Je vais vous raconter une histoire…

8 janvier 2009 à 19:35

Depuis que je tourne autour du pot, ce n’était qu’une question de temps avant que je ne vous inflige un post sur Soldier’s Girl, ce téléfilm de Showtime que, je vous le dis tout net, j’ai absolument adoré, voilà, comme ça, c’est dit.

Si vous avez un peu peur que je ne me laisse aller à mes penchants habituels qui consistent à tartiner ce post de milliers de mots, disons pour résumer que la version courte est : REGARDEZ.
Bon, voilà la version longue.

C’est quoi le nom du film ? Soldier’s Girl
C’est plutôt quel genre ? Roméo et Roméette
Qui on connaît là-dedans ? Lee Pace, vu dans Pushing Daisies, eh oui encore lui, mais, hm, miam, rien que lui ! (d’ailleurs dans quelques années, je fais un raid chez ce mec, je pense.. mais pas à cause de ce rôle, je vous rassure.)
Ça date de quand ? Le premier rôle principal dans un long métrage de Lee Pace date de 2003. Oui, on a déjà établi qu’il avait bien su mener sa barque…
En résumé, de quoi ça parle ? D’un homme qui rencontre une femme qui n’est pas une femme.

En moins résumé, de quoi ça parle ? Le soldat Barry Winchell rencontre dans un club une belle créature répondant au nom de Calpernia Adams… il tombe sous son charme, et souhaite la revoir. Celle-ci a par contre peine à croire qu’il ne se soit pas aperçu qu’elle est/était un homme, mais ils finissent par tomber amoureux, et tout cela, comme c’est beau, n’a pas d’importance. Pas trop. Cela va cependant en prendre beaucoup plus par la suite, étant donné que Barry évolue dans le milieu militaire…
Et ça finit comment ? Si vous vous documentez au préalable, vous saurez comment, puisque c’est adapté d’une histoire vraie. Mais gardez-vous de lire quoi que ce soit sur le sujet, le spoiler vous gâcherait une bonne partie de l’effet.

Pourquoi c’est bien ? A l’époque, je m’occupais du premier post A vendre, joli, pas cher, et je me concentrais plus sur la filmographie de Lee Pace que sur le pitch du film dont j’ignorais pour ainsi dire tout lorsque les premières images sont apparues sur mon écran. J’ai donc pris l’impact en plein coeur à de multiples égards : d’abord parce que le jeu de Lee Pace dans le rôle de Calpernia Adams vaut tous les awards qu’il a reçus, et mêmes ceux qu’il a failli recevoir, que l’investissement physique et mental placé dans ce rôle (pourtant, c’était juste un téléfilm, il aurait pu ne pas) a largement porté ses fruits et a de quoi impressionner, et surtout, l’histoire vraie de Barry Winchell est absolument… ignoble de banalité, en fait. Ajoutez à cela quelques numéros vaguement musicaux dans le club (en playback mais on s’en fiche), une grande sensibilité dans l’abord du sujet, et en même temps une certaine honnêteté de la part tant de la réalisation que des acteurs, et vous aurez tout compris des qualités de ce film.
Pourquoi c’est pas bien ? Evidemment, par moment, certaines scènes donnent une impression idyllique et sirupeuse de la relation entre Barry et Calpernia, mais après tout qui sommes-nous pour présumer qu’il n’y a pas, réellement, eu un amour sincère entre ces deux-là, après tout la relation n’avait que quelques mois, c’est l’époque où les papillons dans le ventre n’ont pas tous disparu (moi, blasée ? ptet un peu). Ajoutons aussi que (de son propre aveu) Lee Pace n’a aucunement l’oreille musicale ni d’habileté particulière en danse, et vous comprendrez que les scènes musicales, qui certes aèrent un peu le film, ne sont pas non plus là pour tourner le film en comédie musicale non plus, et ne laisseront pas un souvenir indélébile pour ces raisons (et puis, c’est un club, le playback est assumé). Un peu de déception sur ce point même si, quand on connaît la voix chantée de Lee Pace, on se dit que ce n’est pas plus mal…

