Un peu de distinction, merde !

9 janvier 2011 à 21:20

De ma grand’mère, j’ai hérité pas mal de choses. L’une d’entre elles est que j’ai horreur de la vulgarité. Bon, je ne dis pas, il m’arrive souvent de jurer alors qu’elle non (question de génération, aussi), mais les comportements vulgaires m’inspirent le même haut-le-cœur en tous cas (parce que très franchement, qu’est-ce qu’un petit « bordel de merde », ce ne sont que des mots, c’est autre chose que de se diminuer au vu et au su de tous). Je ne comprends simplement pas qu’on n’ait pas un minimum de maintien. Alors évidemment, je ne suis pas pour le retour du corset, il faut savoir vivre aussi, mais est-ce une raison pour se comporter comme le dernier des rustres ou la pire des prostiputes ? Non. La réponse est simplement non. Il y a des limites, et c’est le bon goût qui en décide, pas le moment où un flic va vous coffrer pour comportement obscène, ivresse sur la voie publique, ou plus probablement les deux.
Ça s’exprime par exemple par les fringues, en général symptomatiques de toute une absence de bon goût généralisée. Exemple : chérie, si tu veux porter une jupe et que tu sais pas tenir les cuisses fermées, opte pour quelques centimètres de tissus en plus, sinon t’as juste la chatte qui sourit à toute la planète. Un peu de tenue, bon sang !

En matière de télévision, c’est la même chose. Je ne comprends pas qu’on regarde des choses vulgaires, parce qu’il y a une sorte de double humiliation : d’une part les gens qui osent tourner des choses d’une vulgarité sans nom, comme dans une sorte de concours à celui qui s’abaissera au plus près du sol, et d’autre part les gens qui regardent ce truc, souvent semaine après semaine, parce que tu comprends, c’est drôle. Non ce n’est pas drôle, c’est vulgaire. Admets que tu regardes un truc absolument vulgaire et je serai déjà beaucoup moins fâchée. Rien ne m’énerve plus que les gens qui brandissent l’excuse du guilty pleasure pour se trépaner volontairement et faire croire qu’ils ont du recul. Pitié, va jouer du pipeau plus loin, tu veux ?

Bon alors, vous l’aurez compris, pour une fois il ne sera pas tant question ici de séries (encore que ça arrive) que de télé réalité. On en parle une fois et on n’y revient plus, juré.

Observant que les audiences déchiraient leur race, j’ai fini par me dire que j’allais quand même regarder ce qu’était ce Jersey Shore dont j’entendais parler depuis si longtemps. A ma grande surprise, j’ai appris que non seulement on en était à la 3e saison en 13 mois (WTF ?!), mais en plus il existe des DVD de ce truc-là. Cagoulant donc le premier épisode (« épisode », bon… « déjection » serait plus approprié), je me dis que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, et qu’au pire je vais avoir rigolé.
Je suis désolée, même en tentant de m’y intéresser, même en me forçant à aller au bout de l’épisodéjection, ya pas un moment où j’ai trouvé ça drôle. Ni de près ni de loin. C’est juste vulgaire et navrant.
Bon, je suis de la vieille école, désolée. J’arrive pas à m’amuser juste parce que des gens ont décider de se rabaisser devant une caméra.

