I never met a chocolate I didn’t like

17 avril 2017 à 15:00

Je me demandais un peu quand allait intervenir mon premier coup de cœur de Séries Mania… pour être honnête, je trouvais qu’il se faisait un peu attendre. Ne bougez plus, ça y est, nous y voilà : Tytgat Chocolat.
C’est donc vrai que le chocolat stimule la production de sérotonine.

Roman Tytgat est à la tête d’une entreprise familiale de chocolats, qui depuis des décennies propose des produits authentiques et artisanaux. En particulier, l’emballage est entièrement assuré par une équipe dite « la ligne Indra », une ligne de montage qui doit son nom à la défunte Indra Tytgat, une handicapée mentale aimée de tous ; depuis le décès de la jeune fille, la ligne Indra permet à plusieurs handicapés mentaux de travailler de façon autonome.
C’est dans cet univers que débarque Jasper Vloemans, un jeune homme de 23 ans qui commence à travailler à l’usine, à la fameuse ligne Indra. Il y a fait la rencontre de collègues qui deviennent rapidement ses amies… et de la jolie Tina, une jeune fille au tempérament positif dont il tombe progressivement amoureux.

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Derrière ce point de départ déjà peu banal (ne serait-ce que parce que le monde ouvrier est si peu présent sur le petit écran… à peu près où que l’on regarde la télévision, d’ailleurs), Tytgat Chocolat cache un ovni plein de tendresse mais aussi de bonnes idées.
Le héros de la série est Jasper, un jeune homme qui a juré qu’il n’aurait plus d’histoires amoureuses (les 4 précédents ont si mal tourné et il a eu le cœur tellement brisé…), et qui place l’amitié avant toute chose. L’amitié et la musique, pour être précise. Il vit toujours chez ses parents, qui sont aimants et le soutiennent, mais il commence à avoir des velléités d’indépendance, que le travail à l’usine Tytgat commence à concrétiser.

Et puis, il faut le dire : l’usine Tytgat est un environnement de travail idéal. Roman Tytgat, en particulier, s’assure que chacun de ses employés est bien accueilli, bien encadré, bien apprécié. Il accompagne chaque nouvel employé, connaît tout le monde individuellement, est à l’écoute autant que possible, n’est pas avare de ses compliments, et organise régulièrement des animations chaleureuses, à l’image de la soirée karaoke. Honnêtement, Roman Tytgat est une force vive, le genre de personnage qui ne brille pas forcément par ses intrigues personnelles, mais que l’on regarde pour se sentir requinqué au plus profond de soi ; Roman Tytgat n’est pas juste le patron qu’on aimerait tous avoir, il est la personne qu’on aimerait tous avoir dans nos vies.

D’autant qu’à travers ce personnage, Tytgat Chocolat établit un véritable manifeste sur la façon dont seront traités les protagonistes présentant un handicap mental. La ligne Indra est uniquement composée d’employés répondant à cette définition, mais elle n’est jamais que cela.
Il ne s’agit pas d’un projet de pitié (de la même façon que Tytgat Chocolat, avec sa distribution pléthorique d’acteurs présentant un handicap mental est une série et non une expérience sociale). C’est avant tout un groupe de collègues devenus amis, où les relations internes et les particularités de chacun font les hauts et les bas de la vie quotidienne ; comme à votre boulot, comme au mien… mais avec moins d’odeurs de cacao et de bonne humeur, j’en mets ma main à couper. La ligne Indra est supervisée par un manager, Cedric, qui est lui-même handicapé, c’est-à-dire que tout ce petit monde est jugé pour ce qu’il est : parfaitement autonome, et digne de confiance. Cela donne des scènes dans lesquelles les acteurs handicapés eux-mêmes sont autonomes, ils ont une multitude de scènes dans lesquelles le scénario ne s’est pas senti obligé de leur coller un acteur neurotypique pour « assurer » (comme on le voit si souvent ailleurs), tout simplement parce que ces acteurs assurent parfaitement tous seuls, et parce que le travail finit toujours par être très bien fait. On pourrait même pousser le vice jusqu’à imaginer qu’un parallèle est faisable entre Roman Tytgat et Marc Bryssinck ; permettez que j’ose.

Tytgat Chocolat ne veut d’ailleurs pas parler que de la situation de ses héros. Bien que certaines questions soient abordées (je triche un peu : plutôt dans le deuxième épisode projeté à Séries Mania que le premier), comme la question de l’indépendance, la vie amoureuse et sexuelle, l’avenir sans parents, la série n’ambitionne à aucun moment d’être une série sur le handicap mental. C’est en grande partie, au moins pour le moment, une série pleine de tendresse sur une bande de potes et leurs petites intrigues personnelles. C’est une histoire sur un jeune homme qui commence à envisager l’avenir sérieusement. C’est une histoire sur la naissance d’une idylle (vous qui me savez si peu encline à apprécier cet aspect des choses, la romance de Tytgat Chocolat m’est pourtant apparue comme réussie, peut-être parce qu’elle ne semblait pas tant reposer sur une interrogation que tant d’autres). C’est une histoire d’une usine menacée de devoir d’industrialiser pour survivre, au détriment de son ambiance familiale. C’est une histoire sur la difficulté d’être demandeur d’asile, aussi : Tina, l’enjeu amoureux de Jasper, vient avec sa mère du Kosovo. Plus tard, bien plus tard, cela deviendra même un enjeu-clé de Tytgat Chocolat.

Mais pour son premier épisode ? Pour son premier épisode, Tytgat Chocolat est pleine d’énergie positive, de chaleur, de tendresse, de bienveillance. Une dose bienvenue de positivité sincère, qui entre une série carcérale et une autre sur une disparition, fait vraiment un bien fou pendant ce festival. Notez bien que dans un autre contexte, elle ferait autant de bien, aussi j’espère que voir la suite des aventures de Jasper, Tina, et les autres, sera possible par la suite.

ndl : j’ai utilisé l’expression « handicap mental » dans cette review, m’appuyant sur mes lectures quant à ce terme. Si ce terme ne convenait pas, n’hésitez pas à me le faire savoir et à m’indiquer par quoi il est préférable de le remplacer.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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