Impuissance

5 juin 2014 à 7:27

Power pourrait-elle être une série plus cliché ? Il y a eu des séries de Starz plus nuancées par le passé (pas des masses, mais la jurisprudence Boss aide quand même pas mal), et on peut espérer qu’il en vienne encore (je nourris quelques espoirs pour Outlander), mais Power rappelle aussi combien la chaîne câblée a tendance à jouer la simplicité (et hélas, la liste des exemples est longue).

Vous voulez un crime drama qui se déroule dans l’univers de la drogue ? Power va vous donner des minorités qui parlent avec un solide accent de racaille, quand bien même ils pètent dans la soie. Pas de place pour la nuance, la série va nous sortir la totale en matière de stéréotypes sur le trafic de drogues : armes à feu, violence gratuite, femmes-objet, rivalités entre gangs, tout. Serez-vous étonnés d’apprendre que Power introduit un triangle amoureux et une enquête fédérale dans le même souffle ? Rien ne nous sera épargné.

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Power tente de nous faire croire que cette litanie d’ingrédients vus et revus n’est là que pour souligner combien son personnage central, si finement surnommé Ghost par tout le monde (peut-être parce qu’il est si transparent), hésite à laisser de côté ses affaires illégales et se consacrer au nightclub qu’il vient d’ouvrir. C’est supposé apporter une sorte de contraste, d’ambiguïté, de dualité ; mais c’est fait avec tellement de lourdeur qu’à aucun moment on ne se dit : han, zut alors, que va-t-il choisir ?
A vrai dire on s’en bat complètement l’œil. Ce type a passé près de deux décennies à jouer les durs et maintenant il essaye de nous faire croire qu’il veut raccrocher les gants ? On n’y croît pas une seconde, et même s’il le fait, on s’en désintéresse complètement parce que ça n’apporte pas de véritable enjeu. Le pilote n’arrive pas à nous dire ce qui l’en empêche, donnant même plein de raisons au spectateur de pousser Ghost dehors : « mais si, vas-y, tu t’en fous, en plus ta femme est une connasse vénale, qu’est-ce qui te retient ?! ». Sérieusement, je viens de passer une heure devant ce pilote et je suis incapable de dire ce qui stoppe cet abruti, à part les scénaristes.

Dans Power, tout le monde est facilement lisible, il n’y a aucune forme de suspense, et les retournements de situation se flairent une à plusieurs dizaines de minutes à l’avance. Eh, tenez-vous bien : c’est le premier épisode ! Les gars, ils devaient accrocher les spectateurs… et ils ont choisi ça ! Quand on sait qu’une série, même avec 8 épisodes commandés, peut se monter inégale (n’a-t-on pas parlé de Penny Dreadful cette semaine ?), et que la tension retombe souvent en cours de saison, ça fait un peu peur pour les épisodes suivants.
Et je ne vous parle même pas des gros trous dans la logique de cette mise en place (pourquoi Ghost est tellement plus riche que son pote Tommy alors qu’ils sont supposés être partenaires depuis leurs débuts ? pourquoi c’est lui le boss du nightclub ? où passe donc le pognon de Tommy à part son fond de teint couvrant ?), ça devient indécent.

Circulez, il n’y a rien à voir ; Power n’a rien à offrir si ce n’est la garantie que Starz n’aura pas loupé le coche en matière de diversité. Mais si c’était juste pour faire ça, c’était pas la peine. Même certaines intrigues de Single Ladies avaient plus de substance… et même plus de bling. Je vous accorde qu’au moins, Power se déroule à New York et non Atlanta : ça nous permet de changer un peu d’horizon.
Mais vraiment, préférez changer de chaîne.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Toeman dit :

    Franchement, j’ai voulu lui laisser une chance et mettre au placard mes a priori, parce qu’après tout, on est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Mais dès le générique, j’ai compris que c’était mal barré. J’ai trouvé ça affreux. Déjà, le genre est pas fait pour moi, mais en plus, c’est mauvais. Tant mieux, ça me laissera plus de temps pour autre chose.

    • ladyteruki dit :

      Voilà, recentrons-nous sur l’important.
      Bah je dis trop rien sur le générique parce que j’écoute encore celui de NYC22 ^_^; Mais ouais sur le reste, je sais pas ce que j’espérais non plus. Peut-être, oh, j’en sais rien, des personnages avec des émotions ? Un véritable dilemme ? Un point de vue original ? J’en demande peut-être trop, parfois je me pose la question, aussi…

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