Once upon a time

9 avril 2023 à 20:12

Il y a quelques jours, je vous promettais qu’on reparlerait de séries du Ramadan, eh bien c’est précisément ce que nous faisons en ce dimanche ! Avec une série légèrement atypique, qui plus est.
Généralement, lorsque l’on parle des dizaines de séries diffusées dans le monde arabe et/ou musulman, certains genres reviennent : le drame (souvent social), la romance, la comédie, la série historico-religieuse… Les séries fantastiques, moins. Et pourtant Gat Saleema est la preuve que ça peut se produire, et son premier épisode lancé il y a quelques jours (c’est une série de la mi-Ramadan, avec seulement 15 épisodes prévus pour la saison) vient faire la démonstration de ce à quoi cela peut ressembler.

Le premier épisode semble s’inspirer au moins en partie des contes de fée, et notamment de l’histoire de Cendrillon, dont la situation est assez semblable : à la mort de son père, Saleema (avec son jeune frère Omar) se retrouve à vivre avec son odieuse belle-mère Huaida, et ses non moins odieuses demi-soeurs, Sanaa et Hanaa. Elles ont, au moins, l’amabilité d’être toutes désagréables pour des raisons différentes, Sanaa n’hésitant pas à se servir dans sa garde-robe tandis que Hanaa lui fait faire ses devoirs. Les deux soeurs ont, en outre, annexé la chambre jadis occupée par Saleema, qui dort désormais avec Omar dans une « petite » pièce de la maison (petite d’après les dialogues, personnellement j’ai l’impression qu’elle fait la taille de mon salon, pas passons : on comprend l’idée générale).
Cependant c’est la belle-mère, en particulier, qui agace Saleema au plus haut point : Huaida la traite comme une employée de maison, voire pire. Saleema n’a droit à aucun temps pour elle, se fait houspiller en permanence, et il est attendu d’elle qu’elle fasse toutes les corvées de la maison. En outre, elle a été fiancée à un neveu de Huida, l’irritant Shukry, un goinfre à l’humour vaseux et aux blagues cruelles ; le mariage a bien évidemment été arrangé par Huida, qui n’attend que de se débarrasser de Saleema. D’ailleurs Omar devrait pouvoir s’installer avec les jeunes mariées, ce qui ferait d’une pierre, deux coups ! Shukry n’a même pas vraiment envie de ce mariage, et aurait préféré épouser l’une de ses cousines (je vais vomir, je reviens), mais il y a une excellente raison à cette union, bien-sûr.

Le premier épisode est donc une litanie de tortures d’une triste banalité. Saleema ainsi que dans une moindre mesure Omar, ont bien remarqué que la vie était rude depuis que leur père a disparu ; la série ne dit pas depuis combien de temps il est décédé, mais il est certain que ce comportement n’est pas nouveau. Les deux adelphes s’en ouvrent l’une à l’autre, et Saleema maugrée parfois à voix basse, mais il n’y a pas vraiment de place pour la révolte.
Et puis, pour faire quoi ? Pour aller où ? La seule possession laissée par leur père est une bibliothèque, pas vraiment un endroit où vivre même si Saleema estime que la lecture (et le soutien scolaire) est primordiale dans la vie. Huaida s’est d’ailleurs convaincue qu’en revendant les murs, elle toucherait un petit pactole, pour lequel elle a des projets. Pardon pour le spoiler, mais aucun de ces projets n’inclut de partager l’argent avec les enfants de son défunt mari, bien-sûr. Saleema découvre ces plans dans l’épisode introductif, et est sommée de débarrasser les étagères sans 24 heures ; de la même façon que son mariage doit se produire dans quelques jours, qu’elle le veuille ou non, Saleema n’a plus aucun contrôle sur le cours des événements.

Alors, où est la marraine féérique de circonstance ? Dans Gat Saleema, elle prend la forme d’un livre, découvert par hasard au moment de vider la bibliothèque. Saleema le récupère, avec quelques autres objets pour lesquels son entourage n’a aucun intérêt (…comme un portrait de son père, mettons). Elle a pris l’habitude de lire à Omer une histoire tous les soirs, et du coup, ce soir-là, elle lit l’étrange livre en question, un manuscrit qui lui est inconnu. Or, il s’agit d’un livre magique ! Et sitôt que Saleema y dépose la plume d’un hibou comme marque-page (eh oui, un hibou a volé jusqu’à la fenêtre de leur « petite » chambre ce soir-là et laisse une plume derrière lui), le livre les happe toutes les deux, et les voilà qui se retrouvent…
Vous aimeriez bien savoir, hein ? Eh bien, le premier épisode de Gat Saleema n’en dira pas beaucoup plus à ce stade. Tout au plus Saleema a-t-elle lu la première phrase du manuscrit, qui donne une légère idée de l’endroit, mais pour le reste, ma foi, il faudra revenir demain. Et en effet, pour une série du Ramadan c’est-à-dire quotidienne et hautement fidélisante (puisque la regarder s’inscrit dans un rythme de vie exceptionnel plus large), l’événement déclencheur peut se permettre d’être limité à son strict minimum ici, puisqu’il y a plus ou moins la garantie de revoir les spectatrices le lendemain.

Gat Saleema est, avant tout, une série familiale, et à ce titre elle est vraiment regardable par toute la famille, et donc par les enfants. Cela explique que l’âge de son héroïne soit flou (elle semble à peine sortie de l’adolescence, mais ce n’est que mon estimation pifométrique), ainsi que la présence de son petit frère, qui occupe une importance non-négligeable. Les protagonistes sont simples, et présentées de façon simple également : personne n’a droit à beaucoup de complexité ici, mais après tout, ça va de paire avec l’univers de contes de fées.
Du coup, ça en fait une série facile à regarder toutes ensemble… y compris, pourquoi pas, ce weekend.

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