Used to be everything you want

14 mai 2011 à 0:15

Chaque année c’est le même cirque. Le même sentiment d’invincibilité. Chaque année on se dit qu’on s’en fiche. Ou au moins, qu’on s’y intéresse un peu moins. Chaque année il y a eu tellement de découvertes qu’on se dit que ce n’est plus pareil, ce n’est plus comme à l’époque où on regardait trois ou quatre séries, toutes à la télévision, et que les annulations faisaient tout. Non, aujourd’hui on a plus de choix, on a découvert des sources intarissables de nouveautés, et on espère que la loi du nombre va relativiser tout ça.
Chaque année, les premières annulations tombent et on hausse les épaules.

Et chaque année on tombe des nues quand tout d’un coup, on découvre qu’on n’était pas immunisé contre la déception.


Cette saison, contre toute attente, a vraiment été celle des comédies pour moi. L’automne a été marqué par trois comédies que j’ai suivies amoureusement chaque semaine, du moins quand elles nous faisaient l’honneur d’être diffusées régulièrement. Pour moi qui ai toujours préféré les drames et les dramédies, c’était nouveau. Mais j’avais trouvé trois séries, à la rentrée, qui m’avaient vraiment plu, pour différentes raisons pourtant.

Il y avait Raising Hope. C’était décalé, et en même temps ça me plaisait de voir une famille aussi chouette à la télévision. Raising Hope a été renouvelée il y a un bail déjà ; pour cette raison, ce post ne lui sera pas consacré, bien que ça n’enlève rien à son mérite.

Il y avait Better With You. Avec un cast épatant à l’alchimie palpable, le sitcom était peut-être traditionnel à bien des égards mais il fonctionnait parfaitement. Et en tant que nostalgique de Committed, c’était vraiment un plaisir de chaque instant de voir la radieuse Jennifer Finnigan retrouver son comparse Josh Cooke et reformer l’un des duos les plus doux-dingues de la décennie, avec la joie supplémentaire de voir JoAnna Garcia se joindre à la fête, et Debra Jo Rupp, l’une des valeurs sûres de la comédie américaine, venir rajouter son énergie à tout cela. Qu’importaient les gags parfois convenus, les éternelles comparaisons entre les trois couples, et l’absence presque totale de character development. Better With You faisait tout simplement chaud au coeur parce qu’on s’y sentait sincèrement en famille, vraiment.

Et puis il y avait Outsourced. L’une des comédies les plus barrées de ces dernières années, et pourtant dotée d’une humilité rare, et capable de capturer ce que peu de séries savent effleurer : une joie sincère de divertir. J’ai rarement vu un cast se donner autant de plaisir à nous faire plaisir, à faire les dingues sans se prendre la tête, pour le plaisir d’être là. Je me repasse souvent la scène du cirage du couloir, parce que pour moi elle cristallise vraiment la bonne humeur pure et joviale qui ressort de cette série. Outsourced n’était pas de celles qui gagnent des Emmies à la pelle, mais elle avait un don exceptionnel, celui d’être honnête sur ses objectifs comme elle pouvait l’être sur son sujet, la différence culturelle. J’ai ressenti devant Outsourced une joie des plus sincères, que la plupart des comédies, conditionnées par des décennies d’expérience dans le rire préfabriqué, ne peuvent fournir (et Better With You que j’ai pourtant aimée en faisait partie, qui comme tant de séries humoristiques de ces dernières années n’a jamais su dépasser son cahier des charges). Dans Outsourced, je (re)trouvais le plaisir de rire des choses simples, l’envie de simplement profiter de la vie comme de grands enfants, la volonté de rire autour de sujets qui dans d’autres contexte crispent. J’ai eu l’impression d’assister pour la première fois à une comédie américaine capable de recréer l’innocence qu’on trouve dans tant de séries orientales, comme si elle avait pu s’affranchir totalement des codes blasés de la comédie qu’on a si souvent vus, et qu’on verra encore. Je ne m’intéressais pas aux axes romantiques, mais je dois aussi reconnaître qu’en plus, la série avait un don assez exceptionnel pour nous rappeler certaines comédies romantiques asiatiques. C’était simple, et pourtant la série offrait beaucoup, dans des performances individuelles et de groupe souvent ébouriffantes de rythme et d’énergie, où le seul acteur un peu moins drôle que les autres finissait toujours par être emporté par le tourbillon pour donner de bonnes scènes.

Je me suis fait deux mini-intégrales d’Outsourced en cours de saison, une pendant la trève hivernale et l’autre fin mars, et j’en aurais dévoré encore pendant de nombreuses autres saisons avec le plus grand plaisir.


Mais ce ne sera pas possible. Et je suis fâchée, peut-être même vraiment en colère, et j’ai envie de tout plaquer et je me demande ce que je vais bien pouvoir regarder à la télévision l’an prochain, et soyons honnêtes, c’est comme ça depuis quelques années, la plupart des séries que j’aime ne durent qu’une ou deux saisons, et chaque année il y a cette sensation de tout recommencer, en sachant qu’on en est encore à faire le deuil de séries qu’on a sincèrement aimées, mais qu’il faut essayer de donner une chance équitable aux nouveautés.

On croit qu’on va être stoïque. Et puis on se met à verser une petite larme et on admet qu’une fois de plus, on n’est rien d’autre qu’une petite fille à qui on vient de crever le ballon de baudruche.

Mais vous savez quoi ? Dans quelques mois, il en viendra d’autres, et quoi que j’en dise ce soir sous le coup de la déception, je finirai par trouver une autre série qui me tienne pendant toute une saison, et je serai encore triste quand elle sera annulée. C’est idiot, hein. Mais on continue. Parce que si on ne voulait pas aussi prendre ce risque de s’attacher en dépit des annulations… on serait des cinéphiles, je suppose ? Et puis, peut-être aussi qu’on le cherche un peu, ce sentiment désolant de vide quand viennent les annulations ; ça nous permet de vérifier qu’on s’était attachés.

Alors, je vais finir ce post comme certains épisodes se finissent.

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3 commentaires

  1. Eclair dit :

    Merci pour ton article.

    J’espère que ce seront les dernières mauvaises nouvelles, mon pauvre cœur ne pourra pas beaucoup plus en supporter…

  2. jonath666 dit :

    Moi je n’ai accroché à aucune de ces 2 sitcoms .

    Je n’ai du voir que les 2 premiers épisodes de chaque mais je n’aimais pas les persos et je n’accrochais pas à l’humour.

    Mais bon le peu que j’en ai vu c’était quand même meilleur que #HIMYM qu’on va encore devoir se taper 2 ans et qui elle pour le coup aurait mérité une belle annulation !

  3. Mic dit :

    Entierement d’accord!

    Des séries me manquent encore bien qu’elles soient annulées depuis longtemps!

    Je pense à My name is Earl. Annulé car elle ne correspondait pas à l’image de la chaîne et non pour faute d’audience!

    Faut s’y faire, on sera toujours déçu en apprenant l’annulation de nos séries préférées.

    Allez un petit cierge aussi pour The It Crowd.

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