Browncoat for hire

22 août 2014 à 21:00

C’est vraiment un mois d’août plein de surprises, grâce à Ask a Telephage ; des pilotes que je n’aurais pas eu l’idée de voir ou revoir deviennent soudainement ma priorité, parce que j’ai promis de délivrer mes reviews une semaine au plus tard après la requête, et soudainement mon programme téléphagique est jalonné de séries à reviewer !
Le défi de ce soir, c’est à amdsrs qu’on le doit, puisqu’elle m’a mise au défi de parler du pilote de Firefly, alors qu’il est entendu qu’elle en parlera cent fois plus savamment que moi, pour le connaître sur le bout des doigts. Mais c’était quand, la dernière fois que j’ai reculé devant un challenge ?

Firefly-650

Il s’avère qu’en plus, le pilote de Firefly, je ne l’ai vu qu’une fois dans toute ma vie, et il y a longtemps. Le vrai pilote, j’entends, puisqu’il a été établi que ma review précédente portait sur ce que FOX avait diffusé comme le pilote, mais n’était pas le pilote. Si la migraine vous guette, et je compatis parce que moi-même les histoires de séries diffusées dans le désordre ça a le don de me semer en route, pas de soucis !
Disons pour résumer que, si vous voulez qu’on parle de l’épisode conçu pour être le lancement de la série, alors vous êtes au bon endroit. On dit ça ? On dit ça.

Après bien des années, j’ai en fait été assez surprise de la façon dont le thème du western s’intègre de façon tardive dans cet épisode. Il faudra en effet attendre plus d’un quart d’heure avant que la série ne s’aventure sur ce terrain (en-dehors de l’accompagnement musical, certes).
C’est-à-dire que ce qui a sûrement permis à Firefly d’entrer dans la mémoire collective téléphagique, hors l’absolue dévotion de ses fans évidemment, est ici totalement absent du début du pilote ! Avec ses premières minutes dédiées à la guerre, Firefly se présente donc avant tout un space opera, et ses ingrédients asiatiques sont, quant à eux, disséminés avec beaucoup de retenue dans l’épisode (pis en plus on comprend même pas ce qu’ils disent en mandarin, ce qui transforme certaines réactions en simples onomatopées).
Firefly, venez-y pour la fusion… restez parce que c’est pas de la fusion !

Le plus étonnant en dépit de ce cocktail étrange, et pas forcément bien équilibré, c’est de voir combien le pilote de Firefly est solide. En tous cas du point de vue des personnages.
Je trouve toujours Mal aussi antipathique qu’au premier jour (et ne comprends pas les étoiles dans les yeux de l’équipage féminin), mais j’admire la façon dont, et c’est quand même très whedonesque, il mêle une apparence goguenarde avec des plaies à vif. Personnellement, pour moi qui ai un faible pour les séries sur la guerre, c’était parfait de voir l’impact de la défaite sur Mal. Une tragédie personnelle qu’étrangement, Zoe ne ressent pas du tout de la même façon ; mais Zoe n’est clairement pas bloquée dans le passé comme lui.
Ce qui rend cependant les personnages épatants dans cet épisode, c’est la façon dont justement ils gravitent autour de leur capitaine ; les dynamiques sont uniques, et pourtant elles composent immédiatement un portrait cohérent de l’équipage du Serenity, qui donne vraiment envie d’y prendre ses quartiers.

D’ailleurs c’est d’autant plus vrai que le navire est clairement la pièce maîtresse de cet épisode de lancement. Non seulement il s’y passe 712% de l’intrigue, mais en plus, l’endroit est réellement habité. Dans l’usure du métal, la façon dont chacun est chez lui dans les différentes sections, dont le personnel caresse du regard les parois ou traite sans ménagement certaines pièces pour pouvoir se mouvoir, le Serenity est plus qu’un décor. On ne va pas tomber dans l’écueil du-décor-qui-est-un-personnage-à-part-entière-de-la-série, on vaut tous mieux que ça. Le Serenity est loin d’avoir les caractéristiques d’une Moya, par exemple ; en revanche le décor est organique au plus haut point dans l’action, les interactions et la façon de rendre vivant l’univers de la série, instantanément.
Qu’il rudoie l’équipement ou qu’il adresse des mots doux au navire, le personnel du Serenity est clairement lié par cette carcasse de métal, et c’est palpable. Cela sans jamais interdire des tensions au sein de l’équipage, à géométrie variable d’ailleurs (entre Jayne dont la position est assez clairement délimitée en fin de pilote, et Wash qui peste discrètement en début d’épisode, on a droit à tous les degrés), mais en leur donnant un endroit d’une grande familiarité dans lequel les relations peuvent se développer à loisir. Franchement, peu de séries parviennent à tirer autant, dés le pilote, de leur décor et/ou leur contexte. Et encore une fois, la façon dont Firefly le fait a quelque chose de terriblement désinvolte, genre Whedon a même pas vraiment essayé, vous savez. Il y a deux-trois choses qui vieillissent dans ce premier épisode, ce n’est pas l’une d’entre elles.