Et pourtant je suis bien obligée d’admettre que ça me fascine, en un sens. Pas qu’une poignée de jeunes en chaleur et obsédés par leur look passent le plus clair de leur été à boire et tenter de choper (sinon à quoi serviraient les étés ?!), mais qu’ils n’aient aucun problème avec l’idée de se montrer devant une caméra dans un tel état de sous-merde. La gnomette Snooki par exemple, c’est proprement (enfin justement non) hallucinant, ça se bourre la gueule dix minutes après être arrivée, ça flirte avec tout ce qui bouge, et tout ça sans même se dire « oh mais tiens, c’est filmé pour M-fucking-TV, des millions de gens vont me voir, ptet que je pourrais tenter d’y aller mollo ». Je sais pas, moi ça ferait tilt quand même, de me dire que, bon, si j’ai envie d’avoir la moule qui s’agrippe à tous les rochers venus, ça me regarde, c’est mon cul et j’en fais ce que je veux, mais ptet que le monde entier est pas obligé de compter le nombre de MST que je chope à chaque épisodéjection, quand même.
Je suis certainement coincée, ça doit être ça.
Donc ça me fascine, quand même, un tel étalage de vulgarité. Il n’y a plus de retenue. Il n’y a plus de limite. Et des millions de personnes suivent ça pendant des semaines et des semaines. Mais les gars, si vous savez pas quoi faire de votre cerveau, on vous interdit pas d’en faire don à la science, quoi.

Ça me fascine, mais ça me fait aussi enrager. Bordel, on essaye de tirer les gens vers le haut, de leur montrer des trucs et des machins, et de leur donner les outils pour aller un peu plus loin télévisuellement (…pour commencer), et les mecs de Jersey Shore se pointent et chient partout ! Mais qu’ils se niquent tous les uns les autres, je m’en fous dans le fond, ils n’ont pas attendus d’être filmés pour ça de toute façon, et je soupçonne qu’ils soient tellement torchés qu’ils ne s’aperçoivent bien vite même plus de la présence des caméras (l’explication est ptet à aller chercher par là, d’ailleurs). Mais on n’a pas besoin de lobotomiser les masses, qui de vous à moi n’ont pas vraiment besoin de ça vu qu’elles ont déjà des télé réalités moins vulgaires mais guère plus intelligentes à leur disposition, semaine après semaine.

Alors ok, c’est génial, on voit des jeunes se murger et niquer. J’en suis ravie. Mais qu’on ne vienne pas me raconter que c’est drôle, c’est pathétique. Que des jeunes vivent dans un état légumineux sur le plan intellectuel et n’aient rien d’autre en tête que d’aller se biturer tous les soirs pour lever d’autres gogos de leur espèce, c’est déjà assez parlant sur l’état de notre société, mais si en plus on se met à les filmer pour que d’autres les regardent faire en se tapant sur les cuisses et commencent à penser que c’est ça, s’amuser, alors là franchement on est dans l’urgence d’une guerre nucléaire fissa.

Quand on voit ce qu’on voit, et qu’on entend ce qu’on entend, on se dit qu’on aurait bien envie d’aller se pinter la gueule. Voyez, c’est comme ça que ça commence.

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3 commentaires

  1. choufy dit :

    En même temps…

    A en juger par la photo, on les dirait tout droit sorti du journal du hard donc bon… Télé-réalité, porno grand public ?

  2. ladyteruki dit :

    Le porno n’est pas systématiquement vulgaire. Jersey Shore, si (et sans montrer la plupart des scènes de cul, pourtant).

  3. choufy dit :

    Good point.

    Mon commentaire semble faire le raccourci cul = vulgarité ce qui n’était pas mon intention ^^.

    Tout d’abord, il faut peut-être précisé que je ne connaissais rien de Jersey Shore avant de lire ton article.

    Maintenant, concernant cette photo donc, elle est loin de me crier : Au Bon Goût ! Elle est clairement aguicheuse. Après, c’est du What You Get Is What You See en somme.

    J’ai longtemps considéré la télé-réalité comme ma kryptonite télévisuelle sûrement à cause de cette absence de limite justement.Jusqu’où les participants doivent-ils aller pour que le public continue à les regarder ? Est-il même possible de mettre une ligne de démarcation claire qui empêcherait le basculement dans l’humiliation ? Je m’interroge…

    p.s : ah et je n’ai même pas pris la peine de commencer par te saluer du coup alors qu’il s’agit de mon tout premier commentaire par ici. Bonjour! (rires) Je suis arrivée sur ton blog en cherchant des infos sur Sin Tetas No Hay Paraiso et j’ai été séduite par le ton de ton écriture ^^.

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