Organza

17 septembre 2016 à 20:05

Les galeries Velvet représentent le fleuron de la haute couture madrilène. Tenu par la famille Márquez, en particulier le patriarche Rafael Márquez Encinas, l’établissement est chaque année au cœur de la semaine de la mode, une tradition inaugurée à la fin des années 30 pendant laquelle les plus grands couturiers partenaires du magasins présentent leur collection. Las, en 1958, cette tradition a perdu de son souffle, et le magasin, s’il ravit toujours quelques unes des familles les plus riches de la capitale, ne propose plus que des tenues classiques au lieu d’évoluer avec son temps.
Alberto, l’héritier de Don Márquez, l’a bien compris, à plus forte raison après avoir passé 10 ans au Royaume-Uni où il a appris son métier dans les plus grands magasins de Londres. Il pose sur la mode et sur les affaires un regard nouveau… mais son père est loin de partager sa vision.

Pourtant Velvet n’est pas simplement une histoire de mode au tournant des années 60 ; la série espagnole se passionne surtout pour la romance entre Alberto et Ana, une jeune couturière travaillant dans les coulisses de la boutique.
Le premier épisode leur est pour ainsi dire totalement consacré, prenant le soin de raconter en détails les 20 dernières années de leur passion interdite. Après la mort de sa mère, Ana est en effet confiée aux bons soins de son unique oncle, Don Emilio, responsable des ventes aux seins des galeries Velvet ; elle est autorisée à vivre avec lui, et grandit donc dans l’arrière-boutique de Velvet, au milieu des machines à coudre et des mètres de soie. Mais dés son arrivée, elle a attiré l’œil d’un des rares enfants fréquentant l’établissement, Alberto, et tous deux deviennent très vite inséparables, à plus forte raison parce que les employés du magasins vivent sur place (un peu à la Downton Abbey). A 15 ans, ils décident de s’enfuir ensemble pour Paris, capitale de la mode, mais sont vite rattrapés, puis séparés.
Les voilà donc 10 ans plus tard, incapables d’avoir oublié l’autre, réunis alors qu’Alberto revient en Espagne pour prendre la succession de son père.

Bien-sûr ce résumé est très sommaire : le premier épisode de Velvet, qui en bon épisode de séries espagnole propre sur lui dure 72 minutes (j’ai ENFIN réussi à voir la version originale, pas la version passée à la boucherie diffusée en France ! oui, juste au moment où la série touche à sa fin, mais il vaut mieux tard que jamais), couvre bien plus que cela. Derrière la romance entre Alberto et Ana se cache en fait un immense ensemble drama, où une dizaine, peut-être deux dizaines de personnages vivent et ont chacun leur intrigue. C’est même assez fascinant de voir comment cet épisode introductif parvient à mettre en vedette ses deux héros sans jamais oublier de détailler ceux qui n’apparaissent parfois que fugitivement dans le décor derrière eux.

Velvet-650

Qu’accomplit Velvet ? Rien de plus que la proposition d’une heure et demie pendant laquelle la beauté et l’élégance tiennent les premiers rôles, en fait. Il ne s’y dit rien de fracassant à travers cette romance empêchée par les éternelles questions de classes, et les intrigues secondaires mises en place dans cet épisode d’exposition n’ont rien que de très ordinaire elles aussi. Velvet fonctionne plus comme une ode à une période facile à sublimer voire idéaliser, dans un univers glamour par excellence, auprès de personnages simples à appréhender. A l’impossible nul n’est tenu : la vocation de Velvet, sur la chaîne commerciale la plus regardée du pays, est de viser le mainstream. Dés lors la série ne pose rien qui puisse aliéner qui que ce soit.

Pourtant, une fois ce principe admis,  Velvet fonctionne. Elle fonctionne parce que c’est une série à laquelle un soin évident a été porté, avec un cast solide, de beaux décors, une musique à tomber par terre et, oh, bien-sûr, des costumes sublimes. Il n’y a pas une faute de goût dans Velvet, bien au contraire, et on se laisse vite emporter par le raffinement du résultat. En fait, il n’en faudrait pas beaucoup pour s’imaginer regarder une oeuvre classique, à la différence que les spectateurs modernes ne veulent pas, pour la plupart, regarder une série de 1958 telle quelle ; dans ce contexte d’ignorance choisie, Velvet fait merveilleusement illusion.
Non, on ne tombe pas à la renverse en imaginant ce vers quoi Velvet se dirige lorsque se conclut son premiers épisode, et ça n’a jamais été le but. En revanche, on n’a aucune peine à imaginer se glisser dans cet univers feutré pour s’échapper.

Sitôt que l’on comprend que Velvet n’a pas d’autre objectif, mais qu’elle a toutes les intentions de l’atteindre avec classe, il n’est pas très étonnant qu’on ne souhaite qu’une chose : se glisser dans l’épisode suivant comme dans une robe de soie. Ou de velours, en l’occurrence.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Mila dit :

    Arf, zut.
    J’ai un faible pour les séries avec de jolis costumes, et peut-être encore plus les séries qui parlent de la confection des dits costumes, donc j’espérais que tu allais me dire « oh mon Dieu, c’est si mauvais, c’est long, les idées puent, tout le monde joue mal », parce qu’honnêtement j’ai à peine le temps de vivre, mais..
    Mais…
    *désespoir*
    Non, je vais être raisonnable, je vais juste le mettre sur la liste *ouvre la liste au volume numéro 5*
    … je réitère: Arf.

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