[#Ozmarathon] 3×08, something to look forward to

20 janvier 2012 à 23:56

Pendant cette nouvelle saison, notre Ozmarathon nous aura pas mal baladés. Des intrigues dont l’intérêt était parfois difficile à cerner s’intercalaient avec d’autres à vocation plus mythologique, sans qu’on s’aperçoive de l’importance de ces dernières. L’heure est donc au bilan avec cet épisode qui sert, en fin de compte, plutôt de trailer pour la 4e saison.

Eh oui, ça n’a rien de choquant : vu que la plupart des intrigues ont trouvé une conclusion (ou conclusion partielle) dans l’épisode précédent, ce n’est pas vraiment une grande surprise, mais ce final apporte une sorte de prolongation à la saison en vue de préparer la suivante. Et finalement c’est une idée qui, si elle est peut-être un peu déstabilisante sur le plan de la structure globale de la saison, a au moins le mérite de fournir une conclusion à ce cycle qui soit dénuée de toute scorie inutile. La conclusion n’est donc pas spectaculaire, mais elle est réussie.

Alvarez donne le top départ ; pour lui qu’on a si souvent vu être réduit au statut de victime, le voilà qui prend résolument son Destin en main. Et grâce à son évolution tout au long de la saison, il a désormais tout les éléments en main pour prendre sa décision finale, la plus tragique mais aussi la plus responsable. Miguel, on l’a dit, on l’a répété, est un jeune homme intelligent, de cette intelligence instinctive qui lui permet de sentir bien des choses qui échappent à d’autres, mais le sort s’acharne contre lui. Cette intelligence aigüe, il l’aura donc utilisée pour surmonter sa grande angoisse de la solitude et de la folie, pour confronter ses actes passés, et finalement, pour dompter jusqu’au dernier de ses démons. Adieu le Miguel Alvarez qui pleure et qui supplie et qui ne sait pas quoi faire, et du coup s’enfonce toujours plus loin dans la spirale. Face à Sister Peter Marie, il est calme, lucide, ferme. Et du coup, il choisit l’enfermement en toute connaissance de cause et c’est magnifique. Bien-sûr, la solitude de l’isolement aura, passé cette décision, des effets sur son mental, et c’est normal. Mais Miguel, pour la première fois, n’est plus victime, et c’est vraiment magnifique. Il aura sublimement évolué, et nous offre de magnifiques perspectives.

Une autre évolution, plus secrète, plus intime, est celle de Beecher. On a beau savoir que Chris Keller peut se montrer, à bien des égards, dangereux pour lui, il nous est absolument impossible de ne pas apprécier le tour que prend la ballade de Beecher et Keller quand ceux-ci finissent, après une saison entière de chassés-croisés, par consommer leur amour.
Il a beau arborer aujourd’hui la même coupe, il a beau avoir l’air incroyablement calme et même inoffensif, Beecher est un homme bien différent de celui qui est entré à Oswald voici 4 ans. Là encore, c’est une belle évolution, et elle s’est faite en douceur, en bonne intelligence avec les vraies problématiques (loin des problèmes posés la saison précédente par Schillinger), et au final, on a quelque chose d’incroyablement nouveau et porteur d’intrigues incroyables : une relation amoureuse sincère au sein d’Em City.

Nous avions rencontré Shirley Bellinger et avions été frappés par sa maîtrise d’elle-même et des autres, sa capacité à être à la fois d’une honnêteté désarmante et à se révéler être une manipulatrice trouble. Là voilà pourtant, ébranlée par son insuccès en appel, la disparition de Richie Hanlon et, probablement, sa liaison en prison (on tombe franchement des nues lorsqu’on apprend, dans l’épisode précédent, qu’elle est enceinte), qui rompt l’impressionnante digue derrière laquelle elle se protègeait si bien. Elle finit par déballer des aveux qui nous laissent pantelants. Shirley Bellinger aura passé tout son temps à nous faire nous demander si elle est extrêmement intelligente, ou extrêmement folle, et je vous avoue que même après son incroyable confession à Sister Pete, je suis toujours incapable de trancher sur la question, même avec de nouveaux éléments pourtant assez parlants. Et même si sa prédiction a de quoi faire lever les yeux au ciel en cette veille de nouveau millénaire, on est tellement fascinés par Bellinger depuis le début qu’on est convaincus qu’elle n’a pas tout-à-fait tort : sa prophécie, en cette veille de nouveau millénaire, semble peut-être tirée par les cheveux, mais quand on voit le reste de ce qui se passe à Oswald, on ne doute pas tout-à-fait qu’elle ait raison. Tu vas nous manquer, Shirley…

