It’s not who you’ve slept with…

5 octobre 2012 à 1:43

A peu près chaque semaine, des DVD débarquent dans ma boîte aux lettres. Je fais mes commandes en général au même moment du mois (coups de tête non inclus), et ensuite, ce sont les délais de livraison qui font le reste, et jouent au Père Noël. J’avoue que je ne me lasse pas de la sensation de découvrir chaque semaine minimum un nouveau paquet dans ma boîte, à plus forte raison quand il s’agit de deviner d’où il vient sans regarder les cachets de la poste (sinon c’est tricher). « C’est peut-être Intersexions… ou Capadocia ? Non, c’est trop tôt pour Capadocia… quoique ? ».

Aujourd’hui, la surprise était de taille : ma première série sud-africaine ! Une série dont j’avais entendu parler depuis bien longtemps, qui me rendait curieuse, et qui semblait être un véritable phénomène dans son pays d’origine : Intersexions. Vous pensez bien que ce n’est pas un DVD qui a eu le temps de prendre la poussière, et j’ai donc regardé le pilote presque le soir-même !

En préambule de ce visionnage du pilote d’Intersexions, plein de questions, pourtant.

D’abord, il s’agit bel et bien de ma toute première série sud-africaine. J’ai lu énormément de choses, consulté des sites et des bases de données à n’en plus finir, écumé le web à la recherche d’un petit épisode de soapie égaré par mégarde… depuis maintenant deux ans, je suis attirée par plein de séries sud-africaines, et je n’avais réussi à mettre la main sur aucune ! Quelle frustration ! Le problème, j’ai remarqué, quand je découvre ma première fiction d’un pays donné, c’est que grosso-modo, elle donne le ton pour la suite. J’aurais commencé le Brésil sur une telenovela, j’aurais peut-être fui, mais j’ai été déflorée par Capitu et l’empreinte est là à vie, avec un biais favorable à peu près quoi qu’il arrive. Le danger était donc d’être non seulement écoeurée de mon acquisition faite à l’aveugle, qui pouvait potentiellement me déplaire, mais aussi de toute la fiction sud-africaine dans son ensemble, parce que la première impression compte énormément. Ce qui aurait été gênant parce qu’il y a plein de choses qui piquent ma curiosité ! C’est donc, de façon injuste mais inévitable, toute la fiction sud-africaine que je m’apprêtais à jauger ainsi.
Autre problème : en-dehors de son pitch et quelques news, je n’avais aucune idée du niveau de production de la série en particulier, de la qualité du jeu des acteurs, et même pas… de la langue ! Rappelons que l’Afrique du Sud reconnait (j’ai vérifié) 11 langues officielles, dont l’Afrikaans sur lequel je vous avoue que je suis pas trop-trop au point, et que je n’ai trouvé nulle part l’information me permettant de savoir dans quelle langue la série était tournée. Il était à peu près évident qu’il s’y trouverait soit une piste, soit des sous-titres anglais (ce sur quoi je vais revenir), mais la langue de tournage était une grosse inconnue. Et quand il faut aussi apprivoiser une nouvelle langue (vous en avez fait l’expérience avec Srugim), on ajoute encore un niveau de difficulté.
En corollaire du problème de la langue, il y avait tout bonnement les questions culturelles. L’ex-élève française que je suis n’a été préparée à rien ou si peu en matière de culture africaine ; bon, quelques rudiments d’Histoire (Nelson Mandela essentiellement), mais à part ça ? L’Afrique du Sud, un pays plutôt conservateur en matière de moeurs, ou au contraire plus libéré ? Dans une série sur les relations amoureuses et a fortiori sexuelles, quels sont les rôles accordés à chacun dans un couple, par exemple ? Puisque je n’en savais rien, il allait falloir s’adapter…
Mais ce n’est pas tout : ensuite, je ne connaissais la série que de réputation, mais justement, qui dit qu’une série produite par une chaîne publique, en partie avec l’argent de l’institut John Hopkins, et afin de parler du HIV et du SIDA, allait me plaire ? C’est un sujet quasi-pédagogique, j’aurais pu m’ennuyer comme un rat mort. J’étais donc attentive mes réactions, me demandant si le sujet n’était pas trop aride, ou si, au contraire, il n’allait pas me rebuter. Pas de méprise : je suis toujours amatrice de drama, mais il y a drama et message-d’information-et-de-prévention-déguisé-en-drama, si vous voyez ce que je veux dire…
Bon et puis, enfin, venait la qualité de la série elle-même. Outre tout ce que je viens de citer, il y avait tout simplement la question de regarder ce pilote comme un pilote, pas comme un échantillon… Et concilier tous ces points n’était pas forcément une évidence a priori !
Cela faisait donc bien des défis à relever.