Ah, les joies du cinéma ! Vues dans le making of : les heures de maquillage, d’épilation et de tortures diverses de Lee Pace pour en arriver à ce résultat. C’est bon de savoir qu’un homme a enduré ça pendant plusieurs mois. *insérez un sourire sadique ici* Mais aussi, appris dans une interview : Lee Pace a fait cadeau de ses prothèses de hanches et de poitrine à son petit frère, qui les garde à présent… près de son lit. Ils ont de sacrées moeurs chez les Pace !!!
La réplique qui tue : Hm… une seule réplique. Dur. D’autant plus dur que ce film est en fait particulièrement efficace, je m’en rends compte maintenant que je me trouve à faire ce post, dans ses silences, ses échanges de regards (comme celui qu’échangent Barry et Calpernia lorsque notre soldat revient voir la belle rousse au club). Il y a cependant une scène qui met en avant le personnage de Barry et son incroyable ouverture d’esprit, c’est quand Calpernia lui raconte l’opération finale pour laquelle elle économise (photos à l’appui…), et que… c’est le prix de ladite opération qui fait flancher Barry, pas les photos ni ce qu’elles symbolisent (d’autant que jusque là, sexuellement, il ne s’est pas trop aventuré à vérifier si Calpernia avait encore ses bijoux de famille). Et puis elle lui montre une photo d’elle quand elle était encore Scotty, et on sent combien elle se déteste en homme, mais à quel point en l’état actuel, elle se sent encore imparfaite, limite bête de foire : un « freak ». Et Barry a cette phrase : « Does that make me a freak if I’m in love with a freak ? ». Ce type a le coeur pur comme le cristal…
Sinon, j’ai bien aimé aussi quand Calpernia rencontre Barry et que celui-ci lui dit « You’re not very shy, are you ? ». »Oh yes I am », répond-elle avec un sourire indéchiffrable, « but I’m an actress. So I can pretend I’m anything. Confident, sexy… it’s all a matter of projecting these qualities ». Très jolie mise en abîme.
La scène qui tue : Avant de vous présenter la scène qui va suivre, je tiens à dire que je l’ai traduite, et sous-titrée. Oui m’sieurs-dames, pour vos beaux yeux. Et si vraiment vous me le demandez, je tenterai éventuellement de m’atteler à tout le film. Je dis pas quand j’aurai fini, je dis que je m’y attèlerai. C’est dire si j’ai envie de vous inciter à regarder, quand même. Mais comme c’est une grande première pour moi, que j’ai fait ça vite fait hier soir, c’est pas forcément très esthétique, ces sous-titres, pour le moment. Vous voilà prévenus.
Cette scène est donc l’ouverture du film. J’ai hésité longtemps entre deux ou trois scènes (dont une, juste parce que c’était du matage pur et simple), et je me suis dit que personne ne pouvait mieux vous présenter Soldier’s Girl que Calpernia elle-même. D’ailleurs cette introduction brille à la fois par son côté un peu romanesque, et par son honnêteté (Calpernia n’hésite pas, par exemple, à sous-entendre que cette histoire l’a mise sur le devant de la scène médiatique et que c’est ce qu’elle avait toujours voulu). Et puis, il est amusant de constater que Lee Pace a enduré plusieurs looks pour incarner le personnage de Calpernia, et je pense qu’il n’a pas l’air très à l’aise avec celui-ci, mais qu’il a le mérite d’essayer très fort d’être à la fois décontracté, sensuel… et en rythme. Je pense qu’il lui était plus facile d’assumer le côté féminin de Calpernia quand elle avait moins d’artifices. Reste qu’il est très belle quand même comme ça, avouons-le. L’idée n’était pas de le transformer entièrement en femme, mais de montrer le côté chrysalide de la chose, et Lee Pace donne une beauté terriblement féminine à cette chrysalide, il faut bien le dire, mais aussi un peu maladroite et optimiste, bref, la substance de ce qu’est Calpernia…

