I see dead pilots

23 août 2019 à 20:28

Plus je parle de séries Netflix (en bien comme en mal), plus ça m’irrite de parler de séries Netflix. C’est idiot parce que je choisis mes sujets, donc je suis bien la seule fautive, mais l’impression qu’il y a beaucoup à couvrir, notamment du point de vue des sorties internationales qui font peu parler d’elles et qui pourtant méritent parfois plus que les séries les plus en vue du service, m’agace au plus haut point. Et puis ça m’énerve d’être dans la réaction en permanence parce qu’une série vient de sortir et/ou qu’elle est trouvable par quelqu’un comme moi qui n’est pas abonné.
Alors de plus en plus souvent, après avoir regardé deux ou trois séries Netflix, sans que pourtant elles n’aient rien en commun d’autre que leur plateforme, je me retrouve à fouiller dans mes archives. Cette fois-ci, je suis tombée sur Medium, et ça m’a paru être une super idée de revoir son pilote.

C’est marrant parce que j’en parle jamais, de Medium, et pourtant c’est une série dont j’avais dévoré la première saison (jusqu’à ce que je commence à trouver son format procédural trop répétitif). La série a démarré alors que je commençais à peine à prendre l’habitude de télécharger mes épisodes ; cet automne-là, j’avais commencé à le faire pour des séries ponctuelles, mais au moment de la midseason, j’ai simplement fait le plein de pilotes un peu au hasard. J’ai encore des DVD gravés (dont je me demande, à vrai dire, s’ils fonctionnent encore) de cette salve américaine avec ses épisodes de Living with Fran (of course), de Jonny Zero, de Committed, de Stacked, de Point Pleasant même (bon, beaucoup moins pour celle-là). C’était excitant de découvrir des séries sans être tributaire des chaînes françaises et comme souvent dans l’histoire de ma téléphagie, je ne me suis pas montrée très sélective.
Mais même si j’avais le coup de cœur facile et que je faisais main basse sur tout ce que je pouvais, Medium sortait du lot parce que j’étais vraiment à fond dans sa première saison.

Pour les téléphages les plus jeunes parmi nous, et qui ne sont pas super au point quant aux séries diffusées voilà quasiment 15 ans, récapitulons : Medium s’intéresse à Allison DuBois, une trentenaire mariée, mère de 3 enfants, et qui s’apprête à reprendre ses études pour devenir avocate, quand elle décide de changer d’orientation. C’est qu’Allison, depuis quasiment toujours, a des rêves prémonitoires et la capacité de parler aux morts… Après avoir trop longtemps essayé de vivre « normalement », elle décide au contraire, épaulée par son mari Joe, d’essayer d’aider les forces de l’ordre dans leurs enquêtes grâce aux informations qu’elle obtient avec son étrange don.

La grande force de Medium à mes yeux, elle a toujours été dans la vie conjugale (et dans une moindre mesure familiale) d’Allison. Je trouvais ça vraiment génial, pour ne pas dire révolutionnaire, que le don d’Allison soit quelque chose dont son mari était au courant, et que globalement il tenait pour acquis. Cela se sent dés ce pilote, dans lequel on apprend qu’il a gardé des notes sur de nombreux rêves d’Allison ; c’est en outre lui qui suggère de contacter la police texane pour soumettre ces notes et vérifier si oui ou non, ces rêves ont une valeur pour les autorités. Il y a plusieurs échanges au cours de ce premier épisode qui rappellent à la fois que Joe est un cartésien (il est scientifique de profession), mais qu’il est quand même là avant tout pour épauler sa femme, qu’il la prend au sérieux, qu’il participe à sa vie, et ainsi de suite. Cela ne signifie pas qu’il n’a pas de ressenti propre, évidemment. Juste qu’il est un partenaire fiable. J’ai toujours trouvé ça génial, non seulement à cause des questions de sexisme dans beaucoup de représentations à la télévision… mais aussi parce que la plupart des gens qui ont des pouvoirs surnaturels, dans les séries, doivent soit en garder le secret auprès de leurs proches, soit prouver perpétuellement quelque chose. Si je me souviens bien, il y a des épisodes par la suite où Joe est parfois un peu dépassé par quelque chose qu’il ne comprend pas (et comme je le disais, je n’ai jamais regardé toute la série), donc ce n’est pas non plus gravé dans le marbre. Toutefois, ce sur quoi est bâtie cette relation, c’est du soutien, de l’écoute, et de l’ouverture d’esprit.
Il y a quelque chose de renversant dans l’idée que Medium, une série où l’on décrit des meurtres plutôt sordides et où l’on a des visions de fantômes au pied du lit… eh bien, est aussi une série profondément familiale, orientée au moins autant sur les interactions du foyer DuBois. Il faut aussi mentionner que l’interprétation de Patricia Arquette est vraiment parfaite, qui incarne une femme qui ne se limite pas au don prescrit par la série.

Le génie de Medium, en particulier dans cet épisode d’exposition, c’est aussi de faire en sorte que les visions d’Allison ne soient pas des deus ex machina qui résolvent tout d’un coup.
Lorsque la police texane finit par appeler Allison, son intelligence et sa force de caractère contribuent au moins autant que son don surnaturel à la réussite de son intervention. D’ailleurs, elle n’a pas magiquement trouvé elle-même les preuves donnant la clé de l’énigme : elle a juste assisté la police pour que celle-ci fasse son travail, juste avec un petit coup de pouce. Je ne me rappelle plus si ça m’avait impressionnée à l’époque, mais à présent, je trouve Medium d’autant plus salvatrice que des enquêteurs et des consultants, on en a vu un sacré paquet, mais que l’angle choisi par ce pilote est plus fin que ça.

Des années plus tard, je suis toujours enchantée par ce visionnage. Ca me met en joie d’encore percevoir toutes ces qualités après tout ce temps. C’est rassurant et satisfaisant à la fois de retrouver ce qu’on aimait dans une série il y a longtemps, et j’aimerais pouvoir dire que ça se produit souvent, mais pas du tout. On change souvent d’avis sur une série au fil du temps, parce que, eh bien, soi-même on évolue bien-sûr, mais aussi parce que l’art télévisuel est plein de mutations et/ou de découvertes qui parfois, avec le recul, nous font réaliser que certaines séries que nous apprécions jadis ont pu mal vieillir. Ca ne nous empêche pas de les aimer, mais en ce qui me concerne, ça m’empêche souvent de les revoir.
Ce n’est vraiment pas le cas de Medium et je me demande si… je ne vais pas m’envoyer un ou deux autres épisodes derrière la cravate, l’air de ne pas y toucher. Je promets pas de finir la série, mais qui sait où ce genre de retrouvailles peut conduire ?

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Tiadeets dit :

    Oh je me rappelle avoir regardé Medium lorsque la série passait sur M6. Je ne crois pas avoir fini la série, mais j’ai vu la plupart des saisons et c’était une des séries policières qui me plaisait le plus. Ça fait plaisir de se dire que c’était toujours aussi bien avec le temps !

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