Coup de feu

19 septembre 2015 à 12:00

Une petite review d’un vieux pilote que j’ai eu envie de revoir, et comme je ne vous en avais parlé qu’il y a très longtemps et pas en détail, vous êtes bon pour quelques paragraphes sur le sujet. Au menu : Kitchen Confidential, une série qui a démarré voilà dix ans aujourd’hui et que je suis sûrement la seule au monde à regretter vu son annulation rapide.

Inspirée par l’autobiographie du chef Anthony Bourdain, cette série mettait en scène Bradley Cooper (post-ALIAS, mais dans l’un de ses premiers rôles principaux) dans la peau d’un cuistot éminemment doué, mais victime de ses défauts, répondant au nom de… Jack Bourdain. Oui, bon, dit-elle en grommelant, j’ai jamais dit que c’était une série qui brillait par son originalité. Kitchen Confidential démarre alors que Bourdain est sur le banc de touche depuis trois ans après une légendaire descente aux enfers. Il a en effet tout planté dans le décor en abusant de la drogue et de l’alcool : sa carrière, sa vie personnelle, et sa réputation, ce qui pour un chef à New York est forcément vital. Heureusement qu’il lui reste le talent, bien que celui-ci serve bien peu dans le restaurant bas de gamme de sa petite amie, un endroit au public très familial où l’on ne fait certainement pas de l’art.
Mais Bourdain a l’opportunité d’être entendu par un dénommé Pino, propriétaire du Nolita qu’il faut rouvrir après que le chef précédent ait, euh, eu des différences créatives et ait préféré partir. Avec toute son équipe. Et le matériel. Et la bouffe. Le Nolita doit reprendre du service dans moins de deux jours, avec seulement 300 dollars comme budget, et ça ressemble grandement à une mission suicide… mais c’est aussi le seul espoir que Bourdain ait de ne pas cuisiner des lasagnes bolognaise pour le restant sa vie.

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Le pilote va finalement aller très vite sur la mise en place ; vu qu’il s’agit d’une comédie en single camera d’une demi-heure, c’est vital. Cela se fait de façon maligne, avec l’aide de séquences très courtes, montées à une vitesse effrénée, et de dialogues tout aussi rapides. Bourdain va donc aller recruter ses meilleurs copains, qui eux, ont déjà des jobs, sous des prétextes généralement fallacieux (il promet à son chef pâtissier une couverture dentaire, par exemple, ou des visas pour les proches sans papier de son expert en fruits de mer). Et surtout il dégote son meilleur pote avec lequel il faisait les quatre cent coups, Steven, qui est capable d’accomplir des miracles, généralement de façon peu légale mais on s’en souciera une autre fois. De la même façon que Bourdain est pris par le temps, tout ça défile très vite, ainsi que la rencontre avec le personnel de salle, ce qui fait de Kitchen Confidential l’un des rares pilotes de la planète à aller plus vite que Barry Allen. On n’y est pas non plus absolument dans le gag : l’humour de la série repose plus sur son ton, ses sous-entendus et ses petites touches grinçantes, que sur de véritables séquences construites autour d’une blague ; en cela la série se rapproche plus d’une dramédie hybride du câble que d’une comédie pur jus de network. Ce qui sans nul doute lui fût fatal.

Arrivé à la moitié de sa durée, ce premier épisode a posé tous les jalons en un temps record. Y compris celui d’une nouvelle intrigue : le soir de son ouverture, le Nolita va être visité par une éminente critique gastronomique… qui s’avère aussi être l’ex de Bourdain. Qu’il a trompée. Avec sa sœur.
Cette seconde partie du pilote ne s’accorde pas tellement plus de pauses, toujours pour maintenir l’impression de vivre les mêmes challenges que l’équipe du Nolita, mais adopte un humour légèrement différent. Cette fois on a quelques gags, notamment visuels (à base de doigt coupé, parce qu’évidemment), des quiproquos, et une espèce d’empilement de catastrophes qui nous amènent au point d’orgue du pilote, quand finalement on va savoir si la soirée d’ouverture du Nolita a complètement foiré. Et donc, si Bourdain est totalement fini cette fois. Mais si c’était le cas, il n’y aurait pas de série…

Kitchen Confidential manque parfois de subtilité (c’est quand même dur d’accomplir ce miracle d’emblée pour un pilote de comédie, surtout s’il cumule pas moins de deux intrigues l’une à la suite de l’autre !), mais repose sur un rythme échevelé et beaucoup d’énergie de la part de tout le monde, ce qui en fait un épisode très appréciable. Bradley Cooper, en particulier, se donne à fond et ça se sent ; chose d’autant plus nécessaire qu’il est omniprésent dans la plupart des séquences et que pour le moment, les autres personnages existent essentiellement de par leurs interactions avec lui. On retrouve dans Kitchen Confidential le tempo fou de la vie d’un restaurant, et vous savez que ça fait partie des choses que j’adore regarder à la télévision.
Pour moi qui ai pourtant vu l’intégralité de la série (deux fois, pas si mal pour une série aussi anonyme qu’elle !), j’étais pourtant surprise qu’il soit fait si peu de cas des méthodes peu honnêtes du Nolita pour se remettre en ordre de marche ; je sais que ce sera le cas dans des épisodes ultérieurs, mais ici, c’est finalement à peine évoqué (Bourdain a volé le lave-vaisselle du restaurant familial de sa petite amie) et ça ne prête à aucune conséquence (elle se contente de lui raccrocher au nez). C’est pourtant pour ces premières 48 heures qu’il aurait été primordial d’en poser les bases, d’autant que d’un autre coté, notre héros annonce fièrement à Steven que, cette fois (emphase sur le cette fois), ils feront les choses dans les règles et légalement. La dissonance cognitive n’est pas du tout adressée ici, et ç’aurait pourtant lancé quelques enjeux intéressants. Mais enfin, à l’impossible nul n’est tenu et le premier épisode de Kitchen Confidential accomplit déjà beaucoup pendant sa première demi-heure d’existence.

Pour finir, si vous hésitiez encore à vous mettre en quête des épisodes, laissez-moi vous citer quelques uns des acteurs qu’on trouve au générique de la série aux côtés de Bradley Cooper : John Cho, Owain Yeoman, Bonnie Sommerville, John Francis Daley, Nicholas Brendon… que des visages connus des téléphages, donc.
En fait c’est à un tel point que j’ai revu le pilote… et que maintenant j’ai très envie de me refaire la suite ! Et de trois ?

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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