien… mais de la théorie à la pratique, est-ce qu’on a vraiment toujours la possibilité de choisir ?

  11. Eclair dit :

    Nous ne sommes pas très éloignés, je dis simplement que je nuance la dimension sociale au profit de la dimension individuelle.

    Je ne nie pas le conditionnement social, je dis qu’il n’explique pas tout. Tu en es d’ailleurs la preuve vivante, non ? Tu as été capable de te rebeller devant cette image paternaliste. Pourquoi ? Parce que tu as été éduquée. Parce que tu en avais les moyens.

    Moi je n’oublie pas que ce qui a été la grande force de libération des femmes, c’est pas la diminution du machisme dans les foyers, c’est l’éducation des femmes.
    C’est d’ailleurs par ce biais que le tiers monde est en train de d’évoluer. Toutes les études montrent qu’une société évolue dès lors que la femme a accès à la connaissance. S’il y a bien un axe majeur de développement à favoriser dans le monde, c’est bien celui-là.
    Tout ce combat féministe, je le soutiens âprement et fermement. En revanche, je suis beaucoup plus sceptique sur ces discours datés et transposés à notre époque qui tendent à faire croire que nous ne sommes QUE le produit d’un conditionnement social. Avec l’exemple type de la fameuse Barbie.
    Le niveau d’éducation des femmes a drastiquement changé au cours du siècle dernier. De nos jours, l’accès à la connaissance est instantané (radio, télévision, internet, journaux etc..), les habitations sont ouvertes sur l’extérieur. Il y a un progrès sans précédent en matière de liberté pour les femmes.

    Je ne suis pas d’accord pour tout expliquer par le conditionnement intra-muros. Pourquoi nier l’individu et son libre-arbitre ?

    Je ne connais pas ton histoire familiale, alors désolé si mes propos suivants peuvent te sembler brusques ou maladroits, je ne sais pas comment dire les choses autrement. Mais qui te dit que ta sœur n’a pas choisi, elle ? Pourquoi croire qu’elle a simplement suivi la voie de sa mère ? Ne fais tu pas confiance en ses capacités de jugement ? Si elle a fait ce choix, je suppose que c’est pour être heureuse, et que les contraintes que tu soulignes sont largement contrebalancées par d’autres aspects de sa vie (je lui souhaite un homme qui rapporte de l’argent mais qui sait valoriser, reconnaître ces tâches « ingrates », et je leur souhaite, si c’est leur désir, d’avoir des enfants). C’est pour ça que je dis que chaque cas est particulier. Chaque personne adapte sa vie selon ses besoins.
    Est ce que l’on reproduit inconsciemment le modèle parental ? Bien sûr qu’il y a une part, je ne le nie pas (et je suis persuadé que la génétique aussi peut nous en apprendre à ce sujet). Mais un enfant vivant sous nos latitudes n’est pas un clone.
    Enfin en ce qui concerne la possibilité de choisir, là ça dépend de l’histoire personnelle de chacun. Il y a des histoires tragiques, bouleversantes, de femmes qui se retrouvent quand même cloitrées entre 4 murs, malgré leur niveau d’éducation. (Si j’osais, on pourrait parler de la Burqua mais on finirait jamais cette discussion, fort intéressante par ailleurs). Voilà pourquoi je n’aime pas les généralisations, les modèles sociaux qui veulent tout expliquer.

    On oppose pas à un modèle de répression primaire un modèle social primaire. Ça marche au début, mais après il ne faut jamais sous-estimer l’individu. (c’est d’ailleurs fort heureusement une tendance du management que de redonner à l’individu toute sa place).

    Voilà. Désolé d’en faire des tartines, mais je ne crois pas à la lobotomisation sociétale. Pas de nos jours en tous cas.

    Je crois beaucoup plus aux accidents de la vie, aux grossesses non désirées, à l’alcoolisme rampant, à la drogue, aux mauvaises rencontres, pour expliquer comment une fille peut se retrouver à son insu sous l’emprise d’un homme.

    C’est à la connaissance, à la santé publique de progresser. A nous aussi de progresser, de savoir reconnaître, valoriser son ou sa partenaire si on ne participe pas (ou pas assez) aux tâches ménagères.

    Concernant ton blog personnel, j’avais déjà fait un petit tour mais c’est pas évident de rentrer dans l’intimité d’une personne. Je suis trop pudique pour ça, tu m’excuseras. Mais selon les sujets, je te promets de répondre.

