Repartis comme ils étaient venus

22 décembre 2016 à 20:04

Vous savez de quoi on n’a pas encore assez parlé ces derniers temps ? Allez, mais si, vous savez, c’est le terme à la mode… « DIVERSITÉ » !
La question devient difficile à éviter pour de nombreuses chaînes de la planète (pas faute d’avoir essayé). Au début de l’année, la série australienne qui déchaînait les critiques s’appelait Here come the Habibs!, une comédie mettant en scène une famille musulmane d’origine libanaise qui, du jour au lendemain, gagne à la loterie, devient supra-riche, et s’installe dans un quartier cossu. Donc essentiellement blanc, bien-sûr.
Si Here come the Habibs! a fait tant parler d’elle, pourtant, ce n’est pas vraiment pour la présenter comme un modèle à suivre pour la fiction australienne en matière de représentations. En fait, le mot le plus souvent utilisé dans la presse était « raciste », le cœur du débat consistant à définir si oui ou non la série l’était. Permettez que (bien qu’après la bataille) je vous donne mon point de vue sur la question également.

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Spoiler alert : oui, Here come the Habibs! est raciste.
Je pourrais détailler à quel point pendant des heures, pointer chaque travers du premier épisode pour indiquer de quelle façon il perpétue les pires stéréotypes possibles et imaginables, argumenter sans fin sur le pourquoi du comment. Pour être honnête, je l’avais tenté dans mon premier jet de la review de Here come the Habibs!. Mais à la réflexion, je ne vais pas perdre un temps précieux à vous expliquer pourquoi « mais c’est de l’humour, rho ! » n’est pas une excuse valable pour une merde pareille. Précisément parce que c’est une merde.

Il me semble qu’à ce stade de la conversation sur la fameuse « diversité », si on veut avancer un tant soit peu, il faut qu’on soit collectivement capables d’exiger un minimum syndical avant de commencer à discuter. On ne peut notamment plus accepter de donner un passe-droit à une comédie parce qu’elle proclame en être une : si personne ne rit, et en particulier pas les personnes qu’elle est supposée représenter, elle n’a pas le droit de se vanter d’être « diverse » (et les réactions des Libanais d’Australie ont été assez claires de ce côté-là). Et surtout, on ne le dira jamais assez, si une série repose exclusivement sur l’utilisation de stéréotypes, en promettant que, juré, les blancs aussi ont été stéréotypés (comme si les stéréotypes sur les personnes blanches causaient les mêmes dommages que les stéréotypes sur les personnes racisées), elle a raté son coup. Écrire une série, y compris humoristique, c’est aujourd’hui être capable d’avoir ses propres idées plutôt que recycler celles qu’on entend au bar du coin au troisième demi de bière premier prix.

Here come the Habibs! a perdu toute légitimité à être décortiquée dans le détail lorsque ses auteurs (…des blancs ; les Australo-Libanais qui ont créé la série n’ont pas écrit les épisodes) a décidé de ne pas respecter ces quelques règles élémentaires de la « diversité ». Qui à ce stade n’ont rien à voir avec quelque sorte de progrès social à la télévision, mais juste avec un minimum de bon sens. Inutile d’être « woke » pour faire ce travail-là sur une fiction. Il y a bien des séries australiennes avec des choses à raconter, des personnages multidimensionnels à montrer, des ressorts innovants à utiliser, qui l’ont bien compris (je vous en ai mis 3 en suggestion ci-dessous).
On parlera dorénavant dans ces colones de celles-ci, et juste de celles-ci (ce qui vous garantit à l’avenir un ladyteruki.com sans morceaux de Chris Lilley dedans), et que ça serve de leçon aux autres : il y a un avant et un après Here come the Habibs!, qui démarre précisément une fois qu’on a fini la crise émétique et qu’on s’est essuyé le coin de la bouche. Dont acte.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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