Let’s work it out

23 novembre 2012 à 22:41

Il s’en est fallu de peu. On est passés à ça de la catastrophe. Pour être sincère avec vous, j’ai bien cru que j’allais écrire une critique négative de la deuxième saison de Threesome. Heureusement, il n’en est rien, mais hélas la review de la nouvelle saison de la petite comédie britannique sera bien moins extatique que celle de la première, autant vous prévenir…
Ah, et évidemment, je ne devrais pas avoir à vous le dire, mais quand on lit un bilan, à plus forte raison sur la deuxième saison d’une série… il faut s’attendre à quelques spoilers.

Mitch, Alice et Richie revenaient donc pour un second round, après un absolu sans faute l’an dernier, ou en tous cas, quelque chose qui y ressemblait fortement. C’était d’ailleurs pour cette raison que Threesome comptait parmi mes coups de coeur de l’automne dernier, et accessoirement, l’un de mes deux coups de coeur britanniques de toute l’année 2011 (avec The Café, qui d’ailleurs ne reviendra pas avant février environ ; pire encore, la sortie des DVD a été repoussée).
La saison 1 s’était achevée assez logiquement avec l’accouchement d’Alice, dans un épisode absolument parfait, au rythme impeccable, et capable de jongler avec une agilité folle entre comédie et tendresse. Mon Dieu que j’avais aimé ce final ! Il augurait du meilleur pour la suite. En quelques épisodes, l’univers de la série, ses personnages, son humour et ses mécanismes avaient parfaitement été établis. S’amuser dans ce cadre de jeu comme des enfants dans un parc en plastique serait à n’en pas douter une corne d’abondance téléphagique.

Mon tort au contraire été de revoir la 1e saison à l’occasion du début de la diffusion de la 2e, en fait. Car c’est avec le pire season premiere de toute l’histoire des season premieres que Threesome fait son retour. Je ne m’explique tout simplement pas comment on en est arrivés là : pas de Lilly, un Mitch qui tout d’un coup (pour une raison qui ne nous sera jamais expliquée et qui n’a certainement d’origine cohérente nulle part) veut devenir prof et doit donc retourner au lycée pour avoir une bonne note au bac en maths, et des séquences interminables en milieu adolescent, avec notamment un élève dont on ne comprend pas un seul instant pourquoi la série lui consacre autant de temps (il s’avère qu’il débarque ensuite dans Cuckoo, ceci expliquant peut-être cela ?). Si encore Threesome avait décidé de faire ce genre de choses en cours de saison, j’aurais grincé des dents, mais j’aurais compris. Mais dés le début de la saison, c’est ridicule, on ne retrouve ni les personnages ni la dynamique qu’on aime, le contexte a changé, on dirait en gros que quelqu’un a fait tout son possible pour tuer la poule aux oeufs d’or. On ne saura jamais ce qui s’est passé dans la tête de l’équipe de production, je suppose, mais c’est le genre de cas qui se règle sur un divan de psychiatre ou même dans une chambre capitonnée, parce que des tendances suicidaires à ce point, c’est inquiétant.
Le deuxième épisode nous tirera de ce guêpier… pour nous fourrer dans un autre. Cette fois, c’est la vie professionnelle de Richie qui nous intéresse ; on a affaire pour changer à une espèce de comédie de bureau où l’assistant impossible de Richie accumule les pitreries et les étrangetés, la colère de Richie progressant à peu près au même rythme que celle du spectateur. Le seul avantage de cet épisode par rapport au précédent, c’est que quelques séquences à la maison jalonnent l’épisode : il s’agit de celles montrant Mitch et Alice qui, devenu passant plus de temps à la maison, font une petite crise de nerfs commune (de type « comment ça, je ne travaille pas vraiment ? » qui fonctionne plutôt bien). Mais ça reste quand même assez dur à avaler que de devoir courrir après ce genre de petits moments.

Les choses vont progressivement s’arranger, à mesure que la saison avancera. Ainsi, certains épisodes seront un peu plus sympathiques que d’autres ; avec quelques bonnes idées, il est arrivé que de bonnes idées soient mises sur le tapis, sources de quelques rires véritables, mais rares.
Cependant, sur une saison qui compte 7 épisodes, il faudra véritablement attendre, accrochez-vous… le 5e épisode, pour que la série retrouve son rythme ! C’est incompréhensible ! Comment au passage a-t-on échoué au lycée, au bureau de Richie et, oh horreur, au centre commercial, je ne me l’expliquerai jamais, surtout alors que la première saison avait su trouver ses marques presqu’instantannément ! Ca dépasse l’entendement.