Résultat ? Eh bien ce pilote m’a très agréablement surprise.
Apparemment conçue comme une anthologie, Intersexions commence lorsque Mandisa se prépare à épouser Kabelo, lequel est un homme d’une générosité qui n’a d’égale que la profondeur de son porte-monnaie, et la traite comme une princesse. Mais alors que Mandi et sa meilleure amie Cherise se réjouissent de cette journée parfaite (surtout que leur firme de relations publiques a également décroché un gros contrat), elles entendent à la radio que DJ Mo, un animateur de radio très populaire, annonce publiquement avoir le SIDA et être sur son lit de mort. Le visage décomposé de Mandisa dit tout : elle a vraisemblablement eu une histoire avec lui.
Comme en deux minutes, l’exposition est rondement menée (Mandisa et Cherise discutent du mariage à venir, puis Mandisa parle brièvement à Kabelo au téléphone), on sait pas mal de choses : que Kabelo est donc riche, qu’il adore sa future épouse, que celle-ci mène une vie professionnelle bien remplie avec Cherise, mais aussi que Mandi n’est plus vierge (elle promet des choses coquines à son fiancé au téléphone avec un air entendu). On ne trouve donc pas déplacé qu’elle ait connu d’autres hommes avant son futur mari dans ce contexte, on y est même très bien préparés, de sorte qu’on tombe quasi-immédiatement des nues lorsqu’on apprend, là, avant même la 3e minute (générique compris), que l’ex de Mandisa est sur le point de mourir du SIDA.

Là où notre héroïne va nous surprendre, c’est que, contre l’avis de Cherise, elle ne dit rien à son promis (lequel va mal interpréter son émotion pendant la cérémonie, forcément), même alors qu’elle n’est pas sûre d’être elle-même en bonne santé. Les jours qui suivent le mariage, celui-ci n’est absolument pas consommé, Mandisa ayant toujours une bonne excuse.
La façon dont la culpabilité la ronge peut paraitre un peu longue par moments, mais elle est aussi assez bien vue. Bloquée dans une situation où elle ne cesse de s’angoisser, mais où elle est incapable de dire ou faire quoi que ce soit, Mandisa n’a ainsi absolument pas pris rendez-vous pour se faire tester. Il y a une sorte de cocktail déni/dépression qui me semble assez compréhensible ; on sent bien l’horreur que la jeune femme ressent, et en même temps son impossibilité à prendre le risque qu’on lui confirme qu’elle a raison d’avoir peur. C’est un passage de l’épisode qui nous donne l’occasion de nous attarder énormément sur le visage de l’héroïne (qu’elle a fort joli mais c’est pas le sujet), déchiffrant toutes les nuances de l’angoisse, tandis qu’elle camoufle tant bien que mal sa terreur à son époux. Quand elle réalise qu’elle est peut-être enceinte, évidemment, ça ne s’arrange pas… et la réaction ravie du mari sera de courte durée, vous vous en doutez.


La mariée est extatique.

A la fin de 24 minutes de torture, Mandisa se prend finalement par la main et va faire les tests. J’avoue que cette scène a été un peu baclée puisque l’infirmière qu’elle rencontre lui explique, en gros, le concept de la série, mais que toute l’attention de la camera est focalisée sur les réactions de Mandi. Difficile de compatir et d’apprécier le message en même temps. Pourtant le dialogue est bon, c’est la réalisation qui ne le met pas en valeur :
« Doctor, I don’t sleep around. All the men I’ve slept with can be counted in one hand.
– It’s not only about who you have slept with. What is important is : do you know who your previous lovers have slept with ? ».
L’épisode se conclut sur cette interrogation effrayante (qui peut vraiment être certain de savoir y répondre ?), un tremplin vers ce qui sera, si mes sources sur la série ne m’ont pas trompée, le maillon suivant de la chaîne. Après tout, le générique n’énonce-t-il pas brutalement cette réalité moderne : « In sex, there are no strangers » ?

