It gets the rose

6 avril 2015 à 18:37

Après ma quête pour trouver une comédie à déguster, qui date de jeudi seulement, et qui m’a conduite à vous parler de pas moins de 10 pilotes en une journée (c’est pas que je suis fière mais faut quand même admettre que ça n’arrive pas tous les jours !), on est d’accord que The Wrong Mans n’allait pas me faire tenir bien longtemps. Par le plus grand des hasards, je suis tombée sur le pilote de Burning Love, que j’avais dans mes archives depuis des lustres et que je n’avais pourtant jamais touché.

Pourquoi ?
D’abord parce que dire que je ne suis pas fan de Ken Marino est un euphémisme ; en outre, les séries dans lesquelles je le vois ne m’inspirent souvent pas plus que ça, de Party Down (dont je me suis fait l’intégrale une fois, sans parvenir vraiment à rire pendant les deux saisons) à Marry Me que je regarde essentiellement pour Casey Wilson (quand je pense à la regarder). Et ça, c’est pour les séries dans lesquelles je me souviens de lui.
Ensuite parce que, très franchement, une comédie sur la télé réalité, je suis très prudente de nature. Il est certain qu’on peut faire de bonnes choses sur le sujet (ne vous ai-je pas parlé de Toranai de Kudasai!!) ou plus simplement, divertissantes, (voir récemment ma review du pilote de Barely Famous), et à vrai dire, je suis bien plus intéressée par une série sur la télé réalité que par toutes les émissions de reality tv du monde. Mais enfin, bon, ce n’est pas très haut sur ma liste de priorités, en fait ça passe derrière la perspective de tester une romance pakistanaise. C’est vous dire.
Ah oui, parce qu’en plus, dés qu’on parle de romance, je suis pas spécialement bon public.

Mais bon, les temps sont durs, j’ai fini ma réserve d’épisodes de The Wrong Mans, j’ai pas d’autre comédie sous la main, donc : Burning Love. Un jour il faudra qu’on parle sérieusement des découvertes qu’on fait à reculons même quand on aime les découvertes.

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Le concept de Burning Love est de proposer un pastiche des émissions du genre The Bachelor et tutti quanti ; pour cela, on a donc un célibataire, Mark (incarné par Marino donc) et une ribambelle de candidates plus ou moins désespérées. Mais quand même plus que moins.
Le canevas est strictement identique aux émissions du genre, avec une vocation « feuilletonnante » puisque le premier épisode éliminera quelques candidates seulement, le célibataire convoité continuant de frayer avec les jeunes femmes restantes pour quelques semaines de plus. On ne peut pas dire qu’on soit dans la fulgurance : absolument aucune originalité n’est prévue dans le scénario, si bien qu’à un moment, on pourrait aussi bien regarder une véritable émission de télé réalité, ça ne ferait pas une grosse différence. Or, comme vous le savez, c’est mon plus gros soucis avec les séries sur la télévision « à moitié scriptée », et on a eu l’occasion d’en cause à l’époque de Siberia d’ailleurs.

Dans tout cela, la bonne nouvelle, c’est que même si Ken Marino m’est aussi antipathique que d’ordinaire, ici, ça sert plutôt bien le propos de la série. Ses réactions généralement sexistes (mais aussi parfois racistes) soulignent que c’est généralement ce qu’on trouve dans ces émissions : des petits jouisseurs pas très futés qui ont trouvé un bon moyen d’avoir le beurre et l’argent du beurree. Le fait que ce soit légèrement plus explicite dans le pilote (et a priori le reste de la saison) que dans une véritable émission du genre est supposé être drôle. Bon, ça se discute, mais au moins on trouve derrière les répliques un propos intéressant sur l’hypocrisie générale d’une émission qui se targue de chercher la romance mais qui n’a rien de romantique, bien au contraire.
La position consumériste de Mark est affichée et nous rappelle que c’est avant tout un étal que l’émission Burning Love lui propose, et il est simplement en train d’y faire son marché. Se ment-il à lui-même lorsqu’il prétend chercher l’amour, ou seulement aux spectateurs ? Cela n’a pas grande importance pourvu qu’il soit bien clair que Mark est un enfoiré. En gros, Burning Love décrit moins les limites de l’émission, que celles de son personnage central. Ce n’est pas tant le principe de la télé réalité « romantique » qui est remise en question, que la façon dont l’émission est utilisée par l’un de ses protagonistes. Pas forcément aux dépens de la production, ou des spectateurs ; ses victimes sont les femmes, ou le seraient si elles n’étaient pas montrées, elles aussi, comme une belle bande de ratées.

Tous les clichés employés d’ordinaire dans les émissions de ce type sont ici rassemblés au grand complet : les candidates qui sont là pour se mettre en avant, celles qui sont là parce qu’elles sont en chaleur, celles qui ont d’énormes problèmes psychologiques (voire psychiatriques), celles qui semblent vraiment y croire en dépit du bon sens, et ainsi de suite. Burning Love ne fait pas de quartiers, et montre la plupart de ces femmes sous l’angle le plus détestable et/ou ridicule possible à chaque étape de la sélection. A travers elles, c’est aussi parfois la télé réalité qui est moquée (comme avec la candidate enceinte jusqu’aux yeux dont tout le monde fait mine de ne pas voir qu’elle est à deux doigts d’accoucher entre deux prises), avec ses stratagèmes qui ne trompent personne et ses mensonges ridicules (90% des candidates sont assistantes dentaires)
Une partie de ces personnages est aussi, tout simplement, grotesque pour le mérite d’être grotesque, comme une femme âgée, une aveugle, ou encore une candidate qui s’est pointée dans un déguisement « pour que Mark s’intéresse d’abord à sa beauté intérieure ». Contrairement aux arrivistes, aux exhibitionnistes, et aux romantiques pathologiques, ces personnages ne sont pas là pour faire des blagues : elles sont la blague. Leur simple apparition à l’écran se suffit à elle-même. Le degré zéro de l’humour, mais en même temps, Burning Love n’a jamais prétendu vouloir faire dans la finesse.

Le résultat est un peu inégal. Il y a des moments où les remarques des protagonistes, en particulier Mark, sont lourdes de sous-entendus et de doubles sens, permettant de se rappeler qu’on a affaire à une fiction sur la télé réalité, et pas simplement de la télé réalité. Mais la majorité du temps, on reste quand même dans quelque chose de très conventionnel et/ou simpliste, et finalement Burning Love manque un peu de l’audace nécessaire pour vraiment passer à l’acide les méthodes, les candidats et/ou les idées derrière ce type d’émission.
Or, si ce n’est pas pour écorcher l’un ou l’autre de ces aspects, quel intérêt de regarder une comédie comme Burning Love ?

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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