Durgā

14 avril 2022 à 22:59

La journée est belle, et exceptionnelle : les filles jumelles de Cecilia, Majo et Romi, fêtent leur quinceañera. Leur mère organise une immense fête qui doit se tenir le jour-même dans la cour de leur hôtel particulier, mais outre les préparatifs, la voilà qui doit aussi gérer le comportement de son entourage, et même un rendez-vous très important avec des investisseuses chinoises. Et, en cela, la journée est finalement très ordinaire, parce que Cecilia jongle de cette façon à longueur de temps.

C’est ainsi que démarre la dramédie mexicaine Cecilia, qui a démarré sur Paramount+ à la fin de l’année dernière mais dont les épisodes ne me sont tombés sous la souris que récemment. Toutefois, il ne s’agit pas d’une simple série sur une femme débordée…

C’est que, comme beaucoup de séries avant elle (et sûrement 712 après elle), Cecilia a ouvert son premier épisode in media res, pendant la fête en question, alors que Cecilia semble faire un malaise. Et nous savons donc que cette journée vécue à 200 à l’heure ne va pas du tout se finir comme prévu. Ce que nous ne savons pas encore, et que la série s’apprête à détailler pendant une quarantaine de minutes, c’est dans quelle mesure ce malaise va avoir des conséquences sur tout le monde autour de l’héroïne.

Parce que, mon Dieu, le cortège de personnages défilant dans la vie de Cecilia est trop long pour que j’en fasse une liste exhaustive ! Mais disons pour résumer qu’il y a évidemment ses deux filles adolescentes, sa fille aînée issue d’un premier mariage, son ex-mari et la nouvelle épouse de celui-ci, son compagnon actuel, son père (qui a temporairement emménagé dans l’hôtel particulier), sa sœur, son assistant, son employée de maison, et j’en oublie sûrement. Je ne peux qu’en oublier. En plus de tout cet entourage, qui n’en finit pas de la solliciter en permanence et/ou de la préoccuper, elle est également à la tête de l’entreprise familiale, la boulangerie Pan de Dulce, qu’avait fondée sa mère. Cecilia est une femme d’affaires qui semble avisée ; sa sœur Ana, avec laquelle elle a une relation assez fragile, a quant à elle hérité des recettes secrètes de leur défunte mère, ce qui lui garantit une place dans les cuisines de l’établissement. Au cours de la journée, on découvre que les affaires vont mal et que les investisseuses chinoises sont en fait là dans un but un peu plus ambitieux que simplement renflouer les caisses…

Ce premier épisode lance toutes sortes d’intrigues secondaires dont, pour la plupart, Cecilia doit encaisser l’impact pour essayer de contrôler au mieux le chaos ambiant. Elle garde un oeil sur tout et sur toutes, ce qui peut être irritant pour son entourage, mais maintient la famille étendue sur les rails. Plus ou moins.
Lorsque finalement nous revenons à ce fameux malaise, pendant la quinceañera, après avoir vu tout ce qui préoccupe Cecilia, on devine ce vers quoi la série veut tendre ; puis, pour bien expliciter sa problématique, sa dernière réplique de l’épisode sera adressée à sa défunte mère : « Qui va prendre soin de tout, Maman ? ».
Qui, en effet ? Peut-être que tout va partir à vau-l’eau, comme semble le craindre l’héroïne. Ou peut-être que sans elle, eh bien tout le monde va devoir se prendre en main. En tout cas, la vie de tout le monde va être bouleversée, c’est certain…

Ce que Cecilia n’aborde pas encore dans cette introduction, c’est comment la vie de sa protagoniste éponyme va changer. Dans quelle mesure ce malaise va-t-il transformé sa santé ? Sans exactement le lui souhaiter, j’ai l’impression que vu le sujet de la série, il y a une véritable thématique sur la perte de capacités (peut-être même d’autonomie ?) à exploiter ici : d’un point de vue narratif, la seule façon pour que son entourage soit confronté à ses propres problèmes, c’est que Cecilia ne soit pas en mesure de reprendre son jonglage de sitôt. A défaut, il y a au moins une vraie problématique à explorer sur qui est Cecilia, dans tout ça : que se passe-t-il quand un changement ou même une pause forcée fait qu’elle n’est plus le point focal de la vie de tout le monde ? Que reste-t-il ? Cela peut être intéressant.
Mais je m’égare : comme souvent, j’aime bien essayer de me figurer quelles sont les promesses d’un épisode introductif. Parfois, bien-sûr, je passe à côté ; peut-être que Cecilia ne fera rien de tout cela et que ses intentions sont ailleurs. En tout cas j’ai bien aimé ce premier épisode, avec son ton à la fois léger mais traduisant bien l’épuisement latent de son héroïne ; on regarde cet épisode comme la collision imminente de deux trains lancés à pleine vitesse, face à face, sur la même voie. C’est fou (et en même temps, pas tellement) que personne n’ait remarqué le sacerdoce de Cecilia pendant tout ce temps. J’espère que quelqu’un va finir par la remarquer, et, même mieux, de l’aider à respirer.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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