Désespoir sans frontière

13 mai 2012 à 0:00

La fin de Desperate Housewives est pour ce soir !
Oh pardon, j’ai l’air de me réjouir ? Ce n’était pas mon intention ; je considère qu’on ne devrait jamais se réjouir de l’annulation d’une série. Sauf s’il s’agit de Whitney mais ce ne sera pas pour cette année. Il faut dire que Desperate Housewives est une série dont j’entends depuis, au bas mot, trois saisons, uniquement du mal. Ou, quand mon interlocuteur tente d’en dire du bien, c’est avec un petit air de s’excuser quand même, genre « je sais bien que ça a l’air un peu nul dit comme ça, mais promis je m’amuse devant cette série ». Les fans de Desperate Housewives ont dépassé le stade du guilty pleasure pour conserver en priorité la honte, et se raccrocher au souvenir du plaisir. En tous cas c’est l’impression qu’ils donnent.
La fin de leur calvaire a donc sonné et on a l’impression que, à la peine de voir leur série disparaitre, totalement compréhensible, s’ajoute quand même un peu de soulagement.

C’est vrai que Desperate Housewives a en son temps été une série incontournable. Elle faisait partie, en 2004, de ces séries qui ont déchaîné les passions et permis à ABC de trouver une certaine popularité, avec Lost (déjà tombée au combat). Face à l’hégémonie policière de CBS, ABC organisait la résistance ! Et un temps, j’ai fait partie de ceux qui y ont cru. Lost avait un pilote épatant, et Desperate Housewives était dotée d’un charme un peu pervers. Ah, c’était le bon temps.
Aujourd’hui Desperate Housewives est donc sur la fin, ça ne nous rajeunit pas plus que quand Lost s’est arrêtée… C’est qu’on les a vu naître, conquérir le monde, puis s’éteindre, ces séries-là !

Et en parlant de conquérir le monde. Je vous ai déjà parlé d’Umutsuz Ev Kadinlari, la série turque adaptée de Desperate Housewives, et qui a commencé l’automne dernier sur Kanal D (sinon faites semblant de rien, et suivez discrètement les tags au bas de ce post). L’originalité de la série turque, c’est que contrairement aux adaptations sud-américaines de la série, il ne s’agit pas d’une telenovela ; à titre national, Umutsuz Ev Kadinlari a un statut particulier à un autre égard : c’est la seule série turque actuellement à l’antenne qui soit l’adaptation d’une série américaine (l’autre adaptation sur les écrans turcs en ce moment est 1 Erkek 1 Kadın, adaptée d’Un gars, une fille).
Je me suis dit que pour rendre hommage aux fameuses ménagères d’ABC, une toute dernière fois, en guise d’adieu, j’allais donc vous proposer un post sur le pilote de l’un de ses remakes : une façon de parler à la fois du passé et de l’avenir de la série de Marc Cherry… sans pour autant s’infliger la présence d’Eva Longoria ou, pire, de Teri Hatcher. Brrr.
Comme beaucoup d’adaptations de séries américaines, le pilote d’Umutsuz Ev Kadinlari se regarde facilement en l’absence de sous-titres, étant donné qu’on connait déjà 90% des scènes : le pilote de la version turque part en effet directement du script de la version américaine. La plus-value se situe donc dans les spécificités de la série turque.

Alors je vous propose de me suivre dans ce petit comparatif en cagoulant à votre tour le pilote d’Umutsuz Ev Kadinlari avant de lire la suite de ce post.

La première des surprises est évidemment celle du look du quartier ; comme vous pouvez le voir dans la capture ci-dessus, s’il est évident que l’endroit est cossu, la version turque ne propose pas de grandes villas mais bien des immeubles donnant tous sur un cul-de-sac plus étroit que Wisteria Lane, et qui renforce l’impression de proximité qu’on avait dans le voisinnage de Desperate Housewives. Ajoutons, parce que les fans de la série savent combien ce détail est important suite au suicide de Mary Alice, que les immeubles en question n’ont pas de piscine à l’arrière…

Et justement, le plus grand choc de ce pilote réside probablement dans la façon de montrer la mort de Handan (notre Mary Alice turque). Le mode opératoire est le même : une arme à feu. Et pourtant, quand Mary Alice avait appuyé sur la gâchette, elle était hors-champ, ce qui rendait les choses moins brutales. Ici, non seulement Handan est quasiment face caméra quand le coup part, mais du sang apparait rapidement sur la tempe opposée à celle sur laquelle elle a tiré, de sorte qu’on comprend immédiatement que la balle a traversé le crâne de part en part. Glauque.
Pour que le traumatisme soit complet, après que le corps soit découvert par la Martha Huber locale, on a droit à une scène pendant laquelle le fils de Handan arrive sur les lieux et voit le corps être emmené par les secours. Le ralenti dure une bonne minute… il n’est pas vraiment ridicule, mais il parait incongru étant donné le ton badin de l’épisode. Il est d’ailleurs à noter que la voix off fonctionne toujours aussi bien, et que les musiques, même si elles font un peu plus couleur locale, restent dans le même esprit que dans la série originale.