Mais cette introduction à l’univers de Firefly a quelques défauts, hélas ; qui expliquent pourquoi je ne vais pas me remettre devant la série aussi régulièrement que pour d’autres, pas même devant son pilote.
Le trop-plein d’action, par exemple, m’a fatiguée par moments et notamment dans la séquence relative à Whitefall. Ça ne manque pas d’ironie vu que ce pilote a justement été mis de côté parce que FOX estimait qu’on s’y ennuyait ferme, mais FOX et moi avons rarement les mêmes critères en la matière (jurisprudence SPACE 2063). Pour moi, ce genre de scènes, c’est juste trop long, fastidieux, je suis tentée de réduire la fenêtre et faire autre chose, c’est le plus sûr moyen de me perdre dans un océan d’ennui. Je reconnais bien volontiers n’avoir pas forcément des goûts mainstream en la matière, mais je suis plus facilement captivée par les moments dramatiques, et l’expression de ce qui torture les personnages, que par ces passages où ça s’agite pour pas grand’chose. Et le problème c’est que je sais pertinemment que Firefly a d’autres scènes comme ça dans sa besace, pour les épisodes suivants, et ça ne m’encourage pas à poursuivre. La vie est trop courte pour que je me tape une série qui flirte avec l’action.
L’autre problème majeur pour moi est l’intrigue de River, qui hors une mise en place plutôt équilibrée, devient assez peu intéressante pendant la seconde partie de ce pilote où grosso-modo, River prend des moues et/ou dort, Simon fait ce qu’il peut pour la protéger, et basta. Seul le minimum de backstory nous est délivré (et uniquement après une bonne dose de persistance et de mystères longuets), et je n’ai juste pas la patience. J’ai beau savoir que Firefly ne va pas nous faire trop mariner, et avancera sur le sujet des idées intéressantes (jusqu’au film Serenity, parait-il, dont j’ai le DVD mais que je n’ai toujours pas regardé), ça me lasse par avance de passer par tout ça.

Résultat, c’est sans regret : je ne suis pas une Browncoat. Je me ferai sûrement fusiller en place publique pour ça (les Browncoats ont la gâchette facile), mais j’assume. C’était cependant un bon moment à passer que de me mettre devant ce pilote une nouvelle fois, et pour ça, je remercie amdsrs. Je n’y aurais pas pensée seule.
Et maintenant je me tais et je la laisse me corriger sur toutes les bêtises que j’ai dites dans cette review et qui sont sûrement contredites 712 fois dans l’abondante documentation qu’elle a compilée au sujet de Firefly.

par

, , , ,

Pin It

Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. amdsrs dit :

    Tout d’abord: un grand merci pour t’être pliée à ma requête! Je ne vais donc pas commencer par te taper sur les doigts pour n’avoir jamais vu « Serenity », ça serait mal venu… 😉
    (En plus, il y a beaucoup de zombies dans ce film et je crois savoir que ce n’est pas trop ta tasse de thé.)