Car la saison 3 a été celle d’Adebisi, et celle de Kareem Saïd, chacun à sa façon. L’un est devenu un démoniaque conspirateur, remuant les pires fantasmes de vengeance parmi ceux qui partagent ses origines, tandis que l’autre s’est, en abandonnant ses rêves de grandeur, lentement converti en saint malgré lui. Le combat du Bien contre le Mal a, dans ces conditions, une issue bien prévisible. Adebisi a appris avec les meilleurs (n’a-t-il pas pendant si longtemps été la main qui exécutait les plans tordus de Ryan O’Riley ?) et aujourd’hui, il sait manipuler qui bon lui semble pour arriver à ses fins. Il a désormais pris le pouvoir à Em City et c’est criant. Sauf que, trois ans plus tôt, quand Kareem Saïd était décidé à renverser le pouvoir en place, il le faisait avec un semblant de conscience, chose qui est totalement absente de l’esprit machiavélique et obsessif d’Adebisi. Outre la référence explicite de Kareem à l’émeute lors d’une discussion avec Beecher, un autre élément nous renvoie d’ailleurs à cette période tragique de l’histoire d’Em City : le fait qu’à la fin de l’épisode, Adebisi est en possession d’une arme à feu, qui n’est pas sans rappeler que Saïd lui aussi était le seul à être armé pendant l’émeute. Cela n’augure de rien de bon.
Pendant ce temps, ce même Saïd, après être passé par une période de déchéance, puis de mise au ban, et enfin de retrait volontaire, a retrouvé la grâce. Il s’est même, au final, retrouvé un disciple en la personne d’Arif, avec qui on le voit, à la fin de l’épisode, prier un sourire aux lèvres. Enfin, Saïd est un chef religieux qui semble avoir abandonné la politique. Il lui fallait bien tout cela pour se déparer de son ego. Mais c’est ainsi qu’il est devenu un personnage qui inspire un véritable respect.
Les deux personnages ont, dans les évènements qui se prépare maintenant de façon si explicite, leur rôle à jouer à l’avenir. Désormais, les forces destructrices d’Adebisi n’ont une chance de s’arrêter que face à la volonté positive d’un « frère », et Kareem est cet homme.


Mais, en dépit du fait que cette intrigue soit si forte sur un plan symbolique et narratif, je ne peux m’empêcher de vous avouer que l’intrigue qui m’aura le plus remuée est certainement celle qui a le moins de valeur sur le long terme, au sens où elle ne prépare rien pour la saison suivante. C’était pourtant la scène la plus importante pour moi, parce qu’elle en a appelé à de véritables émotions, délaissant le côté cérébral pour me prendre par surprise et me laisser vidée de toute énergie. Les interactions entre Ryan et Cyril O’Riley sont, avec la conclusion de la compétition de boxe, à leur apogée. On a ici une intrigue qui n’en est pas une, en fait, mais plutôt l’exploration de leurs sentiments respectifs, de leur magnifique relation ; les choses ne sont pas amenées à changer, juste à être explicitées magnifiquement.
Voilà donc Ryan qui fait la seule chose que Ryan sache faire : manipuler pour parvenir à ses fins. Mais ses fins, on l’a toujours su mais on avait besoin d’une piqûre de rappel, n’ont pour objet que de lui permettre de survivre ; avec l’arrivée de Cyril, ce but ne s’est pas modifié, simplement cette survie implique la cellule familiale O’Riley et pas que le petit cul d’Irlandais de Ryan.
De la même façon que Ryan a toujours utilisé ses facultés pour suivre son objectif, il utilise donc la force de Cyril pour gagner des matches. A mes yeux, cette saison a juste prouvé qu’il était dans une relation fusionnelle avec son frère, qu’il traitait à la fois comme un égal et avec la parfaite conscience de ses limites. J’ai toujours trouvé cela magnifique chez Ryan de le traiter à la fois comme un petit garçon, et comme un soldat ; pour Ryan qui estime que la fin justifie toujours les moyens, c’était complètement cohérent et ancré dans le personnage. La présence de Cyril en prison ne fait pas de lui un homme qui se bat pour deux, elle fait de lui un stratège qui mesure les forces et les faiblesses de sa minuscule armée et l’utilise pour essayer de naviguer au mieux dans les eaux troubles de la prison. Quand je me mets dans les chaussures de Ryan, je comprends complètement qu’il envoie Cyril sur un ring ; d’ailleurs on a bien vu qu’il droguait les opposants de son frère non seulement pour gagner, mais aussi pour éviter des blessures à son frère. Encore une fois, je trouve ça énormément cohérent avec la façon de fonctionner de Ryan. Il ne pense pas à mal. Mais il ne voit pas le problème à employer des moyens parfois douloureux pour parvenir à son but. Avec lui, tout semble toujours est une question de balance et de calcul, perdre un peu pour gagner beaucoup, tout est dans le risque calculé. Ca a toujours été le cas.
Aussi, ce n’est pas très surprenant de le voir utiliser la douleur de Cyril vis-à-vis de leur enfance pour qu’il survive sur le ring. Risque calculé. C’est pénible au possible à regarder, mais c’est aussi sublime.
Mais, on le voit dans la conclusion de leur intrigue, quand Cyril pète un câble et exprime sa douleur sur lui, Ryan n’a pas le moindre réflexe de violence, pas même réprimé. Il se laisse bastonner sans rien dire, sans exprimer la moindre colère.
C’est sûr, Ryan n’est pas parfait. Mais c’est un grand frère incroyable vu les circonstances. S’il n’était pas si exigeant avec Cyril, l’un comme l’autre auraient de sérieuses failles qui les handicaperaient dans leur vie à Oswald. Et c’est, véritablement, l’axe qui m’a le plus touchée dans cet épisode, émue aux larmes. Oz, c’est aussi ça, et ça fait du bien quand ça fait mal.

Cette saison 3, avec ses irrégularités, ses longueurs et sa quasi-absence de scènes choc, apparait à ce stade comme une saison de transition. Peut-être que finalement, toutes les petites intrigues qui ont parfois pu nous irriter n’étaient là que pour nous faire patienter, pendant que se mettaient en place les autres maillons majeurs, lentement mais sûrement ?
En tous cas, si la saison s’achève sans grand frisson d’horreur, elle se finit tout de même en ayant accompli sa mission : on a vraiment envie de revenir.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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