Les trois derniers épisodes de la saison seront, fort heureusement, fidèles au délire des débuts. L’esprit de répartie, de rythmpe, de métaphore, et de cohésion des personnages redevient tangible ; on sort moins de la maison, on cherche plus à s’intéresser à la façon dont le trio s’organise et vit en bonne harmonie, et c’est exactement ce qu’il fallait, retrouver ces séquences où les trois acteurs principaux peuvent faire ce qu’ils savent faire, plutôt que de tenter à tout crin d’élargir leur univers de façon surréaliste et/ou téléphonée.

Bien qu’ayant adoré l’épisode concluant cette nouvelle saison, je dois dire qu’il est symptômatique de tout ce qui a cloché dans cette nouvelle fournée. Souvenez-vous : dans le pilote, Mitch avait demandé Alice en mariage en apprenant qu’elle était enceinte du bébé de Richie… mais depuis, de mariage, il n’avait plus du tout été question ! Au contraire, la saison commence comme si ça n’avait jamais été à l’ordre du jour. Le simple fait que cet oubli ne soit pas réparé avant le season finale démontre qu’il y a vraiment eu un couac : ce qui manquait à cette saison, c’était un fil rouge, comme la grossesse d’Alice l’avait fait l’an passé ; à travers un objectif clair, les trois amis auraient pu affronter des challenges autrement plus divers que devoir prendre des photos dans un centre commercial, mettant réellement en perspective leurs personnalité et le fonctionnement de leur ménage à trois. C’était la formule gagnante ! Au lieu de ça, errant sans but, les intrigues se succèdent et conduisent soudainement à un mariage qui, évidemment, n’est pas aussi simple que prévu. Le revirement de situation est un peu énorme, mais il permet tant de petites répliques croustillantes et tant de tendresse, que ça fonctionne ; cependant, si le problème avait été soulevé plus tôt dans la saison, on aurait moins l’impression que ce revirement a été pêché au dernier moment dans un chapeau contenant des prétextes ridicules pour empêcher un mariage. Que ce mariage revienne sur le tapis rapidement, même si au final l’épisode est plutôt bon, est la preuve des carences de cette saison.

La deuxième saison de Threesome aura donc été très inégale, et encore, c’est un euphémisme. Mais au meilleur de sa forme (comme pendant le huis clos dans le boxe, un grand moment d’anthologie, fidèle à l’identité de la série), la série prouve qu’elle a encore bien des choses à dire et à faire, et que la naissance de Lilly ne sonnait pas la fin du concept.
Seulement, il fallait accepter l’identité de la série, plutôt que de vouloir absolument changer d’horizon ou de formule pour une raison qui m’est encore, à l’heure actuelle, totalement inconnue. Si l’épisode 5 fonctionne si bien, c’est parce qu’il met le trio face à : son petit délire encore un peu enfantin, ses choix d’adultes (qui d’ailleurs ouvrent la porte à une troisième saison, même si les épisodes 6 et 7 n’y feront plus allusion), et l’un de ses démons, en la personne de la mère d’Alice (qui d’ailleurs dans le season finale, où elle revient pour mon plus grand bonheur, elle aura encore de petites surprises à nous montrer, comme elle avait su le faire dans le final de la saison 1). Sans compter que comme par hasard, la réalisation revient au top en fin de saison en même temps que les scénarios, et ceux-ci se truffent à nouveau d’auto-références riches qui faisaient de la première saison une gourmandise. Comme un déclic…

Quand on connait son boulot, ses personnages, son cast, et toute la mécanique formidablement bien huilée qui fait que ça marche, pourquoi se perdre de cette façon en saison 2 ? Ca reste un grand mystère. Ce n’est même pas comme si la série avait voulu ajouter une dimension avec cette nouvelle salve d’épisodes ; c’est plutôt comme si on avait voulu en ajouter plein mais qu’on ne savait pas quoi choisir au final, et qu’on s’était autorisé à aller dans toutes les directions, un épisode à la fois, avant de se raviser et revenir à ce qui fait l’âme de la série.

Pour une comédie qui a des saisons si courtes, ce genre de bévues peut être très dommageable. Mais grâce à son rattrappage dans la dernière ligne droite, Threesome tient toujours une grande place dans mon coeur, et si la série est renouvelée pour une troisième aventure, je la suivrai avec plaisir. Parce que dans ses meilleures heures, je sais ce dont elle est capable. Mais j’avoue être tout de même un peu triste de ne pas quitter Mitch, Alice, Richie et Lilly avec le même enthousiasme qu’il y a un an de ça…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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