Une note ?
J’ai eu envie de mettre cinq cagoules, et je me suis ravisée. Comment ? Toujours en utilisant mon barème The Fall. Le film est attachant, Lee Pace y est mais alors, incroyable de justesse et de grâce, mais ça s’arrête là… Mais je vais ptet quand même investir dans un graphisme de demi-cagoule, un jour, parce que le besoin s’en fait sentir !
Bilan : J’ai plusieurs extraits de ce film sous la main, que je me repasse cycliquement (dont un que je ne risque pas de vous proposer, de peur de vous spoiler, mais qui m’a fait à la fois hurler et pleurer d’horreur, et pourtant il m’en faut, mais l’effet de surprise a pleinement fonctionné et je ne veux pas vous l’enlever). C’est quelque chose que je ne fais pas pour beaucoup de films, et c’est un indice, c’est presqu’aussi bon signe que quand je vous dis que j’ai déjà vu The Fall neuf fois (oui, ça a augmenté depuis la dernière fois qu’on en a parlé), moi, absolument, moi qui ai du mal à rester assise devant un film.

Ici ce n’est pas tant l’histoire, qui comme je l’ai dit, est malheureusement assez banale, un homme qui aime une femme qui ne veut plus être un homme, le regard de la société étant ce qu’il est… bref ce n’est pas tant l’histoire que la façon de la servir, avec justesse, tendresse même, mais aussi une bonne dose de démonstration glaciale que ces idylles sont vouées à l’échec en grande majorité, simplement parce que le reste du monde n’est pas prêt. L’exercice était périlleux : comment ne pas tomber dans la sensiblerie ? Comment ne pas faire du militantisme exagéré ? Comment dire ce qui est arrivé à Barry Winchell une fois qu’on a fait le choix d’expliciter tout ce qui était magique entre lui et Calpernia ? Il y a une audace véritable, et Lee Pace n’est que le dernier maillon de cette chaîne vertueuse, mais quel maillon.
En effet, là aussi il faut bien le dire, il y a des tas d’acteurs qui auraient fait de Calpernia un personnage soit caricatural, soit sans substance. Ce n’est pas tant le personnage que la façon de l’interpréter qui m’a éblouie. Car sans Soldier’s Girl, il faut bien le reconnaître, je serais probablement encore très méprisante vis-à-vis du métier d’acteur qui me donne rarement l’occasion de m’extasier sur le travail effectué. Sans Soldier’s Girl et, de facto, sans Lee Pace, je n’aurais sans doute pas fait évolué ma mentalité et mon approche sur ce point…

Avouons-le, ce qui fait aussi l’intérêt de ce téléfilm, c’est son sujet, tout simplement. Même si on ne ne sent pas personnellement concerné par la « cause » (et c’est mon cas, moi qui suis hétéro quasiment à 100%), on ne peut que s’indigner de l’état d’esprit qui règne dans l’entourage militaire de Barry Winchell, et qui est la cause de ce final dont, non, n’insistez pas, je ne vous dirai rien, sinon que vraiment on vit dans un monde pourri. Mais dans ces circonstances si particulières, le personnage de Barry apparait, comme Calpernia le prédit d’ailleurs dans la scène d’ouverture (voir plus haut), comme infiniment touchant, et profondément humain. On sait, en fait, relativement peu de choses de lui (et notamment de son histoire amoureuse), mais en dépit du fait qu’il ne soit de toute évidence pas une flèche, il a ce qu’on appelle une grande intelligence émotionnelle, et surtout il est d’une pureté incroyable. Il ne juge personne et surtout pas Calpernia, ni pour ce qu’elle a été, ni pour ce qu’elle est, ni pour ce qu’elle veut devenir, ni pour ce qu’elle fait, il la respecte et la soutient… c’est juste qu’à certains moments les choses sont trop compliquées pour lui. Un personnage incroyable… pas parfait, pas idéalisé, très humain au contraire, avec des failles et des défauts, mais avec un coeur en or, ça c’est sûr.

Il y a donc de multiples raisons de voir Soldier’s Girl, et je suis sûre que vous saurez en choisir une pour le regarder à votre tour car, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai un peu eu le coup de coeur, quand même…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    C’est ce qui s’appelle tendre la perche pour te donner beaucoup de travail ou je ne m’y connais pas ! ^_^; (Cela dit, je vais finir par avoir très très honte qu’on traduise des choses pour moi, notamment…).

    En tout cas, la scène d’intro est sympathique… Dis donc, on le reconnaît pas le Lee Pace (et ça lui va effectivement très bien)… Sinon, j’adore l’anecdote des prothèses ! Arf !

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