Cooler online

2 avril 2014 à 22:52

Ce n’est pas souvent que je vous parle de webséries (généralement par manque de temps, croyez-moi), et il est encore plus rare que je parle de séries marocaines. C’est donc avec un mini-évènement en soi si je vous parle de Switchers aujourd’hui, une websérie marocaine.

Switchers-650

Lancée pendant l’été 2012, la websérie Switchers m’a rappelé certaines séries japonaises à concept comme Mirai Nikki. En moins de 10 minutes d’épisode, le premier épisode de Switchers met en place un jeune adulte comme tant d’autres, pas franchement intelligent, pas franchement populaire, pas franchement riche, pas franchement beau (au moins d’après ses propres critères, mais il est ptet un peu dur avec lui-même). Cependant, son existence va basculer d’un jour à l’autre à cause… d’un portable. Comme quoi je ne fais pas des comparaisons avec Mirai Nikki par hasard.

Amine, notre héros, partage sa vie entre ses études en fac de biologie (où il est nul et récolte des zéros), la pizzeria qui lui apporte un petit salaire (où il se fait perpétuellement engueuler par son patron Mario), et la maison multi-générationnelle où il vit sans grand enthousiasme (notamment parce que son père n’est pas un gai luron). Il nous présente donc son existence, mais également la jolie Anissa, une jeune femme qui vient d’arriver de France et dont il tombe, dans l’instant, éperdument amoureux. Le problème c’est que la concurrence est rude : le mec le plus adoré de la fac, Rayan, est déjà sur le coup, et sans même essayer très fort, il l’a déjà charmée, lui envoyant une demande d’amis sur Facebook qu’Anissa accepte aussitôt. Et c’est là qu’Amine comprend que s’il veut exister, surtout aux yeux d’Anissa, il lui faut un smartphone. Le problème c’est que ça coûte une blinde et qu’il ne peut pas s’en offrir, même quand son seul ami, un geek qui vit devant son ordinateur et qu’il voit quand il lui livre des pizzas, essaye de le brancher sur un bon plan.
Mais par un curieux hasard, en rentrant chez lui un soir, il voit un vieux SDF qu’il aide ; ce simple geste lui permettra d’entrer dans la curieuse tanière de ce vieillard, où ce dernier lui offre gratuitement le dernier portable à la mode, celui dont rêvait Amine. Il lui énonce alors 4 règles à suivre impérativement.

Pressé de rentrer chez lui, Amine connecte immédiatement le portable à Facebook et crée son profil… et comprend alors qu’il n’a pas un portable ordinaire !

Je ne vous en dis pas plus parce que c’est dommage de spoiler les dernières secondes d’un épisode qui n’est déjà pas bien long ! Mais clairement ce portable va conduire Amine vers des aventures incroyables.

Switchers, c’est pas la websérie tournée dans un garage, j’aime autant vous le dire de suite, et d’ailleurs je vous explique pourquoi dans un instant. Outre l’excellent montage, la multiplicité des décors et les acteurs plutôt bons (même si le montage aide forcément), il y a une qualité dans l’image et les effets spéciaux qu’on ne retrouve pas dans toutes les webséries, loin de là, à plus forte raison si elles sont fantastiques. Si par exemple de façon très injuste on compare avec le tout premier épisode du Visiteur du Futur, on voit la différence de budget. Et, bien que ça n’enlève pas un iota aux qualités du Visiteur du Futur, ça fait quand même rudement plaisir de voir une websérie aux petits oignons dés la première seconde.

Mais si Switchers vit dans l’opulence, il y a une bonne raison : la websérie a été commandée et proposée par inwi… un opérateur mobile ! Alors, d’ordinaire, j’essaye d’éviter les « séries » qui sont en fait des purs plans marketing ; j’ai par exemple souvenir d’une marque de shampoings qui démarchait les blogueurs il y a quelques années pour qu’on parle de leur « série », en fait une pub avec une histoire. C’est en fait le cas de pas mal de ces « séries », ça reste des pubs. C’est d’autant plus important dans le cas de Switchers que la mise à disposition de la série sur son site dédié (et pas juste sur le portail d’inwi) se doublait d’une initiative interactive, proposant aux spectateurs de se créer un compte, puis de remplir une mission à chaque fois qu’un nouvel épisode sort, pour tenter de gagner un smartphone Samsung. Double promo potentielle, donc.

Alors si j’ai décidé de parler de Switchers, c’est grâce à deux facteurs.
D’abord parce que la série évite assez bien le product placement, qui comme vous le savez est un de mes dadas ; le logo d’inwi reste très discret (on le voit une fois quand Amine choisit sa carte rechargeable, et on le voit, mais coupé, quand il se connecte pour la première fois), et n’apparait d’ailleurs que tard dans l’épisode lui-même. Quant au logo Samsung, je dois être bigleuse parce que je ne l’ai pas vu, et pourtant on a des gros plans sur des écrans de portables plusieurs fois, donc de grosses opportunités.
Ensuite, voire surtout, parce que l’histoire tient toute seule. Et ça, c’est extrêmement rare pour ces soi-disant « séries »/pubs qui généralement essayent de mettre la marque au centre de l’intrigue. Ici, et j’en reviens à mes comparaisons à Mirai Nikki, l’enjeu est ce que le portable provoque dans la vie d’Amine, pas de quel portable il s’agit, ou de quel opérateur il s’agit. Ce qui lui arrive pourrait arriver avec un autre opérateur, par exemple.

On peut rétorquer, et c’est légitime je pense, que l’incitation à consommer est indirecte… Mais on parle de portable, d’internet et de Facebook, trois choses qui sont de toute façon au centre de la consommation du public-cible, les ados et jeunes adultes ! Réussir à trouver une façon d’évoquer organiquement l’univers des marques concernées dans la réalité des spectateurs, au lieu d’essayer de l’y insérer de force, est la subtile différence, je suppose, entre une « série »/pub et une websérie que je trouverai digne de mentionner, je suppose. Et il est possible que ce soit subjectif, d’ailleurs. Accessoirement, il est également possible que ce soit possible pour certains types de produits et inaccessibles à certains autres. Pour fini, ne pas se sentir concernée parce qu’inwi n’est pas commercialisée en France joue peut-être aussi. Tous ces points ne s’excluent pas mutuellement. Clairement, le débat est ouvert.
Au bout du compte, on regarde le pilote de Switchers comme une véritable expérience de fiction, fun et prometteuse, et c’est l’essentiel.

Le public marocain ne s’y est d’ailleurs pas trompé, et la première saison avait apparemment été visionnée, en moins de deux mois… près de trois millions de fois, tous épisodes confondus ! Il y a eu une deuxième saison l’été dernier, qui a l’air un peu plus complexe encore (n’est-ce pas souvent le cas ?) mais tout aussi fun et passionnante. Apparemment, inwi a totalement retiré son logo de la saison 2, d’après une annonce faite à la presse en juin dernier, ce qui est un bon signe aussi pour ceux qui auraient vraiment un problème avec la question.
Ma première websérie marocaine (et apparemment première websérie marocaine tout court d’après ce que je lis ?) aura donc été un succès à tous les égards. Mais faut pas qu’un opérateur français prenne ça pour une incitation, hein…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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