    Concernant ton non-désir d’enfant, c’est ton choix, et c’est à la société de l’accepter. Mais ce choix passe par le respect d’une éthique médicale. Le médecin doit s’assurer que tu ne changeras pas d’avis, c’est un acte définitif (si j’ai bien compris). Je ne suis pas là pour défendre les médecins, juste pour expliquer, hein (pas taper .

    Voilà. Désolé encore pour ce pavé. J’espère ne pas t’avoir brusqué, je sens parfaitement ton engagement, je le respecte. Toutes mes excuses si je t’ai laissé croire le contraire.

  12. ladyteruki dit :

    Brusquée, non, t’inquiète. Peut-être juste un peu attristée de n’être pas capable de faire comprendre ce que je connais et expérimente.

    En fait j’ai justement pris l’exemple de ma sœur parce que j’en ai discuté avec elle (a contrario d’exemples genre « la voisine de l’amie de ma cousine… »), et que sa réaction a été celle que j’ai longtemps eue, celle de l’évidence. Pour paraphraser :

    – Pourquoi vous vous installez ensemble ?

    – Bah, parce que c’est comme ça.

    – Est-ce que vous allez vous marier ?

    – Évidemment, c’est la suite logique, dans quelques années.

    – Vous voulez des enfants ?

    – Lui il en veut, mais pas pour tout de suite, donc dans quelques années.

    – Mais toi, tu en veux ?

    – Pas vraiment, mais bon.

    Je crois au contraire énormément à la « lobotomisation » sociétale et, pire encore, familiale, c’est un paramètre qu’on ne prend jamais assez en compte pour comprendre les choses étranges qui se passent tous les jours dans d’autres foyers.

    Quand il se produit un acte qui semble inconcevable (comme l’infanticide), on est par exemple prompt à juger en oubliant le contexte familial et social qui conduit une personne à penser que la conduite tenue était logique. La mère n’a pas de pulsion meurtrière (beaucoup de mère infanticides ont d’autres enfants qui se portent bien), elle a juste pensé que c’était le mieux. Comment expliquer qu’une personne qui est parfaitement fonctionnelle dans la société a eu la pensée qeu ce pouvait être « mieux » et « logique » de tuer un nouveau-né ? Parce que dans sa tête, certaines choses semblent inconcevables (placer le bébé pour le faire adopter par exemple). Ce n’est pas de la folie, c’est juste une barrière mentale qui n’est jamais tombée. Ça ne rend pas l’acte moins condamnable naturellement, mais ça l’explique.

    Quand une femme est victime de violences physiques ou verbales, elle est souvent « consentante à son corps défendant », dans le sens où on s’aperçoit souvent a posteriori qu’elle était conditionnée pour être attirée par quelqu’un de potentiellement dangereux pour elle, et/ou pour accepter un tel comportement au-delà des limites du raisonnable (une femme moins conditionnée ayant le réflexe sain de partir ou s’opposer). Elle ne va évidemment pas aimer ce qu’elle vit, mais elle sera étonnamment encline à trouver des raisons qui lui sembleront rationnelles de rester. Raisons qui prennent souvent leur source dans l’éducation.

    Comment s’en affranchir ? Pas simple, quand on a vécu en circuit fermé, comme c’est le cas dans beaucoup de familles excessives par exemple.

    Le modèle social n’est pas tout, mais il est incroyablement difficile à dépasser, c’est facile de prendre les exemples de ceux qui le dépassent, mais ce n’est pas la moyenne.

    Oui, je suis un exemple de personne qui arrive à dépasser ce que ma famille a tenter de m’instruire (un tri épuisant à faire au quotidien, en passant), tout comme il y a des exemples de gens sans diplôme qui atteignent un très haut niveau de salaire, mais est-ce que l’exemple crée la majorité ? Pas sûr, malheureusement. Combien de personnes seraient prêtes à passer par 10 années de leur vie à essayer de décortiquer chaque héritage familial, juste pour être certaines de penser librement pendant la décennie suivante ? Combien ont ne serait-ce que le réflexe de remettre cela en question ? D’après mes rencontres, pas tant que ça. Beaucoup de gens ne se posent pas tant de questions, et j’ai des amies qui ont eu la chance de grandir dans un contexte moins compliqué que le mien, ou il y avait une forme de choix entre deux ou trois possibilités au lieu d’une seule pour moi (mariage ou concubinage, par exemple) mais choix fermé et non ouvert quand même. Pour beaucoup de femmes, le couple se pose encore comme une évidence (cf. lectorat des magazines féminins), et non comme une option. Les enfants aussi. Le rôle au travail et dans la maison aussi.

