Misfits of science

13 décembre 2022 à 23:05

Il y a des séries dont on ne regarde le premier épisode que pour le sport, parce que d’une part on sait très bien qu’on n’est pas dans la cible, et d’autre part… eh bien, dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, The Imperfects, le sort de la série est d’ores et déjà scellé. Lancée en septembre pendant que mon activité téléphagique était en berne, la série a été annulée début novembre, ce qui signifie que j’arrive après la bataille à bien des égards.
Mais de toute façon, si je suis honnête, c’est sans regret : The Imperfects est effectivement imparfaite.

Sur le papier, The Imperfects rassemble pourtant plusieurs idées intéressantes. La première et non des moindres est qu’elle a pour protagonistes trois jeunes adultes dont l’ADN a été modifié, si bien que désormais elles ont les caractéristiques (et superpouvoirs) de créatures mythologiques. C’est un bon point pour The Imperfects pour la simple et bonne raison que ça nous change des vampires ou des zombies, et que ça nous change légèrement des superhéros habituels, mais hélas, on a aussi un peu l’impression que c’est comme ça qu’est née l’idée : pour faire différent. Mais pas pour l’être.
D’ailleurs, dans ce premier épisode, c’est sur le ton de la plaisanterie qu’est amenée l’idée que Tilda, Juan et Abbi sont, dans l’ordre, une banshee, un chupacabra et une succube. C’est dire si même la série ne prend pas vraiment son idée au sérieux, et n’a pas vraiment l’intention d’en faire grand’chose hors gimmick.

Le problème additionnel de The Imperfects est qu’elle a beaucoup d’attitude… mais pas grand’chose d’autre. La série se complait dans une exposition très longue, présentant d’abord ses trois personnages sous l’angle de la normalité, PUIS, une seconde fois, présentant les « effets indésirables » une fois qu’ils se déclarent, à l’arrêt d’un traitement mystérieux. On a l’impression de faire un deuxième passage qui enfonce plus les portes ouvertes qu’autre chose. Ces effets indésirables, ce sont bien-sûr les pouvoirs surnaturels que développent Tilda, Juan et Abbi, et que la série va ensuite faire taire temporairement le temps d’introduire un nouveau personnage, le scientifique exubérant Dr. Alex Sarkov. Là encore ça prend des plombes, et l’exposition continue de s’étirer dans le temps sans que The Imperfects ne nous dise où sont ses enjeux sur la durée. Il faudra attendre vraiment longtemps pour que Sarkov disparaisse dans la nature et que nos trois créatures retrouvent Dr. Sydney Burke, autrefois la partenaire professionnelle de Sarkov et désormais la seule personne qui peut les aider à gérer leurs symptômes en attendant de faire main basse sur l’odieux scientifique. Mais même là, la série peine à nous dire pourquoi c’est important, surtout si l’on considère que Burke pourrait très bien plancher sur un remède à la place du savant fou. Bien-sûr, elle en sait moins que lui sur le traitement qu’il a administré à ces trois jeunes (…et, apparemment, quelques autres), mais elle est suffisamment compétente pour qu’on n’ait pas besoin de lui sur le long terme. Du coup, The Imperfects a du mal à nous donner des échéances.

Sur le reste, toutefois, elle fait le boulot : les dialogues sont enlevés (je ne m’avance pas trop en suggérant que les scénaristes ont grandi devant Buffy), les personnages hauts en couleurs, et il y a un côté légèrement décalé à l’ensemble (volontiers hérité des comic books, et j’aurais bien voulu que la série, un peu comme la première saison de Heroes, embrasse mieux cette parenté sur un plan visuel). Par certains aspects, ça m’a un peu rappelé Alphas, par d’autres ça m’a donné envie de revoir Inhuman Condition (il me semble que j’ai gardé au moins le premier épisode dans mes archives, il faut que je vérifie)… En fait à mesure que l’épisode avance, on se rend compte que, comme beaucoup de séries Netflix, The Imperfects est un parfait patchwork de plein d’autres choses ; évidemment une fois que l’esprit en arrive à cette conclusion, c’est un peu mission impossible que d’arrêter de penser que The Imperfects est une commande d’algorithme plutôt qu’un vrai projet sériel. C’est sûrement un peu injuste mais enfin, on en est là.
Sauf que de toute évidence, c’est facile de dire ça avec le recul, une fois qu’elle est annulée, comme si c’était couru d’avance (c’est pas comme si Netflix n’avait pas d’autres séries au moins aussi emprunteuses qui duraient plus longtemps). Et c’est toujours un peu le problème d’écrire sur une série une fois que son avenir est amputé, mais enfin, bon, en même temps il n’y avait pas urgence à se mettre devant ce premier épisode !

Que The Imperfects ait vu le jour uniquement grâce aux calculs savants d’un algorithme ou pas, en tout cas, elle est sûrement morte à cause de lui. Et même si elle est plaisante à regarder sur le moment, elle n’est pas inoubliable au point que qui que ce soit espère une résurrection. L’avantage c’est qu’en revanche elle donne une liste d’autres choses à potentiellement regarder. A moins que ce soit ça, maintenant, le but d’une nouveauté Netflix ?


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Mila dit :

    J’ai vu le premier épisode de cette série, potentiellement le second, et j’ai effectivement trouvé ça pas déplaisant mais tellement pas inoubliable que j’ai oublié de regarder le trois (ou le deux ?) et le reste de la série… Je savais même pas qu’elle avait été annulée, mais je ne peux pas dire que ça m’émeuve énormément du coup…

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