Volte-face

2 novembre 2010 à 16:35

Un nouveau look pour une nouvelle vie : si FACE MAKER passait sur M6, je vois bien ce titre. J’ai bien dit « si ». Oh, ça va hein.
Car plus qu’une intrigue sur la chirurgie esthétique, ou même sur son chirurgien, FACE MAKER est avant tout une série qui s’intéresse aux conséquences de l’apparence en général.

En dépit de son titre, FACE MAKER ne s’intéresse (en tous cas au stade du pilote) que modérément à son personnage central, l’énigmatique chirurgien, le Docteur Kirishima, le fameux face maker. Et si ce n’était le générique, d’ailleurs, on n’en saurait quasiment rien (du coup c’est même limite dommage de raconter l’histoire du personnage si c’est pour ne le faire que dans le générique), de ce bon Docteur Moreau.
C’est en fait pas si mal car le héros, ce n’est pas lui : il n’est que le moyen. Celui qui, par son étrange don d’échanger les visages, fournit les éléments qui donneront vie à l’intrigue. D’une certaine façon, l’opération de chirurgie qu’il pratique, et qui consiste à prendre le visage de quelqu’un pour donner celui de quelqu’un d’autre, est presque une figure de style, une métaphore qui permet de lancer des postulats à étudier. Ce qui intéresse FACE MAKER, ce n’est pas le thriller, c’est de jouer avec une idée.

Le premier épisode est donc dédié à une jeune femme pas forcément gracieuse mais follement éprise d’un petit enfoiré qui la traite comme une sous-merde et la rejette. Décidée à tout changer pour lui, elle tente donc de se faire opérer pour changer totalement de visage, mais voilà, problème : personne n’accepte, car la chirurgie esthétique a des limites éthiques. Jusqu’à ce que l’assistante du chirurgien Kirishima l’aiguille vers le laboratoire secret de celui-ci, où elle pourra littéralement trouver un nouveau visage (parmi un choix de plusieurs dizaines…). Et le plus fort, c’est que ça ne lui coûtera rien : tout ce qu’elle a besoin de faire en échange, c’est faire don de son ancien visage. Belle opération, si je puis m’exprimer ainsi.

Passe un mois, la cicatrisation s’est faite et la jeune fille peut se lancer dans la vie avec son nouveau visage, sous le nom de Reimi. Et c’est là que FACE MAKER dévoile ses intentions, avec un long passage pendant lequel notre héroïne découvre ce que c’est que d’être jolie. Il y a une véritable (re)découverte du regard de l’autre dans ces petites scènes, avec une jeune femme terrifiée que les gens voient qu’elle a été opérée, ou complètement incapable de réaliser que les autres la voient comme jolie, alors que le monde entier semble lui faire des courbettes. L’univers a l’air d’être à ses pieds alors qu’elle était jusque là invisible. Le contraste entre le regard qu’elle porte sur elle-même et le regard que les autres portent sur elle sous sa nouvelle apparence fonctionne du tonnerre, on a la sensation d’être dans sa tête (dans laquelle rien n’a changé, après tout). C’est légèrement exagéré mais parfaitement efficace.
Car ce nouveau pouvoir qu’elle se découvre, qui lui permet d’avoir une grande emprise notamment sur les hommes, va lui faire perdre la tête. Alors qu’au départ elle pensait se rapprocher du jeune homme dont elle était éprise pour se faire aimer de lui, la voilà qui commence à réaliser qu’elle peut faire plus : elle peut se venger du mal qu’il lui a fait lorsqu’il l’a rejetée.

C’est là qu’intervient l’intrigue financière de l’épisode, pendant laquelle on en découvre de plus en plus sur le type en question. Ce n’est pas vraiment un enfoiré, c’est simplement un faible rongé par l’envie de briller. Finalement il n’est pas différent d’elle, il cherche à se faire passer pour ce qu’il n’est pas : son signe extérieur de réussite à elle, c’est la beauté, son signe extérieur de réussite à lui, c’est la grande vie. Pour cela, il raquette de l’argent aux femmes paumées de son entourage, joue, etc… Il s’engage dans une relation avec cette inconnue, Reimi, et comme elle est belle, il devient fou d’elle et veut lui offrir le meilleur, c’est-à-dire le plus cher, chose dont Reimi, soudain aveuglée par le désir de vengeance, se nourrit.

Je ne vous raconte pas la fin mais au bout du compte, FACE MAKER est plus une fable sur les apparences et leur influence néfaste sur nous, qu’un conte fantastique sur des visages qu’on peut échanger. Les éléments empruntés au thriller fantastiques ne sont que des outils pour dépeindre des portraits de personnages qui, ironiquement, s’enlaidissent plus qu’autre chose. Et les dernières minutes du pilote ont de quoi surprendre, avec un twist parfaitement maitrisé (loin des retournements de situation qu’on voit parfois arriver à des kilomètres) et l’absence de morale de la part du chirurgien, qui a donné une bonne leçon mais ne se sent pas obligé d’en faire des tonnes.

Ce n’est pas forcément pour les raisons qu’on imaginait au départ, mais FACE MAKER est absolument saisissant. Sa réalisation légèrement convenue est largement compensée par son très bon scénario et son propos sévère sur la déliquescence d’une société qui se résume aux apparences. Par rapport à son pitch, la série a, elle aussi, fait volte-face… pour mon plus grand bonheur. Voilà donc l’une des séries que je vais suivre cette saison !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Mosca dit :

    Ouf!

    Ah bah tu me rassures étant donné que c’est l’un des dramas que je tenais absolument à voir en cette nouvelle saison japonaise ^^ Contente de voir que les scénarites ont su tirer profit des éléments qu’ils détenaient entre leurs mains (^0^)/ Vivement que je le vois !!! *___*

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