Les bisbilles des unes font le divertissement des autres

3 juin 2013 à 12:17

Se réjouir des malheurs d’autrui, c’est MAL.

Ceci étant dit, j’éprouve toujours cette satisfaction mesquine à voir ProjectRunway se disputer avec l’un de ses Conseillers (celui qu’elle n’aime pas, et qui ne l’aime pas du tout non plus, parce que le monde est quand même bien fait dans le fond). Conseiller qui est, certes, un peu froid à l’occasion, et certainement pas tendre quand il s’agit de travail, mais qui, quand on sait le prendre, est parfaitement charmant, adorable, intéressant et toutes sortes de choses positives.
Mais ProjectRunway l’a pris en grippe, et désormais il n’y a plus de retour en arrière. Ils sont donc voués à se prendre le bec au moins tous les trois jours.

Comment ça a commencé ? Eh bien, ProjectRunway, jamais la dernière en matière d’ego, l’a dans le nez parce qu’il ne lui montre pas assez à quel point elle est formidable et épatante. Il faut dire que ce sont des qualités qu’elle a (peut-être), mais qui restent incroyablement bien cachées derrière un ton cassant au possible, limite méprisant.

Là, le Conseiller, que nous nommerons désormais Marsault, lui a demandé de trouver des documents en urgence. Elle était en train de s’occuper de sa nouvelle petite stagiaire en kit qui lui a été livrée ce matin et à qui il faut expliquer le fonctionnement du cabinet, et elle a glacialement répondu à Marsault, en levant vers lui le regard le plus courroucé qu’elle ait en magasin (quasiment comme celui qu’elle adresse au mur d’en face quand elle veut me fusiller du regard) qu’elle avait plein de boulot et qu’elle ferait ça plus tard : « je gère déjà dix millions de trucs ce matin, donc bon », a-t-elle conclu.

Marsault a marqué deux secondes de silence interloqué, pendant lesquelles il s’est sûrement demandé si elle était sérieuse, il a esquissé quelques pas dans le couloir, smartphone à la main, avant de faire demi-tour et de ramener ce point qui s’était mystérieusement échappé de la zone d’influence de son i : « j’ai du travail aussi, vous savez. Si je vous demande ça, c’est parce que moi-même j’ai du travail ».
Malheureux ! On ne répond pas à ProjectRunway ! En agitant sa main parfaitement manucurée, ProjectRunway a battu des cils de façon agacée (des années de pratique pour en arriver à ce résultat), et a insisté : « oui bah je dis pas que je vais pas le faire, je dis que j’ai autre chose à faire donc ce sera pas tout de suite ».
Le bras de fer a duré trois bonnes minutes comme ça, avec la nouvelle stagiaire au milieu, suivant la conversation comme d’autres Roland Garros.

Quand il a estimé avoir mis les choses au clair, Marsault a repris la lecture de son smartphone avec une mine qui disait : « très bien, très bien, je note » et est reparti en direction de son bureau sans insisté. ProjectRunway a dégagé une mèche de couleur surnaturelle de son épaule et a repris les explications auprès de sa stagiaire en kit le plus naturellement du monde.

Si mes calculs sont exacts, rendez-vous jeudi pour le match retour.

Conseil d’ami : quand vous êtes assistante, prendre vos supérieurs de haut, c’est une mauvaise idée.

par

Pin It

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.