Ah oui, parce que finalement, je ne vous ai pas dit : Intersexions est en anglais. Souvent. Disons, pendant un mot sur trois ? Les dialogues sont en effet un panachage de langues que je ne prétendrai pas avoir reconnus.
Fort heureusement, les épisodes sont d’office sous-titrés en anglais (ouf !). Je suis donc d’autant plus ravie d’être certaine d’absolument tout comprendre…

Justement, passons si vous le voulez bien à la « review » de mon dealer en DVD du jour. N’ayant pas trop d’inspiration, j’ai opté pour à peu près la première solution que me proposait Google lorsque je faisais la recherche pour les DVD de la série, et c’est tombé sur kalahari.com. Parfois je vous avoue avoir l’impression de vivre dangereusement, mais bon, c’était un coup à tenter, il faut bien une première fois à tout, même quand personne ne peut vous recommander un service pour l’avoir utilisé. Eh bien dorénavant, chers amis, je suis cette personne qui vous recommande kalahari. Le choix n’est pas très vaste, les DVD pas toujours bien rangés (par exemple on ne trouve pas Intersexions parmi le listing des séries locales… whoops !), les descriptions techniques très épurées, mais au final, ça fonctionne. Commandé le 8 septembre dernier, les délais annoncés étaient un rien optimistes (9 jours… soit les délais prévus pour la livraison sur le territoire sud-africain). J’ai donc commencé à compter les jours, et le DVD est arrivé aujourd’hui. Niveau délai c’est pas tellement ça, donc, mais ça ne veut pas dire que ça vienne de kalahari. Niveau emballage, rien à redire : Amazon ne ferait pas mieux. Carton ultra épais, DVD parfaitement arimé, rien à redire (d’ailleurs l’éditeur lui-même est d’une intéressante prévenance, glissant une rondelle de papier entre le DVD et le boîtier afin de minimiser encore le risque que le DVD tourne sur lui-même pendant le transport et/ou se raye contre le boîtier). Alors au final, en-dehors du presque mois de délai, franchement, ça va.
Bon, côté prix maintenant, parce que je sais ce que c’est. Le DVD d’Intersexions était en promo ce jour-là : 165,75 rands, au lieu de 188,95 rands en ce moment (environ 3€ de différence… il n’y a pas de petit profit !). Ironie du sort, les frais de port à l’international étaient plus cher que le DVD lui-même (ce sont les risques du métier), soit 180 rands tout rond. J’ai donc payé au total 345,75 rands, soit 33,04€ euros ; étant donné que je considère qu’une saison en-dessous de 35€, frais de port compris, est une affaire, vous me voyez donc comblée. Kalahari, je ne viendrai plus chez eux par hasard !

Encore une belle aventure téléphagique en perspective, donc, j’ai hâte de remonter les maillons de cette chaîne et comprendre comment chaque personnage, est relié, souvent sans le savoir, aux autres, même si c’est à cause d’une terrible maladie. Le SIDA est, comme chacun sait, un fléau qui fait particulièrement rage en Afrique, mais il ne fait aucun doute que la thématique de la transmission du virus, du passé sexuel de chacun, et des précautions à prendre ou des vérités à annoncer, n’a rien de typiquement local, bien au contraire. On connait tous quelqu’un. Ou quelqu’un qui connait quelqu’un. Ou on a tous eu au moins une frayeur.
Le sujet, sans être traité avec pathos pour le moment (on est loin des derniers épisodes de Corky et de [dit-elle en sanglotant rien qu’à cette pensée] la mort de Jesse, car Intersexions fait le choix d’être plus mesuré et de prendre de la distance), est on ne peut plus actuel et universel. Peut-être même vais-je réaliser au cours de ce visionnage qu’il y a des évidences qu’à force d’être inondés de messages de prévention, on a mis de côté avec les années (ce serait ironique si ça se produisait) !
Après tout, combien de fois les séries nous parlent-elles du VIH ou du SIDA sur la durée, toutes nationalités confondues ? Il y a eu des intrigues d’Urgences, je suppose quelques unes dans Dr House, ça semble inévitable, et évidemment Kamisama, Mou Sukoshi Dake, mais le pari d’Intersexions est d’explorer un terrain sur laquelle peu de séries s’aventurent, et donc, d’exploiter un sujet sur lequel les téléphages ne sont pas incités à réfléchir ou même ressentir des choses très souvent. Pour quelqu’un qui aime les séries dramatiques, l’occasion de trouver de nouveaux sujets est donc parfaite, car le potentiel effleuré dans le pilote peut conduire à énormément d’histoires intéressantes autant que touchantes. Et puis, peut-être qu’un peu de pédagogie ne serait pas plus mal, pour une petite remise à niveau…!

