2009, année stéréotypique

16 juillet 2009 à 7:19

Depuis quelques jours, je cherchais un moment pour tranquillement regarder Drop Dead Diva, et, ne nous voilons pas la face, ma motivation principale était d’y trouver Margaret Cho.

Mais devant le pilote, l’évidence s’est imposée à moi : encore une série pleine de stéréotypes. Plus grave encore, j’ai réalisé que pour 90% des séries que je n’avais pas appréciées cette année, c’était l’abus de stéréotypes qui était à blâmer.
Cette frilosité s’explique sans doute par la grève des scénaristes, qui a laissé des séquelles. Et à mon avis, on va encore en chier quelques années, autant voir les choses en face. Mais même quand on comprend d’où ça vient, on n’en est pas moins frustré par le manque d’originalité qui en ressort. Le principe est donc, pour être sûr de s’en tenir à une prise de risques minimale, de prendre un stéréotype, et de s’y conformer ensuite au plus près, sans chercher à « casser » le moule. Mais surtout pas, malheureux ! Cela pourrait mettre en danger l’équilibre cosmique !
Ce mardi, avec freescully, nous avons testé 10 things I hate about you, et bien que les dialogues se soient montrés drôles, en revanche les situations et personnages étaient une fois de plus dans la caricature. C’est sérieusement fatigant, à force. Au moins, avec Glee, deux des personnages (le prof et le quaterback) tentent un peu de sortir de leur condition stéréotypée et de s’épaissir. Mais dans leur majorité, la plupart des personnages de ces derniers mois se conforment parfaitement à ce qu’on attend d’eux, ou plutôt, à ce que les scénaristes pensent que nous attendons d’eux.

Pour revenir à Drop Dead Diva, mon problème est le suivant : pourquoi mettre en opposition systématiquement la blonde jolie mais avec de l’eau entre les oreilles, et la brune XXL et intelligente mais complètement asociale ? L’une est superficielle, l’autre se contrefiche de son apparence, on passe d’un extrême à l’autre sans demi-mesure.
N’étant moi-même pas blonde (sauf en informatique), je me suis posé la question : est-ce que toutes les blondes seraient comme ça ? Sans doute que non, puisque toutes les brunes ne sont pas comme ça.

Pour ajouter du piquant à Drop Dead Diva, on aurait pu imaginer au contraire les personnages suivants : d’une part, la blonde bien foutue qui veut réssir dans le show business et qui s’y emploie avec ambition et intelligence (peut-être plutôt une sorte d’intelligence qu’on pourrait imaginer être basée sur le sens du contact et l’instinct), et d’autre part, une brune certes replette et compétente (mais éventuellement d’une intelligence plus scolaire et cartésienne), mais capable d’avoir une vie perso et la capacité de se vêtir dignement.
Mais là, non. Blonde = conne. Brune = négligée.
Je désespère.

C’est pire encore sitôt qu’on aborde le rapport à la nourriture : la blonde n’ingère rien passé une certaine heure, la brune est prise de fringales de chocolat à toute heure. Bravo pour le message envoyé à toutes les futures anorexiques et boulimiques de la planète ! Lifetime a beau être une chaîne de femmes, elle persiste à refuser obstinément d’être une chaîne féministe. Une fois de temps en temps, à doses homéopathiques, ça ne la tuerait pourtant pas.

Sur le reste, on ne fait guère plus défaut à la règle : la blonde a un petit ami beau et riche ainsi qu’une amie aussi bimbo qu’elle, la brune n’a que son assistante pour seule amie (Margaret Cho, dans un rôle très en-dessous de mes espérances). Les personnages qui les entourent se conforment eux aussi à leur stéréotypes sans broncher.
Du coup, une fois de plus, cette avalanche de clichés donne une pénible impression de déjà vu, d’autant plus persistante qu’en soi, le pitch n’a déjà rien de bien révolutionnaire. L’une va mourir et être réincarnée dans le corps de l’autre. Et évidemment, ce mélange va donner naissance à une créature hybride type « best of both worlds », avec intelligence et carrière florissante d’une part, et fascination pour le paraitre et âge mentale de 16 ans d’autre part. C’est idéal dans l’esprit des scénaristes, en tous cas.

Il faudra affronter bien des obstacles pour aller au bout de cet épisode : la mort d’un personnage principal (il aurait tout aussi bien été possible de réincarner également Jane dans le corps de la bimbo…), les habituels glapissements d’un ange (interprété par le fils de Scott Baio ?) qui veut qu’on ne dise rien à personne, ce qui n’a que peu de chances de se produire déjà sur 1h30 de téléfilm (où on a déjà vu ce pitch cent fois), alors sur toute une saison n’en parlons même pas, le copain de la bimbi qui va travailler dans la même boîte que Jane, et qui va lui être ravi sous ses yeux par une autre collègue. A ce stade, c’était même pas la peine de tourner de nouvelles scènes, il suffisait de faire un montage avec un tas de téléfilms et séries existants, le dernier élément ayant par exemple une curieuse ressemblance avec le pilote d’Ally McBeal.

Mais le courage que vous saurez réunir ne sera pas récompensé : le ton de l’épisode ne sauve pas les meubles et, en fait, il n’y a pas de ton propre à la série. Humour ? Strict minimum. Emotion ? On se borne à voir Jane fondre en larmes ou faire une crise d’hystérie à intervalles réguliers. C’est ni fait ni à faire. Un exemple tout bête : l’arrivée au « Paradis ». Il aurait fallu creuser cet univers, lui apporter du cachet, en jouer, quoi, mince ! Mais rien du tout. Et tout va être comme ça : survolé, impersonnel… Stéréotypé ?
Une comédie peut très bien choisir de jouer sur la personnalité de ses personnages, ou sur le ton employé, ou sur la finesse des dialogues. Quand elle choisit de ne rien faire de tout ça, cela signifie qu’elle choisit de ne pas être drôle. Sauf que ce genre de choix s’assume également. Mais par son défilé de clichés, son survol des personnages, et son pitch impossible à prendre au sérieux, Drop Dead Diva s’interdit d’être une série dramatique.
Quand l’annonce de l’annulation tombera, je n’enverrai ni fleurs ni couronne.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    Le pitch ne me parlait déjà pas beaucoup, tu achèves bien toute envie… Eh oui, on est clairement dans une période sans…

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