8 raisons de regarder The Slap

5 septembre 2013 à 12:30

Parce qu’une fois de temps en temps, quelques bons dramas australiens nous parviennent sur arte (elle nous avait déjà comblés avec la première saison d’East West 101), ce soir sera l’une de ces occasions de se rappeler qu’il n’y a pas que la Scandinavie dans la vie avec The Slap, alias La Gifle sous nos lattitudes, qui débute à 20h50.

Cette diffusion est pour moi l’occasion de vous annoncer que j’en profiterai pour publier en temps voulu les 2 dernières reviews épisode-par-épisode de The Slap, qui étaient restées à l’état infâmant de brouillon depuis que j’avais regardé la série lors de sa diffusion australienne (une claque pour… lady !). Les 6 premières reviews sont cependant déjà en ligne depuis un bail, donc n’hésitez pas à remonter le tag pour y jeter un oeil.
Mais surtout, cette diffusion est pour moi l’occasion de vous dire qu’il FAUT regarder The Slap ce soir… après tout, House of Cards peut se binge-watcher une autre fois, The Slap, not so much.

Et si vous vous demandez encore si c’est vraiment nécessaire de regarder The Slap (et que vous n’avez pas encore été jeter un oeil à la première de mes reviews sur la série), eh bien voici mes 8 raisons de le faire. Urgemment, en fait.

The Slap, c’est au premier regard une narration rare ; bien que la série soit profondément feuilletonnante, sa structure, directement calquée sur celle du roman original, lorgne plutôt du côté de l’anthologie, en associant à chaque épisode un personnage bien spécifique. C’est ainsi l’occasion de véritablement rentrer dans l’univers, la psychologie et le quotidien du personnage en question, de vivre les évènements à travers son regard, sans aucune forme de biais… mais grâce à l’éclairage des épisodes précédents qui introduisaient à d’autres points de vue.

Car c’est bien cela, l’essence de The Slap : montrer une diversité de points de vue et d’opinions ; The Kaleidoscope aurait été un titre tout-à-fait valide pour notre histoire, mais c’était à la fois moins facile à prononcer et moins… frappant.

The Slap nous invite donc à passer une journée avec un personnage, à tenter de comprendre non seulement sa réaction vis-à-vis de la fameuse gifle, mais aussi, voire surtout, de nous faire pénétrer son monde, avec ce que cela inclut de valeurs et de vécu. Car il ne s’agit pas simplement d’exposer l’opinion de chacun sur la gifle : cette dernière n’est qu’un évènement déclencheur. Chaque épisode a la lourde responsabilité d’essayer de nous faire saisir l’essence d’une personne en moins d’une heure ; au-delà, son visage aura déjà été déformé par la perception des autres.

Des portraits sincères d’hommes et de femmes. The Slap ne reculant jamais devant la perspective de décrire la complexité des gens, et donc du monde (à moins que ce ne soit l’inverse), chaque personnage (et en particulier les 8 qui sont mis en avant pendant la série) bénéficie d’une écriture honnête qui permet de revenir sur les rapports hommes-femmes, mais aussi, sur les rôles genrés de chacun dans la société.

Ainsi, Manolis et sa femme Koula vivent selon un modèle traditionnel dans lequel l’homme et la femme jouent un rôle bien précis (dont généralement ils se plaignent ensuite tout en n’aspirant pas vraiment au changement), Harry incarne un certain idéal de virilité, Anouk est résolument une féministe bien qu’enfermée dans certains paradoxes, et ainsi de suite. Ces positions ne sont pas souvent le résultat d’un choix conscient, mais elles aboutissent à des interrogations intimes et des contradictions que The Slap détaille à la perfection, car aucune évidence n’est tolérée dans The Slap.

Qu’il s’agisse de sexe (il va s’agir de sexe à de nombreuses reprises, d’ailleurs) ou de relations platoniques, les interactions se détaillent dans une palette magnifique de nuances. A travers les rapports hommes-femmes, c’est aussi le fonctionnement de la cellule familiale que The Slap interroge, car évidemment les choix éducatifs sont au coeur de la problématique de la gifle.

Une mini-série qui se suffit à elle-même : il n’est pas nécessaire d’avoir lu The Slap pour apprécier la série The Slap. C’est évidemment un plus : du fait de la narration particulière, le lecteur aura un avantage certain sur le spectateur, car il aura pu entrer bien plus en détail dans le psychisme des personnages. Le choix fait par la série a d’ailleurs été de ne pas opter pour la voix-off comme matière première pour dépeindre les protagonistes ; peut-être que la série aurait été l’un des rares cas où ç’aurait été sûrement une bonne chose d’utiliser un peu plus ce procédé cependant. Ce choix osé nous prive d’un certain nombre de détails apportant plus de nuances encore aux personnalités en présence, mais pour autant, la série est parfaitement autosuffisante.

The Slap est tout-à-fait appréciable sans avoir lu le roman qui lui a donné naissance, bien que celui-ci, un véritable phénomène littéraire, gagne à être connu. Si vous n’avez encore jamais lu de roman australien (comment, pas même avec la diffusion de Puberty Blues ?!), The Slap gagnerait à être le premier. Quoique ça rendra sûrement très décevante la lecture du second…!

Matthew Saville.
Ce nom ne vous dit rien mais si vous avez vu Please Like Me, et surtout Cloudstreet, vous allez sûrement vite comprendre : Saville est le réalisateur de génie qui se cache derrière la camera de ces deux séries. En réalisant deux épisodes de The Slap, il parvient à insuffler sa touche particulière, une sensibilité qui doit énormément au sens du détail, à une photographie mettant en valeur les 5 sens avec luminosité.