Le format particulier d’Intersexions (il ne s’agit certainement pas d’une comédie, et même pas d’une dramédie, mais le pilote dure 24mn montre en main) s’adaptera en plus très bien à un visionnage « bouche-trou », par exemple lorsqu’il ne reste que quelques minutes à épisode US pour terminer de cagouler et que je ne veux pas me lancer dans quelque chose de trop long en attendant. Que des avantages que je n’avais même pas prévus !

Du coup, pour un coup d’essai…! Je recommande de tenter Intersexions (méfiez-vous des videos mises en ligne par SABC sur Youtube… c’est la toute fin de la saison 1 !), et pour vous prouver ma bonne volonté, je vais même vous dire : si au moins 5 personnes disent en commentaire ci-dessous être intéressées par le pilote… j’exaucerai leur voeu. Vous avez toutes les cartes en main pour vous décider…

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7 commentaires

  1. Eh bien, tu peux déjà mettre une croix dans la colonne des intéressés, parce que tu vends très bien la série, ça a l’air vraiment pas mal du tout et ça me tente bien d’essayer. En espérant de tout cœur que tu auras fait au moins 4 autres curieux…

  2. J dit :

    Globe-buyers

    J’ai découvert, il y a très peu de temps, ce blog au contenu intéressant.

    Au grand dam de certains, je ne suis pas partant pour ce drama car je suis en mode « pas de truc triste » en ce moment. On ne pourra pas m’ajouter à la liste des 5.

    Je confirme comme intermédiaire de ma collègue d’Afrique du Sud que « kalahari » est un bon choix pour commander des DVD. Elle m’a également conseillée « takealot » comme plan B. Néanmoins, cette série ne s’y trouve pas.

    Sincèrement, J

  3. ladyteruki dit :

    @whisper : merci ! Je n’étais pas certaine qu’un sujet pareil soit enthousiasmant, mais je mets une croix dans mon tableau à 5 colonnes ! Si on coche les 5, tu feras une review ? (une de plus, une de moins… XD )

    @J : alors bienvenue ! Merci pour le compliment. En cas d’urgence, briser la vitre et regarder Girl vs Boy, ça met vraiment de bonne humeur ! Et merci pour l’adresse takealot, avec un nom pareil XD Ca ressemble énormément à Amazon. Je tenterai à l’occasion, peut-être qu’ils ont des séries absentes sur kalahari ? On aura l’occasion de parler une prochaine fois de sujets moins dramatiques, promis !

    Allez, encore 4 !

  4. Cathy dit :

    Cette série me tente beaucoup, pas seulement pour le sujet, mais également pour satisfaire ma curiosité, car je n’ai jamais regardé de série sud-africaine, alors ce serait une première pour moi.

  5. Najat dit :

    Je suis partante!

  6. Somyo dit :

    Découvrir une série sud-africaine me tente beaucoup, par contre je préfère ne pas savoir de quoi elle parle, pour encore mieux plonger dans ce nouvel univers. (Et hop, un pays de plus )

  7. Mosca dit :

    Et voilà, on est 5 ! Dans la recherche perpétuelle d’ouvrir mon horizon culturel, je me tourne en ce moment vers l’Afrique. Déjà que j’avais envie de tenter leurs séries, mais si en plus j’ai la possibilité de me faire une idée grâce à ton intervention… je n’ai plus aucune excuse pour ne pas me lancer

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