Les lois de Dieu et des hommes

12 juillet 2016 à 20:45

Le propre de la carrière de prêtre est de suivre le rythme de la vie de son entourage : baptêmes, communions, mariages, enterrements… Sidney Chambers, en poste à Grantchester (une petite bourgade près de Cambridge), est l’un d’entre eux. Sa vie entière est donc dédiée à accompagner celle des autres.
Il suffit pourtant d’une fois pour que les choses soient différentes. Il suffit des funérailles d’un suicidé. Il suffit d’une femme exprimant ses doutes sur le motif du décès. Et soudain, tout change. Le prêtre devient enquêteur. C’est qu’il possède un pouvoir unique, qui la société ne garantit à personne d’autre : il est un confident professionnel. Idéal, quand on veut recueillir des témoignages, non ?

Grantchester nous emmène dans son premier épisode, diffusé ce soir sur France3, à la rencontre d’un homme dont la vie est étriquée, essentiellement parce qu’il ne la mène pas, mais qu’il est en revanche témoin de celle des autres (on ne nous dit pas trop quand il a fait ce choix, mais on devine un peu, dans l’ambiance d’après-Guerre, pourquoi). Il se peut cependant que cela soit un sacerdoce autant qu’une bénédiction, lorsque se présente cette affaire potentielle de meurtre : peut-être qu’il peut rendre sa vie excitante grâce aux interrogations autour de cette mort.
Le père Chambers n’est pourtant pas un voyeur, pas plus qu’il n’est aigri par sa condition. Il accueille simplement le changement avec les bras ouverts, à plus forte raison parce que l’amour de sa vie vient de se fiancer à un autre et qu’il a besoin, a minima, d’une distraction. Mais surtout il ressent sincèrement le besoin d’aider son prochain… sûrement qu’on ne devient pas prêtre sans avoir ce genre de nature. Alors Grantchester va nous faire suivre son enquête, toute informelle soit-elle. Nous faire vivre par son truchement les émotions de l’entourage du défunt, aussi, car cela compte énormément dans son travail, au moins autant que découvrir la vérité.

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Mais contrairement à son ancêtre Cadfaël, notre prêtre n’est pas seul dans cette entreprise de vérité. Il trouve dans ce premier épisode un allié de choix, le détective Geordie Keating. Enfin… on peut se demander si ce n’est pas le policier qui s’est ici trouvé un partenaire : Sidney Chambers est d’une aide bien plus précieuse que le roublard détective.
Qu’importe, au fond : Grantchester se réjouit surtout de les voir interagir l’un avec l’autre. Ils sont, comme tant de duos de séries policières, l’exact opposé l’un de l’autre, et pourtant très vite la série traite leurs échanges comme une amitié réelle. Pas une amitié masquée par des apparences de moquerie, mais une vraie amitié qui laisse s’exprimer les deux hommes avec sincérité et respect. Cela n’exclut pas les plaisanteries, mais cela signifie qu’il y a entre le père Chambers et le détective Keating quelque chose qui ne joue aucun jeu. Sauf le backgammon, bien entendu. Dans ce premier épisode il n’y a, à mon sens, pas encore assez de ces scènes sur le duo ; c’est assez normal, puisque le prêtre ne rencontre le détective qu’en cours d’épisode, et qu’à l’intrigue policière s’ajoute l’exposition de tout le reste. Aussi j’espère que par la suite, Grantchester tirera avantage de la fantastique alchimie entre les deux personnages.

Elle n’a, très honnêtement, pas vraiment d’autre singularité, en fait. Grantchester ne propose pas grand’chose de nouveau par rapport à de multiples autres séries d’enquête.
Bien-sûr, le fait que son personnage central soit un homme d’Eglise, avec un point de vue particulier, aide le spectateur à ressentir les choses différemment ; en cela l’enquête passe presque au second plan, la série préférant s’intéresser aux humains que rencontre son personnage central, et aux qualités que celui-ci doit mettre en oeuvre pour assurer son service auprès de paroissiens dans la détresse. Au-delà, pourtant, Grantchester ne change pas la donne : il y est toujours question de meurtre (j’aimerais tant que les séries policières redécouvrent le reste du Code pénal !), il y est toujours question d’obtenir des preuves et des aveux. J’entends bien que le genre policier a ses conventions. C’est juste qu’il me lasse, parce qu’on en bouffe vraiment beaucoup, depuis de longues années.

Si ce soir vous voulez regarder Grantchester sur France3, soyez donc conscients de ce qui vous attend, à savoir une série solide… mais pas exactement capable de faire battre votre cœur. A moins que, oui, bon, bien-sûr : James Norton.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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