Regrets

2 mai 2016 à 10:00

Le festival Séries Mania, c’est parfois la seule occasion de découvrir des séries venant de certaines contrées, mais seulement 10 jours pour le faire… Et il faut parfois faire des choix. Ces choix, chacun les fait selon ses critères : certains festivaliers essayeront d’établir une liste de priorités, d’autres laisseront la chance (et les impératif de l’emploi du temps) décider, certains picoreront un peu de tout en petites quantités.
Cette année, sans doute plus que les précédentes, c’est cette dernière technique que j’ai adoptée. Je n’ai vu quasiment que le premier épisode des séries présentées (et hors-projection), presque jamais le deuxième lorsqu’il était montré. C’était ça, ou rater un grand nombre de découvertes. Pour l’essentiel j’étais en paix avec mon choix : après tout, tester des « pilotes » (qui comme vous le savez est l’appellation sous laquelle je regroupe tous les premiers épisodes de séries, qu’ils aient été produits à l’américaine ou non), c’est un peu ma spécialité.

Mais certaines séries pâtissaient de ce choix, comme l’israélienne Malach Shel Ima. Je suis à peu près sûre que j’aurais plus apprécié ce drame si j’avais pu lui laisser plus de temps ; je sais en tous cas que lire à son sujet m’a permis d’entrevoir tout ce qu’elle avait à proposer au-delà de sa première heure, et qui m’a échappé de part mes choix de découverte expéditive.
En tous cas son premier épisode n’était pas spécialement excitant, tout entier absorbé dans une exposition lente, truffée de silences, et assez avare en détails. La série juxtapose ainsi divers portraits, tous réalisés à la veille de Yom Kippur. Ainsi se succèdent à l’écran Yael, une thérapeute travaillant en milieu carcéral, et mère de deux enfants, Sharon, un homme avec lequel elle commence à travailler et incarcéré pour le double-meurtre de ses enfants, et Rafa, un jeune homme d’origine éthiopienne qui, avec sa mère, est rejeté par sa communauté après avoir décidé de ne pas faire son service militaire et de s’enfuir au loin…

MalachShelIma-SeriesMania-650

Que cherche à nous dire Malach Shel Ima ? Eh bien, le titre (« l’ange de maman », d’ailleurs le titre anglophone pour la projection, Mama’s Angel, est une traduction littérale) nous donne un indice lorsque sa mère surnomme ainsi Rafa, affectueusement. Ce jeune homme va en effet voir sa vie bouleversée après la découverte d’un tag défigurant un monument à la mémoire de soldats israéliens, griffonné pendant la nuit précédant Yom Kippur. Or, au pied du monument, le matin suivant, le corps sans vie de Kfir, le fils de Yael, est également découvert, éventré et camouflé sous des branchages.

Pour en arriver à cette conclusion, il faudra attendre la toute fin du premier épisode de Malach Shel Ima, et je vais être franche avec vous, le lien entre le graffiti et le meurtre, je ne l’ai pas fait toute seule : je l’ai compris en le voyant indiqué noir sur blanc sur le site officiel de la production de la série. Quand le premier épisode s’achève, rien ne dit que Rafa est l’auteur du graffiti (même si cela fait sens étant donné l’opposition de Rafa au service militaire).
J’ai un peu l’impression que Malach Shel Ima est une variation autour de ce que fait American Crime aux USA : un mélange d’affaire policière/judiciaire et de drame social profondément ancré dans des questions actuelles. Mais l’exposition longue de la série est loin de l’efficacité de la série américaine, et il faudra sûrement s’armer de patience pour en découvrir les différentes dynamiques (le public israélien découvrira la série en juin, avec un peu de bol quelques articles sortiront à ce moment-là pour détailler la démarche de la série).

Vous le voyez, ma « review » sur Malach Shel Ima est très flottante : j’ai à peine eu le temps de percevoir ce que la série a mis en place que j’ai déjà dû passer à la série suivante, et je ne me sens pas en position de donner un avis définitif à son sujet, alors qu’elle n’a vraiment que procédé à une mise en place sommaire de son intrigue dans ce premier épisode. Mais je perçois un potentiel qui me donne du regret, j’aurais voulu lui consacrer plus de temps pour découvrir certaines de ses subtilités. J’aurais voulu, aussi, découvrir si les différents degrés de pratique religieuse étaient uniquement des éléments du décors, ou un angle important de son propos. J’aurais également aimé aller jusqu’au bout de son interrogation des silences (y compris dans la scène de découverte du corps de Kfir, qui nous montrer Yael découvrant le corps du petit, mais dont le cri est interrompu avant d’être entendu), et sur leur signification.

Séries Mania n’est jamais l’endroit où il est possible de découvrir des séries de la planète dans leur intégralité (ce privilège étant réservé, apparemment, à des anglophones et francophones). Même si j’avais poussé mon visionnage jusqu’au bout du deuxième épisode, ma curiosité n’aurait peut-être pas totalement été rassasiée, et je ressentirais probablement une frustration similaire à essayer de parler de Malach Shel Ima, sachant que je n’en connaitrais jamais la conclusion.
Ça fait partie des règles du jeu. Un festival n’est pas le genre de contexte propice à une vision d’ensemble d’une œuvre. Cela ne donnerait pas tant de regrets s’il y avait d’autres contextes possibles.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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