What Up with That?

4 avril 2021 à 23:18

Qui est le génie qui a décidé qu’une série avec Kenan Thompson en star serait une comédie en single camera ?!
Je suis pourtant une grande fan de la comédie en single camera en général mais… dans le cas de Kenan, ça n’a pas beaucoup de sens, à plusieurs égards.

D’abord, par principe : Kenan Thompson s’est fait connaître par un sitcom (Kenan and Kel), et il est le membre du cast de Saturday Night Live qui détient le record de longévité. Parfaitement, Saturday Night Live : une émission qui par définition est tournée en direct et devant un public, et reposant sur l’improvisation. Une comédie en single camera inspire tout l’inverse.

Ensuite et surtout : ça ne fonctionne pas du tout. Le rythme de Kenan est simplement mauvais ; il y a (en particulier au début du pilote) des moments pendant lesquels on a l’impression qu’un silence a été ménagé pour insérer plus tard des rires enregistrés. Et honnêtement il aurait fallu les rajouter, c’est juste embarrassant d’assister à ces pauses. Mais les pauses, ce n’est rien comparé aux dialogues eux-mêmes, qui semblent n’avoir pas reçu la network note informant qu’on ne tournerait pas de sitcom multicam.
Au juste je ne saurais pas décrire ce qui définit des dialogues de sitcoms ; peut-être un certain genre de répliques un peu too much ? Peut-être le fait qu’ils soient structurés pour susciter le rire à un moment précis ? Peut-être l’impression qu’on les connaisse par cœur avant qu’ils ne soient prononcés ? Un peu de tout cela sûrement. La façon dont les phrases sont délivrées joue aussi. Toujours est-il que Kenan, de bout en bout, sonne comme une série de multicam, c’est à s’y méprendre.

Le résultat en est presque gênant. Pourtant j’aurais bien voulu ressentir de la tendresse pour ce père célibataire qui élève seul ses deux filles depuis que son épouse est décédée, avec, il est vrai, l’aide de son beau-père et son frère. Le premier épisode s’intéresse d’emblée à la question du deuil, d’autant que Kenan refuse de s’épancher sur son ressenti et que ce blocage commence à s’en ressentir dans son travail. C’aurait pu faire de jolies scènes dans d’autres circonstances. J’ai apprécié que Kenan apparaisse comme un père compétent, bien qu’imparfait bien-sûr, et que les deux autres rôles masculins tiennent aussi une place dans l’éducation des filles ; on n’est pas dans la configuration « des hommes apprennent à s’occupper d’enfants » ici, la paternité est tenue pour acquise et ce serait agréable à regarder si l’ambiance y était plus propice.
Mais là où la comédie en single camera aurait pu permettre d’insérer des vraies notes d’émotion, le timing typique de multicam rend les choses caricaturales et prévisibles. C’est d’autant plus incompréhensible qu’il existe des comédies tournées en multi-camera avec de vraies notes d’émotion, et que ça ne relève donc pas de l’impossible, mais rien à faire, quand ça veut pas…

La bonne nouvelle, c’est que ce n’est que le premier épisode. Kenan peut explorer ses options et expérimenter un peu, avant de trouver le ton qui lui sied. L’atout majeur dans son arsenal, c’est que Kenan Thompson ne surjoue pas, et a opté pour une interprétation plutôt neutre, qui peut évoluer dans n’importe quelle direction. Il y a peut-être aussi une piste à creuser dans l’aspect meta de la série, qui se déroule dans le milieu de la télévision.
Avec un peu de temps, Kenan peut encore se rattraper et même se bonifier. Est-ce que ce sera avec moi devant l’écran, ma foi, c’est une autre question.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Tiadeets dit :

    C’est toujours très intéressant de lire des articles sur ce genre de séries que je regarderai ma foi jamais même si elle semblait plus intéressante ?

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