Si les autres réalisateurs de la série ne déméritent pas, il n’aurait vraiment pas été un mal que Saville dirige tous les épisodes (et celui de Richie, en particulier), tant son doigté aurait énormément apporté aux portraits. Les épisodes réalisés par Saville comptent parmi les plus grandes réussites de la mini-série, en particulier celui de Connie qui est dans la droite ligne de ce que le réalisateur a accompli par le passé. Une véritable petite merveille comme on aime à en voir à la télévision.

Un cast absolument parfait ! Si la carrière internationale de certains acteurs de la série attirera sûrement l’oeil du téléphage averti plus que la trajectoire anonyme d’autres membres de l’équipe (ou au moins, la diffusion de séries « cultes » sur nos écrans ; hello Alex Dimitriades !), il n’y a pas une seule fausse note dans la distribution de The Slap.

En particulier, Melissa George, qui incarne un rôle central dans l’intrigue, est en très grande forme, il faut bien le reconnaître. Il ne fait aucun doute qu’en tous cas, elle est celle qui colle au plus près du personnage tel qu’écrit dans le roman ; elle possède totalement Rosie, jusque dans le moindre bruissement d’émotion. Hormis, sûrement, dans In Treatment, l’actrice n’aura jamais été éblouissante à la télévision. C’est le genre de choses qui arrive quand on a un matériau d’origine impeccable, et une actrice qu’on parvient à diriger tout en sachant lui lâcher la bride sur le cou.

Mais je le répète, pas un acteur de The Slap n’est pris à défaut ; les rôles secondaires non plus, qu’il ne faut pas oublier de mentionner et qui sont d’autant plus nombreux qu’à mesure que le fil de la série se déroule, des visages vont venir compléter la constellation de points de vue sur la gifle, ou plus largement la crise que traverse le microcosme du barbecue.

Un questionnement de la société cosmopolitaine : The Slap démarre lors d’un barbecue qui réunit des convives de toutes origines. Parce qu’ils sont réunis lors de ce barbecue, il est permis de penser que ces gens se connaissent et vivent la diversité comme une évidence. Mais c’est justement l’une des choses que la claque va remettre en question.

Car derrière la vie sociale multiéthnique que mènent en apparence les personnages, il va devenir plus que palpable que leurs différences de culture et de valeurs n’en sont pas gommées pour autant ; à vrai dire, la gifle va exacerber ces mêmes différences. The Slap interroge la façon dont la société peut composer avec les contradictions. Sans aller jusqu’à apporter une réponse définitive aux questions de mixité culturelle (ou plus simplement sociale, d’ailleurs), la série évite tout angélisme : oui, ce barbecue est organisé dans le jardin d’un couple interracial, oui, différents styles de vie trinquent les uns avec les autres, mais dans le fond, nous ne sommes pas compatibles sur tout. Mais puisque la grande leçon de The Slap est que personne n’a fondamentalement tort ou raison, le mieux est d’apprendre à reconnaître nos différences, plutôt que de prétendre qu’elles n’existent pas au nom du mieux vivre ensemble.
En cela, The Slap est d’une acuité précieuse, et ce, en France comme en Australie.

Une invitation à l’ouverture. Tout comme le roman original, bien que dans une moindre mesure, The Slap fourmille de références culturelles, d’invitations à sortir du microcosme de la « société du barbecue ». Car cette petite communauté ne vit pas repliée sur elle-même, et c’est ce qui permet de la prendre au sérieux.

A la question : « ces gens ne sont-ils pas tous en train de se rendre fous pour un acte mineur ? », la série répond qu’il existe une foule de réponses, par le prisme de la culture des uns et des autres, mais aussi à travers leur vécu. Ce vécu évolue avec les rencontres et les voyages, en se confrontant au monde. The Slap nous invite justement à nous confronter aux nuances de la société en nous montrant des personnages qui eux-mêmes le font. Le parcours de plusieurs d’entre eux sera à ce titre assez symbolique de la façon dont un point de vue sur un problème peut évoluer, si ce n’est changer, en portant son regard sur des choses nouvelles.

L’émotion n’est pas absente. Si The Slap est, évidemment, une mini-série poussant à la réflexion sur nos choix, nos modes de vie et nos opinions, elle n’en reste pas moins une oeuvre de fiction capable d’atteindre le spectateur. Certains épisodes, il est vrai, s’avèrent plus émouvants que d’autres ; difficile de rester de marbre, par exemple, devant ce qui ronge Richie.

Nous ne passons vraiment qu’une heure avec chaque personnage, mais ce temps est plus que suffisant pour nous glisser à leurs côtés et vivre avec eux leurs doutes, leurs souffrances et leurs moments de grâce. Ce sera mon message final : oui, The Slap est fascinante, intelligente et unique dans sa façon d’aborder une problématique sociale pour radiographier toute la société. Mais c’est aussi, voire avant tout, une série dramatique puissante. Une expérience à vivre, en somme. Ou huit.

Alors, The Slap, à voir ce soir sur arte : que ce soit dit et répété.

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2 commentaires

  1. Nicolas dit :

    Tout est dit et très bien dit : suivant les portraits, on peut être beaucoup plus touché par les uns que par les autres (Rosie, Manolis et Harry m’ont beaucoup touché) mais c’est vrai, la finesse du trait avec lequel chacun est dessiné est bluffante. A voir, à voir et à voir !

  2. bw dit :

    The slap : scènes de cul, engueulade dans les pièces a vivre, scènes de pleure et un retour aux fondamentaux a la fin de l’épisode.

    Tu parles d’un questionnement sur la société cosmopolite moi je dirais plutôt que cette série mets en scènes la vacuité des vies de classe moyenne occidentale

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