    PS : quand un médecin te refuse un acte parce que tu _pourrais_ changer d’avis, l’éthique médicale est loin, on est dans le paternalisme le plus complet. Et, j’ajoute, dans l’illégalité, car un médecin refusant de pratiquer l’intervention a le devoir d’orienter la patiente vers un autre qui le ferait. Au lieu de ça, j’ai été adressée à des psys de tous poils qui ont eu le culot de me dire que ce n’était pas « normal ». Un mot normalement banni de leur vocabulaire… ça fait réfléchir.

  13. Eclair dit :

    Ne t’attriste pas, nous sommes d’accord. Tout ce que je dis c’est : attention à ne pas généraliser.

    Tous nos comportements ne sont pas forcément liés à l’influence de la société. D’ailleurs c’est bien au Tribunal de décider de la part de chaque chose.
    Tiens un exemple, il y a parmi la population générale presque 20 % de gens touchés par des pathologies mentales. (oui je sais ça choque toujours quand on dit ça mais au sens large ce chiffre est vrai). Le comportement humain n’est pas forcément lié au conditionnement sociétal. Tu penses qu’il est majoritairement conditionné, moi je pense que non, mais ça n’enlève rien à la justesse de tes arguments.

    Enfin, concernant l’attitude du médecin, pour avoir étudié et enseigné l’éthique sociale vs médicale, je peux t’assurer qu’il n’y a rien de paternaliste dans ce qu’on t’a proposé. Il en va du devoir du médecin de te proposer cela. Que tu ressentes cela comme du paternalisme, c’est autre chose. Et tu en as tout à fait le droit. Je comprends ta réaction. J’explique juste le comportement du médecin.
    En ce qui concerne l’illégalité, le médecin n’est à ma connaissance (faut que je me souvienne de mes cours de droit médical) pas tenu de t’orienter ailleurs, quand il est prodigué ce n’est que du conseil. En France tu as le libre choix du médecin, tu peux aller où tu veux.

    Enfin tu as raison d’être en colère contre le discours des psy(chiatres ?), c’est effectivement très peu professionnel.

    Encore une fois j’essaye de nuancer tes propos, ne m’en veux pas, c’est pas pour m’opposer à toi, je t’apprécie beaucoup par ailleurs.

  14. ladyteruki dit :

    Pour avoir fait les recherches qui s’imposent, je t’assure que le médecin est d’une part, s’il accepte de m’opérer, tenu de me donner un délai de réflexion de 4 mois (je te rejoins : c’est normal), et d’autre part, s’il ne veut pas m’opérer, de me donner l’adresse d’un autre qui le fera. Le libre-choix du médecin ne sous-entendant pas qu’il faille faire tout le bottin français pour trouver celui qui accepte de pratiquer l’opération à une femme de moins de 40 ans et sans enfant (puisque logiquement, c’est pour aux femmes ayant des enfants et/ou 40 ans et plus qu’il est le plus souvent considéré acceptable de pratiquer la ligature ; on notera qu’en tant que moyen de stérilisation, la nature a alors souvent devancé la médecine).

    Comme toujours, le téléphage et médecin Winckler est là pour tous nous sauver (texte de loi à l’appui) : http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=830

    Désolée, c’est un sujet sensible pour moi depuis… ah, j’aimerais que ce soit comme avec les séries et que je puisse parler en semaines.

  15. Eclair dit :

    Bon on s’éloigne complètement du sujet, là, j’espère que ça ne dérange pas.

    Déjà, l’article date de 2008. Il a coulé de l’eau sous les ponts depuis (notamment en matière de coordination des soins avec depuis 2009 le dossier médical personnel et non plus personnalisé) mais fort heureusement les principes sont les mêmes.

