A thousand mothers

6 mars 2021 à 20:54

Vous pourriez penser que j’ai dit tout ce que j’avais à dire (et pleuré toutes les larmes de mon corps) sur la naissance et la maternité à l’époque de la review de Sanhoojoriwon, et pour être honnête, c’était mon cas aussi il y a encore quelques jours. Mais nous aurions toutes tort.
Cette semaine a démarré une nouvelle série australienne, Amazing Grace, qui a pour décor principal une maison de naissance, et pour héroïne une sage-femme du nom de… eh bien, bon, Grace, le titre n’est pas des plus subtils. Il s’avère que le premier épisode est touchant, plutôt original dans son traitement d’une intrigue pourtant bateau, et que… bah comme je le disais hier, depuis que j’ai tâté du Debris je suis un peu sensible de toute façon. Alors laissez-moi vous dire pourquoi j’ai versé des larmes pour Amazing Grace.
Hélas il me faudra vous le dire avec des spoilers, si tant est qu’on puisse considérer que quelque chose qui se passe vers la 7e minute d’un pilote est un spoiler.

Le pitch d’Amazing Grace est en effet plutôt simpliste : Grace est une sage-femme, responsable d’une maison de naissance accolée à un grand hôpital (qui a l’air d’une structure privée, si j’ai bien compris). Elle jongle entre plusieurs casquettes à cause de cela, participant à des mises au monde mais aussi gérant le personnel, défendant les finances du centre devant le conseil d’administration, et ainsi de suite. En outre elle sort d’un divorce qui a l’air récent, et même si elle est plus ou moins en bons termes avec son ex, elle va devoir se préparer à vendre leur maison commune (où elle réside toujours) et ainsi procéder à la dernière étape concrète de leur séparation. Heureusement elle peut compter sur le soutien indéfectible de son amie et collègue Laney, et surtout, sur une énergie débordante et une volonté de fer. Il lui en faudra, parce que ses journées se déroulent toujours à 200km/h, et qu’il lui faut en plus faire preuve d’une patience d’or et d’une incroyable intelligence émotionnelle, pour avoir en permanence la réaction qui rassurera ses interlocutrices dans l’un des moments les plus vulnérables de leur existence.
En gros, Amazing Grace se préparait à être un gentil drama sur la naissance (et, hey, vu comme j’ai dévoré les épisodes de séries comme Kounodori, vous ne me voyez pas m’en plaindre). Mais ça c’était sur le papier.

Dans la pratique, après une saine dose d’exposition, Amazing Grace rentre à ma grande surprise dans le cœur de l’intrigue qui se prépare. Car on ne va pas exactement faire dans du procédural ici ! Bien qu’il y ait suffisamment de potentiel pour suivre une naissance spécifique pendant un épisode bouclé (et c’est le cas pour une storyline secondaire de cet épisode, d’ailleurs), puis passer à la suivante sans se retourner, et ainsi rester à la surface des choses pour collectionner des expériences, au contraire la série a des visées sur le long terme.
Alors qu’elle fait passer un premier entretien à une nouvelle patiente, Sophia, Grace a la surprise d’apprendre qu’il s’agit de… sa fille ! Il y a 17 ans, elle a en effet eu une enfant, qu’elle a ensuite donnée pour adoption ; depuis elle a vécu sa vie, s’est mariée, a divorcé ; et voilà que Sophia réapparaît, sans être passée par les services sociaux mais de sa propre initiative, pour retrouver sa mère biologique. Grace, on peut aisément le comprendre, est bouleversée. Hélas elle doit faire une présentation de ses résultats financiers et demande donc à Sophia de rester un peu, et de l’attendre pour qu’elles puissent parler.

Une grande partie de l’épisode va continuer à suivre Grace dans son marathon quotidien à la maison de naissance, mais cette fois en montrant à quel point la rencontre avec Sophia l’a ébranlée et est même… devenue sa priorité. En fait, même si elle est touchée par tout cela, la première réaction de Grace est de vouloir absolument prendre du temps pour sa fille (alors que bon, elle est au boulot et tout). Son instinct premier est de se tourner vers elle ; là où tant d’autres personnages, dans une situation similaire, auraient pu être soit indifférentes, soit perdues, Grace pressent qu’elle a autant besoin que Sophia de cette rencontre.
Mais la journée n’en finit pas et Sophia se prépare, déçue, à partir.

Amazing Grace ne bifurque pas totalement à partir du moment où Sophia débarque dans la vie de Grace, mais fait prendre aux événements un sens différent, en tout cas. Il ne faisait aucun doute précédemment que toute naissance avait de l’importance aux yeux de Grace (on a eu droit à des scènes le démontrant plutôt joliment), mais il y a, naturellement, un enjeu supplémentaire dans le fait que Sophia soit enceinte.
Alors que Sophia est sur le point d’elle-même devenir mère, Grace le devient le même jour, en quelque sorte, et bien qu’émue, elle accueille cela avec beaucoup de… pardon, de grâce. Il y a dans la série, et surtout dans la façon dont l’héroïne est écrite, une approche qui dégage quelque chose d’incroyablement positif. Grace est si habituée à travailler dans l’urgence et dans des moments-clés d’une vie, qu’elle s’adapte aisément à la complexité émotionnelle de la situation qui est la sienne ce jour-là. Ce qui ne signifie pas qu’elle n’est pas un peu perdue, mais en tout cas elle accueille tout cela avec énormément de bienveillance et d’ouverture d’esprit.

Alors évidemment, des naissances il va y en avoir d’autres dans les épisodes d’Amazing Grace, et je ne doute pas que la série continuera de montrer des petites intrigues secondaires à la maison de naissance par la suite. Toutefois, ce qui va être déterminant, c’est la façon dont la relation entre Grace et Sophia va évoluer (…et encore, je n’ai pas parlé d’une troisième protagoniste qui fait partie de l’arbre généalogique de ces deux-là), d’autant que Sophia n’a nulle part où aller après la naissance… Je ne serais pas surprise de découvrir au fil des épisodes que Grace s’investit émotionnellement dans cette relation, dans son « rôle » (qui n’est pas attendu d’elle mais ça n’empêche rien) de mère voire de grand’mère, ou qu’au moins cela remue toutes sortes de choses sur son histoire personnelle. En revanche, je redoute d’apprendre qui est le père du bébé de Sophia ; son insistance à ne pas contacter son père adoptif et à vivre son accouchement sans visage familier me fait craindre le pire. J’espère être paranoïaque.
En tout cas vu ce qui est mis en place, on se prepare à trouver dans Amazing Grace, si elle continue sur sa lancée, plein de dynamiques familiales à explorer, de questions sur ce que c’est que d’être mère dans tous les sens du terme, et de larmes émues.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Tiadeets dit :

    Les séries sur les sages-femmes et autour de la naissance sont toujours passionnantes et très touchantes. Il faudrait en avoir plus plutôt que des séries policières à tout va. 😛

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