La personnalité des wives survivant à Handan est assez similaire à celle que nous connaissons aux Etats-Unis (bien que parfois moins surjouée, à l’instar de Yasemin/Susan ; ou de Nermin, beaucoup moins souriante que Bree), et elle est dévoilée de la même façon que dans la série d’origine, en utilisant de nombreuses petites seynettes ou flashbacks. La géographie des lieux permet d’ailleurs à la camera de glisser de façon plus fluide d’un logement à l’autre. L’une des rares différences lors des présentations de chacune sont que les plats préparés pour les funérailles sont sensiblement les mêmes que dans la version originale, mais on appuie moins sur la mauvaise cuisine de Susan, par exemple.

Par contre, la séquence pendant laquelle tout le voisinage vient soutenir la famille endeuillée de Handan va cependant s’enrichir d’une surprise, du genre qui fait tout le sel des adaptations étrangères : une courte prière partagée par les femmes du quartier.

Mais dans ce pilote, les différences ne proviennent pas uniquement des changements dans les scènes ou les décors, mais parfois juste dans l’émotion transmise. Et on a pu le voir d’entrée de jeu, par rapport à son modèle, Umutsuz Ev Kadinlari n’hésite pas à ajouter beaucoup d’émotion, justement.
Une autre preuve de cette tonalité plus dramatique se trouve dans la scène pendant laquelle Susan se remémore la façon dont Mary Alice l’avait consolée suite à sa séparation. Desperate Housewives montrait une Mary Alice qui tenait ses distances tout en soutenant Susan, quand Handan est extrêmement chaleureuse, ce qui accentue d’autant la douleur de Yasemin. Je confesse avoir eu le coeur serré (en dépit du léger surjeu de l’interprète de Yasemin).

Après les funérailles, les épouses reprennent donc leur petit train-train quotidien… mais là encore quelques changements ont lieu par rapport à la version originale, et non des moindres puisqu’il s’agit de changer toute l’intrigue de Gaby !
Ainsi ce n’est pas Zeliş qui a une aventure extra-conjugale (vous n’y pensez pas !) mais son mari ; l’ex-mannequin devient du coup une épouse suspicieuse et jalouse, ce qui la rend moins pétillante que son équivalent américain pourtant déjà un peu pimbêche sur les bords. Vous vous doutez bien que les intrigues s’en trouvent totalement modifiées : l’époux volage tente d’acheter son affection, notamment en lui achetant le dernier ordinateur à la mode, puis abandonne Zeliş pour aller rejoindre sa maîtresse. Il y a pourtant un petit air de parenté entre Gabrielle et Zeliş, car si celle-ci ne trompera pas son mari avec un jardinier, en revanche, elle flirtera vaguement avec le petit geek qui viendra lui installer ses programmes…

Pour le reste de l’épisode, il y aura, en définitive, assez peu de variations, en tous cas certainement pas aussi importantes que celle-ci.
C’est en fait ça la plus grande surprise : l’épisode suit la structure du pilote américain (incendie inclus), s’achevant sur la fameuse lettre trouvée dans les affaires de la défunte, sauf que les épisodes d’Umutsuz Ev Kadinlari durent 90 minutes, là où même l’épisode inaugural de Desperate Housewives racontait les mêmes évènements en 45 minutes. Malgré tout, le pilote de la version turque n’a aucun problème de rythme, ce qui est tout à son honneur étant donné les circonstances.
D’ailleurs, il faut croire que la production turque vit dans un autre espace-temps, puisque la première saison de la série, diffusée de façon hebdomadaire, est toujours en cours ; on attend pour ce dimanche le 32e épisode de la saison…

Mais peut-être certaines différences vous ont-elles plus interpelé que moi ? A vous de me le dire…

par

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2 commentaires

  1. akito dit :

    Mon comm est peut-être un peu HS parce que je n’ai pas vu Umutsuz Ev Kadinlari, mais je plaide coupable d’apprécier jusqu’à la saison 8 de DH En plus deux épisodes à visionner d’un coup, ça finira en apothéose… Enfin j’espère. C’est vrai que côté intrigues, on a l’impression d’avoir fait le tour plusieurs fois et qu’une saison 9 ne donnerait sûrement rien de transcendant. Et j’avais vraiment pas envie d’assister au destin de Karen McCluskey ! …Mais ceci dit je l’ai pas encore vue, cette fin :/

  2. Leila dit :

    Moi ‘j’ai adoré la série turque je suis au 81eme episode mais la où je perd pied où alors j’ai sauté un épisode ? ??
    Zelis à disparue pour une autre épouse pour koudret!!!!!
    Et à quel moment yassemin s’est séparée de son grand amour sinan?? ? J’avoue que je suis perdue ?!@%##

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