    Comme je l’ai dit, mes souvenirs de droit médical étaient un peu vagues. Mais Martin Winkler s’il a raison pour les dispositifs légaux concernant la stérilisation (‘est son domaine), il s’est quelque peu emporté sur l’interprétation du code de déontologie médicale (je cite : « il doit indiquer au patient un confrère prêt à le faire », le tout en s’appuaynt sur un article du code de déontologie qui ne veut pas du tout dire cela). Ce qui m’avait fait tilter c’était cette obligation de diriger vers un praticien qui fait l’acte.

    Pardon pour mes mots, mais c’est aberrant en théorie (mais bon en droit, il y a souvent des aberrations, comme l’inclusion du principe de précaution dans la constitution, mais c’est un autre débat). Il suffit pour cela d’ y réfléchir un peu. Il se peut très bien que le médecin ne connaisse pas d’autres médecins qui pratiquent l’acte. On ne peut reprocher à un médecin de ne pouvoir envoyer son patient vers le « bon » spécialiste. En revanche, on peut lui reprocher de s’opposer au transfert d’information, en clair, à la liberté de choix du praticien. Tu as le droit de changer de médecin, et de réclamer le transfert de tes informations médicales au médecin que TU auras choisi.

    Et c’est là que le code de santé publique parle de :

    « S’il se dégage de sa mission, il doit alors en avertir le patient et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la poursuite des soins. » (en fait c’est plus particulièrement le code de déontologie médicale).

    C’est tout simplement la transmission du dossier médical dans le cadre de la continuité des soins. D’où l’intérêt sans cesse rappelé depuis les ordonnances de 96 du fameux « gate-keeper », et surtout l’arrivée du fameux dossier médical personnel qui devrait permettre lorsque le dispositif sera effectif une vraie avancée dans la coordination des soins.

    Ce qui n’est pas du tout pareil à l’interprétation donnée plus haut (et somme toute, logique)!

    Pour en être certain, j’ai revu une fois encore le code de santé publique sur Legifrance.

    Le médecin doit faciliter l’exercice du choix libre du praticien (article 6 du code de déontologie), en clair, ne pas faire obstacle à la volonté du patient d’aller voir ailleurs.

    Mais il n’est pas fait mention d’un devoir du médecin d’orienter spécifiquement le patient vers le spécialiste qui réponde à ses besoins.
    Ca c’est une activité de conseil.

    Je n’ose imaginer le nombre de procès si c’était obligatoire.

    Mais allons encore plus loin et examinons les relations entre médecins dans le cadre d’investigations secondaires. L’article 60 du code déontologie dit :

    « Le médecin doit proposer la consultation d’un confrère dès que les circonstances l’exigent ou accepter celle qui est demandée par le malade ou son entourage.

    Il doit respecter le choix du malade et, sauf objection sérieuse, l’adresser ou faire appel à tout consultant en situation régulière d’exercice.

    S’il ne croit pas devoir donner son agrément au choix du malade, il peut se récuser. Il peut aussi conseiller de recourir à un autre consultant, comme il doit le faire à défaut de choix exprimé par le malade.

    A l’issue de la consultation, le consultant informe par écrit le médecin traitant de ses constatations, conclusions et éventuelles prescriptions en en avisant le patient. »
    Autrement dit, il doit faire appel à un consultant (en aucun cas au « spécialiste qui accepte de faire l’acte »). C’est encore une fois, dans le cadre des relations confraternelles, une demande de conseil, d’éclairage par un autre professionnel. Ce qui dans ton cas a été fait (on t’a envoyé en psy-chiatrie, je suppose (donc médecin, ni psychologue ni psychanalyste).

    Et encore une fois, le médecin est tenu d’accepter le fait que veuilles avoir un autre avis, et ne doit pas t’empêcher d’aller ailleurs. C’est toujours et encore la liberté de choix du praticien, grand principe qui guide la déontologie.

    Encore une fois je suis pas juriste mais j’ai étudié le droit médical, la déontologie et l’éthique sociale, tant du côté des professionnels de santé que des directeurs d’établissement, donc j’ai quelques notions

    Ca n’enlève rien à la justesse de ta réaction, et ton histoire (et celle de Martin Winkler) prouve qu’il y a du progrès à faire en France pour qu’on puisse aider des jeunes femmes comme toi.
    J’ignore comment ça avance de ton côté mais j’espère pour toi que tu as trouvé une solution.

    Ce qui est grave, en fait, c’est comme le souligne Martin Winkler, que les médecins ne sont pas formés à ce genre d’opérations.

    Voilà, désolé pour le HS.

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