Il faut prendre le temps de ne pas attendre une série comme le messie, s’autoriser un peu moins à croire aux miracles. Le contraire ne nous fait que du mal.
Pour qui se laisse impressionner par quelques noms un peu à la mode, tels que JJ Abrams ou Alfonso Cuarón, Believe pouvait sembler être une série attendue. Elle l’a peut-être été pour vous. Pour moi, elle ne l’était que parce qu’elle me garantissait le retour de Kyle MacLachlan sur le petit écran.
Je commence à me lasser des happenings autour des séries de JJ Abrams. J’ai retenu la leçon Undercovers. Ou la leçon Alcatraz. Ou la leçon Revolution. Ou même la leçon Almost Human. Nan, sérieusement, pourquoi attend-on autant d’une série à laquelle le nom d’Abrams est accolé ? J’ai oublié d’où ça nous vient ; ça fait quand même une décennie que Lost a débarqué, et ne m’obligez pas à remonter dans le temps. Et quand on voit comment Fringe a manqué de se faire annuler à tous les coins de rue, ya vraiment pas de quoi pavoiser sur ce qu’Abrams a produit pour la télévision depuis.
Alors non, je refuse d’espérer que la prochaine série d’Abrams sera particulièrement plus génial ou addictive qu’une autre produite par un quelconque inconnu.
Et puis tout le monde vous le dira : Believe, c’est Touch en plus fantastique. Je ne sais pas combien de fois j’ai lu ça. Et on a vu ce que Touch a donné (même si j’admets bien volontiers que dans les premiers temps, j’aimais énormément Touch). Pour l’inventivité, on repassera.
Ce n’est d’ailleurs pas faux. Le premier épisode de Believe ressemble effectivement à celui de Touch, en cela qu’il tourne autour d’une petite fille qui peut changer le monde sans vraiment essayer, parce qu’elle a un certain don qui lui permet, entre autres, de mettre en mouvement une série d’évènements qui peuvent améliorer le monde. Ce que le petit garçon de Touch faisait par les calculs, Bo, notre jeune héroïne, le fait sans même y penser.
Comme évidemment une petite fille toute seule, ce n’est pas très vendeur (ni pratique), le pilote consiste à lui imposer un protecteur tout frais évadé de prison où il allait être exécuté dans quelques minutes, parce que fuck logic. Pourquoi n’avoir pas organisé cela plus tôt si les protecteurs de Bo ont le bras si long ?
Parce que sinon ya pas d’action.
Eh oui ! Évidemment il ne s’agit pas ici de faire un simplement remake de Touch ; comme c’est du Abrams, il fallait une saine dose d’adrénaline, et pour ça entre en scène une mythologie pour l’instant très boiteuse : il faut absolument protéger la petite fille. Contre quoi ? On ne va quand même pas vous le dire si vite. Contre qui ? Un homme mystérieux (Kyle) qui va résumer son apparition à quelques ordres sibyllins murmurés d’une voix policée à un agent dont on nous dit qu’elle est une personne parmi tant d’autres (alors pourquoi travaille-t-elle en solo quand visiblement elle est dépassée ?). Tout cela se fait sans grande logique histoire d’entretenir artificiellement le mystère qui est supposé nous faire revenir en deuxième semaine, et ponctué de scènes de baston rappelant amèrement Intelligence, c’est dire le niveau. Oooh oui, vous avez raison de frissonner.
Que reste-t-il à se mettre sous la dent ? Pas grand’chose hélas.
Là où Believe pourrait essayer de s’enrichir dans le domaine du drama, grâce à son personnage sorti de prison par hasard, alors qu’il se pensait condamné et qu’en plus il prétend être innocent. Mais pas de Rectify ici, ni même de Life, et notre condamné à mort n’a pas le moindre état d’âme. Quand il verse une larme, c’est uniquement pour nous plaquer rapidement un accord dissonant sur son harmonie à venir avec Bo ; nul ne saurait rester insensible à une enfant d’une dizaine d’années, quand bien même elle est plus effrayante qu’autre chose quand elle s’y met (cf. le remake des Oiseaux). Sur la fin de l’épisode, une explication grossière nous sera donnée à la composition de ce tandem, mais même quand l’homme et la fillette se querellent vaguement, la sauce ne prend pas et la combinaison laisse le spectateur de marbre.
L’épisode tente une fois ou deux de vaguement essayer un truc, un peu comme par hasard, par accident : Bo qui est attaché à ses deux mystérieux bienfaiteurs (on ne nous dira pas d’où, naturellement), ou la grande méchante qui s’avère avoir une vie en-dehors du travail, et qui au lieu de nous en paraître plus humaine, ne rend que plus ridicules ses grandes gesticulations dans les autres scènes, majoritaires, où elle a le regard mauvais.
Résultat c’est raté. On n’y croit pas un instant. On le voudrait, parce que la gamine est vraiment chouette, que les histoires d’adultes insensibles qui finalement se prennent d’affection pour un enfant en péril, ça fonctionne sur les âmes sensibles (jurisprudence Mother), et qu’on aimerait bien voir une série avec une mythologie qui tient la route de temps en temps.
Mais cette série ne sera pas Believe.
Et si moi je suis agacée, alors que j’étais déjà méfiante, j’imagine combien ceux qui espéraient que la série apporterait quelque chose d’un peu nouveau doivent être déçus. Cela dit, je gage que des gens qui attendent beaucoup des séries liées à JJ Abrams, il y en a de moins en moins, avec ce genre de conneries…