Le crime ne paye pas assez

2 octobre 2010 à 13:13

De Vegas, on pensait tout connaître. Est-ce que ça ne fait pas 10 ans que Bruckheimer squatte les lieux ? Pourtant, la cité du vice a toujours une espèce de lustre glamour à la télévision, que pas une série portant son nom n’a su entacher pendant cette dernière décennie.
C’est peut-être en passe de changer avec The Defenders. A la vue de son seul pilote, je n’en suis pas certaine, mais c’est en tous cas une option pour la série. A l’inverse de The Whole Truth qui cherche visiblement à combler le vide laissé par Law & Order (mais sans donner le mal d’en avoir la qualité, comme ça nous l’a fait avec les séries médicales qui ont cru pouvoir remplacer Urgences sans se fouler), The Defenders a décidé d’avoir son propre ton, son univers bien à elle, et tant pis si ça ne fait pas très sérieux de prime abord.

Les premières minutes du pilote œuvrent précisément dans ce but : placer l’ambiance de joyeuse déconnade virile entre nos deux avocats, interprétés par un O’Connell fidèle à lui-même, et un Belushi encore étonnamment en forme. Ils forment un duo qui fonctionne bien, et ne donne pas l’impression d’être là par simple volonté des scénaristes, avec une excellente alchimie. C’est primordial : la série joue plus sur leurs échanges qu’autre chose.

Avec leurs noms pas très sex, leurs tronches d’avocats de seconde zone qui dorment dans leur costard et/ou s’habillent de façon ringarde, ils ressemblent plus à des vendeurs de voiture qu’autre chose. Et ça me plaît. Car pour autant que j’adore les avocats de télévision, il faut quand même admettre que ceux-ci semblent le plus souvent être des personnages raffinés, représentant souvent une certaine élite, alors qu’on sait tous qu’aux USA il y a des pubs à la télé pour des avocats à 10$ de l’heure qui vous proposent d’attaquer en justice le fast food qui vous a servi un café trop chaud. Ces avocats-là, bizarrement, la télévision passe la majeure partie de son temps à faire semblant de ne pas les voir, ou les traite avec mépris quand un de nos valeureux soldats de la Justice se trouve confronté à eux. C’est dommage de fermer une porte sur tout un univers ! Le pilote de The Defenders montre justement le tandem inaugurant un panneau publicitaire dans cet esprit, et ce côté miteux/crapuleux n’a que plus de saveur à Las Vegas, une ville en toc où même l’oxygène est artificiel ! On imagine déjà les affaires « typiques » (sinon pourquoi situer la série précisément ici ?) qu’ils pourraient avoir à traiter ; gain de cause me sera donné furtivement quand le panneau amènera des clients aux cas tous les plus savoureux les uns que les autres.
Ce sont ces affaires-là que j’ai envie de suivre. Pour les crimes « normaux », il y a déjà plein d’autres séries judiciaires, après tout.

A ce stade, et bien que certaines petites choses m’agacent légèrement, je dois bien avouer que ma curiosité a été piquée. Le meilleur reste toutefois à venir.
Je vous l’ai dit : l’impératif d’une série judiciaire, c’est d’être intelligente, quelle que soit la façon qu’elle choisisse de l’être. The Defenders y parvient en proposant une série où les avocats obtiennent gain de cause… sans avoir recours à des arguments légaux. Ou si peu. Bluff, effets de manche et coups tordus sont au programme (et si ça implique de se taper une procureur dotée de lèvres de cauchemar, qu’il en soit ainsi). Sur ce plan, c’est vraiment Belushi qui est le roi (il a été à bonne école), et il a toute latitude pour cabotiner à mort, ce qui est juste parfait.

The Defenders est un divertissement futé et taquin sur le côté poisseux du métier d’avocat, et le pilote en est à un stade où, en tous cas, ça peut devenir franchement jouissif pourvu de lâcher la bride. Exit le glamour, exit les visages graves, exit le decorum : ce duo de rascals emprunte aux classiques des buddy series pour nous parler de quelque chose de tout aussi vrai que ne le ferait une série plus sérieuse, mais sur un mode nouveau. Ça fait du bien, non ?

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Nephthys dit :

    Ca donne envie, oui rien que pour revoir O’Connell !

  2. fulgent dit :

    ces 2 là me font peur euh pas vraiment

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