    Ensuite, tu me crédites de trop d’expertise: je n’ai aucune erreur à corriger! Par contre, je peux partager quelques infos en plus si tu le désires.
    En premier lieu, le personnage de Mal est beaucoup plus sombre dans ce pilot que dans les autres épisodes de la série. Cela faisait partie d’une des raisons de la Fox pour commander un nouveau pilot: ils avaient peur que les spectateurs soient rebutés par un captain taciturne à l’humour un peu froid. On ne commentera pas pour la énième fois l’ignorance des exécutifs de l’époque…
    En second lieu: savais-tu que la seringue que regarde Inara pendant que passent les Reavers n’est pas destinée à son suicide? Whedon n’avait pas ça en tête lorsqu’il a écrit la scène. Il avait prévu pour plus tard dans la série, un épisode très très dark où Inara serait enlevée (par des Reavers apparemment): la seringue en question contient un produit qu’elle s’injecte et qui a pour conséquence de tuer toute personne ayant des relations sexuelles avec elle (relations forcées dans ce cas précis). Dans la suite de cet épisode, Mal l’aurait délivrée et en arrivant dans le vaisseau aurait découvert les Reavers morts. Le spectateur en aurait tiré une atroce conclusion… Autre info, le background d’Inara c’est qu’elle est atteinte d’une maladie incurable, ce qui explique que soudainement elle ait décidé de lâcher l’Académie et de parcourir l’univers.
    À propos de la scène du pilot, j’aime bien cette remarque de Whedon (dans le commentaire): « hurting Kaylee is generally shorthand for pure evil in the Firefly universe ».

    Plus généralement, je suis d’accord concernant la force d’existence des personnages. Et soyons clairs, si les Browncoats sont si nombreux et si convaincus, c’est à cause des personnages, et pas pour la mythologie ou les intrigues. Que Whedon ait plus ou moins conclu l’histoire dans le film ne change rien, ces personnages (et ce vaisseau) sont tellement « réels », que c’est ce qui leur permet de survivre dans l’imaginaire. Plus encore que n’importe lequel des personnages qu’il a pu créer jusqu’ici.

    Pour ce qui est de River, c’est vrai qu’avec le recul on peut considérer qu’il est vraiment dommage qu’elle ne soit pas plus exploitée d’emblée. Pour rappel, il faut attendre « War Stories » puis « Objects in Space » pour qu’on lui trouve une utilité et qu’elle nous intrigue vraiment. L’écriture de Whedon est vraiment faite pour le long-cours en ce sens: il prend le temps de laisser s’installer la familiarité avant de bouleverser la dynamique. C’est exactement ce qu’il a fait avec Agents of Shield cette année. Mais Firefly n’a pas eu la chance d’avoir une saison entière. C’est sans doute aussi l’une des raisons du culte que lui vouent les Browncoats. Quand on compare le début et la fin de toutes les séries de Whedon, qu’on voit l’évolution, on ne peut qu’être complètement dévastés par la qualité qu’on imagine être celle de la fin de Firefly, si seulement elle avait eu le droit à sa chance.

    J’ai bien noté que tu ne voulais pas te refaire la série, et je comprends que les séries d’action ne soient pas vraiment ta tasse de thé. Mais puis-je te conseiller tout de même de revoir le meilleur épisode de la série: « Out of Gas »? Il mêle trois chronologies différentes, retrace la rencontre de l’équipage et du vaisseau, et est vraiment du côté des personnages (de Mal surtout). C’est un très bel épisode, tant du point de vue du fond que de la forme. (Et si tu le regardes, je te raconterai une jolie anecdote à son propos… 😉 )

  2. amdsrs dit :

    ah oui, j’ai oublié, à propos du fait que ce n’était pas très western comme pilot, Whedon dans le commentaire a dit: « The network didn’t like the Western thing, which is hilarious considering it was pretty much the idea of the show. »

    Ok, j’ai resorti mes notes sur le commentaire du pilot, alors en vrac:

    Joss Whedon avait écrit le rôle de Badger pour lui. Quand Mark Shepard l’a appris sur le tournage, il n’arrivait plus à jouer. Le gros trac.

    Ceux qui portent des chapeaux dans Firefly sont forcément des méchants.

    Quelques traductions de phrases chinoises: « Explosive diarrhea of an elephant » et « Mother of god and her wacky nephews »

    En tournant les scènes de la bataille de Serenity Valley, Nathan Fillion a craqué son pantalon 3 fois aux fesses. Trop serré…

    Nathan Fillion: « I always had it in my head that crew members on Serenity represented, for Mal, bits of himself that he has lost or needs. »

    Whedon: « Jayne is the Cordelia of this show. The person who, you know, will say what everybody else is thinking. »

    Whedon: « What’s in the box was sort of the big mystery of the 1st half of this 2-hour. The advertisements that said ‘A girl in a box’, not helping so much with the mystery of it. »

    Voilà, maintenant je me tais 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.