With great powers

18 juillet 2016 à 14:03

L’inconvénient de m’être détruit le genou le mois dernier, c’est que je passe infiniment plus de temps au lit, dépendante de mon portable pour me distraire qui plus est. L’avantage… c’est que du coup je découvre des webseries, à l’instar d’Inhuman Condition, une série fantastique canadienne.
Je sais, je sais ; mais faites quand même semblant d’être surpris qu’une excellente fiction de genre soit produite au Canada…

InhumanCondition-650

Des webseries, on en trouve de toutes les durées ; l’autre jour, je parlais de Day 5 dont par exemple le premier épisode dure pas loin d’une très honorable demi-heure. Inhuman Condition est beaucoup plus courte : ses épisodes ne dépassent pas la dizaine de minutes.

Alors que peut bien raconter une série fantastique en si peu de temps ? Eh bien en fait, plein de choses, parce qu’à défaut de temps, la série a trouvé une idée ingénieuse : devenir bavarde. Dans le bon sens du terme.
Le choix fait ici est le même que dans The Booth at the End : ce sont les dialogues entre les personnages, sur des choses qui se sont produites ou vont se produire, qui remplacent le fait de filmer l’action et la montrer explicitement au spectateur. Si vous avez lu ma review de The Booth at the End (au pire je vous l’ai remise en lien ci-dessous, héhé !), vous savez que ce format fonctionne très bien sur moi, puisqu’il a le mérite de s’intéresser exclusivement aux personnages et de totalement plonger le spectateur dans leur psyché.
C’est encore plus vrai pour Inhuman Condition qui se présente comme une série de thérapie. Les échanges ont lieu dans ce premier épisode entre une thérapeute et une jeune femme accablée par de terribles superpouvoirs. La parenté avec Web Therapy, et bien-sûr BeTipul, est bien-sûr criante, mais avec un twist surnaturel unique. Il faut cependant noter que le huis clos n’est pas intégral dans le cas d’Inhuman Condition, puisque l’épisode commence dans la chambre de la patiente avant de se dérouler dans le cabinet de sa thérapeute.

Et de toute façon, ce premier épisode se refuse à exister hors de tout contexte. Des éléments extérieurs à la seule relation de soin se mettent doucement en place dés le premier épisode, en dépit du temps très réduit et de l’obligation d’exposition. La thérapeute, incarnée par Torri Higginson (vue dans deux séries de la franchise Stargate, et plus récemment revenue à plus de réalisme dans This Life), n’est en effet pas consultée par hasard : sa nouvelle patiente, Tamar, lui a été adressée par le Centre, qui l’avait jusque là prise en charge, et qui est en train de lentement aider la jeune femme à revenir à une vie normale. Quel est précisément ce centre ? Quel genre d’organisation a les moyens de payer un auxiliaire de vie à temps plein, de la thérapie, des appartements de transition, et toutes sortes d’autres choses, à ses patients, comme c’est le cas pour Tamar ? Cela laisse entendre que d’autres personnes seraient ainsi gérées par le Centre, et donc que Tamar ne serait pas un cas unique… Cela expliquerait pourquoi la thérapeute n’est pas surprise par le cas de Tamar. Dans ce cas, combien d’autres personnes sont concernées ?
Naturellement, il est tôt pour répondre à la plupart de ces questions, et encore, si réponse il doit y avoir (on se rappellera que The Booth at the End avait maintenu son excellence sans jamais lâcher de réponse définitive). Mais qu’elles se posent si tôt permet d’avoir une vision d’ensemble de l’univers, allant au-delà des personnages présents à l’écran. Il ne s’agit pas seulement d’une psy, d’un auxiliaire, d’une patiente. Le monde d’Inhuman Condition est planté, et s’il nous est flou pour le moment, il est d’ores et déjà très vaste.

La séance elle-même est relativement banale, ce qui là encore s’explique par l’équation entre la durée et le travail d’exposition. Tamar a besoin d’expliquer toute sa situation à sa nouvelle thérapeute, ce qui apparait un peu long par moments ; qui plus est, Cara Gee, l’actrice qui incarne Tamar, n’est pas d’une finesse idéale dans sa façon de dépeindre l’anxiété (pardon, hein, je me permets de me placer en experte ; en tous cas je la trouvais plus habile dans Strange Empire). En toute honnêteté, ça m’a un peu agacée tandis que la séance peinait à démarrer.
Une fois que Tamar a annoncé clairement ce qui la hantait, permettant à l’épisode d’entrer dans une vraie dynamique d’échange avec la thérapeute, les choses se débloquent comme par magie, Torri Higginson prenant vite la main sur l’échange. La discussion s’oriente alors vers des questions intéressantes, et étrangement universelles.

A la fin des 8 minutes que dure cet épisode introductif, Inhuman Condition a réussi son pari : celui de me fasciner pour ce que ressent un personnage qui s’est découvert un pouvoir immense, incontrôlable, et aux contours inconnus. Celui de créer un univers où les questions que se pose pareil personnage dépassent le cadre fantastique, toutefois sans jamais le perdre de vue. Celui de mettre en place ce qui s’annonce comme un format semi-anthologique plein de promesses, avec ce que cela implique de personnages plus attachants, fascinants ou intrigants que d’autres. Le semi-anthologique fonctionne si bien dans le domaine de webseries, après tout.

C’est un début très prometteur pour une série qui a bien compris les limites, les impératifs et les codes du genre. Que va-t-elle nous dire de ses personnages fantastiques ? De sa thérapeute ? Du Centre ? Du monde dans lequel tous ces éléments interagissent ? Les possibilités semblent infinies à ce stade. Voyons quels choix seront les siens.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Mila dit :

    Mais c’est que ça m’a l’air tout à fait intéressant tout ça 😀 ! Au début, j’ai été un peu déçue car l’image m’a fait me dire « wiiii, de l’horreur sur le site de Lady!!!! », mais après tu m’as eue à « Booth at the end », je t’avoue. Et je sens que je kiffe le format court qui ne m’explosera pas mon emploi du temps (oui, c’est vous et vos deux heures d’épisodes par semaine que je regarde, Ô amours d’enfance retrouvés, Ô belles-mères acariâtres, Ô Kdramas ennemis). Le Canada, c’est vachement bien quand même :’) -tu m’excuses pour la conclusion pourrie, hein, mais malgré ce que me dit le thermomètre sur le mur, je soupçonne qu’il fasse 100°C dans la pièce où je suis, et que mon cerveau se soit liquéfié et barré par les oreilles-

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